2011 Introduction au thème du colloque Jacques Ginestié Président du Comité Scientifique du RAIFFET Directeur de l’IUFM d’Aix-Marseille

Introduction au thème du colloque Jacques Ginestié Président du Comité Scientifique du RAIFFET Directeur de l’IUFM d’Aix-Marseille

Introduction au thème du colloque Jacques Ginestié Président du Comité Scientifique du RAIFFET Directeur de l’IUFM d’Aix-Marseille

Monsieur le Ministre, Monsieur le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, Monsieur le Président du RAIFFET, Mesdames et Messieurs les directeurs et responsables d’institutions, Mesdames et Messieurs les participants, chères et chers collègues, donner la possibilité à chacune et chacun d’accéder à l’éducation puis à une formation professionnelle qui va lui permettre d’apprendre un métier, qu’il ou qu’elle exercera pour assurer la subsistance de sa famille n’est toujours pas une réalité sociale partagée sur notre planète. On pourrait penser que les pays du nord sont plus respectueux de ce principe que les pays du sud, non point pour des raisons morales, religieuses ou philosophiques mais en raison de leurs économies. Or, il n’en est rien et l’article 1 de la déclaration des droits de l’homme – tous les hommes naissent libres et égaux en droits et en devoirs – relève encore de l’utopie sociale. Pour que cette utopie devienne réalité, il faut des volontés politiques très fortes pour faire évoluer nos structures sociales elles-mêmes et il ne suffira pas de changer nos écoles. Dans ce processus, il y a de nombreux changements qui vont devoir être opérés, au nord comme au sud, et en cela, l’école doit évoluer mais son évolution est également un facteur de changement de nos sociétés. L’éducation reste un puissant moteur de changements et d’évolutions. Parce que l’égalité des chances pose la question de l’accès à un monde plus juste et donc celle de la justice sociale, cette question est fondamentale dans nos conceptions de nos systèmes éducatifs. En effet, que signifie cette égalité des chances ? Une égalité d’opportunité pour chacune et chacun d’accéder à la formation de son choix ? Une égalité de traitement de chaque enfant qui doit bénéficier des mêmes conditions d’étude ? Cette présentation vise à examiner quelques-unes des pistes posées par ces  deux acceptions et d’analyser les possibles dans l’articulation éducation technologique pour tous les enfants, formation professionnelle pour chaque adolescent ou jeune adulte.

To give the possibility to each girl and each boy to reach education then a vocational training which will enable him to learn a job – that he or she will exert to ensure the subsistence of his family – is still not a social reality shared on our planet. One could think that the countries of north are more respectful of this principle than the countries of the south, not for reasons morals, nuns or philosophical but because of their economies. However, it of it is nothing and article 1 of the declaration of the human rights – All the men are born free and equal in right and in duty – still concerns the social Utopia. So that this utopia becomes reality, one very strong political wills to make evolve our social structures themselves and it will not be enough to change our schools. In this process, there are many changes, which will have to be operated, in the north as well in the south, and in that, the school must evolve but its evolution is also a factor of change of our companies. Education remains a powerful engine of changes and evolutions. Because the equal opportunity asks the question of the access to a world righter and thus that of social justice, this question is fundamental in our designs of our education systems. Indeed, that this equal opportunity means? An equality of opportunity for each one and each one to reach the formation of its choice? An equal treatment of each child who has to profit from the same conditions of study? This presentation aims at examining some of the tracks posed by these two meanings and to analyse the possible ones in the articulation education technological for all the children, vocational training for each adult teenager or young.

Ce troisième colloque du RAIFFET s’inscrit dans une perspective particulière – cela fait un peu plus de dix ans que l’ONU a adopté ses objectifs de développement pour le millénaire  et que l’UNESCO inscrit l’accès à une éducation pour tous comme une base incontournable pour l’humanité – alors que nous traversons une crise financière, économique et politique sans précédent – notre attention se focalise sur l’accroissement de la pauvreté qui touche des pans de population de plus en plus importantes et cela dans tous les pays, au nord comme au sud et pas seulement dans les couches les plus défavorisées. De fait, nous voilà rendu à une question de fond : comment assurer l’égalité des chances pour nos enfants dans un monde qui voit s’accroître les différences entre couches sociales – les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres – alors que les mécanismes de solidarités se tendent de plus en plus et que les transferts nord-sud s’inscrivent massivement dans des logiques de dominations technologiques et de guerres  économiques.

