Vers un seuil de rentabilité des établissements de formation technique par François Boukangou

Vers un seuil de rentabilité des établissements de formation technique par François Boukangou

Vers un seuil de rentabilité des établissements de formation technique par François Boukangou

par François Boukangou Boukangou411@yahoo.fr

Longtemps considéré comme « parent pauvre de l’éducation », le secteur de l’enseignement technique et de la formation professionnelle au Gabon a bénéficié d’importants projets et réformes :

  • la réforme des cycles longs dans les lycées techniques à travers le projet FIQ ;
  • la réforme des cycles courts dans les anciens lycées professionnels à travers l’APC mise en place sur deux établissements du Gabon ;
  • le projet Éducation III Gabon BAD ;
  • le projet

Toutes ces réformes et projets s’y rapportant avaient pour objectif d’améliorer la qualité de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Nos attentes étaient d’avoir de meilleurs résultats aux examens et une sollicitation accrue d’opérateurs économiques vers nos récipiendaires.

Malheureusement, au regard de toutes ces réformes, on constate dans l’ensemble que les résultats scolaires sont mitigés. On peut noter une lenteur dans l’encadrement pédagogique et dans le renouvellement des programmes. C’est vrai aussi que le tissu économique est faible pour réaliser de véritables formations par alternance.

Nous pensons qu’il serait utile de mettre à côté du contrat pédagogique le seuil de rentabilité de chaque structure de formation.

Dans ce registre, les enseignants doivent se mobiliser comme une entreprise pour avoir des meilleurs résultats. En conséquence, la prime d’incitation à la carrière enseignante serait tributaire du dépassement de ce seuil de rentabilité.

Au Gabon, ce sont les chefs d’établissements et leurs adjoints qui sont souvent démis de leurs fonctions à la fin des examens lorsque les résultats ne dépassent pas 50 % de réussite.

Notre communication se propose de présenter succinctement quelques réformes de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, des résultats d’examens de quelques établissements et d’insister sur l’adhésion des enseignants à travailler au dépassement du seuil de rentabilité de la classe, de l’établissement.

Les réformes

La réforme des cycles longs dans les lycées techniques et le projet FIQ

Le projet Éducation formation emploi développement (EFED), réforme des cycles longs, a été présenté et adopté en conseil des ministres du 19 juin 1996. Cette réforme s’est articulée en 4 composantes : pilotage du système de formation, valorisation des ressources humaines, formation initiale et rédaction des programmes et fonctionnement des établissements.

Dans sa recherche de financement, le Gabon a obtenu I’appui FIQ (formation d’insertion etde qualification) de la Coopération française qui a consenti 400 millions de francs CFA pour soutenir la réforme et permettre son démarrage. Cet appui s’est également accompagné par une mise à disposition de 12 assistants techniques français et s’est traduit sous forme de projet complémentaire qui a pris en compte les composantes 1 et 2 du projet global. Cet appui aura permis de mettre en place l’AFC : association pour la formation continue créée à l’instar des GRETA en France. Comme acquis à la composante 2, l’AFC qui fonctionne depuis 1997 à ce jour,

il y a eu une meilleure appropriation du dispositif.

La réforme des cycles courts : l’organisation scolaire modulaire

Elle a été introduite en 1998 dans deux lycées professionnels pilotes : lycée Agathe Obendze de Franceville et Nyonda Makita de Mouila. L’évaluation a été réalisée dans ces deux établissements par un comité d’évaluateurs composé d’inspecteurs pédagogiques gabonais dans le cadre de l’évaluation des nouveaux programmes du brevet d’études professionnelles après quatre années de phase expérimentale. Les résultats obtenus sont très satisfaisants comparativement à ceux de l’ancien système de formation. En effet, la nouvelle approche donne des résultats de l’ordre de 640 admis sur une cohorte de 1000 élèves, contre 29 admis sur une cohorte de 1000 élèves dans l’ancien système.

