LA RÉFORME CURRICULAIRE DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL AU GABON – JEAN-PIERRE BOUSSOUGOU

LA RÉFORME CURRICULAIRE DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL AU GABON – JEAN-PIERRE BOUSSOUGOU

LA RÉFORME CURRICULAIRE DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL AU
GABON – JEAN-PIERRE BOUSSOUGOU

THE TECHNICAL AND VOCATIONAL TRAINING CURRICULAR REFORM FOR THE GABON

Inspecteur Pédagogique des STI, Directeur Adjoint – Institut Pédagogique National – Libreville, Gabon

SUMMARY

At the time of the States General of 1983, one had noted that “professional teaching, such as there exists, does not meet the needs for our productive apparatus” (p.123). In reference to these General States, the Ministry for national education carried out the analysis of this subsystem and defined finalities. We can summarize these finalities as follows: to allow a better adequacy between the requirements of the national market of employment and the courses of formation; to guarantee qualified workers; to train general-purpose workers able to adapt to the changes related to the technological and social development; to reduce the school failure.

Based on this document, the objectives by the reform of professional teaching were released to know:

  • to ensure the pupil a solid basic training by registering the matters of fundamental formation throughout the vocational training;
  • to decrease the constraints and the delays in the school advance thanks to a system of validation of the assets by capitalization of the units of value;
  • to lead the pupil to develop competencies which will facilitate its entry in the active life;
  • to initiate the pupil with the practice of the trade, during formation, by means of agreements of co-operation School-Company.

They are the various orientations and recommendations consigned in this document, which led the National Teaching Institute to undertake the setting work reform of technical and professional teaching. We will discuss, during this conference, the concern of the originators of the curricula and will show the whole of the work, which was undertaken.

L’ORIGINE DE LA REFONTE CURRICULAIRE

Lors des États Généraux de 1983, les délégués ont affirmé que « …l’éducation doit donner aux individus les connaissances et les aptitudes nécessaires pour qu’ils puissent jouer leur rôle de citoyens et de producteurs. » On avait alors constaté que « l’enseignement professionnel, tel qu’il existe, ne répond pas aux besoins de notre appareil productif. » (p. 123) Les délégués ont aussi insisté pour que la Formation Professionnelle acquière la noblesse requise. Ils souhaitaient y voir un relèvement conséquent de niveau (p. 148). En novembre 1988, un comité, présidé par le délégué ministériel auprès du Ministre de l’Éducation Nationale, se penchait sur la réorganisation de l’Enseignement Technique et Professionnel. Son analyse s’est alors portée sur l’adéquation formation- emploi, sur le rendement interne de l’Enseignement Technique et Professionnel, sur les conditions pédagogiques de cet ordre d’enseignement et enfin, sur les conditions humaines et matérielles qui y prévalaient. Plusieurs constatations et recommandations ont été consignées dans un Rapport Général du Comité ad hoc sur la Réorganisation de l’Enseignement Technique et Professionnel.

Dans son document de juillet l993, intitulé Réforme de l’enseignement technique et professionnel – Cadre organisationnel, la Direction de l’Enseignement Technique et Professionnel souligne le souci d’améliorer la qualité de la formation dans les établissements de l’enseignement technique et professionnel tout en veillant sur une adéquation formation-emploi. On fait valoir l’importance d’envisager la réforme en tenant compte des perspectives de développement économique. On souligne aussi l’évolution excessivement rapide des techniques. On mentionne le besoin d’actualisation des méthodes d’enseignement. On énonce l’intention ferme de proposer aux élèves un enseignement à la fine pointe de l’actualité technologique. Enfin, on fait remarquer que les référentiels de formation ne sont que l’expression pédagogique des référentiels d’emploi. Au cours de ce colloque, nous ferons état de la réflexion entreprise par l’Institut Pédagogique pour le développement curriculum des nouveaux programmes conduisant aux Brevet d’Études Professionnels. Lorsque la décision fut prise de procéder à une réforme en profondeur des programmes de l’Enseignement Technique et Professionnel, deux mots caractérisaient le système de formation professionnelle : fragilité et inefficacité.

