raiffet 2008 Les établissements de formation de formateurs de l’espace CEMAC et le système LMD : quelle approche ? Jean Sylvain Bekale Nze & Bernard Mabiala

Les établissements de formation de formateurs del’espace CEMAC et le système LMD : quelle approche ?

Jean Sylvain Bekale Nze & Bernard Mabiala

Les établissements de formation de formateurs de l’espace CEMAC et le système LMD : quelle approche ?
Jean Sylvain Bekale Nze & Bernard Mabiala

Summary

To be in conformity with the western educational systems, Africa decided to adopt the system licence, master & doctorate (LMD). Its installation thus becomes a requirement of rationality of the African educational systems. In spite of the creation of a legal environment by the CEMAC, incompatibilities are perceptible for offering formation, for organizing studies and for building their realization. So preliminary reflections confirmed the importance of the establishments of teacher training, the remaining questions are about the courses and the contents of the formations. On this subject, a conference of the headmasters of teacher training schools of central Africa (ENSET of Douala, ENS of Bangui, ENSP of Brazzaville, and ENSET of Libreville) took place in Libreville. These conferences made it possible to note similarities on the level of the organization of these establishments, offers, objectives of formation, teaching structures and fields of competence. The object of this contribution is to bring to make this convergence a base of reflection for the installation of system LMD in the under-area of central Africa. In three points, we will try to develop our idea. The first point will present the main part of the organic texts of the CEMAC; the second will try a comparison of the current offer of formation in the establishments of the Central African area. The third, finally, will discuss the passage of the current system to system LMD, while opening prospects for a general purpose of teacher training.

Introduction

Le LMD est une nouvelle architecture des études universitaires dans l’espace européen. Cette architecture est fondée sur trois grades : la licence (bac+3), le master (bac+5) et le doctorat (bac+8). Dans ce système, les formations sont organisées en semestre et en unités d’enseignement (UE), ce qui permet d’associer à chaque matière, un nombre de crédits exprimés sous forme numérique, capitalisables et transférables, cela, quelle que soit la forme des contrôles (interrogation, devoirs sur table, travail à faire à domicile,…). Si le système fonctionne déjà dans les universités européennes, en Afrique, il n’est qu’au stade expérimental dans quelques rares facultés ; dans les grandes écoles, le débat ne semble guère avancer, du moins pour ce qui concerne le Gabon. Pour y remédier, le RAIFFET a pris l’initiative, dans le cadre de ses activités, de susciter une réflexion au niveau de la sous- région en invitant à des assises tenues à Libreville, les responsables d’établissements de formation de formateurs de l’enseignement technique (ici cités, les directeurs d’ENSET) du Centrafrique, du Congo, du Cameroun, du Gabon et quelques partenaires de l’IUFM d’Aix- Marseille. La présente contribution, qui compte quatre parties, fait aussi un état des lieux du cadre réglementaire du LMD en Afrique et vous livre les grandes orientations arrêtées au cours de ces rencontres de Libreville.

Le cadre juridique du LMD dans l’espace CEMAC

Les textes organiques ci-après fixent la construction de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation professionnelle dans l’espace CEMAC et organisent les études dans le cadre du système licence, master et doctorat de ce même espace. Il s’agit du règlement n° 10/05-UEAC-019-CM-13 du 07/02/2005 portant création de la conférence des recteurs des universités et responsables des organismes de recherche d’Afrique Centrale (CRUROR/AC), de la déclaration de Libreville du 11/02/2005 sur la construction dans l’espace CEMAC de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation professionnelle, de la recommandation relative à la mise en place du système LMD dans l’Espace CEMAC adopté par la CRUROR/AC en sa session ordinaire tenue du 13 au 15/02/2006 à Malabo, de la directive n° 01/06-UEAC-019-CM-14 du 11 mars 2006 portant application du système LMD dans les universités et établissements de l’enseignement supérieur de l’espace CEMAC et de la directive n° 02/06-UEAC-CM-14 du 11 mars 2006 portant organisation des études universitaires dans l’espace CEMAC dans le cadre du système LMD.

