Communication non verbale dans l’action pédagogique et l’efficacité de l’enseignement : étude appliquée à l’ENSET de Douala Innocent Mbouya Fassé fasse_mbouya@yahoo.fr Rosaline Tcheundjio djione@yahoo.fr Miriam Bitche Bi Mvondo christbitche@yahoo.fr

Communication non verbale dans l’action pédagogique et l’efficacité de l’enseignement : étude appliquée à l’ENSET de Douala  Innocent Mbouya Fassé fasse_mbouya@yahoo.fr  Rosaline Tcheundjio  djione@yahoo.fr  Miriam Bitche Bi Mvondo christbitche@yahoo.fr

Communication non verbale dans l’action pédagogique et l’efficacité de l’enseignement : étude appliquée à l’ENSET de Douala
Innocent Mbouya Fassé fasse_mbouya@yahoo.fr
Rosaline Tcheundjio djione@yahoo.fr
Miriam Bitche Bi Mvondo christbitche@yahoo.fr 

Résumé

Le présent article est une contribution à l’amélioration des techniques et des stratégies pédagogiques en contexte de méta-formation et de formation des formateurs à l’ENSET de Douala. La principale préoccupation de cette recherche a été de mettre en relief la liaison entre la communication non verbale dans l’action pédagogique et l’efficacité de l’enseignement. La communication non-verbale est envisagée comme l’ensemble d’actions (signes, gestes, mimiques faciales, postures, etc…) (Barrier, 2010). qu’un interlocuteur utilise pour accompagner son message. L’insistance sur cette dimension de communication tient du fait que pour tout bon traitement de l’information pendant les activités mentales, l’individu a besoin de la motivation, de l’attention et de la concentration. Ces processus en situation d’interaction sont nourris par la communication non verbale. C’est pourquoi nous avons fait le choix de décrire le phénomène non-verbal en répertoriant les paradigmes expérimentaux ayant permis à la recherche en pédagogie d’élaborer ce concept. Cette recherche  porteuse d’un intérêt multidimensionnel va non seulement édifier les enseignants sur la place de la communication non verbale dans le processus de rétention de l’attention des élèves ainsi que de l’éveil cognitif  mais elle resitue la dimension visuo-perceptive dans la dynamique enseignement- apprentissage.

Mots-clés

Communication non-verbale, action pédagogique, efficacité de l’enseignement

Introduction

L’efficacité de l’enseignement a toujours été la préoccupation des pédagogues, des didacticiens, des sociologues, psychologues de l’éducation et surtout des  chercheurs en sciences de l’éducation. En effet depuis Locke (1693), l’on a toujours cherché à découvrir les failles dans les méthodes pédagogiques. Toutes choses qui ont concouru à mettre sur pieds des méthodes nouvelles et  l’actualisation sans cesse des stratégies et techniques d’enseignement. Les chercheurs sont ainsi passés des méthodes transmissives à celles actives et  interactives, de la pédagogie par les objectifs à celle par les compétences, et depuis peu, à la  mutualisation des démarches. Tous ces procédés proposent chacun à sa manière des activités à même d’améliorer l’acte pédagogique. Toutefois ces activités proposent rarement la dimension non verbale dans la  communication en situation enseignement –apprentissage. Quelle que soit la stratégie adoptée, il ne demeure pas moins vrai que, le style de communication verbale de l’enseignant occupe une place majeure dans le processus de transmission des contenus d’enseignement. Teodorescu (2010), le soulignait déjà : « on ne peut pas séparer la communication verbale de celle non-verbale de l’enseignant. » L’on comprend donc  pourquoi nous ayons choisi d’élucider le rôle et la  place de la communication non verbale  dans l’acte pédagogique et d’évaluer son influence sur l’efficacité de l’enseignement.

En effet, il a été constaté que beaucoup d’enseignants nouveaux et même plus expérimentés, se contentent de préparer le contenu des leçons à dispenser et ne se limitent qu’à la parole, ce qui laisse souvent les apprenants insatisfaits c’est-à-dire incertains sur la maitrise de la leçon qui vient de leur être transmise. Cette situation d’incompréhension se manifeste par de possibles retards d’avancement des leçons, compte tenu des reprises occasionnées par les inquiétudes exprimées par les élèves lors des évaluations. Par ailleurs d’autres enseignants accordent visiblement une attention toute particulière à des stratégies relevant sans équivoque du registre de la communication non verbale et semblent obtenir des résultats plus efficaces de leurs enseignements. Ce sont par exemple la gestuelle, la proxemie ou étude des significations des distances dans les interactions communicationnelles, les mimiques faciales notamment les mouvements des sourcils et les sourires, ou encore la posture générale qui va des attitudes aux tenues vestimentaires de l’enseignant, pour ne citer que ceux-là.

L’enseignant conscient de la réalité de l’importance d’une communication non verbale au cours de l’action pédagogique, doit attacher une importance capitale à l’attitude à adopter en salle de classe lors de la transmission des enseignements. Dans cette perspective il doit faire preuve d’un savoir enseigner favorable à l’acquisition des connaissances chez les élèves. Seulement il semble que l’attitude de l’enseignant varie selon les situations d’apprentissage, du moment que l’on peut observer un écart  de résultat entre la régularité dans l’action pédagogique notamment l’enseignement des leçons et l’efficacité de l’apprentissage. Cette situation nous oblige donc à chercher l’origine du décalage entre les enseignements et l’efficacité de l’apprentissage et à lever un pan de voile sur les éléments qui freinent la transmission parfaite des savoirs et par conséquent l’interprétation par les élèves.

