Summary
In many countries, the access for a minimum of education is not guaranteed to all. Concerning the children suffering from handicaps, basic school acquisition supposes capable structures to accommodate them, especially trained teachers and material available to the accessible format. All these preconditions are not joined together in the majority of the African countries. The handicapped children enlarge the batch of the illiterates then. Become adult, they will constitute the fringe of the population most struck by poverty. To return the person handicapped economically autonomous, and actor of its country as a producer and a full citizen, passes by the acquisition of the knowledge and the practicing-knowledge. In Cameroon, structures of school try to combine formal education and professional training, from the point of view of socio- professional insertion, and on the basis of fight against the poverty of this population. This communication aims to give an account of the experiment of a structure of formation of young people to Yaoundé: the circle of the young rehabilitated blind men of Cameroun (CJARC) for the visual handicapped people.
Introduction
Dans la plupart des pays et notamment ceux du Sud, l’accès à un minimum d’éducation n’est pas garanti à tous ; c’est le cas par exemple des filles, des enfants en situation de conflit ou d’urgence et des enfants en situation de handicap. Concernant cette dernière catégorie, l’acquisition des connaissances scolaires basiques suppose l’existence de structures susceptibles de les accueillir, des enseignants formés pour les enseigner et le matériel didactique disponible et en format accessible. Tous ces préalables ne sont pas réunis dans la plupart des pays africains de sorte que les enfants porteurs de handicaps grossissent le lot des analphabètes et rendus adultes, constituent la franche de la population la plus frappée par la pauvreté. Ceci étant, le souci de lutte contre la pauvreté doit prendre en compte toutes les composantes sociales afin de rendre la personne en situation de handicap économiquement autonome et acteur du développement durable de son pays en tant que citoyen à part entière, ce qui passe par l’acquisition des savoirs et des savoirs faire. Au Cameroun, des structures d’encadrement scolaire des enfants handicapés, pour la plupart privées, essaient autant que faire se peut d’allier éducation formelle et formation professionnelle, dans une perspective d’insertion socioprofessionnelle et donc de lutte contre la pauvreté dans cette population.
Cette communication a pour objectif de rendre compte de l’expérience d’une structure d’encadrement de jeunes handicapés à Yaoundé dans la province du centre du Cameroun : le cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (CJARC) pour les handicapés visuels. Après avoir défini les concepts, je présenterai le lien qui existe entre handicap et pauvreté d’une part, et entre éducation et réduction de la pauvreté d’autre part. Ensuite, après une sommaire évocation du système éducatif camerounais, je montrerai la difficulté à résoudre le problème de pauvreté parmi les personnes handicapées par le biais de l’éducation formelle dans ce contexte et l’adoption de l’alphabétisation fonctionnelle comme solution alternative dans ses différentes composantes et ses effets multiplicateurs.
Définition des concepts
Handicap : selon le dictionnaire de médecine, le handicap est défini comme un désavantage résultant d’une déficience ou d’une incapacité qui gène ou limite le sujet dans l’accomplissement de son rôle social. Ce concept a connu une évolution, passant de la description de la personne par un seul de ses aspects (infirme, morbide, paralysé, personne à mobilité réduite…) à une description englobant les causes, les atteintes corporelles, les incapacités et les conséquences sociales du handicap. Le handicap est donc désormais analysé suivant quatre plans (Woods, 1990) : (i) la déficience (absence ou altération d’une structure ou fonction psychologique, physiologique ou anatomique), (ii) l’incapacité (réduction de la capacité d’accomplir une activité dite normale d’une façon ou dans les limites considérées comme normales), (iii) le désavantage (limitation des rôles sociaux dits normaux) et (iv) les conséquences de la déficience ou de l’incapacité sur les conditions d’insertion sociale, scolaire et professionnelle et suivant chacun de ces plans des réponses ciblées sont apportées (médicale, rééducative et sociale). Cet apport conceptuel a servi de base à la réalisation de la classification internationale des handicaps (CITH) en 1980 et inscrit le handicap comme étant en rapport avec la société ; société qui produit des barrières empêchant l’intégration d’où l’appellation plus courante de personnes en situation de handicap que de personnes handicapées.
Pauvreté : selon le comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies la pauvreté est l’insuffisance des ressources matérielles (manque d’argent) et des conditions de vie ne permettant pas à des êtres humains de vivre dignement selon les droits légitimes vitaux de la personne humaine et les condamnant aux difficultés de la survie au jour le jour ; c’est un phénomène multidimensionnel qui résulte des conditions de départ défavorables (mauvais accès à l’éducation, à la formation, santé déficiente…), nous nous intéresserons dans le cadre de cette communication à la pauvreté au sens économique et social qui désigne le manque ou la mauvaise qualité des ressources vécu par des personnes ou groupes de personnes.
