Discours de Madame Hélène Cheneval-Armand présidente du comité scientifique du RAIFFET

Discours de Madame Hélène Cheneval-Armand présidente du comité scientifique du RAIFFET

Discours de Madame Hélène Cheneval-Armand présidente du comité scientifique du RAIFFET

Monsieur le maire de la communauté de Douala 5, Monsieur le recteur de l’université de Douala, Mesdames et Messieurs les distingués invités en vos rands et grades respectifs, Mesdames et Messieurs les participants, chères et chers collègues,

En ma qualité de présidente du comité scientifique du RAIFFET, je vous exprime notre sincère et profonde gratitude pour le grand honneur que vous avez bien voulu nous faire en acceptant de soutenir et d’appuyer l’organisation de ce colloque.

Avant d’aller à l’objet de notre présence ici, permettez-moi cette petite rétrospective de cette formidable aventure qu’est la construction et le développement du réseau Africain des Institutions de formation de formateurs de l’enseignement technique. Depuis sa création le RAIFFET promeut le développement des recherches scientifiques afin d’améliorer l’efficacité des systèmes éducatifs en général, de l’éducation scientifique, technologique et professionnelle, en particulier. Ce développement a des retombées concrètes au sein du réseau notamment par la mise en place de la Chaire Unesco « éducation scientifique et technologique et formation des enseignants » constituée en partenariat par l’ENSETP de Dakar et l’ESPE d’ Aix-Marseille.

Plusieurs institutions ici présentent ont été engagées dans le programme Erasmus Mundus STETTIN (Science & Technology Education Teachers Training International Network). Ce programme financé par la commission européenne visait à développer et à structurer la coopération universitaire interinstitutionnelle pour la formation initiale des étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation dans les domaines de l’éducation scientifique, technologique et professionnelle. Cela concernait tous les niveaux d’enseignement, de la maternelle à l’université.

La réalisation de ce projet nous a permis de conduire un grand projet international permettant la formation de quatorze docteurs et quatre-vingtquatre étudiants de master. Nous devons donc poursuivre les efforts engagés pour faire vivre et reconnaitre notre expertise scientifique acquise. L’implication de chacune et chacun est à ce stade l’une des conditions nécessaires car ne nous y trompons pas, l’enjeu du RAIFFET, n’est pas simplement d’organiser tous les trois ans un grand colloque international, il doit aider et accompagner la structuration de la recherche en éducation et dans la formation technologique et professionnelle en Afrique en proposant des actions concrètes dans chacune des régions qui compose le réseau.

Ce développement s’est également construit « avec » et « sur » l’organisation de cinq colloques internationaux dont je vais retracer brièvement l’historique afin de mieux vous donner à voir la problématique scientifique qui sera l’objet de cette cinquième édition.

Lors du premier colloque qui s’est déroulait à Libreville (Gabon) nous nous interrogions sur le lien entre éducation technologique et formation professionnelle comme vecteur du développement durable. Lors de ce colloque, deux questions ont été au centre des débats : comment éduquer technologiquement et comment former des professionnels qui permettront d’atteindre cet objectif du développement durable dans les pays Africains ? Quatre thèmes ont fait l’objet d’exposés en ateliers durant les quatre jours du colloque : finalités et curriculums de formation ; Qualification et compétences ; Organisations sociales et organisations de formation ; Description de pratiques et organisations de formation. De ces débats, il est ressorti que les éducations générales ne pouvaient pas faire l’économie d’un ancrage fort sur des débouchés dans des formations professionnelles organisées et structurées qui sont les seules susceptibles de promouvoir l’accès à des emplois qualifiés.

Le deuxième colloque d’Hammamet en Tunisie s’inscrivait dans une logique de continuité car peut-on parler de développement durable sans discuter de la question de la lutte contre la pauvreté ? Trois questions de fond ont été posées : A quoi sert l’école ? A quoi servent les savoirs scolaires que l’on enseigne ? Pouvons-nous penser que nos systèmes scolaires produisent du progrès social, du développement, de l’amélioration de la condition humaine ? Les débats se sont organisés autour de 4 thèmes : Acculturation technologique et promotion de l’égalité des chances ; Quelle formation professionnelle pour accompagner le passage d’une activité de subsistance à la petite entreprise ; Quelle relation formation emploi pour une solution éducative et d’insertion ? Organisations scolaires et compétences professionnelles. De ces débats, il est ressorti, que le lien entre éducation et formation dans une perspective de lutte contre la pauvreté, devait être pensé dans une articulation mais également dans une logique de continuité entre l’enseignement primaire fondé sur l’éducation pour tous vers une formation professionnelle pour chacun. Car pouvoir vivre des revenus de son travail est une aspiration légitime pour chacune et chacun. Exercer un métier reconnu, valorisé socialement et rémunérateur est une condition pour sortir de la misère.