Si le fait de parler ou de transmettre verbalement les savoirs ne garantit pas une bonne transmission, l’on serait alors tenté de considérer l’attitude personnelle de l’enseignant pendant le déroulement des leçons comme un facteur déterminant pour une compréhension meilleure. Ce comportement regroupe un ensemble d’éléments qui sous-tendent un certain équilibre entre la transmission et la compréhension des leçons.

Compte tenu de ce qui précède, nous sommes en droit de nous demander si l’utilisation par l’enseignant d’une gestuelle appropriée, son regard, ses habitudes vestimentaires, sa gestion des distances avec ses élèves et même ses silences ne sont pas des stratégies, des instruments accompagnateurs de la parole dans le processus d’enseignement. Une question centrale a ainsi pu être dégagée, qui est celle de savoir en quoi des éléments non verbaux d’un enseignant peuvent-ils accompagner son acte locutoire pour faciliter l’efficacité de l’enseignement L’hypothèse générale avancée a été que « la communication non verbale influence l’efficacité de l’enseignement ». Autrement dit l’utilisation des gestes chez l’enseignant, la proxémie comme moyen de communication, la fonction cognitive des mimiques faciales sont tous des éléments qui influencent  l’efficacité de l’enseignement.

Travaux et théories

Darwin (1872) à travers son ouvrage intitulé l’expression des émotions chez l’homme et chez les animaux fut l’un des pionniers des études portant sur le rôle et l’influence des émotions dans les relations entre les hommes. En 1975 Argyle préfère nommer ce type de communication de « bodily communication » (langage de corps), parce que plusieurs signes non-verbaux sont exprimés à travers les gestes et les mouvements des parties déterminées du corps. La communication non-verbale peut être définie comme « une construction et un partage des significations qui arrivent sans emploi de la parole. ». La psychologue Hennel-brzozowska (2008) pour parvenir à cette définition, a trouvé opportun de spécifier la signification des termes « communication » et « non verbale ». Pour elle, « non verbale » signifie simplement tout ce qui n’est pas la parole ; en pratique il s’agit de tout ce qui ne relève pas du langage verbal, considéré comme moyen le plus raffiné et évolué à travers lequel les hommes entrent en relation réciproque. Le terme « communication quant à lui renvoi à un échange dynamique, l’envoi et la réception des informations, pensées, attitudes ou signes.

A cause des fonctions universelle et adaptative des émotions, Darwin justifie les origines biologiques et innées de la communication non-verbale. Des chercheurs tels Keltner & Haidt, 1999, 2001 ; Frijda & Mesquita, 1994, ont illustré la fonction communicative des émotions. Darwin(op-cit) suggéra l’existence d’une fonction communicative (ou de signal) de l’expression faciale (Mondillon et Tcherkassof : 2009) grâce à laquelle les individus d’une même espèce pouvaient être informés de ce que ressentaient leurs congénères, et des actions qu’ils étaient susceptibles d’entreprendre dans certaines situations. C’est à partir des travaux de Winkin (1981) en s’appuyant sur Bateson, Goffman, Hall et Watzlawick, révèle que la communication est définie et étudiée comme « un processus social permanent intégrant de multiples modes de comportement : la parole, le geste, le regard, la mimique, l’espace interindividuel, etc. »

De cette nouvelle orientation les composantes de la communication non verbale définis d’abord de l’ordre des comportements plus manifestes et macroscopes. L’on cite le contact, l’aspect physique. Ensuite ces composantes sont manifestées par les mouvements du corps et les activités moins évidentes ou plus fugaces. Cette dimension inclue les yeux, la posture, la gestuelle qui accentue le message que l’on essaie de transmettre, les caractéristiques de la voix et le mouvement. D’autres fonctions  sont assignées à la communication non verbale telles que la production langagière, la communication d’un message, et l’interaction avec autrui. A ce sujet Ekman et Friesen (1969) parlent de décodage, d’encodage et de gestes interactifs.

Il est un fait qu’aujourd’hui, on commence à bien connaître les fonctions remplies par les gestes, regards, mimiques et postures au regard des activités de parole, on étudie les processus iconiques et métaphoriques par lesquels les gestes servent d’outils pour construire dans l’espace les référents du discours, ou de signes kinésiques donnant une réalité spatiale à des concepts verbaux abstraits (Calbris, Porcher (1989) et Mcneill (1992). Les ressources corporelles sont décrites pour qu’elles permettent au locuteur de cadrer l’activité discursive en cours (de signaler qu’il commente ou ironise, qu’il fait une parenthèse ou une digression, qu’il reprend le fil de son récit, qu’il énonce un nouvel argument, etc.) Goodwin (1981) et Kendon (1980).

Ekman et Friesen (1969) ont distingué les gestes, par leur sens selon qu’ils soient donnés par l’observateur ou le gesticulateur ou bien les deux. Cela correspond à trois types de gestes : les gestes informatifs qui réfèrent uniquement au décodage, les gestes communicatifs, contrairement aux gestes informatifs, les communicatifs concernent l’encodage des comportements, les gestes interactifs : Ce sont les actes d’une personne en interaction qui modifient ou influencent le comportement interactif d’une autre personne.

