LA MISE EN PLACE D’UN CADRE DE RECHERCHE À L’ENSET : COMMENT FORMER LES ENSEIGNANTS AU PROCESSUS DE LA RECHERCHE AFIN D’INITIER LES ÉTUDIANTS À LA PRODUCTION DES TRAVAUX DE RECHERCHES ? – CHRISTIAN DIDIER MOUITY

LA MISE EN PLACE D’UN CADRE DE RECHERCHE À L’ENSET : COMMENT FORMER LES ENSEIGNANTS AU PROCESSUS DE LA RECHERCHE AFIN D’INITIER LES ÉTUDIANTS À LA PRODUCTION DES TRAVAUX DE RECHERCHES ? – CHRISTIAN DIDIER MOUITY DEVELOPMENT OF AN INVESTIGATION FRAMEWORK AT THE ENSET: HOW TO TRIN TEACHERS TO THE INVESTIGATION PROCESS TO INITIATE STUDENT AT THE INVESTIGATIONS WORKS? LIBREVILLE2005

LA MISE EN PLACE D’UN CADRE DE RECHERCHE À L’ENSET : COMMENT FORMER LES ENSEIGNANTS AU PROCESSUS DE LA RECHERCHE AFIN D’INITIER LES ÉTUDIANTS À LA PRODUCTION DES TRAVAUX DE RECHERCHES ? – CHRISTIAN DIDIER MOUITY DEVELOPMENT OF AN INVESTIGATION FRAMEWORK AT THE ENSET: HOW TO TRIN TEACHERS TO THE INVESTIGATION PROCESS TO INITIATE STUDENT AT THE INVESTIGATIONS WORKS? LIBREVILLE2005

DEVELOPMENT OF AN INVESTIGATION FRAMEWORK AT THE ENSET: HOW TO TRIN TEACHERS TO THE INVESTIGATION PROCESS TO INITIATE STUDENT AT THE INVESTIGATIONS WORKS?

Professeur – ENSET – Libreville, Gabon

SUMMARY

Since three years, the ENSET developed a project of intensification of students training in the technical, technological and vocational areas. This project support a wide exchange program with many partners (the Creteil and the Aix-Marseille IUFM in France, the IPNET in Ivory Coast, the ENSET of Douala in Cameroon, and the Cape Town Technokome in South Africa…). We start a new dimension of this project with four students and a teacher who follow a master of education at the Aix- Marseille IUFM in collaboration with the University of Provence. This new way anticipates the development by the ENSET of its own research environment. Clearly, we plan to develop a doctorate cycle in cooperation with our French partner (and other…). Mainly, this orientation introduce a new conception about the professional thesis our students have to produce and the development at the ENSET of a research team in the technical, technological and scientific educations’ areas. Evidently, this way include supporting the research productions through the mastery of the production tools: investigation, data collect and treatment, communications, publications… from this point, we plan to link our researches to the teacher-training organisation, in fact by adopting the LMD system. This question is a necessity for us. We are learning some basic principles of methodology of the research supervision in the areas of sociology and education. In this communication, we present our understanding of a research environment. Then we’ll make an exploitation under the shape of a modelling able to provide any assistance to teachers, educational advisers or inspectors of technical education.

INTRODUCTION

La mise en place d’un cadre de recherche à l’ENSET de Libreville suppose l’existence d’une équipe d’enseignants-chercheurs. L’effort est fait dans ce sens, car le cursus actuel de l’ENSET a pour passage obligé, la rédaction d’un document pédagogique appelé “ rapport de stage ”, qui rend compte des activités effectuées en entreprise d’une part, et d’une exploitation pédagogique tirée de ce stage sous la forme d’un dossier comportant des aspects techniques et scientifiques, didactiques et pédagogiques d’autre part. Cette production est certes modeste ; toutefois, on s’est rendu compte que la grande majorité des étudiants en fin de cycle (2è et 4è année) de l’ENSET ont du mal à produire un document  technique fiable matérialisant  les  quatre  mois  passés  en  entreprise.  La  production  du “ Guide de rédaction pour rapport de stage ” (Djiembi, Mouity, Nganga,16 Avril 2004) est une réponse à cette difficulté car d’une part, il tente d’apporter des réponses à quelques questions d’ordres méthodologique et technique que se posent les élèves-professeurs. D’autre part, il met l’accent sur un travail de présentation auquel il faut se conformer pour assurer une bonne prestation du rapport. Il s’agit, par cet outil, de donner aux étudiants la base d’une culture commune au travers des disciplines dans lesquelles ils se forment, des connaissances pour apprendre à rédiger le rapport de stage.

Or en dépit des transformations qui se mettent en place, les étudiants ne sont pas préparés à affronter ces changements dans les enseignements. Un constat fait auprès d’eux à l’ENSET montre l’absence de connaissances pour la rédaction ou l’élaboration explicite de tout travail qui se dit de recherche. Exploiter des sources d’information intellectuelles, lire un tableau statistique, savoir mener une enquête, acquérir des habitudes pour une démarche interdisciplinaire, comment rédiger un mémoire, un article, voilà le travail de tout chercheur, que nous voulons aborder ici. Cette communication décrit une stratégie pour une initiation à la méthodologie de la recherche. Le but est de présenter une démarche globale concernant quelques étapes nécessaires à l’élaboration et à la réalisation d’un travail de recherche. L’option ciblée est le ‘’mémoire’’ de licence ou de maîtrise tel que cela se fait en faculté de sciences humaines et sociales. L’objectif visé à travers cette sorte d’initiation est d’apprendre aux étudiants et à tous ceux que les problèmes de recherche intéressent à l’ENSET, (étudiants, enseignants, conseillers pédagogiques et inspecteurs de l’enseignement technique) comment on peut exploiter un travail de recherche à travers une préparation minutieuse.

