Les filles et les sciences, une question pour la formation. L’exemple d’Haïti. Mislor DexaiI mislor.dexai@etu.u-bordeaux3.fr

Les filles et les sciences, une question pour la formation. L’exemple d’Haïti.

Les filles et les sciences, une question pour la formation. L’exemple d’Haïti.

Résumé

Cette communication s’inscrit dans le cadre d’une recherche doctorale portant sur

« Les inégalités filles/garçons dans l’enseignement secondaire haïtien. Regards croisés sur l’enseignement des sciences et des lettres ». Elle se base notamment sur l’analyse des données statistiques récentes confirmant une égalité numérique entre filles et garçons dans l’enseignement haïtien. En effet, cette égalité se limite à la notion de parité. Car le problème dans l’orientation vers les métiers scientifiques demeure chez les filles. Cette éducation est donc sans effet par rapport au développement personnel et à l’émancipation des filles. Ce phénomène étant dû aux conséquences des stéréotypes sociaux et sexuels qui s’invitent au parcours scolaire des enseigné-es haïtien-ne-s. Pour s’en débarrasser il faudrait, premièrement, l’intervention des enseignant-e-s haïtien-ne-s dont la formation professionnelle tiendrait nécessairement compte du genre. Et deuxièmement, les centres d’enseignement haïtiens devraient conforter cette démarche en intégrant la notion du genre, comme outil de réflexion, dans leurs champs de préoccupation théorique. Ainsi les filles scolarisées en Haïti, comme leurs homologues masculins, vont être libres de s’orienter vers les métiers scientifiques. Par exemple, elles pourront faire partie de l’ensemble des étudiant-e-s en formation pour devenir des enseignantes d’éducation scientifique, technologique et professionnelle.

Mots clés

Problématique du genre, école égalitaire, les filles et les sciences, formation des enseignant-e-s de sciences

Introduction

En Haïti, comme partout dans le monde, l’un des problèmes auxquels l’école fait face aujourd’hui est l’augmentation de la demande de scolarisation. Il devient donc nécessaire de mettre en œuvre une politique de l’éducation pour tous, filles et garçons. Elle consiste à tenter de faire accéder tout le monde, sans discrimination, aux champs de tous les savoirs et plus particulièrement à ceux qui constituent la culture scientifique. Dans ce cas la formation des enseignant-e-s dans le domaine des sciences devient une exigence. Cette exigence est récurrente dans les discours des grands organismes internationaux, comme l’Unesco ou l’Unicef. Mais, toute tentative de réponse à cette exigence supposerait d’abord qu’il existe déjà, en quantité et en qualité, des étudiant-e-s qui soient prêt-e-s, motivé-e-s à poursuivre une formation scientifique.

Pour que les enseignant-e-s de sciences soient formé-e-s en grand nombre et en qualité, il faut d’abord que les étudiant-e-s qui s’orientent vers cette filière soient nombreux, et pourvu-e-s des prérequis nécessaires. Pour ce faire, il faut qu’ils/elles soient, tout au long de leur apprentissage scolaire, motivé-e-s à poursuivre une carrière scientifique. Mais les pratiques didactiques et pédagogiques relatives à la transposition des savoirs scientifiques, à la mobilisation et à l’implication des élèves dans leur apprentissage de ces savoirs et de leur appropriation, favorisent-elles, au préalable, le développement d’une telle ambition chez les filles et les garçons ? Dans le domaine de l’éducation scientifique, « la moitié » de la population scolaire, c’est-à-dire les filles, est généralement sous-représentée. Citons par exemple, le fait qu’au niveau mondial, seulement 30 % des chercheurs scientifiques sont des femmes (Unesco, 2014). En France, par exemple, après le baccalauréat, dans les classes préparatoires aux grandes écoles, 74 % des élèves des filières littéraires sont des filles, pour 30 % des élèves de filières scientifiques 1.