Par ailleurs les regards servent à indiquer que l’autre veut prendre la parole ou qu’il s’apprête à la donner (Kendon, 1967). Bien plus, ils jouent un rôle de complément par rapport au verbal. L’acte non verbal peut répéter, augmenter, illustrer, accentuer ou contredire le verbal ; le non verbal peut être synchronisé avec le verbal, anticiper, substituer ou suivre le comportement verbal ou bien être sans rapport (Ekman & Friesen, 1969). Ces auteurs pensent que lors d’un acte de communication qu’en moyenne 55% d’une communication est basée sur le non-verbal 38 % d’une communication concerne la voix et 7% de la communication concerne la signification des mots. L’impact de la communication non verbale dans les interactions communicationnelles est avéré.

Le déploiement de cet aspect de la communication désigné de non verbale dans l’enseignement se fait au travers des méthodes, stratégies et techniques pédagogiques. La conjugaison de ces méthodes à la conceptualisation et à la contextualisation semble définir l’efficacité de l’enseignement. En psychologie de l’apprentissage, en psychométrie ou en pédagogie, l’efficacité (Galisson et Coste, 1976 : 468) se présente comme «  le rapport entre la performance observée et la performance théorique ou les normes préalablement fixées. Le rendement exprime la valeur qualitative et quantitative d’une performance en fonction de critères variés dont la pertinence dépend des tâches et des objectifs considérés. ».

Les facteurs déterminant l’efficacité de l’enseignement, le souligne Coleman et Al. 1966, sont autant relatifs à l’institution scolaire qu’aux facteurs extra scolaires. En situation classe, la plupart des travaux sur le geste ont été effectués par Birdwhistel (1981) ou Cosnier (1996). Ils se sont attachés à étudier le comportement interactif, l’expression des émotions, la rythmisation de la parole, la simple illustration des éléments concrets énoncés.

Dans les spécificités du code kinésique les gestes sont des signes qui entrainent des différences globales avec les signes linguistiques leur production échappe très souvent à la conscience et à la volonté. S’ils sont conscients et volontaires, ils sont alors pour la plupart motivés (non arbitraires). Ils sont extrêmement polysémiques et leur interprétation dépend étroitement du contexte dans lequel ils sont produits. Ils sont souvent idiosyncrasiques, et particuliers à celui qui le produit. Leur signification varie selon les cultures.

Par ailleurs dans la systématisation des gestes, Il n’existe pas une « langue des gestes » qui serait parallèle à une langue verbale, il existe une composante gestuelle du langage.  Au départ, il existe des gestes communicatifs, liés à l’échange présent, et des gestes extra communicatifs, sans rapport avec l’échange discursif en cours. (Self and objects-adaptors’ de Ekman et Friesen,1969, ‘Body and Objects focused movements’ de Freedman, 1972). Il existe, pour Cosnier (1996), trois types de gestes communicatifs. L’on cite les gestes quasi-linguistiques (Ekman et Friesen, 1969, ‘Autonomous gestures’ de Kendon, 1972) ce sont des gestes co-verbaux, les référentiels et l’implication corporelle.

De ces observations découle la loi de désignation de l’objet présent ou du représentant de l’objet absent (Cosnier et Vaysse 1992) : le corps (du parleur) sert d’ancrage référentiel pour représenter l’objet présent et même absent. Certains gestes sont dits synchronisateurs. Ils sont subdivisés en deux sous-catégories : les gestes d’auto-synchronie, ou une simultanéité entre geste et parole et les gestes d’hétéro-synchronie, ou une coordination entre gestes du récepteur et parole du locuteur.

Les fonctions de la gestuelle sont de différents ordre : elle peut avoir une fonction référentielle qui vise à mimer ce que l’on exprime ou à le désigner (on parle alors de fonction déictique).  Une fonction expressive qui vise à traduire les sentiments ou la personnalité de l’individu Le martèlement du pied, le réajustement de la coiffure…  Une fonction impressive qui vise littéralement à faire impression sur le récepteur (effet d’appui et d’insistance), Une fonction phatique qui vise à amorcer une communication où à l’interrompre,

Au delà des gestes, la proxémique ou proxemie joue un rôle incontournable dans la communication non verbale. La notion d’espace dans la communication est régie par la culture, les lieux, la classe sociale ou encore le contenu du message adressé. E. Hall (1971) est le précurseur de cette théorie et il estime que la distance physique entre les individus, est un facteur important de la séquence de communication, la zone publique : au-delà de trois mètres, la zone sociale : de 1,20 à trois mètres, la zone personnelle : de 60 centimètres à 1,20 mètres et la zone intime : moins de 60 centimètres. La distance va être différente selon l’image que l’on se fait de l’autre. Tardif (1992) présente une conception de l’enseignement fondée sur l’importance de l’appropriation graduelle et effective des stratégies cognitives. Conception de l’enseignement qui suggère l’instauration d’un environnement didactique respectant les principes de base de l’apprentissage en tant que celui-ci est un processus dynamique, interactif, et qui nécessite une organisation des connaissances et une mobilisation des stratégies bien précises

