Promotion de la formation par apprentissage en République Centrafricaine, les impacts des situations didactiques sur les apprentissages, les tâches scolaires et les activités de l’élève Pierre Djibao pdjibao@yahoo.fr

Promotion de la formation par apprentissage en République Centrafricaine, les impacts des situations didactiques sur les apprentissages, les tâches scolaires et les activités de l’élève

Promotion de la formation par apprentissage en République Centrafricaine, les impacts des situations didactiques sur les apprentissages, les tâches scolaires et les activités de l’élève

Pierre Djibao pdjibao@yahoo.fr

Contexte

Le quatrième colloque international sur le thème « Éducation technologique, formation professionnelle et formation des enseignants » qui se tiendra à Marrakech au Maroc du 28 au 31 octobre 2014 pose une problématique d’actualité relative à la formation des enseignants de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.

Le thème 2 du 4e colloque international de Marrakech « Modélisation, simulation, virtualisation… Impactdes situations didactiques sur les apprentissages, tâches scolaires et activité des élèves » m’a inspiré pour communiquer sur le thème :

« Promotion de la formation par apprentissage en République Centrafricaine, les impacts des situations didactiques sur les apprentissages, les tâches scolaires et les activités de l’élève ».

En effet, exercer le métier d’enseignant dans le domaine de l’ETFP, suppose de développer des connaissances et des compétences afin de maîtriser l’ensemble des composantes qui organisent ces processus. Cette maîtrise peut s’entendre au travers de trois registres distincts : la maîtrise des savoirs à enseigner, la maî- trise de l’enseignement de ces savoirs et la maîtrise du rôle d’enseignant acteur du système éducatif dans lequel il agit. La résultante de ces comportements doit se valoriser à travers la créativité de l’enseignant en plus de ses propres capacités intellectuelles de simulation, la virtualisation et la capacité intrinsèque de l’enseignant à pouvoir définir sa spécialité. Cette créativité se traduit par la maîtrise des différents paramètres de l’éducation tels que la modélisation, les impacts des situations didactiques sur les apprentissages, les tâches scolaires et les activités de l’élève.

L’Agence centrafricaine pour la formation professionnelle et l’emploi (ACFPE) vient de financer un programme de formation par l’apprentissage et l’insertion des jeunes déscolarisés et désœuvrés de la ville de Bangui et cinq autres villes de province sur des filières qui ne sont pas dispensées dans les centres de formation professionnelle formels. La méthodologie a consisté à mettre des jeunes apprentis à la disposition des artisans pour apprendre un métier. Le maître-artisan n’a aucune connaissance pédagogique mais il maîtrise parfaitement son métier. Cependant, comment faire pour faire transmettre ses connaissances aux apprenants et comment convaincre les apprenants à accepter d’apprendre ? Je voudrais saisir cette opportunité pour partager avec vous l’expérience que nous avons développée dans ce programme, particulièrement sur les métiers de fonderie artisanale (fabrication des ustensiles de cuisine à base de l’aluminium) et de la transformation des fibres végétales en objets d’art.

Contexte socio-économique de la République Centrafricaine

Située au cœur de l’Afrique, la République Centrafricaine, couvre une superficie de 623 000 km2. Sa population, selon les projections du dernier recensement général de la population et de l’habitat, de décembre 2003 et publié en 2007, est de 4 216 664 habitants, soit une densité moyenne de 6,3 habitants au km2. Femmes : 1 955 813 (50,21 %), hommes : 1 939 326 (49,79 %), jeunes de moins de 18 ans : 49,8 %, population en zone rurale : 2 419 824 (62,12 %), population en zone urbaine : 1 475 315 (37,88 %).

La pyramide des âges montre que la population est très jeune : 49,4 % des habitants sont âgés de moins de 18 ans, dont 50,1 % de garçons et 49,9 % de filles. 38 % des hommes et des femmes ont entre 29 et 59 ans et 4 % sont âgés de 60 ans et plus. Les deux groupes extrêmes de la population, les plus jeunes et les plus âgés posent des problèmes sociaux liés à leur catégorie d’âge, ce qui engendre d’importants besoins à couvrir notamment dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la santé, du logement, des loisirs, de la sécurité sociale, etc.

Malgré toutes ces potentialités, la RCA est classée aujourd’hui au 181e rang sur 181 pays au monde, compte tenu du niveau très faible de son indice de développement humain (IDH)1 qui est de 0,361, et du revenu moyen par tête d’habitant inférieur à un dollar US par jour.

