PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION DU PROFIL DES ENSEIGNANTS DU TERTIAIRE DANS LE CONTEXTE DES TRANSFORMATIONS DU SYSTÈME ÉDUCATIF GABONAIS – RUTH KOMANDA PERSPECTIVE OF PROFILE EVOLUTION FOR THE TEACHERS OF THE TERTIARY SECTOR

PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION DU PROFIL DES ENSEIGNANTS DU TERTIAIRE DANS LE CONTEXTE DES TRANSFORMATIONS DU SYSTÈME ÉDUCATIF GABONAI RUTH KOMANDA LIBREVILLE2005

PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION DU PROFIL DES ENSEIGNANTS DU TERTIAIRE DANS LE CONTEXTE DES TRANSFORMATIONS DU SYSTÈME ÉDUCATIF GABONAI RUTH KOMANDA LIBREVILLE2005

PERSPECTIVE OF PROFILE EVOLUTION FOR THE TEACHERS OF THE TERTIARY SECTOR

RUTH KOMANDA Enseignante – École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique – Libreville, Gabon

SUMMARY

The training of the teachers of the services industry at the ENSET is a long process, which aims at training professional competencies in teaching by the deepening of knowledge into didactic of the disciplines. That process joins in the course of the group of strategies of development of the ENSET; it results from educational actions in the perspective making the school become a pit of excellence inside the educational system. We will examine, in this communication, the problems related to the prospective evolution of the tertiary sector teachers’ profile, within the context of the alterations of the Gabonese educational system. We will interrogate successively the general framework, the context of the existing and the short, average and long terms possible changes.

L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET SES MISSIONS

Rappelons que la politique en matière de formation professionnelle a connu des évolutions profondes depuis plusieurs décennies. Ces évolutions importantes ont été réalisées grâce à une forte implication du gouvernement à travers les départements de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, que ce soit dans le soutien aux grands projets transdisciplinaires ou dans l’identification d’une partie consacrée aux nouvelles technologies ou même dans le soutien technique lié aux ressources humaines et à l’équipement. Celles-ci se sont traduites par l’introduction effective des sciences et technologies du tertiaire dans le second degré technique et dans les différents établissements de l’enseignement supérieur. C’est dans ce contexte que l’ENSET est retenue pour répondre à ces préoccupations de premier ordre, par la formation des enseignants. D’une manière générale, l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET) a quatre missions principales : la formation initiale des enseignants des établissements techniques et professionnels, la formation continue et le perfectionnement des enseignants techniques et professionnels en activité, l’appui au développement et la recherche technologique et pédagogique.

En ce qui concerne les aspects liés aux deux premières missions, l’ENSET collabore étroitement  aussi bien avec le Ministère de l’Éducation Nationale, employeur des diplômés, qu’avec les établissements du second degré technique, lieux d’affectation de ces lauréats. L’ENSET collabore également avec les opérateurs économiques. Cette relation permet une compatibilité entre les besoins de recrutement et les prévisions de sortie de l’ENSET. Il faut noter que cette relation est née de la volonté de l’État de mettre en place une politique de gestion des diplômés. Cette approche garantie la qualité de l’alternance formative et contribue à la préparation de nos enseignants au métier réel dans toutes ses dimensions : didactiques des disciplines, formation pédagogique, implication dans les nouveaux dispositifs pédagogiques c’est-à-dire les modules et la participation à la vie de l’établissement. La qualité de la formation dispensée est donc tout à fait liée à celle des relations avec les établissements d’enseignement secondaire et plus particulièrement des établissements d’enseignement technique et professionnel.