Les enseignements de la rencontre de Libreville

Dans le cadre des activités du réseau africain des instituts de formation des formateurs de l’enseignement technique (RAIFFET), une réunion regroupant les responsables des établissements de formation des formateurs d’Afrique centrale s’est tenue du 21 au 30 avril 2007 à l’ENSET de Libreville en vue de réfléchir sur l’intégration sous régionale au système LMD des établissements dont ils ont la charge. Au cours de cette réunion, une conférence intitulée « le LMD et l’intégration sous régionale : quelle approche pour les établissements de formation des formateurs ? » était animée conjointement le directeur de l’ENSET de Douala, le professeur Claude Bekolo, le directeur de l’ENS de Bangui, le docteur Noël Ngoulo, le directeur de l’ENSP de Brazzaville, le docteur Bernard Mabiala, Madame Marjolaine Chatoney maître de conférences, IUFM d’Aix-Marseille, université de Provence et le directeur général de l’ENSET de Libreville, le professeur Jean Sylvain Bekale Nze.

Des échanges qui ont eu lieu au cours de cette réunion, il ressort que le LMD est une exigence internationale incontournable pour les universités et établissements d’enseignement supérieur de la sous région. Les établissements de formation des formateurs de la sous région présentes à cette réunion (cf. tableau ci-dessous) qui présentent des similitudes remarquables dans leur fonctionnement (missions, conditions d’admission, évaluations, stages et diplômes) doivent donc emboîter le pas aux facultés de leurs universités qui ont déjà engagé les réflexions sur la question. Cependant les conférenciers ont reconnu que la réflexion sur cet arrimage exigera non seulement du temps, mais aussi et surtout des moyens matériels et financiers conséquents pour faire face aux exigences de ce système. Enfin, les conférenciers ont suggéré que les réflexions sur  cet arrimage démarrent dans les établissements très rapidement afin qu’à la prochaine réunion prévue en marge du 2e Colloque international du RAIFFET qui se tiendra en 2008 à Tunis, des discussions démarrées à Libreville soient poursuivies dans le cadre de la sous région.

Le cadre du LMD

Dans cette partie, il est présenté les objectifs et les caractéristiques du système LMD (Daniel Franck Idiata 2005, p28). Le LMD est l’acronyme de licence, master et doctorat qui sont dorénavant les trois grands diplômes et grades reconnus dans plus de 45 pays européens selon un schéma de formation similaire, favorisant ainsi la mobilité étudiante et assurant une meilleure lisibilité des diplômes sur le marché du travail. Aujourd’hui, de nombreux pays africains adoptent la réforme et s’impliquent dans ce nouveau système dans le cadre de la coopération Union Européenne-Afrique, Caraïbes et Pacifique (UE-ACP). Ce nouveau schéma d’organisation des études universitaires permet l’harmonisation et la comparaison des diplômes entre universités. Il favorise donc la lisibilité des diplômes sur le marché de l’emploi, la mobilité des étudiants au sein de la communauté (CEMAC par exemple) et la flexibilité des parcours de formation : l’étudiant devient acteur de sa propre formation. De plus, le LMD est un dispositif de formations faites aux pays, aux enseignants et aux étudiants (Itoua, 2007).

Tableau 1  comparatif des organisations dans les quatre écoles normales supérieures

Tableau 1 comparatif des organisations dans les quatre écoles normales supérieures

Tableau 1 : comparatif des organisations dans les quatre écoles normales supérieures

Définitions

Système LMD : système licence, master, doctorat ;

Parcours type de formation (PTF) : ensemble cohérent d’Unités d’Enseignements (UE) ;

Unité d’enseignement (UE) : ensemble d’éléments d’une discipline comprenant de façon intégrée des cours théoriques et/ou des TD, des TP ou des AP sur le terrain.

