2011 Ouverture du troisième colloque du RAIFFET à Saly Portudal SENEGAL par Ibrahima Wade Président du Comité d’Organisation Directeur de l’ENSETP Dakar

Ouverture du troisième colloque du RAIFFET à Saly Portudal SENEGAL par Ibrahima Wade Président du Comité d’Organisation Directeur de l’ENSETP Dakar

Ouverture du troisième colloque du RAIFFET à Saly Portudal SENEGAL par Ibrahima Wade Président du Comité d’Organisation Directeur de l’ENSETP Dakar

Monsieur le Ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, Monsieur le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, Monsieur le Président du RAIFFET, Monsieur le Coordonnateur du Comité Scientifique du RAIFFET, Mesdames Messieurs les Directeurs d’Écoles Normales de la sous-région, Messieurs les Directeurs des Services Nationaux, Messieurs les Représentants des Institutions partenariales, Mesdames, Messieurs les participants, Honorables invités.

Comme tout bon croyant, je ne saurai commencer sans remercier d’abord Dieu Tout Puissant et Miséricordieux qui nous a permis d’honorer nos engagements avec la présente tenue de ce colloque sur « Éducation Technologique, la Formation Professionnelle et Égalité des chances ». Pour rappel, ce colloque, prolongement des réflexions entamées à Libreville (2005) et poursuivies à Tunis (2007), devait initialement se tenir en Côte d’Ivoire au courant de l’année 2010. Suite au demeurant à deux reports successifs (mars et octobre 2010) singulièrement liés à la situation politique qui prévalait dans ce pays, le Bureau Exécutif en accord avec le Comité d’Organisation, avait décidé de délocaliser le colloque, et le Sénégal fut unanimement choisi pour l’abriter et l’ENSETP pour en assurer l’organisation ; nous étions au mois de février de l’an en cours.

Préparer un colloque en six mois, quelle gageure ! bien mieux, cela relevait même comme disaient certains de la témérité ; (mot du recteur) l’on sait en effet, qu’il faut au moins deux années fermes pour la préparation d’un événement aussi majeur qu’une rencontre de cette nature qui regroupe près d’une centaine de personnes venant d’une vingtaine de pays. Si nous y sommes parvenus de par la grâce de Dieu certes, c’est aussi au prix d’efforts et de sacrifices renouvelés. En effet, des vicissitudes, tumultes, heurts et lueurs nous en avons connus pendant cette année ; mais comme toute société organisée, nous les avons dépassés en puisant chaque fois, dans nos élans de générosité respectifs et dans nos communes volontés de construction et de gestion d’un événement arrivé aujourd’hui à maturité. Et si nous y sommes parvenus, c’est parce que nous partageons, personnels ATOS, étudiants, professeurs et administration, l’idéal de l’excellence et de la qualité qui demeure pour nous tous comme objet d’un combat et d’une détermination toujours renouvelée.

Mesdames Messieurs, je serais le moins inspiré des pilotes si je ne m’arrêtais pas, l’espace d’un instant pour remercier vivement et féliciter l’ensemble de mes collaborateurs qui n’auront ménagé ni leurs efforts, ni leur savoir-faire pratique, et, cerise sur le gâteau, ni leur poche pour parvenir à ce résultat. (Je dois vous révéler, mais à leur corps défendant, que tous les enseignants ont fait volontairement une souscription de 100 000 FCFA, l’équivalent de 150 € pour préparer et accompagner l’évènement ; et cela a permis croyez-moi, d’assurer le transport de quelques collègues, participants africains. Je ne fermerai pas la parenthèse sans faire une mention spéciale aux membres du comité d’organisation à pied d’œuvre depuis le premier jour sous la houlette de Monsieur Alioune Diagne Directeur des Études et Commissaire attitré du Colloque. Aux deux Alioune, à mes chères dames : Maty, Aminata et Yacine ; à vous : Youssou et Baba, Babacar, Sylvain, Lô, Mbacké et Kane, bref à toute la famille ENSETP, trouvez ici l’expression de notre profonde reconnaissance.