ÉTABLISSEMENT D’UN ÉTAT DES LIEUX

Quant aux champs d’application territorial des collèges, lycées techniques et professionnels, nous sommes obligés de dire que leur implantation n’a été que parcellaire, alors que celle des établissements d’enseignement du second degré général s’est faite sur toute l’étendue du territoire. Mais peut-on penser que la présence des enseignements des STT a souffert d’un réel manque d’attention ? D’un réel déficit ? A priori, au sortir de l’indépendance, l’implantation des collèges et lycées d’enseignement général s’est faite sur toute l’étendue du territoire. Alors que celle de l’enseignement technique et professionnel plus précisément des sciences et technologies du tertiaire ne s’est faite que dans certaines localités notamment Libreville, Port-Gentil et Franceville, qui constituaient les principaux pôles de développement industriels du pays. Dans les années soixante dix, la politique gouvernementale a consisté à rapprocher l’école des populations. Cette politique s’est traduite par la construction et l’équipement des établissements, la diversification de l’enseignement dit général technique et technologique. Quant à pourvoir ces établissements des ressources humaines nécessaires à leur fonctionnement, le recours aux compétences extérieures a été indispensable dès lors que le déficit était avéré. Il convient de rappeler que le niveau de rapprochement école/population n’a pas été le même dans l’enseignement technique et technologique. Pendant cette période de référence, dans chaque chef lieu de département, il y avait au moins un collège d’enseignement général. Alors que l’enseignement technique et technologique était presque inexistant. Cette représentation a eu une conséquence directe sur le taux de recrutement des enseignants. Ainsi, il y a plus d’enseignants pour l’enseignement général que pour l’enseignement technique et technologique. Cette situation s’est traduite par :

  • le recrutement massif des enseignants venant de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Togo, Guinée, Sénégal, Mali, etc.) outre la présence de quelques enseignants français au titre de la coopération technique,
  • le recrutement des nationaux sur la simple présentation des diplômes universitaires (DUT, BTS, Licence, Maîtrise de gestion, etc.), en lieu et place des diplômes d’Écoles Normales justifiant d’une qualification professionnelle dans l’enseignement.
  • l’absence d’Écoles d’application du cycle de formation des formateurs dans les domaines de l’enseignement
  • l’absence d’un plan de carrière, qui ne suscite pas de vocation dans les métiers d’enseignants et personnel d’encadrement.

Cette situation a entraîné les conséquences suivantes :

  • la première conséquence serait liée à l’adéquation entre les objectifs fixés au départ et les résultats attendus ;
  • la deuxième quant à elle, a occasionné la prolifération des établissements privés au profil douteux dispensant des enseignements du
  • la troisième conséquence serait liée au dysfonctionnement dans la présentation des programmes d’enseignement. Cela a accentué le déficit d’actualisation des référentiels pour la préparation aux différents examens techniques et technologiques du secteur tertiaire (CAP – BEP –Baccalauréat Technologique – BTS – DTS …).
  • et enfin, la quatrième conséquence serait liée au déficit du rapprochement entre les concepteurs de la politique, les acteurs de ces formations et les opérateurs économiques.

Aujourd’hui, les enseignements des sciences et technologies du tertiaire ont prouvé leur importance. Ils sont pourtant à la base d’une part, du fonctionnement, de l’organisation et de la gestion du travail au bureau et d’autre part, le grenier de la main d’œuvre qualifié mise à la disposition des opérateurs économiques. Malgré cette réalité, ces enseignements se trouvent relégués dans la catégorie des enseignements de second plan.

POUR UNE DÉMARCHE SPÉCIFIQUE

Les dysfonctionnements constatés entre la formation dispensée dans les établissements, la non- conformité des référentiels se rapportant à la préparation des examens, le manque de maîtrise du nombre d’enseignants dans les spécialités du tertiaire ont conduit, l’État à une prise de conscience  par rapport aux exigences à la fois exogène et endogène, et, à une réflexion sur l’insertion d’un cycle de formation des enseignements du tertiaire. Au regard de ce discours, comment appréhender les perspectives d’évolution du profil des enseignants des filières du tertiaire sans s’interroger sur certains critères ?

  • Est-il possible de parler de perspectives d’évolution sans intégrer les aspects liés à la didactique ?
  • Est-il possible de parler de perspectives d’évolution sans tenir compte de l’apport des organismes employeurs notamment le Ministère de l’Éducation Nationale et les opérateurs économiques ?
  • Pourrait-on également parler de perspectives d’évolution en occultant le phénomène de synergie qui découlerait de la combinaison ENSET/Éducation National/Opérateurs Économiques ?