Développement durable : la commission mondiale sur l’environnement et le développement (1987) le définit comme le développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre les capacités des générations futures de répondre aux leurs. Le développement durable vise à apporter des solutions économiquement viables aux problèmes environnementaux et sociaux que connaît la planète entre autres, les besoins essentiels des plus démunis auxquels il convient d’accorder la plus grande priorité. Cette notion est appréhendée sous deux approches : une approche systémique agir local, penser global (René Dubos, 1972) et une approche analytique (modèles analytiques) qui prend en compte les enjeux environnementaux et sociaux (substitution du capital naturel amputé par le capital immatériel – de connaissances).
Alphabétisation : c’est un cycle d’apprentissage continu conduisant l’analphabète (personne qui ne sait ni lire ni écrire) à l’acquisition de la lecture, l’écriture et le calcul ; d’une manière générale, la culture écrite dans le but d’acquérir une certaine autonomie afin de prendre place dans la société de la culture écrite. C’est l’alphabétisation de masse ou traditionnelle, elle concerne tout public (enfant et adulte) et est différente de l’illettrisme qui concerne les personnes qui ont été capables de lire et d’écrire mais qui ne le sont plus du fait d’un parcours psychosocial compliqué ou très éloigné de la culture écrite. A côté de ce concept, on retrouve celui d’alphabétisation fonctionnelle, qui fait partie intégrante du processus de développement socio-économique en ce sens qu’en plus de la transmission des connaissances minimales, les apprenants acquièrent des connaissances techniques ou professionnelles adaptées à leur travail et aux besoins du développement économique et social. L’alphabétisation fonctionnelle est sélective, elle s’adresse surtout aux illettrés, elle a un souci de résultats et de rendement et elle s’inscrit dans une stratégie de développement. L’égalité des chances : dans le domaine éducatif, l’égalité des chances consiste à veiller à ce que la situation personnelle et sociale d’un individu (sexe, handicap, statut socio- économique…) ne soit pas un obstacle à la réalisation de son potentiel éducatif.
Lien entre handicap et pauvreté
Les statistiques des Nations Unies estiment à 20% la proportion de la population mondiale constituée de pauvres, près de six cent millions le nombre de personnes en situation de handicap dont 70% vivent dans les pays en développement ; 23 000 000 sont en Afrique ; 82% de personnes handicapées vivent en dessous du seuil d’extrême pauvreté. 1 à 2% d’enfants de ce groupe ont accès à l’éducation dans les pays pauvres ; les femmes et les filles sont non scolarisées et souffrent d’un double handicap (Jonsson et al. 2001). Des études ont établi un lien étroit et fort entre handicap, pauvreté et exclusion sociale (Poizat, 2007). Selon elles, le handicap est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté. Tous deux contribuent à la vulnérabilité et à l’exclusion grandissante des personnes handicapées. Le handicap augmente le risque de pauvreté et de dépendance ; mais la pauvreté est aussi un facteur important de la prévalence du handicap en ce sens que les conditions sanitaires défaillantes, les risques d’accidents élevés du fait des conditions d’habitat et de travail précaires et dangereuses augmentent la prévalence du handicap. La pauvreté accrue des personnes en situation de handicap risque d’entraîner une forte demande d’aide et de protection sociale. Consciente de cet état de choses et s’inspirant de la théorie du capital humain, la Banque Mondiale, en accord avec les recommandations des institutions internationales relatives au handicap a élargi son action au domaine du handicap sur des projets inclusifs dans les domaines de la formation professionnelle et de l’éducation dans certains pays d’Afrique comme le Tchad entre autres.
Lien entre éducation et réduction de la pauvreté
Selon les statistiques de la Banque Mondiale, près de la moitié de la population mondiale vit avec moins de 2 dollars par jour et 1 cinquième en dessous du seuil de l’extrême pauvreté (Banque Mondiale, 2005) dont 47% issue des pays d’Afrique subsaharienne. L’accroissement de la pauvreté à travers le monde est une réalité qui interpelle toute la communauté. De nombreuses théories expliquent les rapports entre l’éducation, l’emploi et les revenus (hypothèse de la présélection, modèles de concurrence professionnelle, théorie de segmentation du marché du travail, théorie du capital humain entre autres). Chacune d’elles étudie la question sous un angle particulier. Selon la théorie du capital humain, l’éducation améliore les capacités productives des individus et conduit à l’augmentation de leur productivité et donc de la richesse. La reconnaissance de l’apport de l’éducation comme facteur contribuant au développement économique des pays à travers la formation des individus justifie que les dépenses d’éducation soient traitées comme des investissements. Les recherches en sciences sociales ont montré qu’il existe une association positive entre éducation et croissance économique. Selon ces recherches, la prospérité des nations dépend dans une large mesure de leur capital humain ; les dépenses consacrées à l’éducation constituent un investissement dont le rendement est parfois plus élevé que celui du capital physique, ce qui expliquerait les différences de niveau de développement entre pays à économie comparable ou similaire.
