2005 : Colloque de Libreville au Gabon Éducation technologique, formation professionnelle et développement durable

Couverture des Actes du colloque RAIFFET 2005 à LIBREVILLE au GABON

Couverture des Actes du colloque RAIFFET 2005 à LIBREVILLE au GABON

Dans notre série “Médiatisation des communications des membres du RAIFFET”, nous ouvrons aujourd’hui le livre d’histoire pour publier les actes du premier colloque qui s’est tenu en 2005 à LIBREVILLE au GABON .

Bonne lecture…

Jean Sylvain Bekale Nze, Jacques Ginestié, Bernard Hostein, Christian Mouity éditeurs
Sous le haut patronage de son Excellence, Monsieur le Président de la République Gabonaise, Chef de l’État
AGENCE UNIVERSITAIRE de la FRANCOPHONIE et Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

PATRONAGE, SOUTIENS ET AIDES

  • Son Excellence, Monsieur le Président de la République Gabonaise, Chef de l’État ;
  • Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation technologique de la République Gabonaise ;
  • Ministère de l’éducation nationale de la République Gabonaise ;
  • UNESCO ;
  • Agence Universitaire de la Francophonie ;
  • Commission Nationale Française à l’UNESCO ;
  • Commission Nationale Gabonaise à l’UNESCO ;
  • UNEVOC, Centre International pour l’enseignement technique et la formation professionnelle (UNESCO) ;
  • Ambassade de France à Libreville ;
  • Banque africaine de développement ;
  • Union africaine ;
  • CEMAC, CEEAC, NEPAD ;
  • Associations professionnelles et patronales, entreprises gabonaises et africaines (Total-Elf, Shell, SEEG, COMILOG…), chambres de commerce et d’industrie,

PARTENAIRES

  • Réseau Africain des Instituts de formation de Formateurs des enseignements technologiques (RAIFFET) ;
  • IUFM de l’académie d’Aix-Marseille, France ;
  • Université de Trois-Rivières, Canada ;
  • ENSET de Douala, Cameroun ;
  • IPNETP d’Abidjan, Côte d’Ivoire ;
  • RIUFICEET (Réseau Interuniversitaire pour la Formation Initiale et Continue des Enseignants d’Éducation Technologique) France ;
  • AFDET (Association Française pour le Développement de l’Enseignement Technique) ;
  • PATT foundation (Pupils Attitude Towards Technology);
  • CIDIC (Consortium Institutionnel de Développement International et de Coopération) – Canada.

COMITÉS

COMITÉ SCIENTIFIQUE

  • Virginie Albe, ENFA, Toulouse, France
  • Jean Marie Aoua, ENSP Brazzaville, Congo
  • Jean Sylvain Bekale Nze, ENSET Libreville, Gabon
  • Émile Bih, IPNETP Abidjan, Cote d’Ivoire
  • Jean- Marie Bouyou, Commission nationale, UNESCO, Gabon
  • Jacques Brissoux, Université de Québec Trois- Rivières, Canada
  • Frej Chaouchi, Université de Tunis I, Tunisie
  • John Ebandja, ENSET Douala, Cameroun
  • Jacques Ginestié, UMR ADEF, Marseille, France
  • Bernard Hostein, LADIST, Bordeaux, France
  • Amédée Issembé, ENSET Libreville, Gabon
  • Isaac Mourangadja, École Polytechnique, Franceville, Gabon
  • Marc de Vries, PATT fondation, Eindhoven, Hollande

COMITÉ D’ORGANISATION

  • François- Xavier Assoumou, CIDIC, Canada
  • Jean Sylvain Bekale Nze, ENSET Libreville, Gabon
  • Jean- Marie Bouyou, Commission nationale, UNESCO, Gabon
  • Eloi Djiembi, ENSET Libreville, Gabon
  • Liadi Di Fassassi, ENSET Libreville, Gabon
  • Félicité Fausther, ENSS Libreville, Gabon
  • Jean- Baptiste Gbongué, IPNETP Abidjan, Côte d’Ivoire
  • Abel Koulaninga, Commission nationale UNESCO, Centre Afrique
  • Amara Kaba, ENSET Libreville, Gabon
  • Jean Lekouma, ENSET Libreville, Gabon
  • Bernadette Mbeng Ekorzock, MEN, Libreville, Gabon
  • Léontine Mebale, MEN, Libreville, Gabon
  • Blandine Mefane, MEN, Libreville, Gabon
  • Jean- François Minko, ENSET Libreville, Gabon
  • Christian Mouity, ENSET Libreville, Gabon
  • Donatien Nganga Kouya, ENSET Libreville, Gabon
  • Adrien Nguema Ngui, ENSET Libreville, Gabon
  • Yolande Ozouaki, MESRIT Libreville, Gabon
  • Jules Piebi, ANFPP Libreville, Gabon

CONFÉRENCES INAUGURALES ET DISCOURS DE CLÔTURE

UN COLLOQUE, POUR QUOI, POUR QUI ?

FINALITÉS DU COLLOQUE

L’organisation et la structuration des enseignements technologiques et professionnels (qu’ils soient assurés dans des établissements scolaires ou dans des centres de formation professionnelle) sont des préoccupations actuelles pour de nombreux pays africains.
Ces enseignements ou ces formations requièrent des enseignants ou des formateurs ayant un haut niveau de compétences tant dans la maîtrise des savoirs professionnels relatifs au domaine enseigné que ceux qui sont relatifs à l’enseignement de ce domaine. Cette double compétence ne peut
s’acquérir sans des dispositifs de formation des enseignants et des formateurs de haut niveau, à même de penser leur intégration dans le système d’enseignements technologiques et de formation professionnelle du pays.
Il s’agit de penser cette intégration de manière dynamique (comme un élément moteur de la structuration et du développement socioprofessionnel) et contextualisé (partir des réalités socioprofessionnelles et technologiques des entreprises qui feront travailler les jeunes formés par ces
enseignants).
Ce travail est en cours dans de nombreux pays africains mais il se fait de manière encore trop isolée et trop souvent selon une logique qui tend à ne prendre en compte que les problèmes d’équipements matériels (ou plutôt l’absence d’équipements).
C’est le but de ce colloque qui se propose de conduire et d’organiser la réflexion sur la place, le rôle et la nature de la formation des enseignants dans les enseignements technologiques et professionnels.

OBJECTIFS À PLUS LONG TERME

Au-delà des intérêts suscités par les rencontres ponctuelles à l’occasion d’une telle manifestation, ce colloque a pour objectif l’organisation et la structuration du réseau africain d’établissements de formation d’enseignants d’enseignements technologiques et de formation professionnelle, dans une perspective de développement de recherches sur ces problématiques.
Ainsi, ce réseau servira d’appui à des échanges d’expériences sur le développement durable des organisations socioprofessionnelles et des secteurs économiques correspondants et, en conséquence, sur les questions liées au rôle et à la place de l’éducation technologique. De manière plus pragmatique, il s’agira de :

  • favoriser le développement des enseignements technologiques et professionnels,
  • aider à la structuration et au renforcement des institutions chargées de ces formations,
  • organiser les projets au niveau des sous régions africaines en relation avec les institutions supranationales, notamment le NEPAD,
  • faciliter l’émergence d’experts et de conseils en matière de politiques d’éducation technologique et de formation professionnelle,
  • mettre en place une banque de données interafricaine sur l’éducation technologique et la formation professionnelle.

DISCOURS D’OUVERTURE DU COLLOQUE –

JEAN SYLVAIN BEKALE NZE  Directeur Général – ENSET – Libreville, Gabon

Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Monsieur le Vice-président de la République, Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République, Mesdames et Messieurs les Membres du
Gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Honorables représentants des Organisations internationales et non Gouvernementales, Honorables invités, Mesdames et Messieurs les experts et participants au colloque international sur l’éducation technologique, la
formation professionnelle et le développement durable, Chers collègues enseignants, Chers étudiants, Mesdames et Messieurs.
Monsieur le Président de la République, en ma qualité de Directeur Général de l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET), je suis à la fois heureux et honoré de l’occasion qui m’est offerte aujourd’hui de pouvoir vous exprimer combien toutes les composantes de l’ENSET et
moi-même sommes touchés du grand honneur que vous avez bien voulu nous faire en acceptant de soutenir et d’appuyer l’organisation de ce colloque. Aussi, permettez-moi, Mesdames et Messieurs de rendre un vibrant hommage à Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence El Hadj Omar Bongo Ondimba, dont le dévouement, sans faille, a permis l’organisation de ce colloque. Je voudrais aussi remercier, de façon sincère, le Gouvernement de la République gabonaise, les autorités institutionnelles et tout particulièrement Monsieur le Ministre de
l’Enseignement Supérieur, de la recherche scientifique et Monsieur le Ministre de l’Éducation nationale, pour avoir accepté que notre pays le Gabon, à travers l’ENSET, puisse abriter ces rencontres scientifiques et intellectuelles.

Monsieur le Président de la République, Distingués Délégués, Honorables Invités, Mesdames et Messieurs, Chers Amis qui avez à coeur les problèmes de l’éducation technologique et de la formation professionnelle, il m’est agréable de souhaiter la bienvenue parmi nous à Monsieur le Professeur
Jacques Ginestié, Président du Conseil scientifique du présent colloque, à Monsieur Émile Bih, Directeur Général de l’IPNET d’Abidjan, Président du Conseil constitutif du Réseau Africain des Instituts de Formation de Formateurs de l’Enseignement Technique (RAIFFET), aux représentants
des organisations internationales qui n’ont jamais cessé de soutenir nos efforts en nous apportant leur soutien matériel et financier, cette bienvenue s’accompagne de l’expression de notre gratitude et l’assurance de notre dévouement ainsi qu’à vos distingués collaborateurs dont la présence est à la
fois un vif plaisir et un précieux encouragement. Mes souhaits de bienvenue s’adressent naturellement aussi à ceux qui ont fait le déplacement de Libreville, en dépit de la distance à parcourir et de leurs multiples occupations.
Mesdames et Messieurs, Honorables Invités, avant d’aller à l’objet de notre présence ici, je souhaite vous dire combien Son Excellence, El Hadj Omar Bongo Ondimba et tout le Gouvernement de la République, se réjouissent de l’entente cordiale qui groupe ici tant de bonnes volontés et de
scientifiques pour le plus grand bien de l’éducation en Afrique. Au nom du Gabon et à celui de l’ENSET, je dis merci à tous, merci d’être venus.
Monsieur le Président de la République, Distingués Invités, Mesdames et Messieurs, le colloque qui nous réunit ici a pour thème “ Éducation technologique, Formation professionnelle et développement durable ”. Il me plait de vous le présenter en quelques mots. Le développement durable des sociétés repose sur la maîtrise des savoirs technologiques et des compétences professionnelles dans l’ensemble des secteurs d’activités, à tous les niveaux de qualification représentatifs de la division sociale du travail. L’UNESCO l’avait déjà compris en 1961 lorsqu’elle convoqua une conférence des États africains à Addis-Abeba du 15 au 25 mai de cette année. Considérant que le progrès économique et social d’un pays et son développement sont intimement liés, l’UNESCO préconisa, entre autre, que :

  • les besoins en main-d’oeuvre hautement qualifiée fassent l’objet d’estimations précises.
  • la formation des maîtres, l’adaptation et la réforme du contenu de l’enseignement soient considérés comme prioritaires, et que la notion de priorité soit appliquée aux besoins qualitatifs et non quantitatifs.
  • l’enseignement technique et professionnel et la formation spécialisée soient considérablement développés dans les pays africains pour répondre aux progrès techniques récents et aux exigences de développement.