Les recommandations des instances internationales31 (UNESCO, PNUD, FRANCOPHONIE, RAIFET etc.) sont orientées vers une formation performante dans le sens de l’harmonisation des formations, ainsi que l’uniformisation pour une intégration dans les nouveaux systèmes modulaires du type LMD. La CEEMAC quant à elle venait de renforcer cette idée en signant un traité avec les universités du Nord sur la base du système LMD pour les aspects liés à la recherche dans les universités et dans les grandes Écoles d’application32. Avant de partager avec vous les esquisses de réponses à ces questions, permettez-moi de rappeler qu’aujourd’hui un cycle de formation dans le domaine du tertiaire est mis en place à l’ENSET depuis octobre 2003, au vu des missions qui lui sont assignées. Avec l’ouverture de ce cycle de formation, l’objectif général du département en charge porte sur une formation complète des enseignants dans les domaines comptabilité gestion, techniques administratives de communications et action commerciale. Quant aux perspectives liées au tableau synoptique de la zone de prédilection de la formation des formateurs des filières du tertiaire, une approche structurelle impose que l’État à travers l’éducation nationale, axe ses efforts sur plusieurs plans : le plan structurel, le plan didactique, le plan organisationnel. Sur le plan structurel, deux aspects sont à relever : La structure de formation et le potentiel des ressources humaines.

En ce qui concerne la structure de formation, l’ENSET a introduit l’enseignement des STT avec l’ouverture dans un premier temps de la filière des TAC. Cette formation prévoit environs une dizaine d’enseignants tous les deux ans. Dans les prochains jours, les filières de comptabilité gestion et action commerciale pourraient être opérationnelles. La conséquence de ce programme vise la réduction du déficit en enseignants des STT. Sur le plan didactique, il faut envisager une refonte des référentiels, des programmes accompagnés de leur actualisation. L’illustration en est aujourd’hui que dans nos lycées, on trouve encore des enseignements de dactylographie à base des machines mécaniques de type Olympia, alors que nous sommes à l’ère de l’ordinateur avec ses multiples applications. Sur le plan organisationnel, la solution devrait tendre vers des classes à effectifs réduits (quarante au maximum). Le discours général tend à faire croire à une harmonisation des enseignements entre le système français et le notre. A priori, les perspectives d’évolution du profil des enseignants du tertiaire serait à améliorer. Ces perspectives ne seraient-elle pas conditionnées par l’effet de synergie de la tutelle en tant qu’employeur, de l’ENSET en tant que formateur et des opérateurs économiques également employeur? Si cette hypothèse est retenue, comment la synergie est-elle possible ? Elle est possible par la prise en compte des référentiels, de leur réactualisation et de leur adaptation au contexte du système éducatif. En effet, nos situations d’apprentissages ne sont pas identiques à  celles de la France. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que l’évolution ailleurs est systémique dès lors qu’elle prend en compte tous les éléments qui l’entourent.

CONCLUSION

Ainsi, comme nous l’avons vu dans notre présentation en amont, le pouvoir des cadres enseignants de haut niveau au plan professionnel reste un enjeu majeur à placer au centre des priorités. Ce d’autant plus que la nouvelle donne, que constitue d’abord la globalisation et ensuite  la mondialisation, exige de la part des États engagés dans le processus de compétition internationale de réunir tous les atouts en matière de ressources humaines compétentes capables de relever les défis y relatifs. Notre ambition est désormais de hisser le niveau des exigences des filières du tertiaire pour la qualité de l’enseignement technologique et professionnel. Ce sera une meilleure manière d’affirmer les valeurs des enseignements des sciences et technologies du tertiaire.

31 Revue des programmes de l’Unesco 2004/2005

32 la CEEMAC au sommet de Brazzaville, journal l’Union du février 16 février 2005

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