Objectifs du LMD

Le LMD vise à atteindre les objectifs suivants :

  • Améliorer et moderniser le système pédagogique ;
  • Organiser des PTF souples et performants favorisant l’orientation progressive de l’étudiant ;
  • Développer la professionnalisation des études et des possibilités d’insertion de l’étudiant dans le tissu socio-économique ;
  • Répondre aux besoins de formation continue diplômante en permettant la validation des acquis professionnels ;
  • Renforcer des capacités méthodologiques, linguistiques et communicationnelles de l’étudiant ;
  • Encourager la mobilité nationale et internationale des étudiants.

Caractéristiques du LMD

L’architecture des études est fondée principalement sur trois grades universitaires, la licence, le master et le doctorat, sur un découpage des périodes de formation en semestres et sur une organisation des formations en PTF et UE.

Organisation pédagogique

Semestrialisation des études

Les études dans le système LMD sont organisées en semestres et se présentent ainsi qu’il suit : la licence : six semestres ; le master : quatre semestres après la licence et le doctorat : six semestres en moyenne après le master.

Parcours type de formation (PTF) et unités d’enseignement (UE)

Un parcours type de formation comprend trois types d’unités d’enseignement (UE) qui sont des UE obligatoires, des UE librement choisies par l’étudiant et des UE optionnelles. Chaque unité d’enseignement a une valeur définie en nombre de crédits. Le nombre de crédits pour l’ensemble des unités d’enseignement d’un semestre est fixé à trente. Les crédits sont octroyés à l’étudiant qui satisfait aux conditions de validation. Ils sont capitalisables et transférables.

Licence

Le parcours de licence s’établit sur six semestres et correspond à 180 crédits. L’admission se fait sur titre (baccalauréat, diplôme équivalent au bac) ou sur concours spécial d’accès à l’université. La licence professionnelle s’établit sur deux semestres et 60 crédits correspondant aux 5e et 6e semestres prévus dans le cadre de la licence. Elle repose sur un partenariat avec le monde du travail dans lequel au moins 25% des enseignements doivent être assurés par des professionnels et les étudiants doivent effectuer des stages en entreprise. L’admission en licence professionnelle se fait à partir d’un cursus de licence comptabilisant au moins 120 crédits ou par un diplôme sanctionnant une formation de deux années ou quatre semestres d’enseignement supérieur validés dans un domaine de formation compatible avec celui de la licence professionnelle, ou encore par le biais de la validation des acquis d’expériences qui s’appuie sur les études, les expériences professionnelles ou les acquis professionnels accumulés dans son parcours personnel (la validation est délivrée par une commission présidée par le responsable de la formation.

Master

Le master correspond à 120 crédits acquis au cours de quatre semestres après la licence. La poursuite d’études en master 2 professionnel ou en master 2 recherche se fait sur la base de la validation des 60 crédits de l’année de master 1. La validation de ces 60 crédits de master 1 peut faire l’objet de la délivrance, à la demande des intéressés, du diplôme de maîtrise.

Doctorat

L’admission se fait à partir du master recherche (ou de l’ancien diplôme d’étude approfondie) pour une durée de six semestres qui peut-être prolongée jusqu’à quatre semestres au plus.

Le LMD et ses contraintes dans la formation des formateurs

Cette réforme qui vise entre autre, le respect de l’autonomie pédagogique des établissements et le rapprochement entre universités et grandes écoles, place également l’étudiant au centre du système, de vaincre les cloisonnements disciplinaires et de bâtir une offre de formation attractive autour de master appuyés sur des pratiques de recherche solides et reconnues. Appliquée en Afrique, elle doit permettre de créer un espace continental de l’enseignement supérieur, comme moyen privilégié pour encourager la mobilité des citoyens, favoriser leur intégration sur le marché du travail européen et promouvoir le développement global du continent. Cependant, sa mise en place et son fonctionnement réussis en Afrique sont très contraignants financièrement et politiquement. Les exigences telles que la facilitation de la mobilité des étudiants dans l’espace africain et leur intégration sur le marché du travail africain, l’introduction de plus de fluidité dans les filières d’enseignement supérieur, notamment en favorisant la coopération entre établissements ou encore la promotion de la mobilité des enseignants et des chercheurs, sont difficilement réalisables dans certaines régions d’Afrique parce que les communications physiques sont quasi inexistantes et les contrôles aux frontières augmentent encore l’atteinte de tels objectifs. Par ailleurs, les conditions pédagogiques sont très précaires dans la plupart des établissements africains notamment dans ceux de la CEMAC. Enfin, si toutes les difficultés évoquées semblent moins lourdes pour les facultés, la situation est plus complexe pour les écoles et instituts de formation professionnelle tels que les écoles de formation de formateurs.