Je m’intéresserai ici au problème de la formation des enseignants en relation avec les inégalités de sexe dans l’espace scolaire haïtien. Premièrement, en ce qui concerne la présence de filles dans les filières scientifiques, même si les étudiantes constituent aujourd’hui 50 % de la population étudiante (MCFDF, 2008), elles se confinent dans des disciplines particulières : sciences biologiques et littérature. Au niveau des écoles professionnelles la présence des filles est surtout importante dans les écoles ménagères, mais avec un nombre insignifiant, si l’on doit tenir compte du programme « Adolescent Girl Initative – AGI 2 », mis en œuvre en octobre 2012 dans les branches telles la plomberie, l’électricité, etc. Deuxièmement, la notion de construction de l’identité sexuée apparaît très peu dans la formation des maîtres en Haïti. En effet, les enseignants, pour permettre l’accès des filles aux filières

  1. http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/03/20032014Article635308974313242246.aspx
  2. Initiative pour les Adolescentes, de la Banque Mondiale, en coopération avec le ministère de la Condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF), pour permettre d’ici la fin 2013, la formation de 1 000 jeunes filles âgées de 17 à 20 ans en situation vulnérable et venant de quartiers défavorisés.

traditionnellement masculines, devraient savoir déconstruire les stéréotypes de sexe, c’est-à-dire être formée aux questions de genre. Ainsi, par rapport à la question de la formation professionnelle des enseignants d’éducation scientifique, technologique et professionnelle, je m’interrogerai d’abord sur la conception de l’égalité filles/garçons telle qu’elle apparaît dans l’espace éducatif haïtien, en rapport avec la notion de parité ; et ensuite, sur l’absence de questionnement genré dans les centres d’enseignement haïtien.

L’égalité filles/garçons dans l’éducation haïtienne, une affaire de chiffres

Lorsqu’on se réfère à l’histoire du système éducatif haïtien il n’y était pas prévu que les filles soient instruites. Pour les mêmes raisons que dans la majorité des sociétés : les femmes font partie de l’univers privé, elles doivent être de bonnes épouses, de bonnes mères. L’enseignement ne leur était donc pas nécessaire. Les six premières écoles établies dans les six districts militaires du pays en 1805 étaient réservées à une minorité d’enfants de généraux et de hauts fonctionnaires qui allaient former les élites 1 de la nation, dont les femmes et/ou les filles ne faisaient pas partie. Lorsqu’au cours du xixe siècle, des dirigeants ont tenté de réformer et d’élargir le système éducatif, en créant des écoles rurales, c’était uniquement, dans l’objectif de former les « fils » de paysans. Toutes ces mesures ont privilégié l’éducation des garçons au détriment de celle des filles. Jusqu’à la fin des années 1980, les garçons représentaient à eux seuls 67 % de la population des élèves en classes terminales (CONEF et MENFP, 2000).

Mais depuis quelques décennies on met l’accent sur la nécessité d’intégrer les femmes dans le développement socio-économique. Et donc on met en œuvre des politiques d’accès des filles à l’éducation qui se justifient en ce qu’éduquer les filles est économiquement et socialement utile. Ainsi, comme dans toutes les autres sociétés, le système éducatif haïtien se donne pour mission de préparer les jeunes filles pour leurs carrières professionnelles en les éduquant massivement. Tel qu’il est relaté dans ce passage du discours prononcé par la coordonnatrice de la Commission nationale pour l’éducation des filles (CONEF et MENFP, 2000), le débat sur la problématique de l’éducation des filles en Haïti a « permis de poser des questions fondamentales sur une éducation de qualité pour les filles et les incidences d’une telle éducation sur leur avenir individuel et sur la participation citoyenne des femmes haïtiennes dans le relèvement économique du pays » (CONEF et MENFP,

  1. Le terme « élite » ici désigne les personnes qui, de par leur formation et leur culture, se trouvent au sommet de la hiérarchie sociale, y exercent des fonctions importantes, valorisées et reconnues publiquement au travers de revenus importants, de différentes formes de privilèges ou de Ce qui n’a pas été le cas des filles/ femmes.

2000). Ainsi, cette nouvelle politique a-t-elle permis que l’on choisisse une autre conception de la femme et de son rôle dans la société.