La théorie basée sur les capacités cognitives des apprenants attribue par conséquent à l’enseignant un rôle de concepteur, de gestionnaire des contenus à enseigner,  d’entraîneur des apprenants vers l’acquisition des savoirs, de médiateur entre les matières enseignées et les apprenants et enfin  de motivateur. Bien jouer ces rôles commande de jumeler aux verbes, des éléments visuo-perceptifs pendant les enseignements. Dans ces conditions sont indépendantes du style d’enseignement. Rappelons-le, ce style peut-être soit :  transmissif (9.1), centré davantage sur la matière ;  soit incitatif (9.9), centré à la fois sur la matière et sur les apprenants; soit  associatif (1.9), centré davantage sur les apprenants; soit enfin Style permissif (1.1), très peu centré tant sur les apprenants que sur la matière. Ces données chiffrées sont en congruences avec les styles de Blacke et Mouton  (1964).

En outre, Therer et Willemart formulent l’hypothèse que chacun de ces quatre styles peut se révéler efficace ou inefficace en fonction des situations et en fonction des interventions plus spécifiques de l’enseignant ou du formateur. Comme le rappelle Bressoux (1994), c’est incontestablement du paradigme processus-produits qu’est née la grande majorité des travaux sur l’efficacité des pratiques enseignantes. Ces recherches consistent principalement à étudier, à partir de corrélations, les liaisons directes entre les variables relatives aux pratiques enseignantes et les indicateurs d’efficacité.

Parmi les axiomes défendus par les théories de l’école de PALO ALTO nous avons retenu que « l’on ne peut pas ne pas communiquer » d’une part, et d’autre part, la communication interactionnelle est constituée du verbal et du non verbal.

L’analyse du comportement proxémique des enseignants face à leurs élèves nous a conduit à la conclusion de l’existence d’un contrat didactique efficace, favorable à l’apprentissage et à l’échange libre. Il s’agit d’une structuration flexible de l’espace didactique, une tendance vers les zones intimes et personnelles comme zones de confirmation et de confiance mutuelle entre les partenaires de l’acte didactique. Lorsqu’il enseigne, le professeur fait des gestes et «maintient, plus ou moins consciemment, une distance (métrique) variable avec ses élèves» (Sensevy, 2001).

Méthodologie

Sujets

Dans cette investigation qui vise à montrer que l’efficacité de l’enseignement est déterminée par l’attitude non verbale de l’enseignant pendant les leçons, nous avons mené une enquête auprès des enseignants de l’ENSET pour la simple raison qu’ils sont chargés de la formation des futurs enseignants de lycées et par conséquent représentent pour ces derniers des modèles.

Ayant opté pour une triangulation des méthodes afin d’assurer l’objectivité et d’explorer tous les contours du problème, il a été judicieux  de recueillir les  informations tant auprès des enseignants qu’auprès des élèves professeurs. Si le groupe enseignant est constitué des permanents et des vacataires, le groupe élèves professeurs lui, n’est constitué que des étudiants de cinquième année. Ces derniers étant sur le point d’être des praticiens, leur participation a une valeur double. Autant ils possèdent un potentiel certains pour le jugement des faits explorés, autant ils apprennent implicitement les attitudes à adopter des leurs premiers pas dans la pratique.

L’Enset dans sa structuration pédagogique ayant trois divisions constituées des  départements qui regorgent des options.

  • La Division des techniques de gestion (DTG) : Département des Techniques Administratives (TAD) ; Département des sciences et Techniques Economiques de Gestion (STEG) ; Département des Sciences de l’Education (SED), Département de l’Economie Familiale et Sociale (ESF).
  • La Division des techniques industrielles (DTI) : Département du Génie Civil (GCI : avec trois options) ; Département du Génie Mécanique  (GME: avec trois options) ; Département du Génie Electrique (GEL: avec trois options) ; Département des Enseignements Scientifiques de Base  (ESB) ; Département du Génie Forestier ; Département des Industries et du Textile  d’Habillement et (ITH) ; Département de Génie Informatique (GIFO) ; Département de Génie Chimique (GC).
  • La Division des stages et de la formation continue. Elle est chargée de l’organisation, de l’animation et du suivi des activités de stage, de formation continue et de recyclage.

En tenant compte des deux premières divisions, de manière aléatoire nous avons tiré au sort manuellement les départements dans lesquels nous avons collecté les données. Ces départements sont : TAD, STEG, SED (CO), ESF, ITH, GINFO et GEL. Dans ces départements nous avons retenu de manière aléatoire 50 enseignants et 60 élèves professeurs des cinquièmes années. Cet échantillonnage a été orienté par le critère de disponibilité du sujet.

Matériels

Parmi la pléthore de méthodes de collecte des données existantes, nous avons opté pour l’observation et les questionnaires afin de collecter les informations. Ce choix se justifie par les objectifs que nous visions.

L’observation qui a été participante et orientée tient du fait que les séances de cours sont des cadres par excellence où   la communication non verbale de l’enseignant puisse être examinée. Ainsi nous pouvions déjà aisément distinguer quels types de communication non verbale ils utilisent et quels sont leurs effets sur les élèves. Les précautions ont été prises afin que ces enseignants en actes ne soient pas conscients des regards de l’observateur. Le sujet ici a été observé en milieu naturel d’un observateur étudiant qui nous a accompagné dans cette recherche. Celui-ci étant de la filière TAD, a observé à tour de rôle et de manière assidue les enseignants programmés dans leur salle de classe (TAD 5).