Modélisation, simulation, virtualisation… les impacts des situations didactiques sur les apprentissages, les tâches scolaires et les activités de l’élève

Concept de modélisation, simulation, virtualisation

La modélisation est une présentation qui se place dans un contexte de transfor- mation de processus métier, permettant de virtualiser au niveau du système la définition du produit, de le simuler et de gérer son cycle de vie par une transposition des disciplines, en s’appuyant sur une ingénierie dirigée par les modèles.

Les impacts des situations didactiques sur les apprentissages

La situation d’apprentissage varie d’une didactique à une autre, et des didactiques aux pédagogies, sur la signification qu’elle donne aux compétences à développer. Elle s’appuie sur la mise en œuvre de situations adaptées permettant de faire entrer tous les élèves dans les apprentissages (l’action didactique du professeur dans sa classe).

Les tâches scolaires et les activités de l’élève

Une des activités importantes de l’enseignant est de donner des tâches aux élèves (des choses à faire). De plus, il peut être utile pour l’enseignant de décomposer, de son point de vue, la tâche que l’élève pourrait mettre en œuvre lors de son travail. La tâche est ce qu’un sujet a à faire et l’activité est le comportement (physique et mental) qu’il met en œuvre pour réaliser cette tâche. L’enseignant – et l’élève – est donc un interpréteur de tâche et une partie de son travail est de l’adapter à sa situation, voire à ses capacités.

Les quatre temps de la démarche d’apprentissage expérimentés en République  Centrafricaine

C’est pour tenir compte des impératifs, qu’un enseignant doit s’efforcer de respecter une véritable démarche d’apprentissage dans les activités d’apprentissage. Dans notre cas précis où le maître-artisan fondeur n’a jamais été à l’école. Il possède le même niveau d’instruction que les apprenants d’une part, et les apprenants, en général, participent à la production de l’atelier d’autre part. Il est difficile d’utiliser strictement les règles fondamentales de la pédagogie sur toute sa forme. C’est  pourquoi, nous avons adopté une démarche méthodique qui allie la pédagogie par objectif et l’approche par compétence et se traduit en quatre temps distincts.

Le scénario met en face trois acteurs :

  • le maître-artisan, détenteur du savoir-faire du métier et émetteur ou transmetteur des connaissances ;
  • l’apprenant joue le rôle de récepteur et exécutant des différentes opérations pédagogiques ;
  • le pédagogue, censé assurer l’intermédiation entre l’émetteur et le récepteur, décrit toutes les opérations du simple au complexe, chronomètre chaque opération en vue de rédiger un référentiel.

Mise en situation et représentation

Promotion de la formation par apprentissage en République Centrafricaine

Le maître-artisan décrit l’activité à réaliser à l’apprenti et au pédagogue qui observe attentivement.

Le pédagogue peut transmettre l’activité à l’apprenti s’il estime que le message est mal perçu.

Le pédagogue fournit quelques techniques de pédagogie simple au maître- artisan permettant la transmission de son savoir-faire à l’apprenti.

L’apprenti peut poser des questions aussi bien au maître-artisan qu’au pédagogue.

NB : La résultante de tous les préalables (démonstration de l’activité, rappels des connaissances antérieures, préparation des outils, etc.) permet au pédagogue d’élaborer la première étape de son référentiel et le chronométrage de la durée de l’exécution de l’activité.

Expérimentation

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L’étape pratique se passe entre le maître-artisan et l’apprenti à travers l’observation de la démonstration de l’activité. Le pédagogue observe les gestes de l’apprenti dans l’exécution des tâches. Après avoir observé les différentes directives, les matériels d’exécution, la représentation nature du produit à reproduire. L’apprenti entame la réalisation de l’activité sous les yeux du maître- artisan et du pédagogue. Le temps alloué au départ doit être respecté. Pendant cette phase dite « d’exécution », l’essai et l’erreur sont permis. L’apprenti peut reprendre d’autant le même exercice jusqu’à l’assimiler totalement.

Objectivation

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À ce niveau de l’exercice, les apprenants font la mise en commun des résultats en vue d’ouvrir des discussions, d’établir des correctifs, de résumer l’information essentielle et de généraliser les résultats. L’étape d’objectivation permet aux apprentis de s’autoévaluer et de décrire la démarche pour un prochain exercice.