Les recommandations de l’UNESCO nous permettent de dire que la maîtrise des savoirs technologiques et des compétences professionnelles en activité, qu’elle soit considérée de manière transversale (dans la couverture de l’ensemble du panorama) ou de manière longitudinale (dans son
évolution), repose pour une large mesure sur la capacité à organiser un système éducatif de formation initiale et continue. La relation entre un développement socioéconomique durable et la maîtrise des organisations d’enseignement et de formation doit être interrogée. Et, plusieurs questions émergentes sont significatives de ce rapprochement. Pour tenter de dégager cette problématique, il a été dégagé et retenu quatre thèmes qui feront l’objet d’exposés débattus en ateliers sur quatre jours.

  • Thème 1 : Finalités et curriculums de formation
  • Thème 2 : Qualifications et compétences
  • Thème 3 : Organisations sociales et organisations de la formation
  • Thème 4 : Description de pratiques et organisations de formations

Ces thématiques s’inscrivent bien dans la réflexion nationale sur le développement des enseignements technologiques et de la formation professionnelle, secteur qui, aujourd’hui fait l’objet de toute l’attention des autorités gabonaises.

Monsieur le Président de la République, Distingués Invités, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de souligner l’importance de ce colloque pour notre pays et notre système d’enseignement technique et professionnel, important volet de notre dispositif éducatif. Pour l’ENSET, particulièrement, ces assises viennent conforter notre démarche. En effet, L’ENSET est parmi les membres fondateurs du Réseau Africain des Instituts de Formation de Formateurs de l’Enseignement Technique (RAIFFET) ; elle est déclarée depuis janvier 2002, Centre associé au réseau mondial UNESCO-UNEVOC. A
l’heure de la mondialisation ou tout simplement de la régionalisation de l’éducation et de la formation, l’ENSET, établissement formant des formateurs de l’enseignement technique et professionnel, participe de cette manière au développement du pays. Nous avons, pour nous soutenir et nous encourager dans notre action :

  • de nombreux partenaires :
    · régionaux (ENSET de Douala et de Rabat, IPNET d’Abidjan, l’ENI de Bamako),
    · internationaux en France (Institut Schneider Formation, ENS de Cachan, IUFM d’Aix- Marseille, IUFM de Créteil), au Canada (Université de Laval et de Sherbrooke, Consortium Institutionnel et de Développement International et de Coopération).
  • et de nombreuses sympathies qui nous sont précieuses et dont nous trouvons en ce moment même une manifestation dans la présence, à cette cérémonie, des hautes personnalités, de nos partenaires et de la communauté universitaire et scientifique, que j’ai l’agréable mission de
    remercier en votre nom, Monsieur le Président de la République.

Comment éduquer technologiquement, comment former des professionnels qui permettront d’atteindre l’objectif principal du développement durable des pays africains ? Telle est la préoccupante question qui nous est posée et à la quelle il convient d’apporter des éléments de réponse. “ Un seul
doigt ne peut laver la figure ”, dit un adage célèbre de chez nous. La globalisation, la régionalisation de l’éducation et de la formation s’imposent dans cette optique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons suivi avec un intérêt particulier les derniers travaux de la CÉMAC, notamment le volet
“ Enseignement Supérieur ” ; travaux qui ont recommandé que “ les universitaires de la sous-région construisent l’espace CÉMAC de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la formation professionnelle ” (Union, mercredi 16 février 2005). Ce projet a été facilité par la signature, par les
Chefs d’États, du document dit “ Déclaration de Libreville ”.

Monsieur le Président de la République, Distingués Invités, Mesdames et Messieurs, Je voudrais, au nom du Comité d’Organisation de ce colloque, remercier tous ceux qui ont soutenu cet événement. Je citerai les Institutions de la République, les Institutions Internationales, les Ambassades, les entreprises présentes au Gabon, ainsi que les enseignants et chercheurs nationaux et étrangers qui ont, par la qualité de leurs communications, accordé de l’intérêt aux présentes assises. Je souhaite, présenter nos excuses à tous pour les insuffisances éventuelles qui seront observées pendant ces manifestations. Permettez-moi de conclure mon propos en formulant le voeu de voir notre espace se rassembler, développer toutes les synergies, toutes les solidarités et contribuer davantage à l’intensification des nos échanges pour que le développement de nos sociétés puisse effectivement
reposer sur la maîtrise des savoirs technologiques. La coopération est donc une des dimensions capitales pour envisager les problématiques inscrites à ce colloque. Je vous remercie.

DE L’EXIGENCE DE QUALIFICATION À L’EXIGENCE D’ÉDUCATION – JACQUES GINESTIÉ

Professeur des universités – UMR ADEF – IUFM Aix-Marseille – Marseille, France

Monsieur le Président de la République, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Technologique, Monsieur le Délégué Régional de l’Unesco, Monsieur le Président du RAIFFET, Monsieur le Directeur Général de l’ENSET de Libreville, Mesdames et Messieurs honorables dirigeants ou représentants des institutions présentes à cette manifestation, Mesdames et Messieurs les participants, je vous prie de m’excuser si mon introduction laisse dans l’ombre l’une ou l’autre, ce n’est pas un acte volontaire de ma part mais simplement un manque de formation professionnelle. Ce champ de connaissances particulier qui conduit un chercheur à se retrouver à une tribune, en si honorable compagnie, n’est pas vraiment au programme des études scientifiques.

Formation professionnelle, le terme est lâché. Qu’est ce qu’une formation professionnelle ? En quoi cette formation professionnelle peut-elle être en relation avec les systèmes éducatifs d’éducation générale ? Est-ce que cette formation a une influence sur le développement et à plus forte raison sur
l’idée d’inscrire ce développement dans la durée ? Je voudrais avant tout indiquer que ces questions sont bien sûr des questions d’actualités. Les réponses quant à elles relèvent tout aussi sûrement des institutions politiques en ce sens qu’elles organisent la vie de la cité. L’attention portée ici, au Gabon, par Monsieur le Président de la République et par l’ensemble des ministres réunis dans ce projet, montrent tout l’intérêt de nos débats à venir, débats qui peuvent éclairer les décisions à prendre, les orientations à suivre. Dans une autre vie de scientifique, en tant qu’expert, j’ai eu l’occasion de
connaître l’intimité du système éducatif gabonais, de ses forces et de ses faiblesses, de ses espoirs et de ses déceptions : l’éducation est une priorité dans ce pays mais peut-être n’est-ce pas encore suffisant, sans doute faudrait-il en faire une grande cause nationale.
Il n’est pas dans les attributions d’un scientifique de prendre les décisions politiques qui s’imposent, il est de sa responsabilité d’éclairer les chemins, de montrer les impacts de telle ou telle décision sur la vie de la cité. Bien sûr, nous ne sommes pas dans le domaine de sciences exactes mais dans le
domaine, bien plus excitant, des sciences humaines, domaine dans lequel il n’y a pas de loi universelle régissant d’un même allant le mouvement des galaxies et celui des particules élémentaires. Il y a un travail modeste de manière grandiose à essayer de comprendre les interactions entre les organisations sociales. La recherche en éducation n’échappe pas à cette règle et, personnellement, je me suis donné comme règle de me méfier avec la plus forte vigueur de toute apparente certitude. La formation professionnelle, le second terme de ce colloque, posé au centre comme un lien entre les deux autres, nous interpelle à plusieurs niveaux. La formation professionnelle est quasiment aussi vieille que l’humanité. Certains travaux d’anthropologues ont trouvé parmi les débris et les déchets des premiers tailleurs de pierre, des traces d’ébauches, d’outils mal façonnés, de manière malhabile, autant de témoignages de formes d’apprentissage sur le tas du métier de tailleur de pierres… Nous pouvons ainsi retracer quelques unes des étapes qui conduisent les novices vers le statut tant convoité de l’expert dans son domaine. De celui qui est reconnu par tous comme celui qui sait faire, qui apporte sa contribution sociale à la vie de la communauté, apportant à chacun le supplément de confort qui nous permet de vivre dans ce monde social que nous avons façonné, que nous développons sans cesse, améliorant notre emprise sur les techniques, organisant nos savoirs dans des épistémologies de plus en plus complexes. Regarder la formation professionnelle, c’est regarder la vie d’une société sous un angle particulier certes mais sous un angle essentiel. Penser la formation professionnelle, c’est penser le développement d’une société.

Vous voyez sans ambages poindre cette idée simple : et si la formation professionnelle avait quelque chose à voir avec la durabilité du développement. En d’autres termes, est-ce que penser les organisations de formation professionnelle ne revient pas à penser la structuration d’une profession et
donc à inscrire cette profession dans une dynamique qui s’appuie sur l’existant, ce que l’on sait déjà faire, sur la rationalisation de cet existant, ce que l’on peut mieux faire, mais surtout sur l’évolution de cet existant, ce que l’on pourra faire, demain, après-demain. Il me souvient, dans une discussion avec votre prédécesseur, Monsieur le Ministre de l’éducation nationale, à propos de l’opportunité d’un tel colloque et de quelques questions soulevées dans un travail sur l’articulation entre formation, qualification et emploi, lui avoir indiqué ce fait : penser la formation professionnelle, c’est penser la
structuration de la profession. Je peux aller un peu plus avant dans cette voie, en ajoutant que penser la structuration d’une profession, c’est penser son évolution, son développement, c’est tout simplement penser le développement de la société toute entière. Cet examen n’est pas sans danger,
certaines professions seront profondément modifiées, certaines disparaîtront, d’autres apparaîtront.