Mes remerciements également vont à l’endroit d’un partenaire que je qualifierai de stratégique parce que toujours présent et toujours égal à lui-même je veux parler de l’IUFM d’Aix Marseille et à travers lui notre collègue et ami Jacques Ginestié. Le RAIFFET, il est vrai, est aujourd’hui devenu un véritable Réseau de Partenaire mus par une commune volonté de construire ensemble l’ETFP en Afrique ; mais, dans des faits il procède d’abord et surtout de la volonté de deux hommes Jacques et Jean pour parler familièrement de nos amis Ginestié et Sylvain Bekale ; grâce à eux deux seuls, toutes les montagnes de défis qui se posent quotidiennement au Réseau sont vite relevées.
Notre reconnaissance et nos remerciements vont également à l’ensemble des Partenaires avec qui l’ENSETP partage des projets structurants et dont l’appui a été déterminant pour la tenue de ce colloque ; je veux nommer la coopération Luxembourgeoise et la coopération Belge à travers Lux Dev et l’APEFE.

Notre profonde gratitude comme nos remerciements vont enfin à la tutelle en particulier son Excellence Monsieur le Ministre de l’Enseignement et de la Formation Professionnelle et Monsieur le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. J’ai à dessein, voulu terminer par eux afin d’aménager l’espace nécessaire pour permettre de traduire nos sentiments au travers de quelques envolées lyriques : faire près de 80 km de route en début de semaine où l’acuité du travail est toujours prégnante, pour venir ouvrir et présider l’espace d’une courte heure, une rencontre fût-elle de cette dimension, c’est quelque part une haute marque de considération, et de reconnaissance. Au-delà de l’aspect protocolaire, c’est surtout et je n’en doute pas un instant, une marque d’amitié collégiale que vous venez de traduire là, Monsieur le Recteur.

Excellence, Monsieur le Ministre, c’est vous qui avez fait de l’ENSETP le maillon essentiel de la nouvelle politique de formation professionnelle initiée sous votre magistère et c’est encore vous qui l’avez placée au cœur du dispositif qui à terme, fera du secteur, un facteur de compétitivité et de performance de l’économie nationale, en réponse aux besoins de l’économie en ressources humaines qualifiées. Votre forte conviction et l’intérêt que vous manifestez au quotidien pour le développement de l’EFPT participent à votre volonté de toujours inscrire vos actes dans la pertinence de vos choix et la cohérence de votre démarche. L’ENSETP comme les autres Institutions sous tutelle a largement profité de cette prime de situation (je voudrai révéler, de manière incidente, que c’est le Ministère qui a pris en charge chers participants, votre hébergement et votre restauration le temps que durera cette rencontre). Monsieur le Ministre, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs les Directrices et Directeurs d’ENS invités personnels, l’ENSETP et le RAIFFET par ma voix vous renouvellent leur profonde gratitude et leur fierté de vous voir communier avec eux en cet instant solennel.

Chers participants, honorables invités, je voudrai maintenant après le côté jardin, aborder le côté cours de ce qui nous réunit ici en esquissant une courte analyse conceptuelle qui permet de dégager quelques axes paradigmatiques de la thématique du colloque « l’Égalité des chances observée et appréciée à travers le prisme de l’Éducation Technologique et de la Formation Professionnelle ». Mesdames et Messieurs, la dénonciation des inégalités et des injustices scolaires est si banale aujourd’hui qu’elle nous dispense souvent de savoir véritablement de quoi on parle ; et pourtant, que d’écrits, que de postures et de positions autour d’une telle thématique ! L’ambition de notre Colloque, est prosaïquement d’essayer d’y voir un peu plus clair en distinguant plusieurs dimensions problématisées au travers des quatre thèmes qui nous réunissent aujourd’hui : (i) Égalité des chances et sociétés (ii) Éducation Technologique et développement de l’égalité des chances de départ (iii) Formations Professionnelles et développement de l’égalité des chances d’insertion sociale  (iv) Les chances d’accès aux métiers de l’économie réelle, développées par les EFTP pour chaque formé. Ces thèmes ne sauraient être plus actuels et donc plus pertinents, plus ouverts et donc plus fédérateurs. Pendant longtemps, l’éducation scolaire a été un bien rare réservé à une élite sociale, et ce n’est qu’au terme du XIXème siècle que s’est installée la norme de l’école offerte à tous. Dès lors, un critère de justice s’est imposé : l’égalité d’accès à la formation élémentaire. Aujourd’hui, ce critère vaut dans bien des pays qui s’efforcent d’alphabétiser tous les enfants. Certes, avec le temps le seuil scolaire s’est déplacé vers l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur et l’on peut penser qu’un système scolaire qui ouvre les portes de ses lycées et de ses universités est plus juste qu’un système qui sélectionne précocement (c’est dans un tel cadre qu’on raisonne en termes de démocratisation absolue).