L’échantillon étant fait de deux strates, nous fondant sur la triangulation des méthodes, il était opportun d’adopter en plus de l’observation, Deux questionnaires qui constituent le reflet d’un même outil à la différence que reformulés selon le répondant  (enseignant, étudiant) .  Ces questionnaires ont obéit à la logique des questionnaires à échelle.

La grille d’observation aussi bien que les questionnaires auxquels nous avons soumis notre échantillon est constitué de trois principaux thèmes en rapport direct avec la problématique générale de la recherche et surtout des hypothèses que cette problématique nous a suggérées. Il s’agit des thèmes portant sur : l’utilisation des gestes chez l’enseignant pendant la leçon, la proxémie comme moyen d’implication des élèves à l’action pédagogique et les mimiques faciales comme moyen d’appréciation et de rectification des élèves.

Les questionnaires ayant les mêmes modalités et portant sur les items identiques ont eu la même codification. Le masque des données a comporté 110 individus. Les données ainsi codifiées ont bénéficiées des analyses uni-variées et bi-variées. Afin d’utiliser l’indice statistique du khi-deux de Bravais Pearson, nous avons été obligés de procéder à la transformation des valeurs des modalités.  De leur dimension ordinale, nous leurs avons affecté des valeurs chiffrées, les rendant quantitatives. La comparaison s’est alors effectuée entre variables qualitatives (les sous variables indépendantes) et les variables quantitatives (les modalités de la variable dépendante transformées/chiffrées).  Le logiciel SPSS 20.0, a permis de traiter les données.

Résultats

Pendant l’analyse uni-variée, nous avons préféré analyser selon les strates pour contrôler les contrastes entre les tendances des strates. Cependant, pendant l’analyse bi-variée, nous avons considéré l’échantillon dans sa globalité.

Présentation des variables : analyse uni-variée

Cette présentation s’organise autour des différents thèmes sur lesquels ont porté les questionnaires adressés aux sujets.

Thème 1 : Identification des répondants

Le genre masculin a été le plus représentatif dans notre échantillon. Dans leur grande majorité les enseignants de notre échantillon sont  âgés de moins de 40 ans et ont  moins de 11 ans d’ancienneté.  Cette caractéristique sera primordiale pour la suite de l’analyse. Car l’expérience est un facteur important dans l’action pédagogique.

Thème 2 : Informations sur l’utilisation des gestes chez l’enseignant pendant la leçon

Sur l’ensemble des enseignants interrogés les trois quarts soit 80% accompagnent toujours leur parole par des gestes et 20% le font souvent. Cela peut signifier que les enseignants sont presque tous unanimes sur le fait que la parole s’accompagne toujours des gestes.

Sur le fait d’attirer l’attention des élèves par les gestes de la main, les données révèlent que : 12%   des enseignants n’y arrivent pas du tout.  20% seulement des enseignants y parviennent, alors que 68% y arrivent de manière irrégulière. Si l’on réunit ces deux dernières modalités on notera 88% de réponses cumulées. La raison à cela est que l’enseignement doit respecter l’aspect psychomoteur de l’enseignement. La gestuelle attire donc l’attention des apprenants et captive leur centre d’intérêt.

Ces informations recueillies chez les enseignants sont confrontées avec ceux des élèves. En effet pour les apprenants 36,7% d’entre eux pensent que les mouvements de mains de leurs enseignants ne captent pas leur attention contre 71,7% qui pensent le contraire. Nous constatons que les enseignants se situent à 72% tandis que les apprenants se situent à 71,7%. Nous pouvons donc conclure que l’utilisation des gestes chez l’enseignant pendant la leçon capte l’attention des élèves.

Thème 3 : Information sur la proxemie comme moyen d’implication des élèves.

A presque 72% les enseignants affirment être  éloignés  de l’élève à qui il s’adresse. Dans ce contexte, les étudiants reconnaissent-ils, sont régulièrement désintéressés.  Alors que pour les cas rapprochés, presque la totalité indique que les interlocuteurs sont intéressés.

L’une des conditions à la communication notamment la communication non verbale, réside dans les effets de proxemie. Plus les sujets se rapprochent, plus la communication est établie. Les élèves professeurs à 95% affirment qu’ils changent d’attitude lorsque l’enseignant se rapproche d’eux. Cela rejoint à peu près ce qui a été observé par les enseignants qui pensent à 96% que la proxemie induit un intérêt pour l’apprenant lorsqu’ils se rapprochent d’eux.

Thème 4 : Informations sur les mimiques faciales comme moyen d’appréciation et de rectification des élèves

Dans 52% des cas, le sourire calme les tensions avec certitude. Nous pourrions même dire à 100% des cas puisque la modalité souvent donne 48% et la modalité pas toujours affiche un score de 0%.

Aussi indiquent les répondants de manière générale que le froncement des sourcils intervient toujours dans l’action pédagogique et entraine dans la majeure partie des cas, la modification du comportement des apprenants.

En cela, 80% des enseignants interrogées reconnaissent que le changement d’expression de leur visage indique à leurs apprenants qu’ils sont soit en désaccord soit en accord avec leur attitude.