En tout état de cause, ces mouvements, ces évolutions, sont intimement liées au contexte social, politique, économique et culturel. Les enjeux sont d’importance. Derrière les rubans que les politiques affectionnent de couper devant la presse, il y a souvent d’importants investissements financiers pour arriver à mettre un bâtiment ou un complexe scolaire ou universitaire autour du ruban. Il y a surtout d’importants investissements humains à venir, tous ces jeunes qui vont investir de leur temps, de leur volonté, de leur espoir à suivre une formation professionnelle. Pourquoi suit-on une formation professionnelle ? Tout simplement pour avoir un emploi à la sortie, un emploi qui permettra à cette jeune fille, à ce jeune homme de gagner sa vie en exerçant le métier qu’il a choisi, qui lui permettra de prendre sa place dans la société, participant ainsi à ce développement. Le terme durable repose effectivement sur cette transmission intergénérationnelle. La responsabilité de chacun ici est pour les politiques à dégager les moyens nécessaires pour donner des structures à ces espoirs, pour les chercheurs d’aider à penser ces structures de demain, pour les enseignants à aider ces jeunes à concrétiser leurs espoirs. Quelle tâche ingrate que celle de penser, construire demain, c’est-à-dire de penser quelques chose dont les premiers résultats tangibles ne seront visibles que dans cinq, dix, quinze, vingt ans…

Une tâche ingrate car elle se mesure difficilement à l’aune de la temporalité de nos actions personnelles. Je viens de terminer un travail sur cette question pour votre pays le Gabon et les perspectives qui s’en dégagent sont à des échéances à quinze ans. Dans un autre lieu, nous nous
sommes promis de nous retrouver tous les deux ans pour un colloque similaire organisé par le RAIFFET, dans un autre pays africain. À notre rendez-vous dans seize ans, à la 8ème version de ce grand colloque international, combien serons-nous, encore ; qui se souviendra de nos espoirs, de nos
inquiétudes, de nos débats… Un colloque, c’est avant tout un travail d’anticipation de mémoire, une collection de témoignages au travers de travaux de recherche sur des préoccupations contemporaines. Celle dont nous témoignons aujourd’hui, c’est cette idée que l’on ne peut penser le
développement d’une société sans penser les organisations de transmission des savoirs professionnels. Ne concluez pas hâtivement à la faible portée d’une telle réflexion en réduisant la transmission des savoirs professionnels à la répétition de quelques gestes professionnels plus ou moins bien identifiés ; l’acquisition de la professionnalité relève d’un processus complexe et nos organisations scolaires balbutient encore beaucoup sur cette question. D’aucun vous vanterons les mérites de l’approche par compétences comme étant l’entrée opérationnelle efficace pour penser l’organisation d’une formation professionnelle. Étape important, essentielle dans cette évolution qui est au coeur de nos débats, elle n’en demeure pas moins discutables et discutée. Georges Brassens, dans une chanson vantant les mérites de certaines compétences professionnelles, qui s’exerceraient
dans certains lieux que l’on n’assimile pas spontanément à des usines, des ateliers ou des bureaux, disait que “ sans la technique, le génie n’était qu’une sale manie ”. Une formation professionnelle, c’est cela aussi, ce mélange entre la maîtrise technique et le génie créatif qui distingue l’expert de
celui qui ne sait pas. Il y a un compromis dynamique, fragile, instable, à trouver entre cette référence conservatrice à la tradition du métier et ce souffle à donner à celui qui va faire demain, pas tout à fait de la même manière, apportant cette touche sensible d’innovation amenant, au final, évolution et développement.

La tâche est d’ampleur et ingrate car il faut anticiper les structures qui vont permettre à cette étincelle créatrice de prendre vie. C’est certainement notre petite flamme que nous devons préserver jalousement comme nos ancêtres le faisait avant que nous n’inventions les techniques pour faire du
feu, voire celles très modernes qui consistent à produire de la chaleur sans faire du feu, que ce soit dans nos fours à micro-ondes ou nos plaques à induction… Au tout début des années soixante, chez moi, en France, nous avions un plan qui prévoyait le développement du pays et organisait le paysage industriel, économique et social des années futures. À cette époque, il fut ainsi décidé au plus haut niveau de l’État de faire de la côte méditerranéenne française, la Floride de l’Europe. Dans cet eldorado touristique qui se dessinait, la zone de Fos sur Mer fut dévolue à un autre développement et, dans ce petit coin de Provence, on imagina de construire une industrie lourde de transformation de matières premières qui devaient arriver directement en bateau depuis les colonies françaises africaines, l’Algérie au premier rang. Ainsi, la plaine de la Crau se couvrit d’industries pétrochimiques lourdes, d’aciéries, de raffineries. Autour de ces usines qui poussaient comme des champignons, on construisit les structures qui allaient accompagner ce développement économique : des lycées techniques, des collèges d’enseignement technique, des centres de formation professionnelle virent le jour. On inventa même des organisations pédagogiques sophistiquées telles que le contrôle continu des connaissances, les référentiels de compétences, les unités capitalisables, les rythmes scolaires variables, les dispositifs de remédiation scolaire, l’évaluation formative… Un vrai creuset d’innovations pédagogiques.

Où en sommes-nous quarante ans après ? La volonté des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce grand principe de la révolution française, a mis un terme, avec les indépendances des mêmes années soixante, au mythe de l’abondance de matières premières gratuites. L’industrie lourde de l’acier n’a
tenu aucune de ses promesses d’antan ; avec elle des générations de jeunes formés et diplômés pour être ouvriers, techniciens, techniciens supérieurs ont connu cette situation étrange qui consiste à s’investir dans une formation « qui ne sert à rien » puisqu’elle ne débouchait pas sur un emploi. Le
jeune diplômé devait se reconvertir immédiatement, changer de métier avant même d’avoir commencé, pour ne tomber dans le cercle infernal du chômage. À côté de cela, l’industrie pétrochimique s’est développée au-delà de toutes les espérances ; la plupart des lycées professionnels, des lycées technologiques et des IUT de la région ont abandonnés progressivement les formations trop spécialisées vers les métiers de la métallurgie pour se transformer en établissement de formation à la conduite de processus chimique, à la maintenance industrielle, au contrôle et à la régulation… Les milliards investis à l’époque n’ont pas servi à structurer le développement de l’industrie locale. Ils sont les témoins des limites d’une planification qui se penserait loin des acteurs économiques et sociaux. Le développement d’une profession ou d’un secteur professionnel ne peut se penser sans les professionnels ou les représentants de ce secteur professionnel. Beaucoup de communications présentées dans ce colloque se posent la question de
ce lien à la tradition, aux structures existantes de l’emploi, de la production, du travail. Les réponses ne sont pas forcément les mêmes ici et là-bas, dans telle branche ou telle autre, dans tel pays ou tel autre. Méfions-nous des solutions toutes faites, pensées par d’autres dans des contextes
économiques, politiques, sociaux, industriels et culturels forcément différents. C’est une chose de former, en France, un technicien en construction mécanique ; c’en est une autre de former un technicien gabonais, camerounais ou centrafricain à la construction mécanique. Il ne s’agit pas des
principes, en tant que didacticien, je parlerais des savoirs savants, les principes de la résistance des matériaux sont les mêmes que l’on habite à Montréal ou Saint-Louis du Sénégal. Il s’agit peut-être d’une question de température entre les -25°C de l’hiver québécois et les +45°C de l’été sénégalien. Il s’agit sûrement et évidemment du contexte social de l’emploi dans le pays : là où les premiers vont devoir concevoir des pièces nouvelles pour des produits qui n’existent pas encore, les seconds vont devoir passer maître dans l’art de la recopie de pièces afin de produire les ensembles mécaniques défaillants dont le pays à besoin mais qu’il n’importe pas toujours. Les premiers vont travailler dans des environnements technologiques ultrasophistiqués alors qu’il y a peu de chance pour que les seconds utilisent des machines à commande numérique sept axes ultra perfectionnées. Pour autant, gardons-nous d’un autre cliché qui vaudrait que les hautes technologies sont réservées au pays du nord, les pays du sud devant se débrouiller pour le reste. L’exemple de l’action coordonnée des pays du sud pour bénéficier de traitements génériques pour lutter efficacement contre le SIDA montre le risque qu’il y a à réduire les transferts de technologie. Le développement ne peut être durable que s’il est réellement et profondément socialement ancré. Il ne peut être durable que s’il s’inscrit dans une perspective d’évolution. La formation professionnelle est un des outils qui doit contribuer à cela.

Cette seule articulation suffirait au bonheur de nombreux organisateurs de colloques internationaux et il n’est qu’à regarder les publications scientifiques qui existent en la matière pour s’apercevoir que  l’articulation formation professionnelle, qualification, emploi et développement sont des thèmes très courus. On ne pouvait décidemment pas penser quelque chose de banal pour ce premier grand colloque africain sur cette question. Il fallait aller plus loin en posant d’autres jalons, en ouvrant d’autres perspectives, en discutant d’autres questions. Soit, organiser la formation professionnelle a à voir avec le développement durable d’une société. Mais au-delà des grandes déclarations de bonnes intentions, la réalité est plus prosaïque : les filières scientifiques, technologiques et professionnelles ne font pas réellement recettes. La difficulté à trouver des étudiants est un réel problème qui ne s’explique pas seulement par des effets de mode. Contrairement à ce que l’on aurait pu penser il y a une quarantaine d’années, je parle là sous le contrôle de nos collègues de l’Unesco qui ont étudié cette question de très près, la massification de l’éducation n’a pas conduit à une massification des effectifs d’étudiants dans les voies scientifiques, technologiques et professionnelles, bien au contraire.

Il serait réducteur de chercher une seule cause à cette désaffection mais la dichotomie que nous avons introduit dans nos système scolaire entre éducation et formation doit être interrogée. En ce sens, ce colloque ouvre une nouvelle perspective posant comme base qu’il y aurait une relation entre
éducation technologique et formation professionnelle et donc un réseau complexe de relations entre éducation, formation et développement. De quoi parle-t-on lorsqu’on parle d’éducation technologique et quelle serait la contribution de cette éducation ? Notre rapport à la science, et donc à l’éducation scientifique, a été posé lors d’une conférence de l’Unesco, au tout début des années 80. C’est lors de cette conférence que la distinction en matière d’éducation s’est construite, car il s’agit bien évidemment d’une construction sociale. Les résultats de cette première conférence ont donc posé la nécessité de développer une éducation technologique complémentaire mais différente de l’éducation scientifique. Il a fallu quelques années pour construire cette distinction dans les organisations scolaires, il a fallu d’autres années pour poser et affirmer les fondements de cette discipline scolaire.
La diversité que l’on constate dans de nombreux pays rend assez compte de la difficulté à établir une discipline scolaire qui doit promouvoir les savoirs technologiques et les organiser dans des situations d’enseignement. Plusieurs communications présentées ici posent cette question : quelle éducation technologique pour changer quel regard sur le monde de la technique ?

