LA PLACE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DANS LES FORMATIONS TECHNOLOGIQUES – BERTRAND SEYS THE PLACE OF SOCIAL AND HUMAN SCIENCES IN TECHNOLOGY EDUCATION

LA PLACE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DANS LES FORMATIONS TECHNOLOGIQUES – BERTRAND SEYS THE PLACE OF SOCIAL AND HUMAN SCIENCES IN TECHNOLOGY EDUCATION LIBREVILLE2005

LA PLACE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DANS LES FORMATIONS TECHNOLOGIQUES – BERTRAND SEYS THE PLACE OF SOCIAL AND HUMAN SCIENCES IN TECHNOLOGY EDUCATION LIBREVILLE2005

THE PLACE OF SOCIAL AND HUMAN SCIENCES IN TECHNOLOGY EDUCATION

Maître de Conférences – École Nationale Supérieure des Télécommunications de Bretagne – Brest, France

SUMMARY

Sciences and technology of the engineers and technicians become more and more complex. The university schools and departments are organised by disciplines and the vocational formations are specialised more and more. These specialisations correspond to concrete requests of the companies, which have requirements in knowledge and know-how specialized and quickly operational.

However, we observe, always from the point of view of the professional needs for the companies, three types of requests: – the technical knowledge is included in a whole of professional knowledge, which contains also knowledge, and competencies, which come within sector of the social sciences. – The design and the development of the products and services resulting from sciences and technology for the engineer must be marketed and give place to uses. The processes of marketing and the analyses of the uses of the products and services technological induce professional competencies necessary to the companies. – the complexity of the technical systems, professional specialisation which result from this, induce a request for total comprehension of the systems. Strategy, marketing, design are the services of the companies which need such competencies.

If we centre us on the example of the training of the students in engineering telecom, we will show the awaited competences of the engineers’ telecom and the teaching contents and methods, which make it possible to approach with the acquisition of these competences. We will draw some from the lessons to build curriculum vitae of training in social sciences necessary to the engineers and technicians.

INTRODUCTION : UNE DEMANDE COMPLEXE

La demande de travail des entreprises est complexe. A des besoins en compétences techniques et technologiques s’ajoute le fait que le technicien ou l’ingénieur devra s’intégrer à un ensemble humain déjà constitué. Ce groupe a sa culture, ses habitudes de travail, ses modes d’organisation et de régulation. Ce groupe est en relation avec des fournisseurs, concurrents, clients qui ont eux aussi leur propre mode de communication et de relation avec l’entreprise. C’est d’ailleurs bien souvent l’enjeu des entretiens de recrutement. Si les compétences techniques et technologiques sont en général assez bien identifiables par la lecture du curriculum vitae du candidat, qu’en est-il de l’adaptation de son « profil » à celui du groupe humain déjà constitué ?

A cette complexité il faut aussi ajouter que nous voyons émerger des demandes de doubles compétences. Certains emplois demandent des compétences techniques ou au moins des connaissances techniques pour être mises en œuvre dans des activités professionnelles liées au marketing ou au management. Ces demandes de compétences sont de l’ordre des disciplines des sciences humaines et sociales. Dès lors, il nous faut nous interroger sur la place que doivent prendre ces disciplines dans les formations des techniciens et ingénieurs. Dans un premier temps nous regarderons comment le processus de « spécialisation/globalisation » est un processus qui est lié à l’industrialisation et qui est irréversible. Dans un second temps nous analyserons dans ce contexte, la place et le rôle des sciences humaines et sociales. Enfin dans une dernière partie nous regarderons le cas de la formation des ingénieurs « télécoms ».