De ce fait, aujourd’hui on constate à travers les données actuelles, une égalité des filles et des garçons dans l’accès à l’éducation. Elles confirment un progrès vers la parité de l’accès à l’école et la réussite scolaire des filles. Car au cycle fondamental, ces données indiquent un même pourcentage de réussite pour les filles et les garçons aux examens officiels de 6e année et de 9e année 1. Cette égalité numérique constitue donc une première réponse aux problèmes de l’éducation des filles en Haïti. Elle permet automatiquement, une nette amélioration de la situation des filles à l’université. Le pourcentage des filles passant de 30 % à 50 % (MCFDF, 2008). La moitié des ressources nationales est ainsi récupérée, comme le souligne le directeur général 2 du ministère de l’Éducation nationale, lors de son discours, « […] Notre nation ne peut se permettre de gaspiller la moitié de ses ressources humaines en refusant aux femmes la possibilité d’atteindre totalement leur potentiel ». Ainsi, ne pas gaspiller la moitié des ressources humaines consisterait à permettre aux filles éduquées d’atteindre leur total potentiel. Cela signifie que cette formation scolaire devrait produire des effets sur l’avenir individuel et l’épanouissement individuel des filles.

Pourtant, le problème d’orientation demeure. Oui elles sont éduquées en même temps et au même niveau que les garçons en Haïti. Mais l’orientation des filles les éloigne encore des filières scientifiques. Cette parité semble être respectée au point de vue des chiffres, mais la différenciation s’opère dans les choix d’orientation. En effet, si cette éducation se limite à cette notion de parité, les effets en termes d’orientation, de développement personnel et d’émancipation individuelle des filles sont relatifs. Ainsi elle ne pourrait déboucher que sur une école inégalitaire.

Pour penser la parité à l’école on n’a pas besoin de la notion du genre. Mais pour penser une école égalitaire, c’est-à-dire une école pouvant accorder aux filles et aux garçons scolarisé-e-s une même liberté de choix dans l’orientation scolaire afin qu’elles/ils puissent se dégager des stéréotypes de genre qui formatent leurs choix, alors on ne peut se soustraire à la question du genre.

La question du genre, un domaine peu exploré : en raison du rôle essentiel de l’éducation dans le développement du capital humain, qui consiste à la construction de l’individu, à la valorisation de la personne humaine, tout en lui

    1. le primaire, dont l’âge scolaire, 6 ans à 11 ans, est bouclé avec des examens officiels – 6eannée fondamentale ;Le cycle scolaire haïtien se divise en trois moments :
    • le secondaire dont la première partie – comprise entre les âges de 12 ans à 14 ans – est aussi bouclé par des examens officiels portant le nom de 9eannée Ces deux premiers moments sont obligatoires dans le système haïtien et durent 9 ans ;
    • enfin, la deuxième partie du secondaire – entre 15 à 18 ans – sanctionnée par un diplôme de fin d’étude donnant accès à l’enseignement supérieur.
    1. Propos recueillis du directeur général du ministère de l’Éducation nationale, Kenold Moreau, dans son allocution lors de l’ouverture de la table ronde sur le rapport de genre dans le système éducatif haïtien, tenue du 19 janvier 2000.

reconnaissant un ensemble de principes en l’occurrence, la liberté et l’égalité, on a besoin de penser toute nouvelle politique éducative en fonction du genre. La nécessité d’une promotion de l’égalité entre les sexes à l’école prend alors tout son sens. En effet, des études menées par certain-e-s chercheur-se-s sur la question ont abouti à la conclusion que l’école a tendance à laisser agir dans ses murs les mécanismes sociaux de genre tels qu’ils existent dans la société (Mosconi, 2009). Le discours des enseignant-e-s véhicule des messages sur les qualités scolaires respectives des filles et des garçons à partir duquel les enfants se forgent leur propre croyance essentialiste. Par exemple dans de nombreuses sociétés les enseignant-e-s pensent que les filles seraient sages en classe et les garçons dissipés ; les filles seraient plus douées dans les matières littéraires et les garçons en mathématiques. Ces présupposés fonctionnent comme des « prophéties auto-réalisatrices », alimentant ainsi la moindre confiance des filles et la survalorisation des garçons en mathématiques (Mary, 2003). Les analyses du langage et de la prise de parole dans la classe révèlent aussi de grandes disparités. Les interactions entre les enseignant-e-s et élèves masculins sont plus nombreuses que les interactions avec les élèves féminines (Mosconi, 2009).

