Un modèle d’évaluation des manuels scolaires : Cas des livres de Mathématiques du secondaire au Cameroun Agnès Kapche kapcheagnes@yahoo.fr Eric Kameni ericokameni@gmail.com Pierre Fonkoua pfonkoua2001@yahoo.fr

Un modèle d’évaluation des manuels scolaires :  Cas des livres de Mathématiques du secondaire au Cameroun Agnès Kapche kapcheagnes@yahoo.fr  Eric Kameni ericokameni@gmail.com  Pierre Fonkoua pfonkoua2001@yahoo.fr

Un modèle d’évaluation des manuels scolaires : Cas des livres de Mathématiques du secondaire au Cameroun
Agnès Kapche kapcheagnes@yahoo.fr Eric Kameni ericokameni@gmail.com Pierre Fonkoua pfonkoua2001@yahoo.fr

Résumé

Dans ce travail de recherche, nous construisons un modèle d’évaluation des livres de mathématiques du secondaire général basée sur la sélection des critères d’études les plus significatifs. Après avoir élaboré une liste initiale des critères de sélection des manuels grâce à une revue de la littérature, nous menons des enquêtes par questionnaires sur une population cible d’élèves et d’enseignants. Une étude statistique nous a permis en première approximation, de considérer les apprenants comme un ensemble global et exclusif en vue de comparer leur influence à celle des enseignants. Il ressort qu’ils forment naturellement un système disjoint. Nous définissons ainsi les coefficients différentiels respectifs de ces acteurs pédagogiques dans l’évaluation globale des manuels. Ces résultats nous permettent de valider notre hypothèse nulle de l’enquête à savoir : Les critères d’évaluation du manuel sont absolument aussi importants les uns que les autres. Relativement aux valeurs attendues, nous proposons donc une plate-forme des critères significatifs d’évaluation des manuels. Nous illustrons ces résultats à travers un model informatique que nous proposons en utilisant le Déploiement de la Fonction Qualité (DFQ) comme processus sélection des livres de mathématiques du secondaire de l’enseignement général au Cameroun.

Mots-clés

Modèle d’évaluation, critère d’évaluation, coefficients différentiels, Déploiement de la Fonction Qualité

Introduction

L’éducation scolaire est un facteur important dans l’essor économique d’une nation. Toutefois, plus important encore est l’apport du matériel didactique dans le processus enseignement-apprentissage. En plus d’être un élément facilitateur du système éducatif, le manuel scolaire est un outil de transmission de la vision économique d’une nation. Une nation devrait donc mettre dans son circuit éducatif des manuels qui lui permettront d’atteindre ses objectifs à court, moyen et long terme. Les manuels représentent un support du processus enseignement-apprentissage et doivent correspondre aux programmes. Et les programmes quant à eux doivent correspondre aux objectifs du Gouvernement. Dans un contexte porté vers l’enseignement technique et scientifique, il apparaît important pour nous de voir et d’analyser sur quelles bases les livres scolaires sont sélectionnés et mis au programme au Cameroun. Spécialement les livres de mathématiques de l’enseignement secondaire général en vue d’améliorer ce processus ; car le choix du meilleur livre est le premier pas vers la réussite scolaire. A l’heure de la technologie, nous nous devons de trouver des moyens modernes et scientifiques d’évaluation et de sélection des livres scolaires spécialement en mathématiques qui sont à la base de toutes sciences physiques.

Au Cameroun, il y a très peu de recherches sur l’évaluation des livres utilisés dans le secondaire. Le travail de sélection des manuels scolaires est assuré par la commission nationale d’évaluation des manuels. Actuellement, le Conseil National d’Agrément des Manuels Scolaires et des Matériels Didactiques (CNAMSMD) a mis sur pieds une fiche d’évaluation sommaire des aspects physiques, scientifiques et pédagogiques du livre scolaire. Cependant, elle demeure encore très globale pour déterminer quelle est la meilleure collection ou plus encore quel est le meilleur livre d’une discipline et par niveau.

Pour normaliser et faciliter le travail des évaluateurs de manuel scolaire, plusieurs méthodes sont utilisées dans le monde à l’instar de la fiche d’évaluation des manuels scolaires élaboré par Roger (1989), du QFD (Quality Fonction Deploiement) élaboré par Chen & Chen (2002). Chacune d’elle visant non seulement à faciliter le travail de l’évaluateur mais plus encore à mettre à la disposition des enseignants et des apprenants un manuel de qualité.