LA GRANDE DICHOTOMIE : SPÉCIALISATION ET GLOBALISATION

L’ingénieur polytechnicien n’existe plus. Le « poly » de polytechnique est devenu scientifiquement et techniquement tellement complexe que l’idée même d’un regroupement des savoirs et savoir-faire est illusoire. De plus, l’industrialisation croissante de nos économies et l’essor du taylorisme dès la première moitié du XXème siècle vont entraîner une spécialisation des tâches et activités dans les entreprises. Cette spécialisation ne concernera pas seulement le travail ouvrier, mais aussi le travail de conception, de développement, de contrôle. Techniciens et ingénieurs seront aussi spécialisés. Il en est de même dans le tertiaire et le tertiaire du secondaire. La croissance du nombre des écoles d’ingénieur et de gestion s’accompagne aussi d’une diversification de leur spécialisation. Nous pouvons aussi observer, que dans chacune de ces écoles, la formation par des systèmes de filières ou d’options tend à spécialiser les élèves dans des particularités scientifiques et techniques et/ou professionnelles de plus en plus fines. A la sortie d’une même école, bien souvent deux élèves auront acquis des compétences bien différentes. A titre d’exemple, nous pouvons développer brièvement le secteur informatique/télécom.

La numérisation de l’industrie des télécommunications va assurer la jonction entre celle-ci et l’industrie informatique et participe à la complexification des compétences scientifiques et techniques de la filière des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Les élèves ingénieurs que nous formons ne sont pas, et ne peuvent pas être compétents dans tous les domaines scientifiques et techniques des télécommunications et de l’informatique. Ils se spécialisent, et ces spécialisations correspondent à des demandes des entreprises. Ces demandes peuvent être vues par la rédaction des petites annonces d’offre d’emploi. Les enquêtes auprès des anciens élèves de l’ENST-Bretagne, montrent qu’en moyenne, dans les cinq ans qui suivent leur entrée dans la vie active, les ingénieurs télécoms assurent plus un rôle de management d’équipe que de spécialiste technique. Nous constatons aussi que les métiers du consulting sont de plus en plus présents comme premier emploi. La première constatation, déjà ancienne, et la seconde, montrent que les entreprises ont besoin de spécialistes des différents domaines des TIC, de gestionnaires et de consultants de ces domaines.

Dans le même temps, la demande de spécialiste s’accompagne aussi d’une demande d’ingénieur Télécom ayant une vue transversale des TIC dans l’objectif aval de travailler dans les stratégies marketing et le technico-commercial et dans l’objectif amont des stratégies de conception et de développement des produits et services des TIC et des stratégies d’entreprise. Cette diversification des demandes professionnelles entraîne une diversification des demandes de compétence, surtout pour notre domaine. Il ne s’agit pas d’un débat sur la culture générale ou les humanités de l’ingénieur, mais de regarder ce que sont les compétences nécessaires des ingénieurs télécom. Et elles ne sont pas homogènes. Les élèves ingénieurs qui auront une carrière « classique » dans leur domaine de spécialité devront posséder le minimum conceptuel pour pouvoir s’orienter dans leur environnement et acquérir les compétences qui leurs seront demandées assez rapidement. La nature de notre école induit des nécessités de connaissances particulières sur notre secteur d’activité. Les enjeux économiques et sociaux des TIC doivent être abordés, à trois niveaux différents :

  • en ce qui concerne la chaîne de valeur,
  • en ce qui concerne les implications au niveau des usages des TIC dans les organisations,
  • en ce qui concerne les usages grand public des

Mais l’École doit aussi pouvoir former ceux qui souhaitent s’orienter vers les carrières d’ingénieur d’affaire avec des compétences poussées en droit et marketing aval, commerce international et vers les carrières centrées sur la stratégie avec des compétences en économie, sociologie, management et marketing amont.

RÔLES ET PLACES DES SCIENCES HUMAINES DANS LES FORMATIONS TECHNIQUES

Les sciences et techniques des ingénieurs et techniciens se complexifient. Les écoles et départements universitaires sont organisés par disciplines et les formations professionnalisantes sont de plus en plus spécialisées. Ces spécialisations correspondent à des demandes concrètes des entreprises qui ont des besoins en savoirs et savoir-faire spécialisés et rapidement opérationnels. Cependant, nous observons, toujours du point de vue des besoins professionnels des entreprises, trois types de demandes :

  • les savoirs techniques sont inclus dans un ensemble de savoirs professionnels qui contiennent aussi des connaissances et des compétences qui sont du domaine des sciences humaines et sociales.
  • la conception et le développement des produits et services issus des sciences et techniques de l’ingénieur doivent être commercialisés et donnent lieu à des usages. Les processus de commercialisation et les analyses des usages des produits et services technologiques induisent des compétences professionnelles nécessaires aux entreprises.
  • la complexification des systèmes techniques, les spécialisations professionnelles qui  en  découlent, induisent une demande de compréhension globale des systèmes. Stratégie, marketing, conception sont les services des entreprises qui ont besoin de telles compétences.