Analyse des hypothèses : analyse bi-variée

La résolution des problèmes émis dans notre travail de recherche nous a permis de fixer les objectifs et d’émettre les hypothèses. Ces hypothèses précédemment formulées font l’objet d’une analyse dans ce paragraphe.

Hypothèse 1 : Le recours à la gestuelle par l’enseignant pendant la leçon influence fortement l’efficacité de l’apprentissage.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons croisé les variables « Est-il possible de s’exprimer sans faire des gestes de la main et la détente de l’atmosphère de la classe par un sourire ». Ce croisement donne lieu aux tableaux ci-dessous.

 Tableau n° 1 : Test de Khi deux du croisement entre «  S’exprimer sans faire des gestes de la main » * et  « Lorsque vous souriez,  cela détend l’atmosphère »
Valeur
Ddl
Signification asymptotique (bilatérale)
Signification exacte (bilatérale)
Signification exacte (unilatérale)
Khi-deux de Pearson
5.128a
1
.024
Correction pour la continuitéb
3.651
1
.056
Rapport de vraisemblance
5.386
1
.020
Test exact de Fisher
.035
.027
Association linéaire par linéaire
5.026
1
.025
Nombre d’observations valides
50
 

a. 1 cellules (25.0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L’effectif théorique minimum est de 4.80.

b. Calculé uniquement pour un tableau 2×2

Il ressort de ces tableaux un degré de liberté ddl égale à 1, le Khi deux calculé est égale à 5,128 supérieur au khi deux théorique de 3,84. Cela implique que les variables croisées sont dépendantes.

La probabilité de 0,024 inférieure à 0,05 (seuil d’erreur) signifie que les écarts constatés entre les modalités sont trop faibles pour être dus au hasard. Nous pouvons donc retenir qu’il existe une relation entre le recours à la gestuelle par l’enseignant et l’action pédagogique. Le sens et la nature de cette relation sera analysée dans le tableau ci-dessous des mesures symétriques.

Tableau n°2 : Mesures symétriques 1
Valeur
Signification approximée
Nominal par Nominal
Phi
.320
.024
V de Cramer
.320
.024
Coefficient de contingence
.305
.024
Nombre d’observations valides
50
 

a. L’hypothèse nulle n’est pas considérée.

b. Utilisation de l’erreur standard asymptotique dans l’hypothèse nulle.

Le coefficient de contingence de 0,305 confirme l’intensité de cette dépendance. Le Phi de 0,320 positif montre que les variables croisées évoluent dans un même sens ; c’est-à-dire plus l’enseignant a recours à la gestuelle, plus l’action pédagogique est facilitée. Compte tenu de ces différents indices, nous pouvons dire que notre première hypothèse selon laquelle « le recours à la gestuelle par l’enseignant pendant la leçon influence fortement l’efficacité de l’enseignement » est validée.

Hypothèse 2 : la proxémie comme moyen de communication influence fortement l’efficacité de l’enseignement. (citation ?)

La vérification de cette hypothèse sera tributaire du croisement entre les variables d’intérêt liée à la proxemie et la détente de l’atmosphère de la classe. Ce croisement donne les résultats exprimés dans  le  tableau ci-dessous.

Tableau 3 :  Tests du Khi-deux du croisement de « l’Intérêt de la personne à ce que vous dites lorsque vous êtes proche d’elle » * « Lorsque vous souriez, cela détend l’atmosphère »
Valeur
ddl
Signification asymptotique (bilatérale)
Khi-deux de Pearson
23.328a
2
.000
Rapport de vraisemblance
26.048
2
.000
Association linéaire par linéaire
10.051
1
.002
Nombre d’observations valides
50

Le degré de liberté ici est égal à 2. Le khi deux calculé est égal à 23,328 supérieur au khi deux théorique de 5,39.  Cela implique que les variables croisées sont dépendantes. La probabilité de 0,000 inférieure à 0,05 signifie que les écarts entre les modalités sont trop faibles et par conséquent ne relèvent pas du hasard. Le sens de la relation sera analysé par le tableau de contingence suivant :

Tableau n° 4 : Mesures symétriques
Valeur
Signification approximée
Nominal par Nominal
Phi
.683
.000
V de Cramer
.683
.000
Coefficient de contingence
.564
.000
Nombre d’observations valides
 

a. L’hypothèse nulle n’est pas considérée.

b. Utilisation de l’erreur standard asymptotique dans l’hypothèse nulle.

Le coefficient de contingence de 0,564 confirme l’acuité de la relation. Le phi de 0,683 positif et proche de 1 montre que plus il y a utilisation de la proxémie entre enseignant et apprenant plus l’efficacité de l’enseignement est assurée.

Eu égard à ces indices, nous pouvons affirmer que notre deuxième hypothèse selon laquelle «la proxémie comme moyen de communication influence l’efficacité de l’enseignement » est validée.

Hypothèse 3 : Les mimiques faciales du fait de leur fonction cognitive ont une influence sur l’efficacité de l’enseignement.

La vérification de cette hypothèse sera tributaire du croisement entre les variables d’intérêt liées aux mimiques faciales à savoir « lorsque vous froncez le visage, cela traduit ? »  et la détente de l’atmosphère de la classe. Ce croisement donne lieu aux tableaux ci-dessous.