L’objectif spécifique de ce travail est l’identification des variables les plus importantes de sélection des livres de mathématiques de l’enseignement secondaire général les plus adapté au regard des critères émis par Roger (1989) et Chen & Chen (2002). Ensuite nous allons les implémenter dans un modèle informatique pour faciliter et automatiser le travail de sélection. Afin de réaliser un tel but, il est judicieux d’élaborer un design d’étude qui considérerait tous les intérêts des différents acteurs de l’éducation.

L’organisation de ce travail se présente comme suit : la Section 2 fait un état de l’art sur le manuel scolaire tout en analysant certaines méthodes déjà présenté pour leur éventuelle sélection.  Dans la section 3 nous présentons et implémentons l’approche que nous proposons. La section 4 présente une validation de notre approche et enfin à la Section 5 nous présentons une conclusion et les perspectives.

Revue de la littérature

Le manuel scolaire

De la perspective de l’apprenant, le manuel est un recueil de supports de lectures et un moyen de conserver les traces d’activités menées dans l’ensemble. Ajoutons à ceci le fait que le manuel est un outil ayant pour visée d’assurer la garantie d’une formation d’ensemble, tout en favorisant le travail personnel de l’apprenant et le développement par ce dernier d’aptitudes à apprendre en autonomie. Il est question dans cet extrait d’une présentation du manuel du point de vue de son pôle destinataire, et des différents rôles par lui joué dans le processus enseignement-apprentissage. Nous pouvons donc noter que, le manuel scolaire met en œuvre un programme d’enseignement pour un niveau donné. Il est conçu par des professionnels pour répondre aux besoins des élèves, des enseignants et des parents.

Curriculum et Manuel scolaire

D’après Ph. Jonnaert (2009) « Un curriculum remplit ainsi des fonctions d’opérationnalisation d’un plan d’action pédagogique, d’orientation des actions à poser et d’adaptation d’un système éducatif à un projet de société donné  »

Un curriculum est donc plus vaste que les programmes d’études qu’il inclut et oriente. Le curriculum fournit par-là les orientations à donner aux manuels scolaires. La littérature la plus récente sur le développement du curriculum est très claire à ce propos : un curriculum se dégage des programmes d’études qu’il oriente et articule entre eux d’une part, et les coordonne aux autres composantes du curriculum, comme, par exemple, du matériel didactique, des manuels scolaires, des guides pédagogiques pour les enseignants, des outils d’évaluation, les programmes de formation des enseignants, etc. Jackson, 1992 ; Benavot&Braslavsky (2006) ; Meyer, 2006 ; Jonnaert&Ettayebi, (2007, pp. 6).

Roegiers (2011) note qu’un curriculum est un vaste projet à l’origine d’au moins trois micro-projets :

  1. Un projet de formation des enseignants selon le principe du « je te forme comme tu devras former d’autres » ;
  2. Un projet de manuels ;
  3. Un projet portant sur le système d’évaluation à appliquer.

Il apparait donc que le manuel scolaire est un projet qui émane du curriculum. Ceci implique qu’un système de contrôle doit être mis sur pied pour détecter si les programmes prescrits sont effectifs dans l’élaboration des manuels scolaires, car le manuel représente le vecteur final de la politique éducative d’un gouvernement donné.

Cette relation de transmission pourrait se représenter de la façon suivante :

Gouvernement à Curriculum à Programme scolaire à Manuel scolaire à(apprenants/enseignant/parents).