Au demeurant, quand on cesse d’étalonner la valeur d’une école ou d’un système sur le nombre d’enfants scolarisés pour mesurer le pourcentage d’enfants d’origines défavorisées accédant au niveau supérieur de l’enseignement, on passe de l’égalité d’accès à l’égalité des chances. Ce modèle domine aujourd’hui dans les sociétés qui considèrent que tous les individus sont fondamentalement égaux et qu’ils doivent donc occuper des positions sociales inégales en fonction de leur seul mérite. Dans ce cas, grâce à l’égalité des chances, les élèves se hiérarchisent selon leur seul mérite et les inégalités scolaires sont des inégalités justes parce qu’elles découlent d’une compétition équitable neutralisant les effets des inégalités sociales situées en amont de l’école. À y bien réfléchir, l’égalité méritocratique des chances reste le seul critère de justice possible dans une société démocratique. Elle est en effet, la seule manière de répartir des individus supposés égaux dans des positions sociales inégales en fonction de leur mérite et de leur liberté, de leur choix, de leur travail et de leur volonté. Une telle conception de la justice scolaire ne manque pas au demeurant de critiques notamment en ce qu’elle est extrêmement exigeante puisqu’elle suppose que l’école soit capable de neutraliser les inégalités sociales et culturelles, mais aussi qu’elle soit d’une neutralité parfaite en étant d’une certaine façon « hors société ». Enfin, ce n’est pas la moindre difficulté de ce modèle, l’égalité des chances s’appuie sur une idée de mérite selon laquelle les individus ne devraient leur performance scolaire qu’a eux-mêmes, ainsi qu’à leur vertu, à leur courage, à leur volonté… or, l’on sait que le mérite est une fiction car je ne suis pas le plus responsable de mon talent pour les mathématiques que de mon goût pour le travail scolaire.

En définitive, l’égalité des chances donne à l’école la charge écrasante d’être la seule institution tenue de distribuer légitimement les individus dans des positions inégales. Au- delà de toutes ces remarques et réserves, dont on ne saurait faire l’économie ; l’égalité des chances demeure au fondement de la plupart des politiques scolaires de la seconde moitié du siècle. Pour construire les conditions de l’égalité des chances, on s’est essayé à presque tout : création d’un enseignement public ouvert à tous ici, mise en place d’un système de bourses et d’aides là, multiplication des examens et concours, développement de politiques de discrimination positive… La volonté de problématiser l’éducation technologique et la formation professionnelle au travers des réformes structurantes presque partout, en Europe comme en Afrique singulièrement, a permis de projeter un nouveau regard sur l’ETFP pour en faire non plus une école du décrochage scolaire, une école pour les exclus, pour les enfants en échec scolaire, une école de la deuxième chance voire de la dernière chance, mais une école à part entière dont le choix par l’apprenant procéderait plutôt d’une trajectoire auto déterminée et valorisante avec potentiellement, une égale chance pour tous, d’insertion professionnelle. Mesdames, Messieurs, chers participants et honorables invités, j’ai voulu, à travers cette réflexion circonstanciée, rappeler pour devoir de mémoire, quelques paradigmes et réserves de la communauté scientifique sur la problématique de l’égalité des chances. Vous aurez au cours de vos échanges dans les différents ateliers à en mesurer d’avantage la portée et les enjeux.

Je voudrai maintenant conclure Monsieur le Ministre, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs, en espérant pour chacun, et en particulier pour nos hôtes venus d’autres pays, un excellent séjour parmi nous. Nous sommes persuadés que ce colloque, par la pertinence de vos recommandations, constituera une étape importante pour le devenir de nos systèmes et institutions d’ETFP.
Je vous remercie.


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