Mais comment organiser ce lien sans questionner le concept de l’égalité des chances, c’est ce que nous avons fait trois ans plus tard à Mbour (Sénégal). Il s’agissait plus précisément de cerner le rôle de l’éducation et de la formation pour penser l’égalité de chacun à accéder à la formation professionnelle de son choix, mais aussi l’égalité pour chaque enfant de pouvoir bénéficier des mêmes conditions d’études. Quatre thèmes ont été abordés : Égalités des chances et société ; Éducation technologique et développement de l’égalité des chances des départs ; Formation professionnelle et développement de l’égalité des chances d’insertion sociale, ; Les chances d’accès aux métiers de l’économie réelle développées par les Education Formation TP pour chaque formé.  De ces débats, il est ressorti, que les processus de sélection, les modes d’organisation des situations scolaires, les compétences des enseignants, mais aussi les moyens et les ressources mis à leurs dispositions sont autant de facteurs de discrimination pouvant conduire à des inégalités de traitement et à des inégalités d’opportunité. En ce cas, développer l’éducation pour permettre à chaque enfant, quel que soit son sexe, son origine sociale, ethnique ou culturelle, d’accéder à l’école, puis à chacune et chacun d’accéder à une qualification professionnelle, suppose de construire des bâtiments, de les équiper mais surtout d’y affecter des enseignants compétents, formés pour exercer ce métier complexe.

Le quatrième colloque qui s’est déroulé à Marrakech (Maroc) a donc été l’occasion de confronter les points de vue en matière de formation des enseignants dans les disciplines scientifiques, technologiques et professionnelle, que ce soit au niveau de l’école de base dans le cadre de l’éducation pour tous ou dans celui de l’éducation et la formation technologique et professionnelle.

Trois thèmes ont été abordés : Les méthodes d’enseignement et leur efficacité en matière d’apprentissage, pratiques enseignantes et organisations scolaires ; Modélisation, simulations, virtualisation impact des situations didactiques sur les apprentissages, tâches scolaires et activités des élèves ; La formation professionnelle des enseignants d’éducation scientifique, technologique et professionnelle. Des débats il a été relevé que la construction d’une professionnalité enseignante ne pouvait pas se réduire à une simple transmission des connaissances académiques dans le ou les domaines disciplinaires concernés, mais comme toute formation professionnelle elle suppose d’articuler enseignements des connaissances (incluant les connaissances académiques mais aussi, tout aussi académiques, qui permettent de penser les postures professionnelles) et mise en pratique pour la construction des compétences pour être ce professionnel qui va exercer son métier, non pas en appliquant des normes ou des recettes plus ou moins éprouvées mais bien en concevant des dispositifs adaptés pour ses élèves. C’est tout l’enjeu de la construction d’une formation professionnelle pour les enseignants. C’est aussi une évolution importante qui rompt avec une tradition et qui suppose la mise en place de nouvelles organisations dans les institutions de formation car enseigner est un métier qui s’apprend.

Ce cinquième colloque s’inscrit dans une logique de continuité car comment envisager la formation professionnelle des enseignants sans porter notre attention sur l’innovation dans l’enseignement, l’éducation et la formation pour soutenir le développement de nos sociétés et accompagner leurs évolutions. De manière simultanée, nous voyons, d’une part, se développer et se banaliser de nombreux outils qui facilitent et révolutionnent les modes d’accès à la connaissance et donc au développement des capacités et des compétences de chacune et de chacun, et, d’autre part, nous mesurons de mieux en mieux l’accroissement des écarts sociaux, culturels et économiques qui engendrent plus de ségrégation, d’exclusion et de paupérisation. Au cœur de ces défis d’éducation pour tous et de la formation professionnelle de chacune et de chacun, ce colloque ambitionne de questionner le rôle de l’innovation pour penser ce futur qui ne doit pas manquer d’avenir. Les communications proposées devraient nous permettre d’interroger les processus d’innovation et cela à trois niveaux de questionnements : le niveau méso qui vise à interroger les dynamiques institutionnelles et les politiques éducatives ; le niveau macro celui des organisations scolaires et/ou de formation et le niveau micro les dispositifs et les méthodes pédagogiques et/ou didactiques. Dans tous les cas, ce sont les questions de l’efficacité et de l’adaptation des solutions aux contextes locaux qui seront au cœur de ces débats, dans une perspective d’adéquation des activités de formation, de recherche et de développement aux besoins des collectivités et des sociétés, aujourd’hui et demain. Ce cinquième colloque sera donc l’occasion de confronter les points de vue en matière de formation et de professionnalisation des enseignants et des formateurs d’enseignants dans les disciplines scientifiques, technologiques et professionnelles, qu’il s’agisse de regarder cette question au niveau de l’école de base dans le cadre de l’Éducation Pour Tous (EPT), dans celui de l’Éducation et la Formation Technologique et Professionnelle (EFTP) ou dans celui de la pédagogie universitaire.

Distingués invités, pour conclure mon propos, je tiens à remercier :

Le professeur Jacques Ginestié et le Dr. Jean Sylvain Bekale Nze, bien qu’absents aujourd’hui, ont rendu possible l’existence du RAIFFET et qui sont la raison de ma présence ici devant vous ;

Le comité local d’organisation, pour le travail accompli et la qualité de l’accueil réservé aux différentes délégations. Je vous remercie de votre attention.

Mme Hélène Cheneval-Armand

Présidente du comité scientifique du RAIFFET

EA 4671 ADEF – FED 4238 SFERE Provence Aix-Marseille Université, Marseille (France)

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