De graves insuffisances avaient été observées, à savoir :

  • le manque de consistance des programmes de formation ;
  • l’insuffisance ou l’inadaptation des structures et des équipements pour répondre aux besoins de formation ;
  • le ratio très élevé élèves-équipements ne permettant pas de terminer les programmes ;
  • le manque de formation du personnel administratif en matière de gestion et l’instabilité de ce personnel soumis à des conditions de mobilité extrême ;
  • l’inexistence de vie pédagogique au sein des établissements ;
  • l’insuffisance des budgets ;
  • le manque de relation formalisée avec les opérateurs économiques ;
  • l’accession difficile, des finissants de ces programmes, au marché du

Devant ces constats, une refondation curriculaire s’avérait nécessaire. Les autorités ministérielles, en sous-commission, ont alors proposé un plan de redressement visant, d’abord et avant tout, à instaurer un nouveau régime pédagogique, à transformer le dispositif de pilotage du système de formation professionnelle et à modifier progressivement le mode de fonctionnement des établissements. La commission proposait que la refonte curriculaire s’articule autour de l’implantation d’un régime pédagogique adapté aux besoins diversifiés de formation, de la création d’un dispositif de pilotage du système par la Direction de l’Enseignement Technique et Professionnel (DETP), du renforcement de l’autonomie des établissements, de l’ajustement des conditions et des moyens de formation et enfin, de la formation des formateurs et des personnels d’encadrement.

Toutefois, ces grandes priorités ne pouvaient se réaliser sans que certaines mesures d’ordre pédagogique, institutionnel et financier ne soient mises en œuvre. Par exemple, sur le plan pédagogique, deux mesures étaient ainsi décrites : d’abord, le nouveau régime pédagogique doit être souple et flexible pour permettre à l’élève d’accumuler le moins de retard possible dans son cheminement scolaire, et ensuite, le processus éducatif doit être fragmenté en unités d’apprentissage qui correspondent à des habiletés nécessaires à l’exercice professionnel. Dans leurs travaux, les membres de la Commission ont aussi précisé les assises sur lesquelles allait s’appuyer le développement curriculaire en enseignement professionnel.

  • L’enseignement professionnel vise des formations plus qualifiantes qui s’arrimeront aux besoins socio-économiques du
  • La priorité doit être accordée aux apprentissages de l’élève.
  • Une solide formation générale de base doit être assurée tout au long de la
  • En matière d’élaboration de programmes, les décisions d’ordre pédagogique doivent être prises en fonction de la maîtrise, par l’élève, d’habiletés liées à son futur métier.
  • Les systèmes éducatif et productif doivent travailler en interdépendance et en collaboration, dans un processus

De plus, les membres de cette sous-commission ont déterminé les objectifs opérationnels qui allaient guider le développement curriculaire, à savoir :

  • Découper les programmes de formation en unités élémentaires d’apprentissage.
  • Concevoir des modules qui transmettent des valeurs telles que l’autonomie, la polyvalence, le goût du travail bien fait, l’adaptation, le respect de l’éthique professionnelle, le sens des responsabilités.
  • Traduire le programme en objectifs de comportements perçus comme essentiels à l’exercice du métier.
  • Assurer la complémentarité des rôles entre le système scolaire et le milieu de l’entreprise.
  • Développer une pédagogie du projet industriel ou de
  • Procurer, aux personnes concernées, l’information relative aux méthodes d’enseignement et au nouveau système d’évaluation basé sur une organisation modulaire de la

Ce sont les principes et toutes les idées-forces de cette sous-commission qui servirent de référence aux techniciens de l’Institut Pédagogique National pour déterminer un processus de développement curriculaire

LE DÉVELOPPEMENT CURRICULAIRE

Avant d’entreprendre le développement des curricula de l’enseignement professionnel, il a fallu considérer un certain nombre de facteurs d’ordre politique, philosophique, socioculturel, économique, pédagogique et scientifique. Il a fallu également se référer aux finalités de la Réforme de l’Enseignement Technique et Professionnel, à savoir :

  • satisfaire les besoins de l’environnement socio-économique ;
  • garantir une main d’œuvre qualifiée ;
  • former des professionnels polyvalents capables de s’adapter aux exigences des progrès technologiques.