À l’analyse, ces remarques démontrent ici combien la question de genre en éducation est complexe. Sa prise en compte dans une dimension concrète supposerait sa compréhension dans tous les domaines de la vie et surtout qu’elle soit un objet sur lequel se fixent des ambitions de recherches. C’est à dire qu’une relation forte doit être établie entre les centres d’enseignement, de réflexion et la problématique de l’égalité entre les sexes afin d’apporter des éléments d’information susceptibles de faire avancer la question, d’en provoquer la sensibilisation et de déconstruire les préjugés et les stéréotypes.

Pourtant, dans l’école haïtienne, on est loin encore d’une maîtrise du concept de genre en tant qu’outil d’analyse et de planification sociale. Les institutions académiques ne se préoccupent pas de la problématique du genre. Elles l’évitent et se montrent lentes à s’ouvrir et à réagir à son développement en tant que sujet de réflexion, ou de recherche. Dans le cadre de l’enseignement universitaire haïtien, il n’y a pas de cours consacrés au genre ; il n’y a pas non plus de productions théoriques consacrées au genre. J’en veux pour preuve l’échec des tentatives visant à l’introduction d’une chaire en « genre » à l’université dès l’été 2011 1. La seule littérature sur la question du genre se produit en dehors des institutions d’enseignement, par des ONG, des organisations politiques et féministes. Par exemple, le seul colloque sur l’éducation pour tous, réalisé en janvier 2000, par la Commission nationale sur l’éducation des jeunes filles (CONEF), avec la collaboration du ministère à la Condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF), en offre une illustration. Ces assises ont initié le débat autour de la question de l’équité

  1. http://www.haitilibre.com/article-2992-haiti-education-une-chaire-en-genre-a-l-universite-quisqueya.html

de genre dans le système éducatif haïtien, fortement marqué par l’exclusion et par des distinctions significatives. Cette table ronde a souligné l’importance de l’éducation des filles haïtiennes pour leur participation à la construction d’une société socialement et économiquement équilibrée. Elle s’est attachée à atteindre les objectifs du millénaire – l’éducation pour tous pour le développement des Nations unies – dans le cadre d’actions élaborées au forum mondial sur l’éducation tenu à Dakar en avril 2000. Il s’agit, d’« Éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici 2005 et instaurer l’égalité dans ce domaine en 2015 en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base efficace et de qualité » c’est ici l’un des objectifs visés par ce projet auquel Haïti a adhéré. Les communications, commentaires et débats au cours de cette table ronde ont montré la pertinence de la question et la nécessité de promouvoir les chances réelles d’accès et de maintien dans le système éducatif haïtien, des filles de toutes les conditions socio-économiques. Autour de cette table ronde étaient représenté-e-s des militantes féministes et/ ou politiques, des responsables des organisations non-gouvernementales et des organismes internationaux. Il n’y pas eu de présence, marquée, de chercheur-se-s et des acteurs/actrices impliqué-e-s principalement dans l’enseignement.

Comme l’a fait remarquer Geneviève Fraisse dans son ouvrage À côté du genre, travailler sur de telles problématiques – les inégalités entre les filles et les garçons – « suscite encore aujourd’hui le doute plutôt que de l’étonnement, un certain mépris plutôt qu’une vraie curiosité » (Fraisse, 2010). Cette absence de production en termes de recherches sur la question constitue un handicap pour la réalisation concrète d’une éducation égalitaire. Car elle peut être interprétée comme un signe de conservation des représentations traditionnelles des femmes dans le contexte scolaire.