Conclusion

Cette réforme, extrêmement ambitieuse, qui permettra de partager les connaissances et les savoir-faire à travers les frontières et les continents est une opportunité pour l’Afrique. Les gouvernements africains en général et de la CEMAC en particulier, devraient prendre leur responsabilité et le temps pour construire et implanter correctement ce système non seulement dans sa terminologie LMD, mais surtout dans les moyens (alors tous les moyens) à mettre en place afin de promouvoir le développement global de notre continent.

Bibliographie

Idiata D-F., 2006. L’Afrique dans le système LMD (Licence-Master-Doctorat) : le cas du Gabon, Paris, Harmattan, 294 p.

Itoua J., 2007. Le système éducatif européen LMD répond t-il à la question de la formation à la citoyenneté républicaine ? Communication au Colloque sur la Famille et l’École : Lieux et Enjeux de l’éducation à la citoyenneté républicaine, du 30 au 31 juin 2007, Paris, Harmattan,

Itoua J., 2007. Histoire et enjeux du basculement de l’ancien système universitaire français au système LMD, Mémoire de Master 2 Recherche en sciences de l’éducation, Lille 1, 2006-2007, 140p

Règlement n° 10/05-UEAC-019-CM-13 du 07/02/2005 portant création de la Conférence des Recteurs des Universités et Responsables des Organismes de Recherche d’Afrique Centrale (CRUROR/AC) ;

Déclaration de Libreville du 11/02/2005 sur la construction dans l’espace CEMAC de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la Formation Professionnelle ;

Recommandation relative à la mise en place du système LMD dans l’Espace CEMAC adopté par la CRUROR/AC en sa session ordinaire tenue du 13 au 15/02/2006 à Malabo ;

Directive n° 01/06-UEAC-019-CM-14 du 11 mars 2006 portant application du système LMD dans les Universités et Établissements de l’Enseignement Supérieur de l’Espace CEMAC ;

Directive n° 02/06-UEAC-CM-14 du 11 mars 2006 portant organisation des Études universitaires dans l’Espace CEMAC dans le cadre du système LMD.

Résumé

Pour être en conformité avec les systèmes éducatifs occidentaux, l’Afrique a décidé d’adopter le système Licence-Master-Doctorat (LMD). Sa mise en place devient donc un impératif de rationalité des systèmes éducatifs africains. Malgré la création d’un environnement juridique par la CEMAC, des incompatibilités sont perceptibles au niveau : de l’offre de formation, de l’organisation pédagogique et de l’architecture même de leur fonctionnement. Si des réflexions préalables ont confirmé l’importance des établissements de formation de formateurs, la question qui persiste reste, cependant, celle des cursus et des contenus de formations. À ce propos, une rencontre regroupant des chefs d’établissements de formation de formateurs d’Afrique Centrale (ENSET de Douala, ENS de Bangui, ENSP de Brazzaville, ENSET de Libreville) a eu lieu à Libreville. Ces assises ont permis de constater des similitudes au niveau de l’organisation de ces établissements, des offres, des objectifs de formation, des structures pédagogiques et des domaines de compétences. L’objet de cette contribution est d’amener à faire de ces convergences une base de réflexion pour la mise en place du système LMD dans la sous-région d’Afrique centrale. En trois points, nous tenterons de développer notre idée. Le premier point présentera l’essentiel des textes organiques de la CEMAC en la matière, le deuxième tentera une comparaison de l’offre actuelle de formation dans les établissements de la Sous-région. Le troisième, enfin, discutera du passage du système actuel au système LMD, tout en ouvrant des perspectives pour une formation de formateurs polyvalente


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