Les fonctions du manuel

Les manuels scolaires ont plusieurs fonctions. Il est nécessaire de dire que ces manuels sont très utiles pour les deux acteurs du processus de l’enseignement à savoir l’enseignant et l’apprenant. En général, on peut distinguer les fonctions du manuel pour les apprenants et pour les enseignants Prucha et Jan (1998). En ce qui concerne les fonctions principales pour les apprenants, le manuel est une source à partir de laquelle ils apprennent et à l’aide de laquelle ils n’acquièrent pas que les connaissances, mais aussi les savoir-faire, les valeurs et les attitudes. Concernant les fonctions principales pour les enseignants, le manuel est une source à l’aide de laquelle ils ne planifient pas que le contenu des matières enseignées, mais aussi leur présentation dans le processus de l’enseignement et l’évaluation des apprenants. Gérard (2010) et Xavier (2009) élaborent quatre fonctions relatives à l’enseignant qui résume les idées ci-dessus, à savoir la fonction d’information scientifique et générale, la fonction de formation pédagogique liée à la discipline, la fonction d’aide aux apprentissages et à la gestion des cours et enfin, la fonction d’aide à l’évaluation des acquis.

Quelques modèles d’évaluation du manuel scolaire

Pour normaliser et faciliter le travail des évaluateurs de manuel scolaire, plusieurs méthodes sont utilisées dans le monde. Chacune d’elle visant non seulement à faciliter le travail de l’évaluateur mais plus encore à mettre à la disposition des enseignants et des apprenants un manuel de qualité. Aussi distingue-t-on la fiche d’évaluation des manuels scolaires (UNESCO 1989) élaborée par Roger (1989), le Déploiement de la Fonction Qualité (QFD) implémentée avec succès dans l’éducation par Jacob Chen et Joseph Chen (2002), et au plan local, la Fiche d’évaluation des manuels scolaires au Cameroun élaborée par le Conseil National d’Agrément des Manuels Scolaires et des Matériels Didactiques (CNAMSMD).

Le manuel scolaire au Cameroun

Le secteur des manuels scolaire au Cameroun comme le souligne Etoa (2016) est déplorable, miné par le non-respect des lois en vigueur, la mauvaise qualité des livres au programme, le processus de choix impliquant des acteurs peu qualifiés en ce qui concerne le choix par discipline et par niveau ainsi que leur nombre insuffisant.

Le non-respect des lois en vigueur

En effet, en ce qui concerne le non-respect des lois en vigueur, nous constatons avec Etoa (2016) l’arrêté du Premier Ministre du 4 janvier 2002 en son chapitre premier, article 2 alinéa 1 n’est jusqu’à présent pas respecté par la commission qu’il crée.

En parcourant les listes officielles des manuels scolaires de ces trois dernières années, nous constatons la validation de 5, 6 voire 7 livres par matière et par niveau et en plus sans aucune précision dans l’ordre de classement. Il en est de même pour les livres de mathématiques de l’enseignement secondaire général. Si nous ne prenons que la classe de 6ième :

En 2014-2015 nous avions 5 collections au programme : CIAM, Majors, Cargo, Excellence et collection Périmètre avec comme observation à la fin choisir un parmi les cinq.

Idem en 2015-2016. En 2016-2017, nous retrouvons les incohérences suivantes :

Première incohérence : les colonnes matière et niveau sont confondues,

Deuxième incohérence : nous avons 5 titres différents, 5 auteurs différents, 5 différents éditeurs et en observation il est dit :  » Choisir un livre parmi les trois.  »

A cause de ceci, nous avons plus de 3500 livres au programme dans notre système éducatif primaire et secondaire au lieu de moins de 1750 et par ricochet le cout très élevé de ces livres dues à la division considérable des parts de marché.

Le processus de choix

Comme nous l’avons dit plus haut, le processus de choix implique des acteurs peu qualifiés en ce qui concerne le choix par discipline et par niveau ainsi que leur nombre insuffisant. Marcelin (2016) constate que, dans l’arrêté du premier ministre du 4 janvier 2002 le CNAMSMD est composé d’environ 32 membres où à peine 10 sont des spécialistes du manuel scolaire. Ces membres seront en plus divisés en commissions spécialisées qui auront la charge d’évaluer tous les collections proposées par niveau et par discipline ainsi qu’il est proposé dans l’arrêté du Premier Ministre du 4 janvier 2002 en son chapitre premier, article 4 alinéa 1.

Approche proposée

Notre étude se situe dans le vaste champ des sciences de l’éducation, dans la didactique en général et la didactique des disciplines, en particulier. Cette recherche est orientée dans la qualité des manuels de mathématiques, outils didactiques essentiels dans l’enseignement des mathématiques. Dans ce cas spécifique, notre recherche est appliquée et comporte une dimension quantitative. Elle est appliquée parce qu’elle vise à résoudre un problème urgent sur le terrain lié à la qualité des manuels de mathématiques au secondaire. Il s’agit alors d’une recherche action. L’aspect quantitatif est essentiellement lié aux questionnaires adressés aux élèves et aux enseignants de mathématiques.