Sur la culture générale

Culture générale, formation humaine, humanité… ce fut la grande question des années 90. Un processus lent d’accroissement de la formation du nombre d’ingénieur dans les années 50 est suivi par une croissance rapide dans les années 70 (création de l’ENST-Bretagne) et suivantes. Cela correspondait à une demande croissante des entreprises et aboutit à un élargissement social des bases de recrutement des élèves ingénieurs. Les bases culturelles et de comportements sociaux qui étaient implicites doivent être explicités. En effet l’élargissement des bases sociales induit que les valeurs culturelles dominantes de la bourgeoisie, reproduites implicitement dans les écoles d’ingénieurs vont être confrontées à d’autres valeurs culturelles. C’est ainsi qu’il faut comprendre le débat dans les années 1990 sur la place des » humanités », « formations humaines » dans les écoles d’ingénieur. Ce débat était avant tout idéologique et coupé des problématiques des demandes de compétences professionnelles souhaitées par les entreprises.

Ces demandes de compétences peuvent être divisées en deux grandes catégories :

  • compétences relationnelles et managériales
  • compétences professionnelles spécifiques.

Sur les compétences relationnelles et managériales

L’ingénieur devra intégrer une équipe, un groupe d’hommes et de femmes. Probablement, surtout s’il est ingénieur, il deviendra plus un gestionnaire de projet que quelqu’un qui « fait ». Les compétences à acquérir sont donc de l’ordre de la connaissance des organisations aux niveaux sociologique, économique, gestionnaire et juridique d’une part et d’autre part des capacités à gérer des projets, animer des équipes et communiquer. Ce sont aussi les qualités managériales des élèves ingénieurs qu’il faut développer pour qu’ils puissent assurer l’ensemble de leurs compétences professionnelles.

Sur les compétences professionnelles spécifiques.

Chaque secteur industriel a ses propres modalités de valorisation des produits et services, condition de la concurrence, sociologie des usages et droit réglementaire. Se destiner à travailler dans la chimie, le BTP ou les télécoms suppose des connaissances particulières adaptées à chaque secteur. Si la croissance des organisations a entraîné une division du travail entre les pôles

« production/développement » et les pôles « management/marketing » qui ont donné lieu à des formations de plus en plus séparées, nous voyons émerger des demandes de doubles compétences. Dans le secteur des TIC, les opérateurs de télécommunication, constructeurs de produit informatique et télécoms, consultants en réseaux et en services d’information et de communication ont besoin d’ingénieur d’affaire, de technico-commerciaux en aval de la filière, et de spécialistes du marketing, de la stratégie en amont de la filière. Aux connaissances techniques des sciences et techniques de l’information et de la communication doivent être ajoutées des compétences opérationnelles en management, marketing et économie. Nous voyons bien ici comment petit à petit s’est développée la notion de double compétence dans les écoles d’ingénieurs. La double compétence étant un moyen de former d’une part d’autres spécialistes (management, marketing, conseil), et d’autre part des généralistes (stratégie).

Une segmentation des connaissances en sciences humaines et sociales pour les élèves ingénieurs.