Comme vous pouvez le voir, ce colloque va permettre des échanges que nous souhaitons les plus fructueux possibles. Il paraît que l’Afrique est le continent de la palabre, mon goût pour la tchatche, version marseillaise de la palabre, renforce ma confiance en un tel évènement, mais ne nous y
trompons pas, je suis président d’un comité scientifique d’un grand colloque scientifique. Un nombre de participants important, une soixantaine de communications écrites qui constitueront les actes de cet évènement d’importance, une large représentation de nombreux pays africains malgré les
difficultés de transport, les difficultés de communications, les difficultés d’organisation (je n’avais jamais participé à un colloque dont la date a été reportée)… Oui, de très nombreuses difficultés qui ont toutes été levées une par une par le comité d’organisation, présidé de main de maître par
Monsieur Bekale, assisté dans cette tâche par toute l’équipe de l’ENSET. Ils se sont tous investis pour trouver des solutions à chacun des petits et des grands problèmes, depuis le DG de l’ENSET, comme on dit chez vous, jusqu’à nos charmantes hôtesses d’accueil qui étaient toujours souriantes à la
descente d’avion (mais pourquoi fait-on arriver les avions à quatre heure du matin ?) alors qu’elles venaient d’attendre le précédent jusqu’à une heure du matin (mais pourquoi les avions sont toujours en retard ?), en passant par cette remarquable équipe de secrétariat qui a fini les derniers préparatifs dimanche après-midi, sacrifiant un peu de leur vie de famille pour contribuer à la réussite de cette manifestation.

Il est facile d’être Président du comité scientifique ; cette place privilégiée permet de voir de près les rouages de la machine sans avoir besoin de trop mettre les mains dans le cambouis. Les communications proposées sont d’excellentes qualités et je dois saluer ici l’effort fait pour permettre au plus grand nombre de s’exprimer. Universitaire rompu aux conférences internationales, je n’ignore pas la douleur du passage à l’écrit pour celles et ceux qui ne fréquentent pas directement la recherche ou qui sont encore débutantes et débutants dans cette voie. Je sais également, pour l’avoir franchi moi-même, l’ampleur de la tâche pour un technicien à se décider à écrire un texte. Non que les personnes n’aient rien à dire, bien au contraire, mais plutôt qu’elles ont peur de l’écrire. Je tiens à rassurer chacune d’entre eux, les textes proposées sont tous d’excellentes qualités sur le plan formel
bien sûr mais surtout ils témoignent de cette richesse et de cette diversité propices à la qualité des débats. Je voudrais également remercier tout particulièrement ceux qui ici, notamment Christian prodiguant conseils et encouragements. D’un point de vue de l’accueil je le disais, ce colloque est
placé sous les meilleurs hospices, ne démentant en rien l’hospitalité légendaire des gabonais. D’un point de vue scientifique, ce colloque est un grand colloque international qui comptera. D’abord, et il faut le signaler, toujours sous le contrôle de mes amis de l’Unesco, des colloques sur ce thème,
mettant en relation éducation technologique, formation professionnelle et développement durable, il y en a peu et si Libreville 2005 n’est pas exactement le premier, il ne doit pas y en avoir eu beaucoup avant. Ensuite, toujours à ma connaissance, c’est un des premiers du genre en Afrique Francophone et voyons-y une manière différente d’affirmer la vitalité de la francophonie : nous avons des choses à dire sur l’éducation technologique, sur la formation professionnelle, sur le développement durable…

D’habitude, je suis un des rares francophones à participer à des colloques internationaux, pour une fois, c’est l’inverse et la participation de nos collègues anglophones montrent qu’il n’y a de sens uniques que ceux que l’on accepte de poser. Enfin, c’est un grand colloque scientifique parce qu’il est porteur d’avenir et d’espoirs.

Au niveau gabonais, en premier lieu, ce colloque arrive au moment de grandes interrogations sur l’évolution du système éducatif, notamment au travers du système de formation professionnelle. La large participation de l’ENSET, je l’ai déjà signalée, du ministère de l’éducation nationale, du ministère de l’enseignement supérieur, mais aussi celle des formateurs, des enseignants et des étudiants montrent, s’il en était encore besoin, de l’importance de cette manifestation pour passer à une autre étape dans l’évolution de la place et du rôle de l’école et de la formation. Au niveau africain, la structuration du Réseau Africain des Institutions de Formation de Formateurs de l’Enseignement Technique est une étape importante dans la perspective de confronter les points de vue, de coordonner les synergies, d’échanger sur les pratiques et de mettre en commun les ressources. La tâche est d’ampleur, elle est ambitieuse mais elle est un vrai challenge pour continuer dans cette voie de développement particulièrement durable : se doter des instruments pour penser par soi-même son propre développement tout en restant très ouvert à l’autre. Une telle perspective ne peut qu’être enthousiasmante et je regretterais presque de ne pas être africain pour participer à cette expérience.

Au niveau scientifique, je l’ai déjà dit, mais je voudrais insister encore de manière très ferme, la qualité des communications proposées assurent déjà la qualité du colloque, je ne doute pas que la qualité des échanges qui vont en résulter ne feront que renchérir cette première impression. C’est un honneur que d’avoir à présider une telle manifestation.

Je voudrais remercier encore une fois l’ensemble du Gabon, au travers de vous, Monsieur le Président, pour m’avoir permis de participer à un tel évènement. À mon arrivée à Libreville, chaque fois que je suis venu, les amis qui m’ont accueilli l’ont fait avec une formule que je trouve attachante et
que je me permet de paraphraser en vous souhaitant à toutes et à tous une “ bonne arrivée ” dans ce colloque, le premier d’une série que je souhaite longue.

ENJEUX ET PERSPECTIVES DU RAIFFET – ÉMILE BIH

Directeur Général – IPNET – Abidjan, Côte d’Ivoire

Excellence, Monsieur le Président de la République Gabonaise, Chef de l’État, Messieurs les Ministres, Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales, Mesdames et Messieurs les participants au colloque, Honorables invités, Mesdames, Messieurs, c’est pour moi un insigne honneur de prendre la parole ce matin au nom du Conseil Constitutif du Réseau Africain des Institutions de Formation des Formateurs de l’Enseignement Technique (en abrégé RAIFFET) à l’occasion de son premier colloque
international. Je voudrais très respectueusement saluer la présence distinguée de son Excellence, Monsieur El Hadj Omar Bongo Ondimba, président de la République Gabonaise.

Excellence, Monsieur le Président de la République, permettez-moi de vous exprimer les sentiments de profonde gratitude des organisateurs de cette rencontre et, en particulier, de ceux des membres du Conseil Constitutif de notre réseau, pour votre présence qui rehausse d’un éclat spécial la présente cérémonie. Excellence, nous vous sommes infiniment reconnaissants pour votre soutien constant et votre engagement effectif pour la réussite de cette mémorable rencontre internationale que nous organisons ce jour. Votre présence parmi nous ne sous surprend guère. En effet, en acceptant de présider en personne cette importante rencontre scientifique interafricaine, vous témoignez, s’il en était encore besoin, de votre attachement au développement de l’éducation en Afrique en général, et à celui de l’enseignement technique et de la formation professionnelle en particulier. Que Dieu Tout-Puissant vous accorde une santé de fer et une très longue vie afin que vous continuiez d’inspirer les actions et les projets des intellectuels, des acteurs et des professionnels du secteur de l’éducation en Afrique. Oui Excellence, Monsieur le Président, le Gabon a encore besoin de vous, mais bien plus, l’Afrique a besoin de vos sages conseils et de votre éclairage pour l’aider à sortir définitivement des difficultés de toutes sortes dans lesquelles elle s’est installée ces dernières années. Excellence, permettez-moi également d’associer à ses remerciements votre collaborateur, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale dont la disponibilité et les conseils avisés nous ont été d’une grande utilité dans la préparation de ces assises. Monsieur le Ministre, recevez l’expression de notre gratitude pour votre caution morale et l’appui politique dont nous avons bénéficié dans la conception de ce projet. Nos remerciements vont aussi à nos partenaires des universités et des institutions de formation de
formateurs venus d’Europe et d’Amérique. Leur appui institutionnel a été déterminant pour le lancement de notre organisation et il le sera davantage pour son développement. Enfin, Excellence, Monsieur le Président de la République à ce stade de mon propos, permettez-moi de souligner le rôle
capital joué par votre compatriote, le jeune et dynamique Directeur Général de l’ENSET de Libreville, dans le projet de création de notre réseau. Sa disponibilité permanente, son abnégation et surtout sa foi en l’avenir de cette organisation nous ont permis d’être là ce matin.

Excellence, Monsieur le Président de la République, Honorables invités, Mesdames, Messieurs, au cours des trois prochaines journées, les participants au colloque seront invités à développer des réflexions que nous souhaitons fécondes, autour de deux principaux centres d’intérêts. Il s’agira d’abord d’analyser et de discuter le thème central du colloque, à savoir “ Éducation Technologique, Formation Professionnelle et Développement durable ”. Les responsables des établissements de formation des formateurs ici présents ou représentés seront ensuite appelés à porter sur les fonds baptismaux le Réseau Africain des Institutions de Formation des Formateurs de l’Enseignement Technique (RAIFFET). Ces deux événements majeurs organisés en terre gabonaise par des institutions africaines et leurs partenaires européens et nord américains représentent une étape décisive dans le combat que mènent les établissements de formation et les pouvoirs publics en Afrique en faveur de l’éducation et pour l’accélération du processus de développement de notre continent.

Excellence Monsieur le Président de la République, le thème de ce colloque présente un intérêt  particulier pour les établissements africains de formation des formateurs et pour leurs collègues oeuvrant dans l’enseignement technologique et professionnel. On dit souvent que “ l’avenir appartient à la science et à la technologie ”. Si cette assertion est vraie, développer l’enseignement technologique en Afrique aujourd’hui, c’est prendre un pari audacieux sur l’avenir et le développement durable du continent. L’enseignement technique et professionnel, dans ses objectifs, son contenu et ses résultats constitue un puissant vecteur d’accroissement des capacités, de maîtrise del’environnement et de progrès économique et social. La communauté internationale l’a si bien compris qu’en 1999, le congrès de Séoul a relevé, parmi les défis majeurs pour le développement du monde à
l’orée du 21ème siècle, le défi de la mondialisation et celui de la révolution des technologies de l’information et de la communication qui interpellent directement l’enseignement technique et professionnel. L’année 2005 est décrétée par l’UNESCO année de l’enseignement technique et
professionnel. L’organisation de ce colloque va nous permettre de jeter les bases d’une réflexion que chaque pays africain devra poursuivre pour mieux adapter les solutions à ses besoins propres et à son environnement.

Excellence Monsieur le Président de la République, Honorables invités, pour réaliser leur légitime ambition de réduction de la pauvreté et de développement durable, les pays africains devront se doter d’institutions de formation de formateurs d’enseignement technique et professionnel performantes, disposant de moyens financiers, matériels et humains adéquats. Or Il est établi que l’investissement dans le secteur de l’éducation technologique et professionnelle est extrêmement coûteux. Pour accroître les chances de développement de l’Afrique, il convient de faire converger nos énergies, de définir en commun nos priorités d’actions, de mettre en commun nos moyens et de développer des stratégies convergentes d’intervention.