Enquête par questionnaire

Ainsi, un questionnaire comportant 65 critères issus d’une synthèse des critères proposé par Roger (1989), Chen et Chen (2002) et des observations des inspecteurs de mathématique a été adressé aux élèves et aux enseignants de mathématiques des établissements choisis. Nous avons articulé notre questionnaire en quatre points plus une présentation sommaire. Ces quatre points sont présentés sous forme de tableau à quatre colonnes intitulées respectivement domaine (aspect physique, aspect scientifique, aspect pédagogique et didactique, environnement et contexte d’apprentissage), critères, degré d’importance (chiffré de 1 à 4), et Autres (ajouts des attentes personnelles). Nous devons tester l’efficacité d’un total de 65 critères d’évaluation des manuels afin d’en ressortir ceux qui sont efficace dans l’évaluation du livre de mathématiques.

La démarche sur le terrain

Notre démarche sur le terrain a été facilitée par les différents chefs des établissements concernés par notre étude, et plus précisément par le biais de leurs collaborateurs notamment les censeurs, les surveillants généraux, et particulièrement les animateurs pédagogiques de mathématiques. Les questionnaires ont été adressés aux élèves des classes concernées (3ième et Terminale) et ceux-ci l’ont rempli après une explication du processus et du service qu’ils nous rendaient. Voici les tableaux récapitulatifs de la population accessible et des échantillons.

Tableau 1 : La population accessible + Échantillons Apprenants

Établissement 3ième Terminale Total
F G Total F G Total  
Lycée Bilingue d’Application 24 14 38 14 25 39 77
Echantillon
LBA
24 9 33 10 20 30 63
Lycée de Ngoa-Ekele 27 20 47 18 45 63 110
Echantillon LNE 18 10 28 17 35 52 80

Nous avons donc une population accessible de 187 élèves soit 83 filles et 104 garçons. Nous avons un échantillon de 143 élèves représentant 76,47% de la population accessible, soit 69 filles (47.92% de l’échantillon) et 75 garçons (52.08% de l’échantillon).

Tableau 2 : La population accessible + Échantillon des enseignants

Etablissements Féminin Masculin Total
Lycée bilingue d’application 5 5 10
Echantillon LBA 3 4 7
Lycée de Ngoa-Ekele 10 14 24
Echantillon Lycée de Ngoa-Ekele 3 7 10

 

Nous avons donc une population accessible de 34 enseignants soit 15 femmes et 19 hommes. Nous avons un échantillon de 17 enseignants représentant 50% de la population accessible, soit 6 femmes (35.3% de l’échantillon) et 11 hommes (64.7% de l’échantillon).

Analyse des données et vérification des hypothèses

Un logiciel produit par Microsoft et nommé Excel permet de calculer la probabilité de réalisation de l’hypothèse nulle : Les critères d’évaluation du manuel sont absolument aussi importants les uns que les autres.  Il en découle que les notes données par les élèves et les enseignants sont réellement indépendantes. Donc, l’appréciation des élèves et enseignants séparément dans l’évaluation des critères de sélection du manuel est importante. Les préoccupations des élèves constituant le principal centre d’intérêt du manuel, il apparaît donc cohérent que le coefficient différentiel des élèves soit le plus élevé. La détermination de ces coefficients différentiels se fait de la manière suivante :

ξ Nélèvesmax + ζNens1 = Nmax, (a) ; ξNélèvesmin + ζNens2 = Nmin,(b)

Où les paramètres ξ et ζ représentent les coefficients différentiels des élèves et des enseignants, respectivement. La constantes Nélèvesmin et Nélèvesmax représentent les notes minimales et maximales des critères attribuées par les élèves, Nens1 et Nens2 étant les notes correspondantes attribuées par les enseignants. Les valeurs Nmin et Nmax représentent les valeurs pondérées minimales et maximales des critères considérés, respectivement. D’où les valeurs recherchées suivantes :