Soit un taux de rendement respectif de 71 % contre 4,45 %.Ce projet n’a pas pu être généralisé, faute de ressources.

Le projet Éducation III/Gabon BAD

L’objectif spécifique est d’accroître la capacité d’accueil et d’améliorer la qualité de l’enseignement technique et professionnel.

Les résultats obtenus à ce jour :

  • 7 établissements réhabilités et d’extension, 1 établissement construit à Ntoum, 1 établissement en cours de
  • Manuels scolaires acquis pour l’ensemble des établissements, 12 cadres de la DETP et du ministère formés à l’étranger.
  • 5 séminaires de formation pour les cadres de la DETP et du ministère.
  • 10 conseillers pédagogiques de l’ETP, 7 inspecteurs pédagogiques de l’ETP formés.
  • 600 professeurs de sciences, 1000 moniteurs auxiliaires, 15 professeurs de l’ENS formés, 10 professeurs de l’ENSET formés, 7 séminaires de formation pour les chefs d’établissement et adjoints, 700 professeurs de l’ETP formés sur les modules pédagogiques, 100 professeurs formateurs en NTICE formés pour démultiplier la formation aux collègues, 25 gestionnaires des centres de documentation et d’information (CDI) formés.
  • 5 techniciens de maintenance formés à l’étranger (Liège, Belgique).
  • 7 cadres de la CEP formés à l’étranger.

Le projet AFOP

Organisation en collaboration avec l’Union européenne (UE) à travers le projet d’appui à la formation professionnelle (AFOP), la stratégie de ce projet réside dans la mise en œuvre des formations courtes et qualifiantes dans les métiers du BTP et du bois dans les 9 provinces en vue d’une insertion directe ou en auto-emploi.

Résultats aux examens

Résultats du DTS par filière, 2014

CENTRE Secteur IDF Filière Inscrits Absents Présents Admis % Total
 

NATIONAL

1  

SECONDAIRE  TERTIAIRE

A Assurance 40 40 7 17,50 %  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1664

2 ARLE 27 11 40,74 %
3 AC 149 39 26,17 %
4 ATSS 10 4 40,00 %
5 BA Banque Assurance 52 9 17,31 %
6 BF Banque Finance 48 48 6 12,50 %
7 CJ Carrière juridique 40 23 57,50 %
8 CI 33 5 15,15 %
9 CG Comptabilité Gestion 255 255 44 17,25 %
10 DA 21 10 47,62 %
11 DRI 5 5 100,00 %
12 GC 7 2 28,57 %
13 GE 29 22 75,86 %
14 GP 11 10 90,91 %
15 GRH 214 150 70,09 %
16 GTH 90 39 43,33 %
17 ICE 104 62 59,62 %
18 JCE 28 25 89,29 %
19 LT 68 33 48,53 %
20 QHSE Qualité Hygiène sécurité env. 105 93 88,57 %
21 SD 110 38 34,55 %
22 T 6 5 83,33 %
23 TD 155 58 37,42 %
1 CS Chaudronnerie 2 0 0,00 %
2 MI Maintenance industrielle 13 6 46,15 %
3 ME Réseaux et télécommunications 6 1 16,67 %
4 EI Électronique Informatique 14 4 28,57 %
5 GC Génie civil 20 8 40,00 %
6 MGP Mines Géologie Pétrole 2 0 0,00 %
TOTAL 1664 0 343 719 43,21 %
%
Secteur tertiaire 1607 43,56 %
Secteur secondaire 19 33,33 %
1626

Lycée technique de Ntoum Bilan des résultats scolaire

 

Cycle

 

Élèves classés

Classes

Moyenne           Réorientés                                             Exclus/ Moy.                                        Abandons  

Redoublants

 

Admis

 

Pas- sable

 

TH

G F Total Min Max Total % G F Total G F Total % G F Total %
 

 