La première étape fut donc de déterminer des fils conducteurs pour les nouveaux programmes. S’inspirant des textes et des échanges en comités pléniers, les techniciens ont proposé les éléments suivants :

  • la compétence et la productivité dans le secteur d’activité choisi
  • l’adaptation aux changements technologiques
  • la polyvalence
  • le sens des responsabilités
  • la création de son propre emploi
  • le savoir penser
  • le savoir communiquer
  • le savoir interagir
  • le savoir prendre des décisions
  • le savoir résoudre des problèmes.

Dans ce projet d’élaboration des programmes de formation, la préoccupation des concepteurs des nouveaux programmes a été de concevoir les programmes et les documents d’accompagnement pour favoriser de « réels apprentissages » chez l’élève, au regard de ces fils conducteurs. Comment alors élaborer des programmes pour que l’élève fasse de réels apprentissages ? D’abord, il a fallu choisir des modèles éducatifs qui guideraient toutes les interventions de développement curriculaire. Trois choix prioritaires s’imposaient :

  • un modèle de la personne en apprentissage
  • un modèle d’élaboration des programmes de formation
  • un modèle d’organisation des

S’agissant du premier modèle, nous avons retenu un modèle éducatif qui prend en compte que personne ne peut apprendre à la place d’une autre personne et que l’intégration des connaissances se fait par la pensée de la personne qui, elle seule, peut interpréter les informations qu’elle reçoit de son environnement. L’acquisition d’un savoir est tenue par le fruit d’une construction à partir des besoins et des intérêts de la personne. La personne qui apprend est considérée  comme quelqu’un qui, devant un objet d’apprentissage, regarde, compare, raisonne, invente, enregistre, cherche et sélectionne. Certains postulats se sont alors précisés :

  • À l’école, le rôle le plus important revient à l’élève.
  • Apprendre procède de l’activité de l’élève, seul ou avec d’autres.
  • Le développement cognitif d’une personne dépend de ses acquis antérieurs.

S’agissant du deuxième modèle, nous avons retenu un modèle conceptuel basé sur les compétences à acquérir par les élèves en fin de formation. D’autres postulats se sont imposés :

  • L’enseignement des matières fondamentales de base doit se prolonger tout au long de la formation.
  • Le référentiel d’emploi basé sur un profil de compétences sert de guide aux concepteurs de programmes.
  • La compétence à acquérir par l’élève est le pôle de référence de toutes les décisions et les actions pédagogiques et
  • La performance sert de base d’évaluation dans les programmes de formation
  • L’accomplissement de la mission des établissements d’enseignement professionnel
  • repose sur un partenariat effectif entre l’Éducation Nationale et les opérateurs économiques.
  • L’intégration des connaissances et des habiletés requises pour exercer un métier doit être facilité par un stage pratique en milieu

S’agissant enfin du troisième modèle, c’est à dire de la gestion des programmes de formation, c’est l’approche de type modulaire qui a été retenue. Certains postulats se sont alors ajoutés aux précédents :

  • La validation des acquis se fait par capitalisation des unités de
  • La promotion se fait par module et, au terme de chaque module, l’évaluation atteste
  • de la réussite ou de l’échec de l’élève.
  • Chaque module est autonome et, par conséquent, l’élève qui réussit un module ne le reprend
  • Le diplôme est délivré par les autorités compétentes au vu de la somme des unités
  • capitalisables accumulées au cours de la
  • La préparation de la majorité des évaluations sommatives est sous la responsabilité
  • de l’établissement scolaire et seulement un certain nombre d’unités est accordé par voie de contrôle ministériel.

Ces prémisses ayant été posées, les techniciens ont adopté un plan de développement curriculaire par étapes successives :

  • Procéder, pour chaque métier, à une analyse de la situation de
  • Rédiger les orientations ou les buts de la formation projetée.
  • Identifier les diverses compétences à développer.
  • Traduire les compétences en une liste de
  • Rédiger le programme d’études.
  • Proposer un devis d’implantation.

Les techniciens ont donc retenu de rédiger dans un premier temps après enquêtes auprès des opérateurs économiques, un référentiel de métier pour chaque métier préparé du niveau BEP. Ensuite, dans un deuxième temps, d’élaborer une offre de formation en lien avec les exigences du métier d’une part et, d’autre part avec certaines situations réelles de la vie courante. Enfin, de structurer la formation par :

  • L’élaboration d’ordinogramme (agencement des modules du début à la fin de la formation).
  • L’identification des types de formation et leurs poids dans la formation proposée.
  • L’identification des champs de formation et leurs poids dans la formation proposée.