ξ = 0.890448549, (a) ;                    ζ = 0.081934916. (b)

De ce fait, nous obtenons alors la table de notes fréquentielles des critères d’évaluation dont la pondération se calcule de la manière suivante :

Note critère = ξNoteélèves + ζNoteens. (c)

Il en découle que les colonnes de valeurs pondérées des critères d’évaluations et celles attendues ne sont pas parfaitement indépendantes, l’erreur étant évaluée à près de 31,2353845%. Autrement dit, il existe des critères d’évaluation des manuels ayant des degrés d’importance relativement significatifs, ceci avec une précision de 31,2353845%. Ce résultat est bien en accord avec l’hypothèse générale formulée dès le début de notre travail de recherche sur l’élaboration d’une plate-forme d’évaluation critériée des manuels scolaires où les critères d’évaluation possèderaient des degrés relatifs de sélectivité ou de préférence importants. A la suite de ce test d’ajustement, nous nous proposons alors une liste des différents critères sélectionnés accompagnés de leur degré d’importance. Sélectionnée car ils ont obtenu une note supérieure à 14.5/20 soit une fréquence supérieure à 73.83%. Nous avons donc eu 36 sur les 65 critères soit 55.38% de critères retenu.

Concernant l’aspect physique du manuel, nous avons eu au total 12/28 critères (indicateurs) répartis en 6/9 domaines ainsi qu’il suit :

Tableau 3 : Aspect physique du manuel de mathématiques

Tableau 3  Aspect physique du manuel de mathématiques

Tableau 3 Aspect physique du manuel de mathématiques 

Concernant l’aspect scientifique du manuel, nous avons eu au total 5/10 critères répartis en 1/5 domaines ainsi qu’il suit :

Tableau 4 : Aspect scientifique du manuel de mathématiques

Tableau 4 : Aspect scientifique du manuel de mathématiques 

Concernant l’aspect pédagogique et didactique du manuel, nous avons eu au total 17/22 critères répartis en 6/7 domaines ainsi qu’il suit :

 

Tableau 5 : Aspects pédagogique et didactique du manuel de mathématiques

Tableau 5 : Aspects pédagogique et didactique du manuel de mathématiques

Tableau 5 : Aspects pédagogique et didactique du manuel de mathématiques

Tableau 5 : Aspects pédagogique et didactique du manuel de mathématiques

Concernant l’aspect environnement et contexte d’apprentissage du manuel de mathématiques, nous avons eu au total 2/5 critères répartis en 3 domaines ainsi qu’il suit : 2 pour le concept, 2 pour les activités, 1 pour illustrations.

Tableau 6 : Aspects environnement et contexte du manuel de mathématiques

Tableau 6 : Aspects environnement et contexte du manuel de mathématiques

A partir de ces critères, nous présenterons notre modèle informatique des critères d’évaluation fondamentaux pour une évaluation judicieuse du manuel scolaire.

Proposition d’un modèle d’évaluation critèrié des livres de mathématiques du secondaire au Cameroun

Il faut noter que la technique du QFD obéit à un certain nombre d’étapes à considérer, et dont les principales sont : Identification du produit, énumération des attentes des clients/utilisateurs internes et/ou externes, Construction de la maison de qualité et Choix des spécifications susceptibles de contribuer le plus à la satisfaction des attentes.

Nous allons utiliser pour cette illustration le modèle du Déploiement de la Fonction Qualité (QFD) de Chen, J. et Chen, J.C. (2002) tout en l’améliorant pour qu’elle soit conforme aux réalités de notre système éducatif. Pour la plate-forme nous allons utiliser comme langage le PHP.

Illustration du modèle QFD

Identification du produit

L’objet de notre étude est de proposer un modèle d’évaluation du livre de mathématiques du secondaire général. Au Cameroun nous avons douze groupes de livres de mathématiques correspondant chacun à un niveau du premier et du second cycle de l’enseignement secondaire général.

Enumération des attentes des clients/utilisateurs

Les clients/utilisateurs sont constitués principalement du Gouvernement, du secteur privé, des parents (clients externes), des enseignants et des élèves (clients internes).

En ce qui concerne le gouvernement, les attentes constituant les critères gouvernementaux sont contenues dans le document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) qui place l’éducation et la formation professionnelle comme étant un facteur du développement humain et un moyen important dans la stratégie de croissance.