Cycle professionnel

1re ABEP 1 35 31 66 8,94 4,74 12,42 1 1,52 1 1 2 22 15 37 56,06 11 15 26 39,39 22 4
1re ABEP2 40 25 65 8,63 4,43 12,01 4 6,15 4 1 5 23 13 36 55,38 10 10 20 30,77 19 1
1re ABEP3 33 26 59 8,16 2,45 12,5 5 8,47 3 3 6 19 12 31 52,54 9 8 17 28,81 15 2
2e ACG 23 9 32 9,64 5,56 12,8 0 0,00 1 1 2 11 3 14 43,75 11 5 16 50,00 14 2
2e ASB 18 27 45 9,19 5,8 12,2 1 2,22 0 0 0 14 16 30 66,67 4 11 15 33,33 14 1
3e ACG 36 14 50 9,64 6,89 12,1 1 2,00 0 0 0 22 6 28 56,00 13 8 21 42,00 20 1
3e ASB 6 34 40 10,02 3,4 12,9 0 0,00 0 0 0 2 10 12 30,00 4 24 28 70,00 27 1
4e ACG 11 18 29 0 0,00 1 1 2 3 11 14 48,28 8 7 15 51,72
4e ASB 11 33 44 0 0,00 1 3 4 5 10 15 34,09 6 23 29 65,91
Total cycle prof.  

213

 

217

 

430

 

12

 

2,79

 

11

 

10

 

21

 

121

 

96

 

217

 

50,47

 

76

 

111

 

187

 

43,49

 

131

 

12

 

 

Cycle technologique

2de STT1 27 28 55 9,04 2,55 12,6 0 0,00 0 6 6 13 13 26 47,27 14 9 23 41,82 21 2
2de STT2 32 21 53 8,41 3,44 11,9 1 1,89 2 0 2 20 16 36 67,92 9 5 14 26,42 14 0
2de STT3 36 18 54 9,14 4,25 12,1 4 7,41 2 0 2 14 11 25 46,30 16 7 23 42,59 20 3
1re ACA 12 20 32 10,45 6,76 12,1 0 0,00 0 1 1 4 0 4 12,50 8 19 27 84,38 25 2
1re ACC 27 9 36 8,89 4,77 11,9 0 0,00 1 0 1 21 6 27 75,00 5 3 8 22,22 8 0
1re CG 33 6 39 9,16 4,27 12,3 0 0,00 3 0 3 18 3 21 53,85 12 3 15 38,46 13 2
Tle ACA 6 19 25 0 0,00 0 0 0 0 0 0 0,00 5 18 23 92,00
Tle ACC 13 5 18 0 0,00 0 0 0 1 1 2 11,11 12 4 16 88,89
Tle CG 10 2 12 0 0,00 0 0 0 1 1 2 16,67 9 1 10 83,33
Total cycle techno  

196

 

128

 

324

 

5

 

1,54

 

8

 

7

 

15

 

92

 

51

 

143

 

44,14

 

90

 

69

 

159

 

49,07

 

101

 

9

Total établissement  

409

 

345

 

754

 

17

 

2,25

 

19

 

17

 

36

 

213

 

147

 

360

 

47,75

 

166

 

180

 

346

 

45,89

 

232

 

21

% admis 2011/2012 49,08

Résultats aux examens

 

Statistiques des résultats au brevet d’études professionnelles du tertiaire (BEPT) des dix dernières années

 

Année 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Candidats 43 65 120 166 80 65 69 99 83 73
Admis 9 10 42 19 32 28 32 39 13 44 27
% réussite 20,93 15,38 35,00 11,45 40,00 43,08 46,38 39,39 15,66 60,27

Statistiques des résultats au brevet d’études professionnelles du tertiaire (BEPT) de la formation continue

Constat général : réhabilitation des outils de travail, mise en place d’une cellule de suivi pédagogique des stagiaires. Résultats médiocres dans l’ensemble

Constats tirés des rapports des chefs d’établissements

Nous avons enregistré pour l’année 2012-2013, quatre-vingt-huit enseignants (40 hommes, 48 femmes). Nous déplorons des manquements chez certains de nos enseignants.