Au-delà de sa contribution à la prospérité des nations, l’éducation est essentielle à l’épanouissement des individus et contribue à la transmission des avantages économiques entre les générations et à la stratification sociale ; mais elle est aussi le levier politique à utiliser pour accélérer la mobilité des revenus entre les générations. Les niveaux de revenu à l’intérieur des pays aussi bien que la différence de niveau de revenu entre les individus s’expliqueraient également par la différence de niveau de formation. En favorisant la mobilité sociale, l’éducation grâce au rôle de passerelle qu’elle joue, pourrait aider à réduire les inégalités sociales et à lutter contre la pauvreté ; l’égalité des chances en éducation permettrait aussi d’offrir à tous les mêmes possibilités de s’épanouir. D’après la théorie du capital humain, l’éducation serait un instrument efficace permettant de s’attaquer à certaines causes majeures de la pauvreté. La théorie du capital humain a constitué une base théorique aux fondations de l’engagement international en vue de réaliser l’Éducation pour tous. Depuis 1990 et malgré les difficultés économiques traversées par la plupart des pays en développement, des progrès ont été enregistrés sur le plan de la scolarisation ; cependant, on note que près de 7 millions (World vision, 2007) d’enfants en âge de fréquenter l’école ne participent pas au système scolaire à travers le monde, bien que le droit à l’éducation soit reconnu à toute personne. La majorité des enfants qui ne participent pas au système scolaire se retrouvent dans les pays en développement d’Afrique subsaharienne d’une part ; les efforts de scolarisation sont axés sur l’éducation formelle et ne prennent pas du tout ou pas suffisamment en compte les besoins spécifiques de certains groupes ayant des caractéristiques particulières d’autre part. Au moment où la communauté internationale est focalisée sur la réduction de la pauvreté et la satisfaction des besoins des groupes exclus et défavorisés dans le cadre de la réalisation des Objectifs de Développement pour le Millénaire (ODM), des axes en vue de permettre à ces groupes d’aller à l’école ou de recevoir une formation susceptible de leur offrir des connaissances mais aussi des compétences seraient des stratégies de réduction de la pauvreté au sein de ces groupes.
Difficultés à réduire la pauvreté parmi les personnes handicapées par le biais de l’éducation formelle
Malgré l’engagement pris par la communauté internationale en faveur de l’éducation pour tous, l’accès, la participation au système scolaire et la formation des enfants en situation de handicap ne sont pas encore une réalité dans nombre de pays notamment dans les pays en développement ; le système scolaire ordinaire ne pouvant pas scolariser des enfants porteurs de certains handicaps. A peine 2% d’enfants handicapés sont scolarisés dans le monde et encore moins dans les pays en développement. Les difficultés relatives à la prise en charge scolaire des enfants en situation de handicap sont dues à l’absence de structures d’encadrement, de politiques éducatives et de moyens matériels et humains pour rendre l’éducation inclusive. Penser à lutter contre la pauvreté par le biais de l’éducation formelle dans ces contextes est difficile ; raison pour laquelle des initiatives allant dans le sens de l’éducation au sens large se développent dans le but de prendre en compte les besoins des groupes exclus du système ; ces initiatives pour la plupart privées, sont l’apanage des ONG et sont centrées sur des objectifs précis : éducation, alphabétisation, formation et insertion professionnelles ou accompagnement social. Ces initiatives entreprises avec le soutien financier et l’appui technique de certains partenaires ont connu des succès dans certains pays d’Afrique, c’est le cas des projets alpha oméga au Tchad, Burkina Faso ou le projet EQJA au Sénégal.