Par ailleurs, le discours du Chef de l’Etat camerounais du 10 février 2016 nous donne une vision du Gouvernement qui « devra générer d’importantes opportunités d’emplois « . Cette vision découle de son discours du 31 décembre 2015 où nous retrouvons les conditions de l’industrialisation du Cameroun.

Donc, en ce qui concerne les critères gouvernementaux, nous pouvons les regrouper dans le tableau suivant :

Tableau 7 : Critères gouvernementaux

Tableau 7 : Critères gouvernementaux

S’agissant du secteur privé et des parents, leurs attentes constituent les critères socioculturels. Ici, les activités et exercices doivent tenir compte du milieu social et culturel de l’apprenant, notamment,

  • Les réalités socio-culturelles ;
  • Les réalités économiques telles principalement le coût du livre qui doit être au niveau des parents à revenus moyens.

Construction de la maison de qualité

Ce sont des tableaux encore appelés maisons de qualité. Nous en avons en l’occurrence trois.

Dans la première maison de qualité, nous avons verticalement les attentes liées aux clients/utilisateurs externes, et horizontalement le programme en vigueur pour la classe concernée représentant ici les spécifications du produit. Les clients et utilisateurs externes sont ici le gouvernement. Ces attentes primaires représentent le domaine et les attentes secondaires le libellé du critère dans le tableau précédent. Chaque attente secondaire est suivie d’une cote ou dégrée d’importance αi noté de 1 à 4. Le programme quant à lui est divisé en groupe qui selon le classe comporte : l’arithmétique, la géométrie, les statistiques, les fonctions, la probabilité. Ces groupes sont divisés en petite unité ou chapitre représentant les spécifications du produit. Ensuite, chaque petite unité est notée d’une cote βi allant de 0 à 4 représentants son apport à l’atteinte de l’objectif situé sur la même ligne. A la fin, l’importance de chaque unité est calculée suivant la formule : Chapi = ∑αiβi. Cette importance représente en effet la contribution de cette unité à l’atteinte des objectifs du gouvernement.

Nous proposons que cette étape soit faite par toute la sous-commission chargée les manuels de mathématiques. A la fin de ce premier tableau, chaque contenu du programme ressort avec une note représentant sont dégrée d’importance à l’atteinte des objectifs du gouvernement.

Tableau 8 : Première maison de qualité

Tableau 8 : Première maison de qualité

Dans la deuxième maison de qualité, nous avons verticalement le programme en vigueur pour la classe concernée et horizontalement les manuels scolaires soumis à la commission.

Le programme est détaillé comme précédemment à savoir d’abord en groupe puis en petite unité chacune muni de sa cote obtenue à la première maison. Le code représente le nom d’anonymat de chaque manuel scolaire soumis à la commission d’évaluation. Ai, Bi, Ci,. . . sont des notes de 0 à 4 données par un évaluateur représentant le dégrée global de traitement de l’unité i par la collection de code correspondant. A la fin l’importance ϴi = ∑Aiδi de chaque collection est calculé représentant son dégrée global de traitement des unités du programme.

Tableau 9 : Deuxième maison de qualité

Tableau 9 : Deuxième maison de qualité

Dans la troisième maison de qualité, nous avons verticalement les manuels scolaires soumis à la commission pour la classe concernée et horizontalement les attentes des clients et utilisateur interne à savoir les élèves et les enseignants.

Les manuels scolaires sont munis de leur cote Θ i obtenue précédemment. Les attentes des élèves et enseignant sont au nombre de 36 comme nous l’avons présenté plus haut dans le tableau des critères définitif de la sélection des manuels munis chacun de sa cote µi. Chaque évaluateur attribue une note Pi à un manuel P/00i-0A par rapport à son respect du critère correspondant. Dans la dernière colonne du tableau, nous calculons la note finale obtenue par chaque collection : Si = ∑  Pi µiδi.