 

 

Tableau 5 : Tests du Khi-deux
Valeur
ddl
Signification asymptotique (bilatérale)
Khi-deux de Pearson
11.882a
2
.003
Rapport de vraisemblance
12.836
2
.002
Association linéaire par linéaire
.476
1
.490
Nombre d’observations valides
50
 

a. 0 cellules (0.0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L’effectif théorique minimum est de 6.72.

Le degré de liberté ici est égal à 2. Le khi deux calculé est égal à 11,882 supérieur au khi deux théorique de 5,99.  Cela implique que les variables croisées sont dépendantes. La probabilité de 0,003 inférieure à 0,05 signifie que les écarts entre les modalités sont trop faibles et par conséquent ne relèvent pas du hasard.

Le coefficient de contingence de 0,438 confirme l’acuité de la relation. Le phi de 0,487 positif et proche de 1 montre que plus il y a compatibilité entre les mimiques faciales d’une part et l’efficacité de l’enseignement d’autre part.

Tableau n° 6 : Mesures symétriques
Valeur
Signification
Approximée
Nominal parNominal
Phi
.487
.003
V de Cramer
.487
.003
Coefficient de contingence
.438
.003
  Nombre d’observations valides
50
 

a. L’hypothèse nulle n’est pas considérée.

b. Utilisation de l’erreur standard asymptotique dans l’hypothèse nulle.

Eu égard à ces indices, nous pouvons affirmer que notre troisième hypothèse est validée.

Compte tenu de la validation de nos trois hypothèses spécifiques, nous pouvons conclure que notre hypothèse générale selon laquelle « la communication non verbale de l’enseignement influence fortement l’efficacité de l’enseignement » est confirmée.

Compte-rendu d’observation

Le compte-rendu d’observation revient sur l’analyse méthodologique, fait la restitution des observations et effectue l’analyse sociologique.

L’analyse méthodologique

  • Le terrain d’observation.

Rappelons-le, l’observation des comportements et des attitudes des enseignants a consisté à observer l’exposé magistral, les questionnements, les discussions et le travail de groupe ou individuel.

  • La grille d’observation et objectif.

La grille que nous avons conçue est un tableau dans lequel les lignes comportent les variables de la communication non verbale que nous voulons observer chez les enseignants : la gestuelle, la proxemie, les mimiques faciales et une dernière ligne pour les modalités caractérisant leur influence sur les élèves. Et les colonnes correspondent aux effets de ces variables sur les apprenants : l’attention, la motivation, le rappel à l’ordre. Une grille est prévue pour chaque catégorie de cours. A l’ENSET, dans la spécialité TAD il existe trois catégories de cours : les cours de spécialité, les cours de gestion, et les cours des sciences de l’éducation.

L’objectif de l’observation est de découvrir quelle communication non verbale les enseignants utilisent lors des enseignements et de vérifier si cela permet aux apprenants de mieux apprécier et surtout s’approprier les contenus qui leur sont transmis.

Restitution des observations et analyse

  • La restitution des observations

Les faits observés au cours du mois de mars, avril et mai 2016 nous ont permis de nous rendre compte que tous les enseignants utilisent la gestuelle des mains pendant leurs enseignements mais, certains plus que d’autres. De ce fait, les enseignants dont la gestualité était plus manifeste suscitaient plus l’intérêt des élèves et cela entrainait à chaque fois une interaction didactique très fructueuse. Par contre chez les enseignants dont la gestuelle était peu « riche », et qui privilégiaient l’aspect oratoire de l’enseignement, nous pouvions constater que les élèves étaient vite détournés du cours (somnolence, bavardage, manipulations du téléphone).

Pendant les actions pédagogiques, nous avons pu constater que les élèves relâchent leur attention quand ils pensent être hors de la portée visuelle de l’enseignant ; dès lors que celui-ci se rapproche d’eux, en circulant à travers les rangées de table-bancs, tous les élèves sans exception modifiaient leur comportement. Ceux qui dormaient se réveillaient, ceux discutaient gardaient le silence et même ceux qui ne prenaient pas de notes copiaient chez leur voisin pour se mettre à la ligne. Plus intéressant encore, les élèves qui avaient perdu le fil des idées du cours cherchaient à se renseigner sur la question posée afin semblait-il de préparer une réponse.

Chez tous les enseignants que nous avons observés, leur sourire avait le même impact sur les élèves à savoir amener à détendre l’atmosphère de la classe. Les élèves qui ne suivaient pas le cours cherchent à savoir la raison de la bonne humeur de l’enseignement et dans la plupart des cas, ces intermèdes joyeux permettaient à ces enseignants de ramener la motivation des élèves à suivre le cours. Dans le même ordre d’idées, les sourcils froncés de l’enseignant ramenaient immédiatement l’ordre et la concentration chez les élèves.

  • L’analyse des observations

Il ressort de ces observations que le comportement que l’enseignant adopte en situation d’enseignement, agit fortement sur la faculté d’assimilation des contenus d’enseignement. En effet, les gestes des mains que l’enseignant fait pour illustrer ses propos permettent à l’élève de se faire une représentation mentale de l’objet étudié, et cela entraine une transformation de ses acquis sous l’influence de ces nouveaux enseignements.