La création du Réseau Africain des Institutions de Formation des Formateurs de l’Enseignement Technique (RAIFFET) répond à cette exigence pragmatique. Le réseau qui sera mis en place dans le cadre de cette rencontre aura pour mission de promouvoir la coopération et la solidarité entre les institutions oeuvrant pour la formation des formateurs dans l’enseignement technique et professionnel, en vue de contribuer à l’amélioration de la qualité de l’enseignement, de la professionnalisation et de la recherche. Il est donc de plus en plus urgent pour les états africains, de se doter d’institutions solides, solidaires, travaillant en réseau, susceptibles d’offrir aux enseignants et aux étudiants, une formation appropriée à des contextes devenus internationaux. Ces institutions sont également soucieuses de la conformité de leurs activités de recherche et des services aux collectivités aux besoins de la société africaine d’aujourd’hui et de demain. La création du RAIFFET répond ainsi à la volonté politique clairement exprimée par les dirigeants africains de développer l’intégration africaine, et qui s’est traduite par la création d’organisations, telles que la CEMAC, la CEDEAO, l’Union Africaine ou le NEPAD. Le RAIFFET a l’ambition de constituer un cadre permanent de réflexion et d’action au service de ces organisations.
Excellence, Monsieur le Président de la République, en permettant aujourd’hui la création du RAIFFET sur les rives du fleuve KOMO, vous posez une fois de plus, un acte d’une portée historique pour l’éducation et la formation professionnelle en Afrique. Nous ne doutons pas un seul instant de
votre sollicitude constante pour la croissance et le développement harmonieux et continu de ce bébé qui est le vôtre.
Excellence Monsieur le Président de la République, Honorables invités, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre aimable attention.

DISCOURS D’OUVERTURE DU COLLOQUE – TEELUCK BHUWANEE

Spécialiste pour l’enseignement secondaire, la formation technique et professionnelle – BREDA, UNESCO – Dakar, Sénégal

Excellences, chers collègues spécialistes de l’éducation, Mesdames et Messieurs, j’ai le plaisir et l’immense privilège de participer ce matin à la cérémonie d’ouverture des travaux du Colloque international sur “ Éducation technologique, formation professionnelle et développement durable”.
Je salue tous les participants et voudrais vous transmettre les chaleureuses salutations de Monsieur Wataru Iwamoto, Directeur de L’enseignement Secondaire, Technique et Professionnel de L’Unesco et de Madame Lalla Aïcha Ben Barka. En tant que Directrice du Bureau régional de l’Unesco à Dakar, dont la mission est de contribuer par l’éducation au développement de la région Afrique sub-saharienne, elle attache une importance toute particulière à l’amélioration de l’enseignement technique et professionnel. Ils m’ont chargé de vous remercier d’avance pour la réflexion dont vous ferez bénéficier l’UNESCO au cours de cette rencontre.

Excellences, Chers collègues, Mesdames et Messieurs, l’Afrique, au 2e rang mondial en termes de superficie, couvre une région vaste d’environ 11.530.000 kilomètres carrées, avec une population à prédominance jeune (sur environ 680 millions, 60% sont âgés de 0 à 20 ans). Elle possède des
ressources naturelles très abondantes et peut se prévaloir d’une impressionnante diversité et richesse culturelles. Sur le plan politique, la plupart des pays de cette région sont de très jeunes démocraties confrontées à d’énormes défis sur le plan du développement. En Afrique sub-saharienne, un habitant sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté. Une des causes premières de cette pauvreté est l’analphabétisme, un phénomène qui touche plus de 179 millions de personnes dans le monde. Les femmes constituent plus de la moitié du lot et le continent africain en est le plus affecté. La pandémie du VIH/SIDA et d’autres maladies continuent d’y faire des ravages, de même que les conflits de natures diverses. L’accès à l’éducation reste donc très limité et la qualité de l’enseignement médiocre.

Les programmes scolaires sont souvent éloignés des besoins des apprenants et impropres à contribuer au développement social, culturel et économique. L’éducation technique et professionnelle (ETP) n’a été reconnue que très récemment comme important pour le développement national. Alors que les secteurs de l’industrie et des services émergents ont besoin, pour être concurrentiels, d’entrepreneurs, de gestionnaires, d’une main d’oeuvre qualifiée et de spécialistes, les systèmes éducatifs africains continuent de produire des diplômés dépourvus des connaissances et des
compétences requises pour le développement de l’entreprise. Afin de pallier les insuffisances dans l’EFTP, non seulement en Afrique et dans d’autres continents, l’UNESCO mène depuis plus de cinq décennies, un vaste programme d’enseignement technique et professionnel (ETP) comportant un
important volet normatif. Ce programme a fait l’objet d’actualisations périodiques, mais les profondes mutations sociales et économiques intervenant à l’orée du vingt et unième siècle ont rendu nécessaire un consensus plus large sur la direction dans laquelle l’ETP devrait s’engager.
Excellences, Chers collègues, Mesdames et Messieurs, l’une des missions de l’UNESCO consiste à définir des normes à l’échelon international. Elle assume cette mission en portant à la connaissance de ses États membres les normes et pratiques adéquates internationalement reconnues dans chacun de ses domaines de compétence. Ces normes et pratiques sont communiquées par le moyen d’instruments normatifs. Dans le domaine de l’EFTP, l’UNESCO dispose de deux instruments normatifs : la Convention sur l’enseignement technique et professionnel (1989) et la Recommandation révisée concernant l’enseignement technique et professionnel (2001). L’ETP étant un volet de l’éducation directement consacré à l’ETP, l’acquisition de connaissances et compétences requises dans le monde du travail, il s’est trouvé confronté à l’impératif croissant de s’adapter aux besoins divers et en constante évolution du marché du travail. En outre, l’ETP s’est vu attribuer une part de responsabilité pour le développement personnel de ses élèves, jeunes ou adultes, et pour leur participation efficace à des sociétés dont l’interdépendance et la complexité allaient croissants. C’est dans ce contexte que l’UNESCO a organisé en avril 1999, à Séoul, le Deuxième Congrès international sur l’enseignement technique et professionnel, en étroite collaboration avec le gouvernement de la République de Corée. Le Congrès de Séoul avait pour thème “ Éducation et formation tout au long de la vie: un pont vers l’avenir ”. Le Congrès a rassemblé plus de 700 participants de 130 pays, parmi lesquels 40 ministres de l’Éducation, pour discuter de la façon dont l’ETP devrait s’adapter aux défis du monde du travail à l’aube du vingt et unième siècle. Outre la nécessité d’améliorer la qualité et lapertinence des programmes d’ETP, les discussions ont abordé de nombreux aspects dont certains étaient nouveaux dans le domaine de l’EFTP, tandis que d’autres, sans être nouveaux, demandaient à être plus efficacement intégrés dans ses dispositifs. L’une des recommandations notables a porté sur la terminologie utilisée pour décrire la préparation au monde du travail. Étant donné que l’enseignement et la formation constituent des volets complémentaires de la préparation au monde du travail et vu l’importance croissante de l’apprentissage tout au long de la vie, proposition a été faite que la terminologie reflète cette réalité, et le terme “ enseignement et formation techniques et professionnels ” (EFTP) a ainsi été adopté comme plus approprié. La conséquence a été qu’au sein du système des Nations Unies, l’UNESCO serait responsable des aspects éducatifs de l’EFTP tandis que la formation continuerait à faire partie des compétences de l’Organisation internationale du travail (OIT). Le Congrès de Séoul a émis un ensemble de recommandations centrées sur ces aspects, les adressant au Directeur général de l’UNESCO. Ces recommandations ont été discutées la même année (1999) lors de la 30e session de la Conférence générale de l’Organisation.

L’UNESCO a alors fait de ces recommandations le fondement de l’actualisation de son instrument normatif, la Recommandation révisée concernant l’enseignement technique et professionnel, qui avait été adoptée en 1962 et révisée en 1974. À la suite de consultations avec les États membres et les
principales organisations non gouvernementales opérant dans ce secteur, l’instrument normatif actualisé a été adopté en novembre 2001, lors de la 31e session de la Conférence générale de l’UNESCO, et est désormais appelé Recommandation révisée concernant l’enseignement technique
et professionnel (2001). La recommandation révisée, élaborée à l’issue d’amples réunions avec des experts techniques, les États membres et les organisations non gouvernementales concernées, représente ainsi un ensemble de normes et pratiques adéquates internationalement reconnues pour
la composante éducation dans l’EFTP. Le principal objectif de toute cette procédure était de mettre à la disposition des États membres un ensemble unique de normes et pratiques adéquates pouvant être appliquées dans leurs systèmes nationaux d’EFTP. Décrivant les normes pour la plupart des
domaines de l’EFTP, la Recommandation révisée pour la plupart des domaines de l’EFTP doit constituer une ressource efficace pour réaliser améliorations et innovations dans les systèmes d’EFTP et mieux les adapter aux innovations exigences en constante évolution du monde du travail.

ENSEIGNEMENT ET FORMATION EN VUE DU TRAVAIL – COOPÉRATION UNESCO/OIT

Eu égard au caractère de complémentarité de l’enseignement et de la formation dans l’EFTP et de la nécessité pour les ministères de la formation dans l’EFTP et de la nécessité pour les ministères de l’Éducation et du Travail de coopérer dans la gestion des systèmes nationaux d’EFTP, l’UNESCO et l’OIT ont décidé de réunir dans une publication unique la Recommandation révisée concernant l’enseignement technique et professionnel (2001) et les Conclusions de l’OIT relatives à la formation et à la mise en valeur des ressources humaines, qui avaient été adoptées par la Conférence internationale du travail lors de sa 88e session en 2002. Cette brochure, intitulée Enseignement et formation techniques et professionnels pour le vingt et unième siècle – Recommandations de l’UNESCO et de l’OIT, a été publiée en 2002 et diffusée dans les États membres des deux organisations, fournissant ainsi à tous les acteurs de l’EFTP des lignes directrices applicables à l’intégralité de l’enseignement et de la formation pour le monde du travail dans les institutions éducatives, dans le secteur non formel ou dans les entreprises.

Afin de rendre plus efficaces la promotion et la mise en oeuvre des Recommandations de l’UNESCO et de l’OIT dans les systèmes nationaux d’EFTP, l’UNESCO a alors lancé, en coopération avec l’OIT, une série de séminaires régionaux et sous-régionaux de formation à l’intention des concepteurs et
décideurs politiques de haut niveau. De 2002 à mi-2004, des séminaires ont été menés pour les pays d’Asie, du Pacifique, de la Fédération de Russie et de la Communauté des États indépendants, d’Amérique latine, des pays arabes, d’Afrique de l’Ouest et d’Asie centrale. Au total 225 concepteurs
de politiques d’éducation de haut niveau ont participé aux séminaires. L’UNESCO prévoit de mener des activités analogues pour les pays d’Afrique australe et de l’Est et des Caraïbes. Les séminaires de promotion poursuivaient plusieurs objectifs. Ils ont permis de sensibiliser sur une plus large base les décideurs du domaine de l’éducation et du travail à l’existence dans l’EFTP de normes et de pratiques internationalement reconnues; ils ont servi à développer les capacités de ces responsables et ont contribué à les rendre à même d’engager l’application de politiques novatrices dans leurs systèmes nationaux d’EFTP en puisant dans les ressources et les orientations des Recommandations.