LA PROFESSIONNALISATION DES MÉTIERS DU SECTEUR INFORMEL – PIERRE BOUSSOUGOU

THE PROFESSIONALISATION OF THE INFORMAL JOBS IN GABON

Conseiller Pédagogique – Institut Pédagogique National – Libreville, Gabon

SUMMARY

Gabon, as many developing countries, knows a difficult situation as well about the economical plan as the financial one .This situation arrives after the oil boom period with, as strong correlation, many companies lock down and compress their staffs. So, thousands people get unemployed, especially in the provincial great capitals Libreville, Port-Gentil, Franceville… Many of them, pushed by a natural and justifiable instinct of survival and poverty extraction, try to exercise new professions in implanted structures outside any legality. These structures grow an important sector of activities we qualify as informal sector. It is characterized by a plethora of multi-formed activities in constant expansion with a real impact noticeable on the economical and social plan. The production of this sector can be value to several dozens of billions francs CFA per year. From the social plan, the Head office of Statistics and Economical  Inquiries  (DGSEE),  through  a   1995’   study,   showed   that   this   sector   employed 38 034 persons, that represented 39.25 % of the employed of the formal sector. The national foreigners constitute the big majority with 62.91% of these. The same inquiry showed the low education standards of these persons and their insufficient qualification. In these conditions, it is difficult to improve any methods of work to sustain development of the quality and competitive products on the market. These data show that the Gabonese informal sector can constitute a means  of fight against unemployment and poverty. Supporting this needs a particular attention from all the political authorities by the elaboration of the various forms of supports. This communication tries to bring a glance on the development of competences and the role of the training specifically in the direction of these persons and in terms to improve the quality of their products and services. Nevertheless, how is possible to reach there? It is a question of setting up a system of training based on the cybernetic model, which favours a better feedback. This one includes four components: the context, the inputs, the process and the entrants of which relevant variables identified at the level of each of components connected one to another.

CONTEXTE

Le Gabon, à l’instar des nombreux pays en voie de développement, connaît une conjoncture économique et sociale difficile. Cette situation, qui intervient après la période dite du boom pétrolier, a eu pour corollaire la fermeture de nombreuses entreprises et des compressions de personnels dans d’autres. Ainsi, plusieurs milliers d’individus, à travers les grandes capitales provinciales, notamment (Libreville, Port-Gentil, Franceville), qui constituent des principaux pôles de développement, vont se retrouver sans emplois. Certaines de ces personnes, poussées par un naturel et légitime instinct de survie pour s’extirper de la pauvreté, vont exercer des nouveaux emplois dans des structures implantées en marge de toute légalité. Ces structures, évoluant dans un secteur qualifié d’informel, se caractérisent par une pléthore d’activités multiformes (cordonnerie, coiffure, couture, vente de produits locaux, commerce ambulant, etc.) en constante expansion dont l’impact réel se fait sentir sur le plan économique et social.

Au plan économique, le journal Union (quotidien gabonais) du 11/01/05 révèle que ce secteur représente aujourd’hui 40 à 50% de l’activité de distribution et 50% des importations.. De plus, son poids a pratiquement doublé en dix ans et ne fait que se renforcer davantage en raison de l’inflation qui favorise la fraude. Enfin le même journal considère que ce secteur constitue aujourd’hui un élément de la croissance économique aussi bien en termes de garantie d’emplois que des revenus. Certains experts en la matière estiment, quant à eux, que la valeur annuelle des biens et services de ce secteur s’élève à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Par ailleurs on constate que le dynamisme économique de ce secteur retient l’attention de certains organismes de développement tel la banque mondiale qui soutient davantage ce petit commerce évoluant dans l’informel. Au  plan social, ce secteur répond à un besoin réel de la population. Les nombreuses petites activités informelles permettent aux actifs de ce secteur de faire face aux difficultés socio-économiques. Une étude menée en 1995 par la Direction Générale des Statistiques et Enquêtes Économique du Gabon montrait que ce secteur employait 38034 personnes soit un pourcentage de 39,25 % des effectifs du secteur structuré. Les ressortissants étrangers y sont très majoritaires avec 62,91 %. La même étude indiquait également que la main d’œuvre travaillant dans ce secteur est d’un faible niveau d’instruction et d’une qualification insuffisante. Cette situation rend difficile l’amélioration des méthodes de travail susceptibles de développer la qualité des produits et services.