Les connaissances que doivent acquérir les élèves ingénieurs sont à trois niveaux :

  • connaissances générales communes en :
    • management, économie, sociologie,
    • capacités relationnelles, d’animation d’équipe et de gestion de projet.
  • connaissances particulières    concernant    la    réglementation,    l’environnement    économique, sociologie du secteur d’activité.
  • connaissances et compétences pour des activités professionnelles réclamant une double compétence dans le

LE CAS DES INGÉNIEURS TÉLÉCOMS

Dans le cadre du projet de réforme des enseignements de l’ENST-Bretagne, le domaine d’enseignement « Économie et Management des Entreprises », domaine qui regroupe les formations en sciences humaines et sociales, devient un domaine d’enseignement équivalent aux autres domaines traditionnels des sciences et techniques des ingénieurs télécoms. Il bénéficie donc comme les autres domaines d’un tronc commun en première année de 42 heures et les élèves ingénieur doivent le choisir par la suite, soit en mineur (84 heures) ou en majeure (168 heures). C’est un travail sur les compétences professionnelles des différentes catégories d’ingénieur Télécom qui a permis de déterminer les différentes formes que peuvent prendre les formations en sciences humaines et sociales.

Les ingénieurs télécoms Bretagne sont des ingénieurs généralistes des Technologies de l’Information et de la Communication, qui, dans les entreprises, travailleront au cœur de la recherche, de la conception, du développement, du marketing de ces produits et services. Ces produits et services qui deviennent structurants des nouvelles normes de consommation et de production. A leurs compétences des sciences et techniques de l’information, l’ingénieur télécoms Bretagne devra aussi posséder les compétences nécessaires qui feront de lui un acteur majeur dans l’entreprise et dans la société. Le développement des TIC, leur intégration croissante dans les organisations, leurs usages quotidiens induisent, alimentent une complexification des organisations et des répercussions sociales, économiques et éthiques. Le fond du « Projet Formation » de notre École est la prise en compte de la complexification croissante des sciences et techniques de l’Information. Nous sommes dans la nécessité d’amener les ingénieurs télécoms vers des niveaux de spécialisation importants, tout en ayant une culture sur l’ensemble des sciences et technique de la filière. Finalement, ce sont les sciences humaines et sociales qui peuvent permettre de donner une vision globale et stratégique des TIC. La finalité des enseignements du domaine Économie et Management des Entreprises (EME) est de participer à ces savoirs et savoir-faire que doivent posséder aujourd’hui les ingénieurs télécoms Bretagne. L’École, qui par le « Projet Formation » met ce domaine à équivalence avec les autres domaines scientifique et technique des TIC, nous donne cette responsabilité. Ces responsabilités sont à plusieurs niveaux :

  • Former les ingénieurs télécoms Bretagne au management et à la gestion des projets, des équipes et des entreprises, en général et des domaines des TIC en particulier. Cette formation sera nécessairement européenne et
  • Instruire les ingénieurs télécoms Bretagne à l’environnement politique, international, juridique, économique, sociale, psychologique du développement des TIC. Faire qu’ils puissent prendre en compte les grands débats sociétaux basés sur l’éthique et le développement
  • Accompagner ceux d’entre eux qui se destinent à des carrières dans les domaines de la stratégie, du marketing, des affaires et du management à acquérir la double compétence nécessaire.

Quatre niveaux de formation vont être décrits :

  • la formation aux compétences en capacité relationnelle, animation d’équipe et gestion de projet
  • le tronc commun de 42 heures qui d’écrit ce que sont les premiers enseignements jugés indispensables pour accueillir les élèves.
  • les enseignements de « Mineures » de 84 heures qui doivent donner la culture et les savoirs de base des futurs ingénieurs télécoms
  • les enseignements de « Majeure » de 168 heures pour les élèves intéressés par les domaines des sciences humaines et sociales et qui se destinent éventuellement à des carrières orientées stratégie, du marketing, des affaires et du

Les compétences en capacités relationnelles, d’animation d’équipe et de gestion de projet

Ces compétences seront acquises au cours des trois années de formation par cinq projets que les élèves réalisent en groupe de trois à cinq élèves. Ces projets qui vont en difficulté croissante sont accompagnés de formation aux techniques de communication, gestion de projet, conduite de réunion et de négociation.