L’EFTP ET L’ÉDUCATION POUR TOUS

Un an après le Congrès de Séoul, la communauté s’est réunie à Dakar, au Sénégal, au Forum mondial sur l’éducation, pour examiner les progrès accomplis dans le processus d’Éducation pour tous (EPT). Le Forum de Dakar sur l’éducation a préconisé que tous les acteurs de l’éducation oeuvrent à la réalisation de six objectifs considérés comme autant de jalons dans les efforts menés pour mettre en oeuvre l’Éducation pour Tous. Le troisième de ces objectifs est d’offrir aux jeunes et aux adultes des possibilités de formation leur permettant d’acquérir les compétences nécessaires dans la vie courante. Dans de nombreux pays, on considère que ces compétences englobent toute la gamme des capacités et des compétences cognitives, psychosociales et pratiques requises pour s’engager efficacement dans une activité génératrice de revenus. En d’autres termes, les compétences permettant d’assurer sa subsistance doivent faire partie des compétences de la vie courante. Le cinquième objectif établi au Forum mondial sur l’éducation concerne l’élimination des disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire. Les disparités entre les sexes est probablement plus évidentes dans l’EFTP que dans les autres branches de l’éducation. Ayant pour principale mission de doter les jeunes et les adultes, femmes et hommes, des compétences qui leur permettront d’assurer leur subsistance, l’EFTP a donc un rôle capital à jouer dans le processus de l’Éducation Pour Tous. Par ailleurs, l’augmentation, suite à l’initiative EPT, du nombre dé jeunes inscrits dans l’enseignement primaire dans les pays en développement va entraîner dans un proche avenir une augmentation du nombre de ces jeunes en quête de possibilités de formation continue ou de travail générateur de revenus. Comme les pays en question ne pourront dispenser un enseignement secondaire à tous les jeunes issus de l’enseignement primaire, ils devront faire face assez rapidement à une population grandissante de jeunes gens éduqués et sans emploi. C’est pourquoi il est absolument impératif de mettre en place des programmes de développement des compétences requises dans la vie active afin que les jeunes gens quittant l’école puissent s’engager dans des activités génératrices de revenus. Il est nécessaire de retarder la répartition faite au niveau secondaire entre la filière générale et professionnelle et assurer la mobilité entre les deux lorsque cette répartition a déjà été opérée afin de s’assurer que les “ compétences douces” comme l’entreprenariat et le travail en équipe soient acquises. Dans ce but, le programme EFTP de l’UNESCO et son Institut international pour la planification de l’éducation (IIPE) ont poussé à l’intégration des programmes de développement des compétences nécessaires dans la vie active au sein des Plans d’actions nationaux d’EPT. Des sessions de formation au développement des capacités ont été lancées dans plusieurs des Pays les moins avancés (PMA) afin que les concepteurs et décideurs politiques soient formés à l’intégration des programmes de développement des capacités dans la vie active à l’enseignement primaire. Il apparaît clairement que l’intégration de l’EFTP dans les Plans d’action nationaux d’EPT est un des enjeux majeurs pour de nombreux pays en développement et pour les PMA.

PRÉPARATIFS DE BONN : UNE ENQUÊTE SUR LA RÉFORME DES POLITIQUES D’EFTP

Dans le but de satisfaire à la demande faite par le Congrès de Séoul à l’UNESCO de réaliser cinq évaluations annuelles concernant la mise en place de ses recommandations, la réunion Apprendre pour le travail, la citoyenneté et la durabilité) (désignée sous le terme de Réunion Séoul + 5), organisée avec l’étroite collaboration du gouvernement allemand, servira de réunion de bilan intermédiaire. Cette réunion permettait de dresser un constat de la façon dont les recommandations du Congrès de Séoul et la Recommandation révisée de l’UNESCO ont profité aux États membres. En d’autres termes: ces deux séries de recommandations ont-elles aidé les divers pays à mettre en place des politiques et des pratiques nouvelles d’EFTP, qui prépareront mieux leurs jeunes comme leurs adultes au monde du travail. A Bonn, en Octobre 2004, il y a eu 10 sessions de 90 minutes qui ont
constitué les deux groupes de travail : Apprendre pour le développement de compétences et Transition vers le monde du travail. Les pays qui ont mis en place des politiques nouvelles ont eu l’occasion de partager leurs expériences avec d’autres pays, notamment ceux dont la situation en matière de développement est analogue. Le groupe de travail Apprendre pour le développement de compétences s’est réuni lors de sessions sur les thèmes suivants :

  • Apprentissage tout au long de la vie
  • Mondialisation et réforme des politiques de l’EFTP
  • EFTP et planification de l’EPT
  • L’EFTP dans l’enseignement secondaire – Développer des compétences génériques cléso Améliorer l’accès et l’équité

Le groupe de travail Transition vers le monde du travail traita des thèmes suivants :

  • Aligner l’EFTP sur le marché du travail
  • Compétences pour l’avenir – Le rôle de l’orientation
  • L’EFTP dans le secteur non formel – Compétences pour réduire la pauvreté
  • L’EFTP dans les pays en crise (situations post-conflictuelles)
  • Mesurer l’EFTP par les statistiques

Ces discussions ont abouti à des conclusions sur les meilleures façons dont les États membres peuvent mettre en oeuvre les articles des Instruments normatifs de l’UNESCO afin que leurs systèmes nationaux d’EFTP contribuent au développement durable. Un objectif important des sessions de fond
consista à renforcer la “culture de la mesure statistique” dans le domaine de l’EFTP. Du fait de la diversité de l’EFTP dans la plupart des pays, la comparaison statistique des systèmes d’EFTP représente un véritable défi. Dans les pays en développement et les pays en transition, le problème
est encore aggravé par l’existence d’une vaste économie informelle faisant appel à des travailleurs dont la formation s’est effectuée en dehors du système formel d’enseignement et de formation. Des méthodes nouvelles d’évaluation s’imposent si l’on veut parvenir à une estimation, même grossière, des effectifs d’apprenants, du nombre de formateurs et des besoins de formation. Lors de la réunion de Bonn, l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) présenta la méthodologie qu’il utilise actuellement pour rassembler les statistiques sur les systèmes d’EFTP des États membres de l’UNESCO. Cette présentation en séance plénière devait stimuler dans les sessions de fond les discussions sur des méthodes plus efficaces de mesure, notamment de mesure de l’EFTP dans le secteur non formel.

L’ISU étudiera pour ses futures actions de collecte de données les nouvelles méthodes appropriées de mesure de l’EFTP qui ont été proposées. Ces nouvelles méthodes seront aussi adoptées pour évaluer les systèmes d’EFTP lors de la préparation de futures réunions de l’UNESCO. Les discussions menées au cours des sessions des groupes de travail Apprendre pour le développement de compétences et Transition vers le monde du travail devaient aboutir à la mise en exergue des points importants des programmes actuels d’EFTP dans les divers États membres ainsi que leurs tentatives de rendre durables les initiatives de développement. Les discussions lors des sessions sur “Guider l’EFTP vers le développement durable” ont quant à elles dégager les priorités et les responsabilités qui permettront au secteur de l’EFTP de contribuer à l’instauration d’une situation où le développement profite à tous, où les ressources sont utilisées de manière équitable et où la pauvreté et la misère ne sont plus sources de bouleversements sociaux. Il faut pour cela que l’EFTP joue un rôle essentiel dans chacun des trois domaines qui contribuent au développement durable – l’économie, l’écologie et la société, et ce aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.

L’issue commune des deux séries de discussions – constat de la situation actuelle et “feuille de route ” pour la durabilité future se traduisit par la formulation, le dernier jour de la réunion, d’une Déclaration de Bonn définissant le rôle et la contribution de l’EFTP pour le développement durable. La Déclaration de Bonn, associée à un Plan d’action définissant un agenda concret pour sa réalisation, place le secteur de l’EFTP au centre des initiatives d’éducation en vue du développement durable. Les activités que le siège de “UNESCO, le Centre UNESCO-UNEVOC de Bonn, les instituts spécialisés et les agences partenaires entreprendront pour mettre en oeuvre la Déclaration de Bonn et son Plan d’action constituent des contributions permanentes à la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable, dès son commencement en 2005.

La Déclaration de Bonn, signé par cent ving-deux experts techniques en provenance des États membres, d’organisations intergouvernementales et non gouvernementales et de l’industrie qui se sont réunis à Bonn (Allemagne) du 25 au 28 octobre 2004 affirme entre autres qu’un développement
approprié de l’EFTP est essentiel à la réalisation des objectifs définis. Elle affirme que le développement des compétences donnant lieu à un EFTP adapté aux différentes classes d’âge devrait faire partie intégrante de l’enseignement à tous les niveaux et ne plus être considéré comme optionnel ou marginal. Il est particulièrement important d’intégrer le développement des compétences dans les programmes de l’Éducation pour tous (EPT) et de satisfaire la demande d’EFTP générée par les apprenants ayant achevé le cycle d’éducation de base. La préparation au travail devrait doter les individus des connaissances, compétences, aptitudes, valeurs et attitudes leur permettant de devenir des citoyens productifs et responsables, conscients de la dignité du travail et contribuant à la construction de sociétés durables. Puisque ce secteur de l’éducation jouit d’une reconnaissance accrue en tant que moyen de générer des revenus et que facteur de cohésion sociale il est nécessaire de redoubler d’efforts pour moderniser l’EFTP, renforcer son statut et assurer sa durabilité. L’EFTP a de toute évidence un rôle accru à jouer dans des secteurs d’activité qui contribuent à la durabilité, comme la préservation de l’environnement et du patrimoine culturel ainsi que la production d’énergies renouvelables. Ainsi tous les autres acteurs impliqués dans l’EFTP, tant publics que privés sont invités à mettre en place des partenariats et à oeuvrer résolument pour la mise en oeuvre des recommandations qui n’ont pas encore bénéficié d’une attention ou de ressources suffisantes.

Compte tenu de l’ampleur de la tâche à accomplir et de la complexité des situations dans lesquelles il faut agir. Une priorité particulière doit être accordée aux initiatives du domaine de l’EFTP qui contribuent à réduire la pauvreté, promouvoir l’égalité, et notamment l’égalité des sexes, stopper
l’extension de l’épidémie de VIH/sida, soutenir les jeunes en situation de crise, les communautés rurales et les groupes victimes d’exclusion, encourager la coopération Nord-Sud et Sud-Sud et aider au développement des pays en transition et de ceux qui traversent une crise. Ces initiatives d’EFTP sont essentielles pour un développement durable axé sur l’homme.

Des approches du développement qui concilient la prospérité économique, la préservation de l’environnement et le bien-être social sont préconisées. Il faut humaniser plutôt que de marginaliser et des applications des technologies de l’information et de la communication qui réduisent la fracture
numérique. A tous ceux concernés par l’enseignement et la formation technique et professionnel il faudrait prendre, dans nos pays et organisations respectifs, les mesures nécessaires pour qu’un développement des compétences de qualité débouche sur des communautés durables,  économiquement viables et respectueuses de l’environnement.