En conséquence, on ignore les enjeux théoriques, empiriques ou méthodo- logiques qui traversent cette problématique en milieu scolaire haïtien et qui lui sont spécifiquement liés. On constate un déficit d’informations et de données désagrégées par sexe pour mener une analyse pertinente de la situation des filles et des garçons. La production en sciences humaines et sociales ne contribue pas à légitimer une approche du genre comme catégorie de compréhension et d’explication des faits sociaux. Le paysage scolaire haïtien n’étant pas sensibilisé à la question du genre, l’idée d’une éducation pour tous ne peut donc mettre en cause les pratiques inégalitaires à l’école. De ce fait, pour reprendre la formule de Cendrine Marro et d’Isabelle Collet cette éducation pour tous n’existe qu’au niveau de la surface. Car, elles expliquent, il ne suffit pas que garçons et filles soient scolarisé-e-s aux mêmes proportions pour empêcher les inégalités scolaires (Marro et Collet, 2009).

Une véritable pédagogie de l’égalité est encore loin d’exister en Haïti

Jusqu’à présent, la formation délivrée aux futurs enseignant-e-s dans les institutions de formation les a très inégalement sensibilisés à ces thèmes. Si la problématique de genre en éducation n’est un outil ni de réflexion, ni de formation, ni pédagogique, elle ne peut donc aider les enseignants de l’école haïtienne, à améliorer leurs pratiques éducatives. Car la question de la construction des stéréotypes de sexe, du genre en tant que catégorie sociale, division sociosexuée des savoirs, de l’analyse sexuée de l’exercice du métier d’élève, de l’orientation professionnelle ne peut être abordée que selon un point de vue du genre. La recherche doit accompagner la lutte pour l’égalité de droits et l’équité dans les espaces scolaires. De plus, elle doit être en lien avec une politique éducative prenant en compte le/la pédagogue et le/la praticien-ne de l’éducation haïtienne. Ainsi sera-t-il possible d’atteindre l’objectif de l’éducation pour tous qui accordera à tous et à toutes, la possibilité de s’orienter vers les métiers scientifiques.

Conclusion

La mise en œuvre de la parité scolaire dans le système éducatif haïtien vers les années 2000 a été motivée par des impératifs économiques mondiaux, plutôt que par un idéal égalitaire. Il n’y a pas eu de dispositifs préalables d’enseignement- apprentissage pouvant garantir l’efficacité de ce projet d’éducation pour tous dans la perspective d’une école égalitaire. Ce qui fait qu’elle n’a produit que des effets quantitatifs. La parité au niveau de l’effectif scolaire ne suffit pas pour lutter contre les inégalités scolaires, car elle n’attaque pas d’emblée la dimension inégalitaire de l’école, que d’ailleurs, seul un questionnement du point de vue du genre permet. Ainsi, à la question de savoir comment remédier à ce problème, on répondrait qu’il faut que la problématique du genre soit intégrée dans l’éducation, à la fois comme un outil de réflexion, de formation et pédagogique. Si le refus d’intégration des stéréotypes doit faire partir des compétences que tout-e apprenant-e doit acquérir lors de sa formation scolaire, alors il devient nécessaire que les enseignant-e-s l’acquièrent, assurent l’acquisition d’une telle compétence qu’eux-mêmes ont acquise au cours de leurs formations professionnelles. De ce fait, cette formation doit être construite par une convergence entre les universités, les centres de recherches haïtiens et les acteurs de l’enseignement haïtien, afin que la question du genre en éducation cesse d’y demeurer « une affaire de femme », pour y devenir un nouvel objet de réflexion. Alors, les filles haïtiennes scolarisées, débarrassées des stéréotypes, vont pouvoir faire partie de l’ensemble des étudiant-e-s en formation pour devenir des enseignant-e-s de sciences. Ainsi le problème du point de vue du faible nombre des enseignant-e-s de sciences sera résolu, car elles constituent l’un des viviers d’étudiants. Et, puisqu’elles réussissent aussi bien que les garçons, la question de la qualité ne se posera pas vis-à-vis de leurs performances dans le domaine d’éducation scientifique, technologique et professionnelle.

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