  • Certains ont abandonné en cours d’année :
  • D’autres n’ont pas assuré correctement leurs enseignements à cause de leurs occupations extrascolaires :
  • D’autres encore étaient souvent absents, n’ont pas correctement exécuté leur progression (ce que je justifie par leur âge avancé) :
  • Enfin un ne travaillant pas en équipe pédagogique et contesté par les élèves :
  • Absence des référentiels de formation dans plusieurs disciplines notamment, celles des matières
  • Absence du suivi pédagogique des enseignants avec pour conséquences :
    • difficultés observées auprès de certains enseignants dans la macro et la micro planification ;
    • mauvaises formulation des objectifs pédagogiques, mauvaise tenue des cahiers de textes et d’appel, problème d’évaluation et du respect du calendrier de dépôt de
  • Phénomène de drogue, absentéisme chronique observé de la part des élèves redoublants des classes des élèves redoublants des classes de terminale

Analyse et propositions

Ces résultats aux examens et rapports de chefs d’établissement nous amènent à faire une analyse suivie de quelques propositions :

  • Manque de rigueur de certains chefs d’établissement (11), 36 % des enseignants n’assurent pas correctement leur cours ce qui est un préjudice par rapport aux élèves et à leurs
  • Marchés scolaires absorbants (prépa BEPT, prépa BAC) pour certains enseignants qui par ce moyen veulent avoir des compléments de salaire au détriment de l’encadrement et de la qualité de l’enseignement dans les établissements où ils sont affectés
  • Absence d’un pilotage réel des établissements (absence d’indicateurs de suivi, faible encadrement pédagogique, ).
  • Les réformes engagées n’ont pas été relayées et accompagnées par la centrale à cause du degré de mobilité des chefs d’établissements qui est élevé, ce qui laisse le sentiment d’un éternel
  • Mauvaise appropriation des réformes.
  • Très peu de journaux rendentcompte des résultats du service public national d’éducation en diffusant au grand public des éléments d’appréciation de l’action propre de chaque lycée.
  • Ouvrir des sessions de formation aux nouveaux chefs d’établissements.
  • Mettre en place des indicateurs de
  • Mettre en place le corps de chef d’établissement.
  • Instaurer une journée de lancement des activités pédagogiques au niveau des enseignants et formateurs : partager le projet d’établissement de l’année.
  • Fournir aux responsables et aux enseignants et formateurs d’établis- sements des éléments de réflexion pour les aider à améliorer l’efficacité de leurs

Conclusion

L’analyse de ces résultats montre que les efforts déjà entrepris doiventse poursuivre, nonobstant les difficultés rencontrées dans la pérennisation des réformes. Il est nécessaire de comparer chaque établissement de formation à une entreprise. Généralement les formateurs s’occupent moins du devenir du formé. À l’entrée de la prime d’incitation à la performance, il est plus que nécessaire que la pédagogie de la réussite soit au centre de notre action afin que nos établissements soient rentables : qualité des formations dispensées appréciée par tous, taux d’admis aux examens proche de 100 %. C’est en ce sens que la prime d’incitation à la performance pourra servir aux enseignants. La nécessité pour les établissements  du même bassin économique d’avoir un journal, un site commun pour échanger les résultats et aussi les meilleures pratiques pédagogiques.

Nous tenons à remercier d’une part l’État gabonais qui a pris la décision de mettre en place ce brevet et la coopération française pour l’aide apportée dans l’achat des titres de transport. Nos remerciements vontégalement à l’endroit des organisateurs de ce colloque.

Bibliographie

DSCRP, Secteur Éducation au Gabon (2006). États généraux de l’Éducation (1983).

Proposition pour un plan de redressement de l’enseignement technique et professionnel secondaire long, 10 février 1995.

Rapport d’évaluation du projet Éducation III Gabon/BAD.

Ginestié, J. (juin 2004). Mission d’expertise sur l’enseignement technologique et la formation professionnelle au Gabon.

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