Voilà six ans, lors du colloque de Libreville, nous posions la question du lien entre éducation et formation comme vecteur du développement durable pour les pays. Nous indiquions, de manière quasi-prémonitoire, que les éducations générales ne pouvaient faire l’économie d’un ancrage fort sur des débouchés dans des formations professionnelles organisées et structurées qui étaient les seules susceptibles de promouvoir l’accès à des emplois qualifiés pour chaque jeune. Nous construisions ainsi un lien explicite entre la citoyenneté et l’acquisition d’une qualification professionnelle socialement reconnue.

En effet, il nous semblait important, à nous, professionnels et chercheurs dans ces domaines de l’éducation technologique et de la formation professionnelle, d’affirmer que tous nos travaux, relayés par de nombreux autres ; que la citoyenneté ne pouvait être pleine et entière sans donner à ces citoyens les moyens de sa propre subsistance grâce aux fruits de son travail. De très nombreux exemples illustrent cela, parfois de manière particulièrement dramatique. Il ne s’agit certainement pas d’une condition suffisante mais il s’agit sûrement d’une condition nécessaire.

Ce lien nous semblait suffisamment explicite pour que nous nous intéressions à Tunis, trois ans plus tard, à ce lien entre éducation et formation dans une perspective de lutte contre la pauvreté. Pouvoir vivre des revenus de son travail est une aspiration légitime pour chacune et chacun. Exercer un métier reconnu, valorisé socialement et rémunérateur est une condition pour sortir de la misère. À cette époque, les grands organismes prenaient la mesure de ce lien et intégraient tous ces relations entre ce qui devenait les objectifs de l’éducation pour tous (EPT) et ceux de l’éducation et de la formation technologique et professionnelle (EFTP).

Bien évidemment, comment concevoir une éducation générale pour tous qui ne donne accès qu’à la maitrise des compétences et des connaissances de base (lire, écrire, compter) sans se préoccuper du devenir socioprofessionnel de chacun de ces jeunes ? Comment par ailleurs imaginer des organisations de formation professionnelle qui ne s’appuient pas sur des bases de connaissances solidement maitrisées à l’issue d’un cursus d’enseignement général ? L’articulation enseignement primaire d’une éducation pour tous vers une formation professionnelle pour chacun est un des enjeux majeurs de ce 21e siècle.

Or, ce que nous constations, c’est également que l’accès à l’EFTP était encore plus contraint que celui à l’EPT. Les discriminations sociales, linguistiques, culturelles, économiques, politiques, sexuelles… interdisent l’accès à l’école à de nombreux enfants ou les relèguent dans des systèmes scolaires de mauvaise qualité, sans perspective d’avenir, sans possibilité de valorisation sociale. De fait, il ne suffit pas de dire que nos objectifs visent une égalité de traitement – l’accès à l’école apprécié d’un seul point de vue quantitatif n’est pas suffisant – encore faut-il que cette école soit de qualité, encadrée par des enseignants bien formés et compétents, qui partagent la conviction que chaque enfant a droit à ce qu’il y a de mieux pour lui permettre de réussir dans ses ambitions et ses projets. Les processus de sélection, les modes d’organisation des situations scolaires, les compétences des enseignants, les moyens et les ressources à disposition… sont autant de facteurs de discrimination qui conduisent intrinsèquement à l’exclusion scolaire et aux inégalités de traitement.

Il était donc logique que le troisième colloque du RAIFFET pose la question de l’égalité des chances. Cette question va être traitée dans nos différents ateliers et conférences, tout au long de nos travaux. Je suis très honoré de voir que cette troisième édition du colloque du RAIFFET ait lieu. Nous devions aller à Abidjan et Émile Bih, le directeur de l’IPNETP, avait fait un remarquable travail de préparation ; malheureusement la politique nationale et les évènements en ont encore décidé autrement. Je voudrais remercier Ibrahima Wade qui a relevé ce défi impossible : organiser en quelques mois un colloque de cette ampleur avec  un génie et une conviction remarquable. Il a su mobilisé toute une équipe qui s’est particulièrement investie pour permettre cette manifestation dans ce cadre si agréable. Mes remerciements également à mon cher compagnon, Jean Sylvain Bekale Nze, qui rend possible l’existence du RAIFFET depuis près de dix ans… Il nous faut compter également sur nos partenaires, Ibrahima les a tous cités et je ne vais pas le répéter, si ce n’est pour une mention spéciale à Hervé Huot-Marchand, et au travers lui, à l’Unesco, qui nous accompagne avec fidélité depuis le premier jour. Je ne peux que vous souhaiter à toutes et tous un excellent colloque dans ce lieu magique.


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