Tableau 10 : troisième maison de qualité

Tableau 10 : troisième maison de qualité

Évaluation finale

Un évaluateur ayant fini de remplir ces deux derniers tableaux, valide son travail qui sera ensuite reporté immédiatement au serveur central. Après avoir reçu tous les travaux des membres de la sous-commission, le serveur central renvoie les résultats définitifs en procédant comme suit :

Tableau 11 : Procédé d’évaluation final

Tableau 11 : Procédé d’évaluation final

Également sont affichés de façon claire et nette les trois meilleurs manuels ainsi que leurs notes d’évaluations respectives et leur rang.

Fonctionnement de la plate-forme

Dans cette section, nous présentons de façon brève quelques fonctionnalités principales du système relatif aux différents utilisateurs. D’autant plus qu’un cahier de charge décrivant le fonctionnement détaillé de la plateforme est prévu à cet effet.

La page d’accueil présente les différents manuels scolaires de mathématiques qui furent au programme dans les années antérieures et de l’année en cours. Nous retrouvons également dans cette page la zone d’authentifications des différents utilisateurs.

Figure 2  Page d’accueil de la plate-forme

Figure 2 Page d’accueil de la plate-forme

Le tableau suivant nous donne quelques principales fonctionnalités des différents utilisateurs.

Tableau 12 : Fonctionnalités des membres de la commission

Tableau 12 : Fonctionnalités des membres de la commission

Conclusion

Notre travail s’est élaboré autour de trois grandes articulations. Dans la première instance traitant de la revue bibliographique sur notre sujet de recherche, nous avons rappelé la définition du manuel scolaire et introduit la notion de curriculum bien connue dans la littérature. Nous avons fait un inventaire des modèles d’évaluation du manuel scolaire.

En deuxième temps, les données recueillies des élèves et enseignants sur les sites des établissements scolaires ont été regroupées en fréquences pour des traitements statistiques conformes. Nous avons trouvé que les notes attribuées aux critères par les élèves et les enseignants sont réellement indépendantes. Donc, l’appréciation des élèves et enseignants séparément dans l’évaluation des critères de sélection du manuel est importante. Dès lors, nous avons effectué les calculs des coefficients différentiels des notes des élèves (a’) et des enseignants (b’) et nous avons trouvé les valeurs ξ = 0.890448549, (a’) ,  ζ = 0.081934916. (b’). De ce fait, nous avons obtenu alors la table de notes fréquentielles des critères d’évaluation dont la pondération s’est calculée de la manière suivante : Notecritère = ξNoteélèves + ζNoteens.

Des calculs précédents, nous avons ainsi constaté que les colonnes de valeurs pondérées des critères d’évaluations et celles attendues ne sont pas parfaitement indépendantes, l’erreur étant évaluée à près de 31,2353845%. Autrement dit, il existe des critères d’évaluation des manuels ayant des degrés d’importance relativement significatifs, ceci avec une précision de 31,2353845%. Nous avons dressé une table des différents critères accompagnés de leur degré d’importance relatif. A partir de cette table, nous avons donc en troisième point de notre travail, présenté la plate-forme des critères d’évaluation fondamentaux pour une évaluation judicieuse du manuel scolaire en élaborant un modèle informatique d’évaluation de ces manuels.

Un test empirique de la plate-forme obtenu à partir de ce model montre une nette amélioration de la fiche d’évaluation spécifique au mathématiques (tableaux 4, 5,6 ,7), elle présente également une fiche d’évaluation plus fournie tout en renseignant sur le nombre d’évaluateur d’un manuel, la note attribuée à chaque manuel par ce dernier et enfin le rang du manuel. Il est à noter que cette plateforme facilite également le processus d’évaluation en l’automatisant, réduisant ainsi les risques d’erreurs dans le calcul des notes tout en permettant un gain en temps.

Toutefois, les résultats obtenus dans le cadre de ce travail sont fiables, conformes aux données sur le site d’études, et mérite un intérêt particulier pour notre système éducatif. Dans une perspective immédiate, nous envisageons une extension de l’étude à un échantillonnage plus large dans toute l’étendue du pays. Nous envisageons inclure pour plus de pertinence encore, tous les acteurs pédagogiques qui entre de façon dynamique dans les choix des meilleurs livres afin d’obtenir une évaluation des critères d’études des manuels de mathématiques encore intéressante.

Aussi envisageons-nous de ne pas limiter le travail uniquement aux livres de mathématiques du secondaire. Nous prévoyons nous intéresser aussi à d’autres disciplines.

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