Réinvestissement ou de révision

  • L’activité de réinvestissement ou de révision fait appel aux mêmes processus que l’activité initiale s’il s’avère que quelques apprenants ne maîtrisent pas l’activité Elle permet de modifier les modes pédagogiques appliqués à l’initial. À ce niveau, le pédagogue doit mettre l’accent sur la répétition, étant entendu que les formations sont dispensées sans support écrit. C’est-à-dire que les apprenants ne prennent pas des notes. Ils n’ont que des supports didactiques matériels et non documentaires.
  • L’activité de réinvestissement peut différer de la précédente si elle est une continuité de l’étape de l’exécution.

Résultats de l’expérience

Cette méthodologie s’adresse particulièrement aux jeunes déscolarisés et désœuvrés dans la tranche d’âge comprise entre 15 à 20 ans. Elle permet aussi aux jeunes apprenants de constater rapidement leurs réussites, ses échecs et ses progrès. Enfin cette méthodologie permet la formation du maître-artisan, donc la formation des formateurs, parce que la prochaine vague des apprenants qui seront mis à la disposition de ce maître-artisan n’exigera plus la présence du pédagogue.

Intérêts du référentiel de formation élaboré sur cette méthodologie

Le référentiel est conçu selon une approche globale qui tient compte à la fois des facteurs tels que les besoins de formation, la situation de travail, les fins, les stratégies et les moyens pour atteindre les objectifs. Il doit servir de référence pour la planification du maître-artisan et de l’apprentissage ainsi que pour la préparation du matériel didactique et du matériel d’évaluation.

Que recherchons-nous dans cette méthodologie ?

Rendre l’apprenant efficace dans l’exercice de son métier.

Permettre à l’apprenant d’évoluer dans le cadre du travail en favorisant, l’acquisition des habilités intellectuelles et technologiques, de faire des choix judicieux de  méthodes de travail et des produits appropriés en vue de les réaliser correctement, avec des performances acceptables les tâches et les activités inhérentes à son métier de fondeur.

Assurer l’intégration de l’apprenant à la vie professionnelle,  vous devez imprime.

Permettre à l’apprenant de prendre connaissance du marché du travail en général et le contexte du métier de fondeur ou de transformateur des fibres végétales en particulier, de connaître ses droits et responsabilités comme travailleurs et les obligations liées à son métier et de se familiariser avec les nouvelles formes d’organisation du travail.

Favoriser l’évolution et l’approfondissement des savoirs professionnels de l’apprenant et du maître-artisan

  • Permettre au maître-artisan de comprendre les concepts liés aux techniques de communication pédagogiques, le sens de l’initiative et de l’esprit d’entreprise.
  • Développer chez l’apprenant l’autonomie, le sens des responsabilités, le goût de la réussite et du travail bien Ceci implique le développement de la créativité, du sens de l’initiative et de l’esprit d’entreprise et enfin, de se préparer à la recherche dynamique d’un emploi.

Favoriser la mobilité professionnelle du maître-artisan

L’acquisition d’une solide formation de base lui permettant de développer des attitudes positives à l’égard des changements technologiques et des situations nouvelles. Cette opportunité favorise sa capacité d’apprendre, de s’informer et de se documenter.

Conclusion

La formation par apprentissage a démarré en octobre 2012 pour prendre fin en mars 2013, soit six mois d’activités. Malheureusement, le coup d’État de mars 2013 a interrompu la progression des formations provoquant le départ de certains jeunes en exil et d’autres enrôlés dans les groupes armés. Une petite période d’accalmie entre l’installation du nouveau pouvoir et les institutions de transition nous a permis de reprendre les activités pour les clôturer en novembre 2013 y compris les tests d’évaluation.

Plusieurs filières ont été mises en chantier notamment la bijouterie, la mécanique (réparation des engins à deux roues et les groupes électrogènes),  sculpture, électronique (installation des antennes paraboliques), sérigraphie (dessin-peinture), soudure-tôlerie automobile, carrelage, rembobinage, forge, production du beurre de karité et du savon. Deux filières seulement parmi elles ont fait l’objet de la présente expérience. Il s’agit de l’art du rotin (transformation des fibres végétales) et de la fonderie (fabrication des ustensiles de cuisine à base d’aluminium).

Le projet de virtualisation de cette expérience est en cours d’élaboration avec les informaticiens et les pédagogues qui ont pris activement part à l’expérience. Nous espérons que l’évolution de la situation militaro-politique va se positiver pour nous permettre de conclure cette étude.

Télécharger les actes du colloque RAIFFET Marrakech TUNISIE 2014 

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