Ces quelques données montrent que le secteur informel gabonais peut constituer un moyen efficace de lutte contre le chômage et la pauvreté si les autorités politiques lui définissaient des orientations claires. Déjà en 1983, les assises des états généraux de l’éducation et de la formation recommandaient à l’État d’accorder une attention particulière à ce secteur. Cette attention peut se caractériser par la mise en place des différentes formes d’appuis qui devront permettre la professionnalisation des métiers de ce secteur et valoriser ainsi les actifs de cette économie. L’un des appuis possible est la formation professionnelle qui favoriserait le développement des compétences permettant, à moyen terme, l’atteinte des objectifs ci-après :

  • Intégrer des nombreux jeunes gabonais déscolarisés dans ces métiers ;
  • Assurer une meilleure qualification des personnes exerçant ces emplois ;
  • Améliorer la qualité des biens et services de ce

Le secteur informel se caractérise par des nombreuses activités souvent multiformes qui répondent en partie aux besoins immédiats du consommateur. Sur le plan national, son impact économique et  social se fait réellement sentir bien que la qualité de production des biens et services reste un sujet de préoccupation dont il faut apporter des réponses. L’une d’elles est la mise en place d’un mécanisme formel permettant la professionnalisation des métiers de ce secteur par l’État. Cela constituerait, pour le gouvernement, un outil de lutte contre le chômage et la pauvreté. Ce mécanisme formel intégrerait les aspects juridiques, administratifs, organisationnels et professionnels de ce secteur.

PRÉSENTATION DU CADRE CONCEPTUEL

La réflexion liée à la mise en place de ce mécanisme s’appuie sur un modèle emprunté à l’ingénierie de la formation professionnelle et technique issue des assises de BAMAKO de 1998 et endossé par les chefs d’État et de gouvernent des pays ayant le français en partage lors du VIIIe sommet de la francophonie à Moncton en 1999. Celui-ci énonce les grands principes suivants :

  • La formation professionnelle et technique doit contribuer, comme l’enseignement général au niveau global de l’éducation cela suppose :
  • Son ancrage dans la nouvelle école de base ;
  • Son inscription dans un processus de formation
    • Il convient de renforcer l’articulation de la formation professionnelle et technique, autour des réalités socio-économiques, locale, régionale et nationale. Ce renforcement passe par une meilleure connaissance de la nature du marché du travail et une analyse de demande, tant dans le secteur formel qu’informel.
    • Tout processus de refondation passe par l’élargissement et la diversification de l’offre, tout en privilégiant les formes de coopératives de formation professionnelle et technique. Cela suppose un décloisonnement généralisé des systèmes de formation qui par exemple :
      • la prise en considération des modèles structurés et non structurés dans les modes de formation ;
      • la conception de programmes souples axés sur les objectifs fondés sur les compétences ;
      • l’adaptation des structures de façon à intégrer des modes de fonctionnement ouverts, simples et souples
    • Cette nouvelle conception de la formation professionnelle suppose que l’on rénove ses modes de gestion en mettant en place des partenariats fondés sur la redéfinition du rôle de l’État et de tous les partenaires du

Ces quatre grands principes sont à la base de l’élaboration du cadre conceptuel comportant les quatre composants ci-dessous.

Les quatre composantes du cadre conceptuel ci-dessus s’articulent, de manière chronologique, de la façon suivante :


Figure 2 : Principes à la base du cadre conceptuel

  • Définition des orientations et des politiques de l’État en matière d’éducation et de formation professionnelle et technique ;
  • Gestion centrale de la formation professionnelle et technique ;
  • Développement des programmes d’études
  • Mise en œuvre locale de la formation

Orientations politiques et structures gouvernementales

La refondation d’un système de formation professionnel et technique est un log processus qui commence par la définition et l’adoption de politique nationale pour aboutir à l’adoption d’un ensemble de mesures administratives favorisant un développement durable et un redressement prometteur. L’établissement des orientations, des politiques et des structures gouvernementales sur lesquelles s’articule la FPT découle d’une démarche qui comprend normalement quatre activités essentielles que sont:

  • la formulation des priorités et engagements politiques,
  • la définition des rôles, des pouvoirs et des responsabilités des instances locales et régionales ;
  • la révision du cadre législatif et réglementaire
  • le pilotage

Ce n’est que lorsque ces orientations auront été clairement définies et portées à la connaissance de tous les partenaires du projet de refondation que l’on pourra dire que la base est solide et que l’on pourra appuyer les interventions sur ces bases.