Programme d’alphabétisation : cas du cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun
Contexte
Le Cameroun est un pays d’Afrique Centrale situé au fond du Golfe de Guinée, il couvre une superficie de 475 000km2 pour une population d’environ 17 millions d’habitants. Son climat est varié, 2 saisons prédominent : une saison sèche et une saison de pluie. Son économie est basée sur les produits du sol et du sous sol. Il a adopté un document de stratégie de réduction de la pauvreté en 2003 et a été admis à l’initiative pays pauvres très endettés en 2006 ; le taux de chômage est estimé à 17%, les jeunes de moins de 25 ans sont les plus frappés ; la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est de 51%, 45% de sa population vit en zone rurale ; son PIB est de 2299 USD ; le français et l’anglais sont les deux langues officielles à côté de près de 250 dialectes parlés par environ 200 ethnies ; la stratégie du secteur de l’éducation a été élaborée en 2006 dans la perspective de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement et ceux de l’EPT bien qu’elle ne fasse pas clairement ressortir la scolarisation des groupes à besoins éducatifs spéciaux comme étant une priorité (World vision, 2007). Quatre ministères se partagent la tutelle du système éducatif (éducation de base, enseignement secondaire, emploi et formation professionnelle et enseignement supérieur). L’effort financier de l’État représente 8,6% du budget national. Le taux de scolarisation est de 109% marqué par de nombreuses disparités, le taux d’inscription en primaire est de 79% ; le taux d’alphabétisation est de 69,4% pour les jeunes et 67,9% pour les plus de 15 ans (ISU, 2007). Le système est confronté au phénomène de redoublement et d’abandon élevés. L’intervention du secteur privé est importante dans la gestion du système notamment pour ce qui est de l’offre éducative destinée aux enfants handicapés. C’est dans ce contexte qu’évolue le cercle de jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (CJARC), une structure créée en 1990 par des non-voyants et qui vise à promouvoir l’autonomie de la personne handicapée de la vue par le biais de l’éducation, la formation professionnelle et le sport. Cette structure a trois déclinaisons : une association des aveugles qui a pour buts l’entraide et la solidarité entre autres, une école primaire intégrée qui reçoit les enfants normaux et malvoyants et un projet d’alphabétisation dans le cadre duquel sont formés 10 malvoyants par province. Le but final est de permettre aux enfants malvoyants d’être scolarisés, à ceux qui sont non scolarisés ou déscolarisés et aux adultes analphabètes ou illettrés d’acquérir des connaissances de base en calcul, lecture et écriture braille en vue d’accroître leurs performances dans la pratique des activités quotidiennes ; il s’agit d’offrir la chance à certains d’accéder éventuellement au système scolaire formel mais aussi de recevoir une formation professionnelle en vue d’exercer un métier générateur de revenu.
Après une enquête non formelle auprès des fédérations de personnes handicapées et des associations de personnes handicapées et de mon expérience au sein des organisations de personnes handicapées, il apparaît que beaucoup de personnes en situation de handicap vivent dans la misère et que très peu d’enfants handicapés du Cameroun ont accès à l’éducation. L’entretien avec les fondateurs du CJARC m’a permis de comprendre leur motivation : partager leur expérience avec leurs pairs tout en leur servant de modèles et offrir la possibilité à d’autres d’échapper à la mendicité. Un autre entretien avec les personnes formées ou en cours de formation a révélé leur envie de recevoir une formation, la quête d’une image de soi valorisante, l’acquisition d’une certaine autonomie entre autres.
A sa création, le CJARC initiait les non voyants membres de l’association à l’écriture braille en vue de leur intégration dans certains établissements scolaires ordinaires privés et de leur autonomie ; depuis 2003, les fondateurs ont ouvert une école intégrée qui scolarise des enfants non voyants et normaux. À la rentrée 2007/ 2008, cette école compte parmi ses effectifs 20 enfants non voyants contre 11 l’année précédente, tous niveaux confondus. Ces élèves sont encadrés par 15 personnels. En 2006, au regard de la demande et des résultats obtenus dans le cadre des activités de leur association, le CJARC monte le projet d’alphabétisation ; ce projet est destiné aux aveugles des dix provinces du pays et est initié afin de contribuer à la lutte contre l’analphabétisme et la pauvreté parmi les personnes handicapées de la vue du Cameroun ; il offre à la fois des programmes d’alphabétisation et des formations aux métiers. La cible est constituée par les jeunes et adultes totalement analphabètes ou illettrés. L’alphabétisation se fait en langues officielle et nationale ; les modules de formation sont orientés vers l’acquisition des savoirs basiques en éducation tels que la lecture, l’écriture braille et le calcul, des savoirs faire et des compétences en informatique, élevage et artisanat et vers un système de communication, d’orientation et de mobilité pour handicapés de la vue. Le programme de formation se trouve à cheval entre le programme officiel destiné aux élèves des écoles primaires et le programme professionnel conçu en interne en fonction des disponibilités en formateurs. La formation est dispensée par des aveugles ou des enseignants formés au sein du CJARC pour l’encadrement des malvoyants. Le projet emploie 34 personnes dont 2 formateurs et un responsable de la sensibilisation par province, 1 coordonateur, 1 comptable. Ce programme prévoit une possibilité de réintégrer le cursus formel pour ceux des participants au programme qui sont encore en âge d’être scolarisés et qui le souhaitent ou un appui à l’insertion dans la vie active pour les autres. La formation dans le cadre de ce programme dure 9 mois ; 150 non voyants en ont bénéficié au cours de l’année 2006/ 2007 avec l’appui financier du Ministère de la jeunesse dans le cadre des financements sur fonds PPTE ; parmi les personnes formées 60 d’entre elles ont été orientées vers l’école intégrée ou les collèges. Les 90 autres sont appelées à monter des unités de production avec la prime d’insertion qui leur est octroyée et à partager leur savoir faire avec d’autres personnes handicapées de leur localité.