RAPPORT FINAL ET CONCLUSIONS DU COLLOQUE – JEAN-MARIE BOUYOU

Maître assistant – Secrétaire général – Commission nationale UNESCO – Libreville, Gabon

Placé sous le haut patronage de Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence El Hadj Omar Bongo Ondimba, le Colloque Internationale sur le thème « Éducation Technologique, Formation Professionnelle et Développement Durable » (EFTP) organisé par L’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET) dans le cadre du RAIFFET en collaboration avec l’IUFM d’Aix Marseille (France), s’est tenu à Libreville du 22 au 25 mars 2005. Ont participé à ce colloque environ 250 participants pour soixante communicants, des représentants
d’organisations internationales, des chercheurs, des personnels chargés de l’éducation, des étudiants, des institutions de formation, issus de trois continents représentés par une dizaine de pays. Il s’agit :

  • Pour l’Afrique : de l’Afrique du Sud, du Cameroun, de la Côte-d’Ivoire, du Gabon, de la Guinée Équatoriale, de la République Centrafricaine, du Sénégal et de la Tunisie
  • Pour l’Europe : de la France et de la Norvège
  • Pour l’Amérique : du Canada

CÉRÉMONIE D’OUVERTURE

Le premier acte de ce colloque international a été marqué par la cérémonie d’ouverture qui a enregistré quatre allocutions d’usage prononcées par :

  • Monsieur Jean Sylvain BEKALE NZE, Directeur Général de l’ENSET
  • Monsieur Jacques GINESTIE, Professeur des Universités, Directeur Adjoint de I’UFM d’Aix-Marseille, Président du Comité scientifique
  • Monsieur Émile BIH, Directeur Général IPNET Abidjan
  • Monsieur Teeluck BHUWANEE, Représentant UNESCO

Toutes ces personnalités ont noté dans leurs interventions le rôle de plus en plus prédominant de l’EFTP dans le développement durable des sociétés. En effet, on a pu relever que le développement durable des sociétés devait s’enraciner socialement et s’inscrire dans une perfection d’évolution, en
s’appuyant sur les acquis qu’apporterait aux jeunes l’EFTP dans un monde de plus en plus complexe.

Le Discours d’ouverture a été prononcé par Monsieur Antoine de Padoue Mboumbou Miyakou, Vice–premier Ministre, chargé de la Ville, Représentant Son Excellence Monsieur le Premier Ministre. Dans son allocution d’ouverture, Monsieur le Vice-Premier Ministre a situé « l’essence de ce colloque qui se fonde sur la volonté de conduire et d’organiser des réflexions qui collent à nos réalités tout en s’ouvrant sur le monde… ». Aussi, a-t-il avant d’ouvrir les travaux, marqué son espoir sur les résolutions des débats du présent colloque qui devraient apporter un souffle nouveau aux différentes actions engagées par les pays africains en matière de EFTP.

MISE EN PLACE DU BUREAU

Après la cérémonie d’ouverture, le Secrétaire Général Adjoint du Ministère de l’Enseignement Supérieur, Monsieur Moïse NSOLE BITEGUE, a proposée la composition du bureau du colloque à l’assemblée qui l’a adopté par acclamation. Ledit bureau a été composé comme suit :

  • Président : Issembe Amédée (ENSET, Libreville)
  • Vice-présidents : Ginestié Jacques (IUFM Aix-Marseille)
  • Bih Émile (IPNETP Abidjan, RAIFFET)
  • Bekale Nze Jean Sylvain (ENSET, Libreville)
  • Rapporteur Général : Bouyou Jean-Marie (UNESCO, Gabon)
  • Gbongue Jean Baptiste (IPNETP, Abidjan)
  • Co-Rapporteur : Ondo Eva Joseph (MEN, Gabon)
  • Secrétaire scientifique : Mouity Christian Didier (ENSET, Libreville)

LES TRAVAUX

Les travaux scientifiques du colloque se sont déroulés dans un esprit de partage, d’échanges fructueux et de relations humaines cordiales et franches. Lesdits travaux ont été organisés en séances plénières et en ateliers autour des quatre thèmes principaux retenus à savoir

  1. Finalités et curriculums de formation,
  2. Qualification et compétences,
  3. Organisations sociales et formation et
  4. Organisation et action pédagogiques.

Au total quatre séances plénières et quinze ateliers corrélés ont analysé les enjeux des thématiques retenus dans le renforcement et l’amélioration de l’EFTP.
Pour l’essentiel, on retiendra que le thème I, Finalités et curriculums de formation, s’est intéressé aux questions relatives aux programmes de formation, à l’innovation des méthodes d’enseignement, au développement des passerelles entre les différents niveaux de formations et à la validation des acquis, à l’adaptation des référentiels de formation aussi bien aux réalités locales qu’à une véritable logique de métiers impliquant également les métiers informels du monde urbain et du secteur rural, au renforcement des partenariats avec les entreprises, l’enseignement supérieur et les autres acteurs du système éducatif (administration, ONG, acteurs locaux de terrains) dans la construction des formations et de leurs contenus. Ce partenariat étant désormais perçu comme un gage d’optimisation de l’EFTP. En outre, la formation et la familiarisation des enseignants à l’outil informatique, à l’Internet ont été évoquées comme instruments indispensables à l’innovation pédagogique, de même que les intervenants ont insisté sur la nécessité de renforcer la formation et de valoriser le métier des enseignants, de réduire le déphasage entre la théorie et la pratique, et d’intéresser davantage les apprenants à la science et aux savoirs technologiques dès le niveau primaire. Un dernier point a été mis en exergue concernant l’introduction de la notion de développement durable dans les programmes et les manuels en suscitant chez l’apprenant l’éthique de responsabilité de la conscience et des comportements civiques. Dans ce sens, les systèmes de formation gagneraient à introduire le concept « d’ingénierie civique ».

Les interventions du thème 2, Savoirs, qualifications et compétences, ont mis l’accent d’une part, sur la technologie perçue comme émanation des savoirs sociaux, sur l’évolution technologique et les nécessités de changement et d’élaboration de nouveaux curriculums qui s’imposent dans l’apprentissage de la technologie d’autre part, et enfin sur l’évolution des métiers directement liés aux savoirs technologiques et à l’outil informatique. Les débats du thème 2 ont également mis en exergue, le déphasage observé chez l’apprenant dans sa perception de la relation entre la théorie et la pratique. La nécessité de former les formateurs à l’utilisation des logiciels de production et de conception industrielle a constitué un autre point de débat. En outre, la problématique de l’adaptation a été soulevée. Au regard du phénomène de la mondialisation, chaque pays devrait former par rapport à son contexte, en tenant compte des besoins des opérateurs économiques et de la diversité culturelle. Dans ce sens, les intervenants ont attiré l’attention sur le fait que les réalités africaines, les savoirs sociaux endogènes ne devraient pas être marginalisées en dépit de la vitesse de l’évolution technologique.

Les interventions proposées sur le thème 3. Organisations sociales et organisations des formations, portaient essentiellement sur l’articulation formation – emploi. Cette articulation a été analysée sous l’angle de l’emploi dans les métiers qui relèvent, pour la plupart, du secteur informel ou du secteur traditionnel. Or bien souvent, les formations sont organisées pour des structures professionnelles de type moyennes ou grandes entreprises, dans lesquelles l’emploi est bien organisé en métiers. Les débats ont porté sur la nécessité d’améliorer la connaissance sur l’emploi pour pouvoir organiser les formations. L’approche de l’articulation entre formation et emploi pose souvent la question des contenus de formation, notamment ceux qui relèvent de la culture générale ou ceux qui enrichissent la professionnalité. Il est ressorti des débats de ce thème, que la connaissance du milieu professionnel est un préalable qui doit être renforcé par des relations de partenariat voire de délégation de l’apprentissage en entreprise.
Les exposés du thème 4, Descriptions de pratiques et organisations des formations, ont porté sur l’articulation des méthodes et stratégies pour une meilleure organisation de la FTP. L’hétérogénéité des besoins et le manque d’offre intégrée de services, devraient conduire à la réalisation de projets
d’assistance en matière de formation professionnelle, la formation à distance devrait être encouragée dans une perspective de partenariat. Cette démarche faciliterait l’innovation pédagogique dans les écoles. Les débats du thème 4 ont également porté sur la démocratisation de l’accès aux savoirs, ce qui nécessite la création de réseaux avec d’autres organisations dans le but de s’approprier les méthodes alternatives d’enseignement et de formation telle que l’enseignement ouvert et à distance.

L’importance du développement de la recherche a été soulignée comme soutien à l’innovation pédagogique. Des communications ont permis de souligner la richesse des recherches internationales menées de façon équilibrée entre partenaires des nations du Nord et du Sud. Dans ces approches, le questionnement et l’objet de la recherche sont élaborés en commun et visent à promouvoir la diversité culturelle et linguistique (recherche camerouno-norvégienne). Ainsi, dans la diversité, les différents partenaires peuvent apprendre les uns des autres. Enfin, l’intégration des matières d’enseignement général à l’EFTP a été identifiée comme éléments favorisant la réflexion chez l’apprenant.

L’appropriation des NTIC a été soulignée comme support pédagogique.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONSTITUTIVE DU RAIFFET

En marge des travaux du colloque, s’est tenue l’assemblée générale constitutive du Réseau Africain des Institutions de Formation de Formateurs de l’Enseignement technique, en abrégé RAIFFET, qui a adopté ses statuts et élu son bureau composé comme suit :

  • Président : Bekale Nze Jean Sylvain (Gabon)
  • Vice-président : Bih Émile (Côte-d’Ivoire)
  • Secrétaire Général : Balintulo Marius (Afrique du Sud)
  • Secrétaire Général Adjoint : Chaouachi Frej (Tunisie)
  • Trésorier : Sow Mody (Sénégal)

En outre, le RAIFFET s’est doté d’un Conseil scientifique d’un maximum de vingt (20) membres dont un tiers (1/3) de non africains, qui sera présidé à titre provisoire par le Professeur Jacques Ginestié.
La mise en place du réseau africain des institutions de formation des formateurs (RAIFFET) répond au besoin d’appui aux acteurs du secteur de l’éducation technologique, des opportunités et un environnement propice au développement de leurs compétences, à l’amélioration de leurs activités de formation et de recherche. Le Réseau constitue également un cadre approprié d’échanges, de collaboration et de partenariat entre les institutions africaines de formation d’une part, entre ces dernières et leurs partenaires des pays du Nord et les organisations internationales, d’autre part.