Le tronc commun de première année assure deux fonctions :

Le tronc commun doit d’une part, faire prendre conscience à l’élève qui arrive de ce qu’est la complexité de l’entreprise et de la complexité de l’environnement des entreprises et des Technologies de l’Information et de la Communication. Les décisions quotidiennes à prendre dans une entreprise doivent prendre en compte simultanément des critères de gestion comptable et financière, marketing, humaine, tenir compte des fournisseurs et de la concurrence. Un jeu d’entreprise assurera cette prise de conscience en même temps qu’il permettra l’acquisition des notions de base en comptabilité. Par la suite un module de 21 heures établira une première description de l’environnement professionnel de l’ingénieur télécoms aux niveaux économique, juridique et social. Cette ouverture se fera sur le thème de l’innovation. En effet l’innovation est au centre des métiers des ingénieurs, plus particulièrement dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication. Cette description sera aussi une ouverture sur la connaissance des métiers possibles au sortir de l’École et donnera une aide aux élèves, qui très tôt, seront amenés à choisir les domaines d’enseignement qu’ils feront en  « Majeure » ou en « Mineure ».

La mineure EME

La mineure EME s’adresse aux élèves ingénieurs pour qui le domaine doit relever de la culture d’entreprise et de l’environnement de leur futur travail. Cette culture doit leur permettre de donner du sens à leur travail (pourquoi je fais ce travail ?), de le contextualiser (dans quel environnement je le fais ?) aussi bien au niveau de l’entreprise que de la société. Il s’agit ici de rentrer dans une connaissance pratique de l’entreprise et du travail dans l’entreprise. Cette connaissance se fera suivant quatre approches. Une première approche sera d’ordre organisationnel. Il s’agira d’étudier comment les entreprises sont structurées et fonctionnent. Cette approche sera économique et sociale. Elle sera complétée par l’étude des répercussions sur les organisations des TIC. La troisième approche, qui découle logiquement de la précédente, est le management. C’est plus particulièrement dans cette partie, que nous tiendrons compte de la globalisation des systèmes économiques et sociaux qui font que de plus en plus les entreprises, et pas seulement les plus importantes, travaillent avec des fournisseurs, des partenaires, des clients du monde entier. Comment tenir compte de ces diversités culturelles dans le management, plus particulièrement dans le management des TIC ? Le quatrième module donnera les éléments de base en gestion et en marketing.

La majeure EME

La majeure EME sera choisie par les élèves qui sont a priori intéressés par les sciences humaines et sociales et qui envisagent d’orienter leurs activités professionnelles vers les domaines applicatifs de ces disciplines. La banque-assurance, la finance, les affaires, le technico-commercial, le marketing, le management, les fonctions achats, sont des finalités professionnelles ouvertes à nos élèves. Elles demandent des compétences spécifiques, conceptuelles et pratiques. Tout d’abord la connaissance et la compréhension de l’environnement juridique, économique et social est une nécessité. Être ingénieur grand compte ou dans des fonctions stratégiques managériales ou marketing nécessitent ces compétences. Dans cet environnement concurrentiel comment navigue l’entreprise, entre les courants de la globalisation, les récifs de la réglementation, les écueils de la concurrence. Enfin, et pour rester dans la métaphore maritime, comment, et où, l’ingénieur Télécom s’intègre dans le navire, avec quelles fonctions, pourquoi faire et avec quels critères de prise de décision. Nous sommes nécessairement, en même temps, à trois niveaux logiques différents. Un niveau « macro », celui de la compréhension et de l’analyse de l’environnement des TIC et de l’entreprise, un niveau « méso », celui de l’entreprise, des ses structures et modalités de fonctionnement, et un niveau « micro », celui des compétences pratiques nécessaires à l’ingénieur télécom.