Une évaluation des résultats des activités du CJARC permet de noter, d’après les informations fournies par ses promoteurs que plusieurs élèves formés dans ce cadre ont accédé au collège et deux à l’université ; une unité d’élevage du poulet est fonctionnelle à Yaoundé et toutes les personnes formées sont aptes à utiliser un ordinateur (maîtrise du logiciel JAWS). Le projet est appelé à s’étendre au niveau des départements. Les effets multiplicateurs du projet sont l’amélioration de l’accès à l’éducation des malvoyants, l’appropriation de l’outil informatique ; le partage des savoirs faire à travers la formation des autres, l’établissement du réseau des producteurs, l’amélioration des techniques, le développement des points de production et à terme l’extension des activités dans tout le pays, et la réduction de la pauvreté parmi ces personnes.
Conclusion
Le lien entre handicap et pauvreté permet de se rendre compte que c’est un cercle vicieux auquel il faut rechercher les solutions. Parmi les tentatives de solutions existe l’éducation inclusive qui consiste à offrir aux personnes handicapées la chance d’accéder aux savoirs, tant il est démontré que les bénéfices tirés de l’éducation sont ressentis aux plans individuel, social et économique ; l’éducation contribue à s’attaquer à certaines causes de la pauvreté. Cette solution comporte néanmoins des limites dans un contexte où les besoins éducatifs spécifiques à certains groupes sont ignorés ou méconnus. Des solutions alternatives sont envisagées ; c’est le cas du programme d’alphabétisation entreprise par le cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun. Cette alternative permet aux aveugles non seulement d’acquérir des savoirs, mais également des compétences en vue de leur autonomie et de leur insertion socio-économique ; elle permet également d’offrir une seconde chance aux enfants déscolarisés.
Bibliographie
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Dubos René, 1972. A God Within. Charles Scribner’s Sons, New York,
Jonsson et al. 2001. Education, poverty and disability in developing countries. Poverty reduction service book, June.
Paugam, Serge. 2005. Les formes élémentaires de la pauvreté. Paris : P.U.F. PNUD. 2007. Rapport mondial sur le développement humain. New York : PNUD. Poizat, D., L’Afrique, le pittoresque et le handicap, Reliance 2007/2, N°24, p.22-30.
Rwehera Mathias. 2004. Éducation, développement et pauvreté en Afrique subsaharienne. Genève, UNESCO.
Woods Peter, 1990. L’ethnographie de l’école. Paris, Armand Colin, World vision. 2007. Missing millions
Résumé
Dans beaucoup de pays, l’accès à un minimum d’éducation n’est pas garanti à tous. Concernant les enfants souffrant de handicaps, l’acquisition scolaire basique suppose des structures à même de les accueillir, des enseignants spécialement formés et du matériel disponible au format accessible. Tous ces préalables ne sont pas réunis dans la plupart des pays Africains. Les enfants handicapés grossissent alors le lot des analphabètes. Devenus adultes, ils constitueront la frange de la population la plus frappée par la pauvreté. Rendre la personne handicapée économiquement autonome, et acteur de son pays en tant que producteur et citoyen à part entière, passe par l’acquisition des savoirs et des savoirs faire. Au Cameroun, des structures d’encadrement scolaire essaient d’allier éducation formelle et formation professionnelle, dans une perspective d’insertion socioprofessionnelle et partant de lutte contre la pauvreté de cette population. Cette communication a pour objectif de rendre compte de l’expérience d’une structure d’encadrement de jeunes à Yaoundé : le cercle des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (CJARC) pour les handicapés visuels.
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