La perception positive ou négative que les élèves ont de leurs enseignants, joue un rôle déterminant dans la motivation des élèves vouloir comprendre le cours qui leur est dispensé. En effet, l’intérêt et l’attention sont généralement plus facilement accordés à des personnes qui nous semblent sympathique et aimables, qu’à celles qui sont plus antipathiques et froides.

 Discussions et suggestions

L’analyse et l’interprétation de nos résultats nous ont permis de dire que la communication non verbale dans l’action pédagogique influence fortement l’efficacité de l’enseignement. La vérification de nos trois hypothèses spécifiques l’a d’ailleurs certifié.

Seulement, la confirmation de l’hypothèse générale ne fait pas de celle-ci un besoin essentiel à remplir pour l’atteinte de l’objectif de l’éducation, mais un aspect parmi la multitude qu’un bon enseignant doit prendre en compte pour réussir.

La valorisation de la communication non verbale dans l’action pédagogique en vue de l’atteinte de l’efficacité de l’enseignement, nécessite non seulement une remise en question du comportement de l’enseignant en situation d’enseignement/apprentissage, mais aussi son ouverture d’esprit quant à la nécessité de rechercher toujours de nouvelles techniques qui faciliteraient la transmission des savoirs.

La maîtrise de la relation, c’est savoir observer l’autre, savoir l’écouter. Le contrôle ne signifie pas le monopole de la parole. Le contrôle de soi et de la relation avec l’autre passe par un art maîtrisé d’une alternance d’écoute, de questionnement plus ou moins dirigé et d’une gestuelle adaptée ou synchronisée à son interlocuteur. Maîtriser sa communication non-verbale permet d’obtenir plus facilement l’attention et l’adhésion. Et adapter sa communication non verbale à son interlocuteur permet d’instaurer un climat de confiance.

Ces deux niveaux de communication ne sont pas le fruit du hasard ou d’un talent inné, ce sont des techniques qui s’étudient et pour lesquelles il est possible de s’entraîner. Cet aspect peu connu et peu utilisé de la communication est une réserve inestimable pour le confort personnel et professionnel

L’enseignant devrait attacher un intérêt certain à son langage non verbal. Son action pédagogique étant marquée d’une part par l’ensemble des mouvements de son corps, à partir de ceux dont il a conscience jusqu’à ceux qui se produisent indépendamment de lui ; d’autre part, par la gestion qu’il fait de l’espace-classe en tant que le lieu de déroulement des interactions pédagogiques.

Ainsi donc les enseignants  qui transmettent aux élèves-professeurs  la matière d’œuvre de leur profession, doivent non seulement prêter attention à tous les signes non verbaux qu’ils renvoient, dans le but de capter et de retenir l’attention de leurs élèves,  mais aussi s’assurer de la pérennisation de ces pratiques par les futurs enseignants en insérant des séances d’exercice sur la constitution et la maitrise d’un répertoire des composantes de la communication non verbale tout en insistant bien sur leur impact sur l’efficacité de l’enseignant.

Pour les élèves-professeurs, ils devraient s’atteler à se constituer un répertoire des signes du langage non verbal afin de pouvoir plus aisément s’approprier les  enseignements en classe, mais aussi parallèlement, préparer leur technique d’enseignement car,  la maitrise de la communication non verbale pourrait leur permettre de cerner plus aisément le style d’apprentissage propre à chaque élève.

Quant au système éducatif national, il devrait donner toute son importance à la communication non verbale en tant que stratégie pédagogique. Car dans un environnement où l’image et le corps représentent de plus en plus des outils de communication sociale, l’enseignant, acteur par excellence de la socialisation des enfants devrait connaitre et même maitriser la signification de chacun des mouvements de son corps, chacune de ses expressions faciales, de son rapprochement ou de son éloignement de ses élèves.

Pour ce faire, l’Etat promoteur de programmes d’enseignement pourrait justement les revaloriser en insérant dans les unités d’enseignements des leçons sur les comportements non verbaux de l’Homme en général, et ceux de l’enseignant en particulier.

Conclusion

Notre recherche avait pour objet la communication non verbale dans l’action pédagogique et l’efficacité de l’enseignement. Pour y arriver nous sommes partis de l’analyse conceptuelle et théorique sur la communication non verbale et l’efficacité de l’enseignement.

La confrontation des hypothèses pendant nos observations et l’administration du questionnaire aux enseignants, nous a permis de vérifier leur pertinence et leur véracité. Certains enseignants utilisent la communication non verbale pendant l’action pédagogique et d’autres pas. La grande majorité es enquêtés a confirmé que les gestes, la proxemie et les mimiques faciales ont un lien logique avec l’efficacité de l’enseignement. Ainsi, il existe un lien étroit entre la communication non verbale et l’efficacité de l’enseignement.

Mentionnons néanmoins que cette recherche ne s’est pas faite dans les conditions des plus faciles. Surement reste-t-il beaucoup à apporter sur les facteurs déterminants de l’efficacité de l’enseignement. En se limitant à la communication non verbale dans l’action pédagogique nous n’avons pas pu étudier la liste infinie de facteur liés à l’efficacité. Les autres facteurs comme les styles d’apprentissage, les types d’apprenants pourraient être abordés dans une étude future s’ils ne le sont pas déjà.

Par ailleurs au lieu de s’intéresser à l’aspect professionnel du point de vue de l’enseignement une étude pourrait être faite sur l’impact de la communication non verbale sur les performances des apprenants.

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