RECOMMANDATIONS DU COLLOQUE

Considérant les orientations générales dégagées par le colloque, en particulier :

  • la nécessité de contextualiser,
  • l’exigence d’innovation,
  • la nécessité de procéder à des inventaires (notamment des savoirs traditionnels en vue de leur prise en compte dans le réforme de l’EFTP) et du développement des métiers du secteur informel,
  • la nécessité de conceptualiser et de repenser l’épistémologie de la construction des savoirs en Afrique,
  • l’utilité d’interroger les Sciences humaines et leurs apports dans les processus de formation des ingénieurs, des techniciens et des formateurs,
  • la nécessité de s’enrichir des apports ajoutés par l’échange d’expérience avec les instituts des différents pays Sud-Sud et Sud-Nord.

Le colloque international de Libreville sur l’Éducation technologique, formation professionnelle, développement durable fait les recommandations suivantes :

  • Le colloque confie à son comité scientifique international le soin de préparer l’édition et la diffusion des actes du colloque, pour représenter la contribution de l’Afrique à l’amélioration de l’Éducation Pour Tous et au renforcement de l’EFTP.
  • Le colloque confie au RAIFFET le soin de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue d’organiser périodiquement (tous les deux ans) un colloque international de l’EFTP sur des thèmes novateurs ; le prochain colloque pourrait se tenir à Abidjan (Côte d’Ivoire) sur le thème « technologie et lutte contre la pauvreté : l’apport de l’EFTP ».
  • De même, le colloque demande au RAIFFET d’agir efficacement dans la perspective d’élaborer un répertoire des écoles d’EFTP d’une part, et des enseignants et chercheurs du Réseau d’autre part. Le RAIFFET devra susciter l’adhésion au Réseau des autres pays africains, rechercher la
    mise en place d’un cadre de reconnaissance et de coopération avec les organisations sousrégionales et régionales. Il devra également veiller à encourager la participation des femmes dans le Réseau et tendre vers la parité dans ses activités. Par ailleurs, il oeuvrera à la création d’un observatoire sur l’état de la formation et la prospective en matière d’EFTP dans les pays africains afin de concevoir un répertoire des métiers.
  • Le colloque invite les pouvoirs publics des pays africains à mettre en oeuvre les recommandations du présent colloque afin de valoriser et à accorder davantage de considération aux métiers manuels, de l’artisanat et/ou de bas niveau de qualification dans les villes et dans le monde rural par des campagnes et actions de communications publiques. Cela ne saurait se faire sans un accroissement des moyens financiers consacrés au développement de l’EFTP, sans une rationalisation de la gestion des carrières des enseignants du secteur EFTP. Par ailleurs, il s’agit d’accroître la reconnaissance des diplômes de l’EFTP dans les dispositifs de recrutement administratif. Cela repose également sur un renforcement de la formation des chefs d’établissement et sur le rôle des conseillers d’orientation pour une meilleure valorisation des
    formations en EFTP dans les structures éducatives. Le développement des niveaux de qualification doit pouvoir s’appuyer sur un développement de la formation continue en matière de EFTP et sur un renforcement de la formation des formateurs en tenant compte de l’évolution des
    systèmes d’équivalence dans les universités. Tout cela suppose de doter les écoles de formations professionnelles et techniques en ressources documentaires suffisantes.
  • Le colloque encourage les établissements de formations professionnelles et techniques à multiplier les réseaux et partenariats tant au niveau national, sous-régional, régional et international, à diversifier les filières de formations en tenant compte des ressources des États, à tenir compte des réalités locales dans le transfert des savoirs et des technologies importés de l’Occident et à améliorer la définition des différentes fonctions qui composent les métiers.
  • Le colloque sollicite un appui constant des organisations internationales, des partenaires au développement pour le renforcement du RAIFFET et ses activités et de l’EFTP en Afrique.

DISCOURS DE CLÔTURE – JEAN SYLVAIN BEKALE NZE

Directeur Général – ENSET – Libreville, Gabon

Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Technologique, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, Excellences, Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République, Mesdames et Messieurs les Membres du gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Honorables invités, Mesdames et Messieurs les experts, Chers collègues enseignants, Chers étudiants, Mesdames et Messieurs.

Monsieur le Ministre, au moment où s’achèvent les travaux de ce colloque, grande est ma joie de constater que dans l’ensemble, les travaux se sont déroulés dans de bonnes conditions et surtout sans incidents et fausses notes. Montaigne disait, non sans raison, qu’il faut “ frotter et limer sa
cervelle contre celle d’autrui ”. C’est ce que viennent de faire les participants à ce grand forum international. En effet, par la mutualisation de leurs points de vue, de leurs expériences, de leur vécu, ils ont, chacun, à son niveau, contribué à l’édification d’un nouvel ordre d’enseignement technologique et professionnel en Afrique subsaharienne. Nous partons tous d’ici enrichis et heureux d’avoir dressé un état des lieux assez complet de nos systèmes éducatifs. Les bienfaits de ce colloque seront naturellement, encore plus appréciables pour tous ceux dont nous avons la charge de l’éducation.

C’est pourquoi nous devons toute notre reconnaissance :
En premier lieu, à Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, pour avoir permis l’organisation de ces assises. Ensuite aux Membres du Gouvernement de la République gabonaise et aux autorités institutionnelles, en particulier, à Monsieur le Ministre de l’éducation nationale et à celui
de l’Enseignement Supérieur pour leur encadrement et leur contribution. Enfin aux experts et communicants qui, durant ces quatre jours, se sont penchés sur les problèmes et les dysfonctionnements de l’enseignement technique en Afrique.

Oui, Mesdames et Messieurs, vous avez concouru à ajouter de l’espoir à un avenir meilleur de l’enseignement technologique et professionnel dans notre sous- Région car, à travers vos communications, vos exposés, nous avons décelé tant de préoccupations aussi émouvantes les unes que les autres et qui nous font penser que nous avons trouvé, ensemble, le moyen d’améliorer nos systèmes éducatifs ; ce moyen qui n’est autre que la volonté de discuter et de débattre des difficultés auxquelles ils sont confrontés. Que retenir alors de cette grande rencontre à laquelle nous venons de participer ? Sans vouloir verser dans un excès d’autosatisfaction, je puis dire simplement que les travaux de ce colloque ont permis une certaine prise de conscience en mettant en évidence les enjeux de la formation professionnelle dans le développement d’un pays. En effet, nous savons désormais :

  • comment et pourquoi la définition des curriculums de formation est directement liée aux finalités assignées à la formation ;
  • comment et pourquoi l’acquisition des compétences professionnelles va de pair avec l’acquisition des savoirs ;
  • comment et pourquoi les organisations sociales du travail et les systèmes de transmission des savoirs technologiques et des compétences professionnelles sont étroitement liés ;
  • et, enfin, comment et pourquoi, tout en partant de ces organisations sociales, de leur description, on peut néanmoins dépasser la simple pratique, la routine, l’habitude, si l’on veut organiser rationnellement des formations en vue de l’évolution des emplois, laquelle évolution est la base de développement aussi bien économique que social et politique d’un pays.

Notre tâche n’est pas achevée, Mesdames et Messieurs, car, il nous revient, à nous participants, de méditer et de faire fructifier les acquis de ce colloque pour atteindre les objectifs fixés dès le départ qui consistent, entre autres, à favoriser le développement des enseignements technologiques et
professionnels et d’aider à la structuration et au renforcement des Institutions chargées de ces formations. La forte mobilisation observée tout au long de ce colloque international sur l’éducation technologique et la formation professionnelle a prouvé que l’initiative prise par l’ENSET et soutenue
par le Président de la République, Son Excellence, El Hadj Omar Bongo Ondimba, soucieux de l’avenir de l’éducation dans notre pays, répondait bien à une aspiration puissante de la communauté scientifique et intellectuelle nationale et internationale. J’espère que ce colloque ne sera que le début
d’une longue série de rencontres scientifiques qui nous permettront de faire le point sur les grandesrésolutions de ces assises. En ma qualité de Directeur Général de l’ENSET, je suis ravi de ce qu’autant de sommités intellectuelles aient pu faire le déplacement de Libreville. Je suis surtout touché de l’intérêt que nos partenaires nationaux et internationaux accordent à nos actions. C’est pourquoi, au nom de l’ENSET et en mon nom propre, je souhaite profiter de ce discours de clôture pour les remercier de l’honneur et de la confiance qu’ils viennent de faire à notre pays le Gabon en me portant à la Présidence du Réseau Africain des Instituts de Formation de Formateurs de l’Enseignement Technique (RAIFFET). Puisque toutes les bonnes choses ont une fin, à tous ceux qui vont devoir nous quitter, je souhaite un bon retour dans leurs pays respectifs.

Je vous remercie.

DISCOURS DE CLÔTURE DE MONSIEUR LE MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE ET DE L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE

Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Enseignants et Chercheurs, Mesdames et Messieurs, après quatre jours d’intense réflexion, de fructueux échanges sur la problématique de l’acquisition des compétences, sur le comment faire et la théorie du comment faire, il me plaît
d’exprimer ma satisfaction quant au bon déroulement de ces assises. Le Président de la République, en affirmant dans son allocution d’ouverture, par la voix de Monsieur le Vice-Premier Ministre, qu’il fondait des grands espoirs sur ce Colloque, c’est parce que le questionnement de celui-ci est basé sur les relations entre les évolutions des organisations sociales du travail et celles des systèmes de transmission des savoirs technologiques et des compétences professionnelles. Le développement durable des pays de la CEMAC et d’autres espaces retardataires du monde reposera sur la maîtrise
des savoirs technologiques et compétences professionnelles dans tous les secteurs d’activités. Cela suppose une organisation universitaire adaptée au stade d’évolution atteinte par nos sociétés.

Les échanges que vous avez établis entre vous sur les types et les niveaux d’organisations des enseignements technologiques en Afrique et ailleurs dans le monde et les conclusions y relatives permettront des évolutions significatives dans la mise en place d’un système de formation technologique performant. Cette mise en place se fera dans le contexte de la globalisation, notamment de la mise en place d’un de ses composants : le système LMD dans lequel vont basculer en 2006, tous les établissements de l’Enseignement Supérieur de l’espace CEMAC. C’est pourquoi, en ma qualité de Ministre de l’Innovation Technologique, je me ferai le devoir de traduire en actes les recommandations issues de la présente rencontre. Je suis convaincu que les responsables des programmes de formation d’enseignants ou de formateurs dans les domaines des technologies industrielles, tertiaires et agro-alimentaires ; les chercheurs en éducation technologique ou dans les domaines connexes tels que la sociologie du travail, la psychologie du travail et l’histoire des techniques et des formations professionnelles, mesureront le rôle et la place de l’éducation technologique dans le développement durable de nos sociétés respectives.

Mesdames et Messieurs, au nom du président de la République, Chef de l’État et du Gouvernement, c’est avec un sentiment de profonde satisfaction que je souhaite un bon retour à tous nos amis venus des cinq Continents et que je déclare clos les travaux du Colloque sur “ Éducation Technologique et Formation Professionnelle ”.

Je vous remercie.

Télécharger les actes du colloque RAIFFET 2005 à LIBREVILLE au GABON

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