Une première série de modules (4 x 21 heures) sont une présentation descriptive et analytique de l’environnement professionnel de l’ingénieur. Nous sommes aux niveaux macro et méso décrits précédemment. Le module « Conjoncture et politique économique » approfondira la culture économique avec des développements concernant l’économie publique et l’économie internationale. Le module « droit et régulation en Europe » initiera les élèves ingénieurs aux différents aspects de leur environnement juridique en distinguant trois niveaux : celui des marchés régulés, celui de l’entreprise et enfin celui du salarié et du citoyen. Le module « Économie industrielle et stratégie d’entreprise » sera la description et l’étude des stratégies des entreprises suivant les types de régulation. Le module « Problématiques des entreprises » a pour objectif de donner aux élèves les moyens, issus des sciences de la gestion, de la sociologie et de l’économie, d’appréhender le milieu complexe que représente l’entreprise dans toute sa diversité, d’en saisir l’intelligence des logiques et des mécanismes à l’œuvre. Une seconde série de modules a pour objectifs d’accompagner les élèves ingénieurs vers l’apprentissage du travail de l’ingénieur dans les domaines du marketing, du management et de la gestion. Ces apprentissages pourront être approfondis en troisième année dans des spécialisations professionnelles. Nous sommes là dans les niveaux de connaissance et de compétence méso et micro. Le module « Comportements organisationnels » amènera l’élève ingénieur à utiliser des modèles de représentation et d’analyse de fonctionnement des personnes dans les organisations et donc de comprendre le sens de ses propres comportements et de ceux des personnes de son environnement. Le module « Management et politiques d’entreprise » consiste en l’acquisition d’outils d’analyse propres à favoriser la compréhension des politiques d’entreprise, de leurs fondements et des effets internes et externes qu’elles contribuent à générer. Le module

« Marketing » donnera des grilles de lecture basées sur les principaux outils théoriques et pratiques du marketing et permettra de développer les capacités d’analyse en confrontant les élèves à des situations réelles. Le module « Techniques quantitatives de gestion et choix d’investissement » présentera les outils analytique et quantitatif qui permettent aux décideurs de faire des choix stratégiques en environnement incertain.

POUR UNE CONCLUSION PROVISOIRE : PROFESSIONNALISATION ET OUVERTURE INTELLECTUELLE

Nous avons ainsi trois niveaux de formation. Un premier niveau qui est celui du développement des capacités managériales des ingénieurs. Quel que soit le développement de leur carrière professionnelle, les ingénieurs seront à un niveau de management et devront « savoir-faire » avec les autres en interne ou en externe de l’entreprise. Un second niveau est celui des connaissances de son environnement professionnel, faire de l’ingénieur, un ingénieur professionnellement responsable, citoyen, capable de donner du sens à son travail, de prendre du recul par rapport à ses activités, comprendre et prendre part aux débats éthiques, politiques, économiques et sociaux en lien avec ses compétences et activités. Un troisième niveau est celui des différentes spécialisations professionnelles (marketing, management, stratégie, finance..) qui nécessitent des formations dans les domaines des sciences humaines et sociales qui amènent une double compétence. Dans notre école les profils de troisième année comme Réseaux Spécialisés pour la Finance, Ingénieur d’Affaire, Conception et Marketing des Services d’Information répondent à ces besoins. Ces profils sont inclus dans une filière de troisième année « Ingénierie des Services et des Affaires ». Certains de nos élèves ont la possibilité d’obtenir un double diplôme avec Grenoble École de Management ou le mastère « Ingénierie des Services Urbains et des Réseaux » de l’Institut d’Études Politiques de Rennes. Ces formations aux doubles compétences vont dans ce sens et dans la reconnaissance de la qualité de nos formations en sciences humaines et sociales.

Pouvoir élaborer, faire vivre et évoluer ces programmes nécessite une veille constante des évolutions des besoins des entreprises, voire même d’anticiper les répercussions professionnelles des innovations techniques. Les Conseils de Domaine qui réunissent enseignants et responsables industriels, stage d’élève co-encadré par l’entreprise d’accueil et l’École, lien avec l’association des anciens élèves permettent cette veille. Un benchmark régulier des évolutions des enseignements dans les écoles sœurs (ENST-Paris, INT) ou cousines (Centrale, Mines, Pont) permet de suivre les évolutions, cadrer nos développements, faire du lien et élargir nos visions. Bien sûr, l’observation des premiers emplois de nos élèves (type d’entreprise, poste, niveau hiérarchique, responsabilité, salaire) et leurs évolutions sont des indicateurs précieux de la pertinence de nos formations.


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