Figure 3 : structures gouvernementales de prise de décisions

Gestion centrale de la formation

Le système de formation professionnelle et technique (FPT) d’un pays repose sur des assisses légales et réglementaires découlant des orientations et des priorités gouvernementales. Cela nécessite un travail de planification de la part de l’État, qui doit dans cette tâche collaborer avec ses principaux partenaires. Il est donc essentiel qu’une unité de gestion puisse assumer l’importante fonction de la maîtrise d’œuvre dans la définition, la planification et le soutien au développement du système de formation professionnelle et technique. Ces grandes fonctions constituent la gestion centrale de la formation qui se caractérise par un ensemble d’activités ci-après :

  • L’analyse du marché du travail
  • La planification de l’offre de formation
  • L’organisation du dispositif national de formation
  • Le suivi et évaluation du système de FPT

Figure 4 : gestion centralisée de la formation professionnelle et de l’emploi

Développement des programmes d’études

La qualité des programmes d’études constitue l’un des premiers indicateurs de la qualité générale d’un système de formation. En formation professionnelle et technique, les programmes d’études visent à former les personnes ayant les compétences nécessaires pour exercer un métier ou une profession afin de leur permettre de réussir leur insertion dans le marché du travail. L’expression développement de programmes renvoie au processus qui consiste à identifier et à formuler les compétences requises pour exercer un métier ou une profession à partir de l’analyse des besoins et de la situation de travail pour ensuite traduire ces énoncés de compétences en objectifs et en standards de performance dans un programme de formation professionnelle ou de formation technique. Cette tâche se caractérise par le processus suivant :

  • Analyse qualitative des besoins de formation. Dans cette première partie, on détermine les besoins de formation sectoriels. La connaissance de ces besoins permet de dégager des orientations et d’établir un plan de développement des programmes d’études qui conditionne l’analyse de la situation de
  • Conception du projet de formation. Cette deuxième partie permet, après l’analyse de la situation de travail, de déterminer des compétences du métier ou de la profession puis de structurer la formation. Cette étape s’achève par une validation des compétences et du projet de
  • Élaboration du programme d’études. C’est la troisième phase du modèle. Dans celle-ci, on structure le programme d’études ensuite de la détermination des indicateurs de maîtrise des compétences. La formulation des objectifs de formation constitue la dernière étape de cette phase.
  • Production de documents de soutien pédagogique. C’est la dernière étape dans le processus de développement de programmes. Elle consiste à apporter un soutien à l’évaluation des compétences, à l’enseignement et à l’apprentissage.

Figure 5 : élaboration des programmes d’enseignement

 

Mise œuvre locale de la formation

La mise œuvre locale de formation a lieu dans un contexte de complémentarité et de responsabilités partagées entre les autorités de tutelle de qui maître d’œuvre, et les établissements de formation qui assurent la prestation des services éducatifs. Pour le cas des établissements connaissant un accroissement d’autonomie de gestion, celui-ci dispose d’un marge de manœuvre plus importante pour mettre en place l’ensemble des conditions permettant aux élèves d’acquérir les compétences visées dans des secteurs de formation donnés et pour offrir ses activités en fonction des besoins en main-d’œuvre des entreprises par exemple. Il importe donc que ces établissements disposent d’une marge de manœuvre ainsi que des compétences et des ressources nécessaires pour remplir leur mission. L’efficacité du système teint à l’équilibre entre les grandes orientations étatiques en matière de développement de la formation professionnelle et technique et la responsabilisation des établissements dans la mise en œuvre de cette mission. Les quatre caractéristiques fondamentales ci- dessous distinguent les établissements évoluant dans un système fondé sur l’acquisition des compétences :

  • Une autonomie de gestion accrue
  • Une organisation de l’enseignement centrée sur l’apprenant ;
  • Une mise en place d’un dispositif de formation recréant l’environnement professionnel ;
  • Une dynamique de partenariat et de formation

Figure 6 : Mise en œuvre localement de la formation professionnelle

 

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