16 Guide de Rapport de Stage : École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique, Libreville, Avril 2004

Qu’est ce qu’un travail de recherche ? Comment choisir un sujet ? Sous la direction de quel professeur travailler ? Quelles sont les différentes étapes de structuration d’un processus de recherche ? Qu’est ce qu’un problème de recherche ? Comment formuler une problématique ? Qu’est- ce qu’une hypothèse ? Comment vérifier une hypothèse ? Comment s’opère le choix des indicateurs et des variables ? Comment choisir un instrument de collecte de données ? Comment collecter, classer, puis analyser les données ? Comment présenter les résultats, et enfin comment présenter une bibliographie ? A travers ces questions, nous nous proposons de saisir l’interaction de quelques principaux éléments conceptuels, fonctionnels et pratiques qui sont rattachés aux processus de recherche. Dans un premier temps, je vais présenter quelques grands axes qui définissent la recherche, en m’appuyant sur la théorie de Joffre DUMAZDIER17, pour expliquer ce qu’est un travail de recherche. Dans un second temps, je proposerai une modélisation à partir d’un travail de maîtrise, en sociologie du travail,  soutenu à la faculté des lettres et  sciences humaines,  sur  le thème de :       “ l’enseignement technique et professionnel public au Gabon ” à l’encadrement duquel j’ai contribué. Au cours des discussions que j’ai menées avec l’étudiant, il m’a paru percevoir de réelles difficultés pour entreprendre une recherche, comprendre ce qu’est un sujet de recherche, comment le circonscrire, le rédiger, etc.. Même si les principes et les méthodes de recherches sont publiés, communiqués, voire connus et contenus dans des revues et ouvrages scientifiques et de plus en plus sur Internet, initier les étudiants aux problématiques de la recherche dans chaque axe, présenter les recherches en cours, confronter différents dispositifs de recherche pour une même problématique, mener une réflexion épistémologique sur la recherche présentée, mettre en relation la diversité des méthodes d’approche et de construction des savoirs, en un mot initier aux différentes méthodes de recherche en sciences (sociales, humaines, fondamentales) représente pour les étudiants une véritable difficulté.

Dans le contexte des pays en développement comme le Gabon où la recherche n’est pas structurée  et développée dans les formations supérieures existantes, la maîtrise d’outils méthodologiques et d’analyse de ces outils pose problème. L’actualité de la recherche reste donc émaillée par une faiblesse de publication de travaux due à l’absence d’un cadre de recherche pour la production, de publication et d’équipe d ‘animation de la recherche d’autre part. Comme je l’ai dit plus haut, le présent article est une contribution à un travail de production et d’encadrement d’un mémoire de maîtrise en sociologie du travail à la faculté de lettres et de sciences humaines de l’université Omar Bongo auquel j’ai participé. Encadrer des étudiants qui s’initient à la recherche, suppose comme pré-requis, d’avoir conduit soi même une recherche. L’exercice est plutôt difficile car on se trouve dans un processus d’apprentissage. L’article que voici est une aide à l’apprentissage sur la communication d’un texte scientifique, sur l’écriture d’un travail de mémoire, l’usage de quelques principes, démarches, méthodes et outils de la recherche à partir de cet encadrement. Son but est d’aider les étudiants à l’ENSET, les conseillers pédagogiques, les inspecteurs de l’enseignement technique, à s’approprier ces outils. Le travail entrepris ne prétend pas être exhaustif, il comporte sans doute quelques limites. Dans le plan que nous présentons, nous allons voir quelques concepts théoriques, ensuite une modélisation en partant du cas pris comme sujet en maîtrise de sociologie que nous avons encadré. Commençons d’abord par définir ce qu’est un travail de recherche

LE TRAVAIL DE RECHERCHE : DÉFINITION

Le travail de recherche permet d’approfondir ses connaissances sur un sujet donné, de clarifier ses idées et de les communiquer par écrit d’une façon logique et rigoureuse. Une recherche est objective, rigoureuse et exempte de tout préjugé.

  • qu’est-ce qui poussent les gens à faire la recherche ?
  • pourquoi sommes-nous amener à faire la recherche ?

Parce qu’il y a un problème : c’est-à-dire parce qu’on est confronté à un problème que nous voulons comprendre. Tout sujet de recherche renvoie à une question à laquelle il faut trouver une réponse par des procédés rationnels. Autrement dit un problème qu’on a devant soi, que l’on tente de comprendre et d’expliquer par des méthodes et des techniques afin de le résoudre. Selon DUMAZDIER18, le problème de la recherche est un problème dynamique. Il y relève trois constantes. C’est un écart entre une situation insatisfaisante et une situation souhaitable. C’est un désir de combler cet écart. C’est la recherche des possibilités pouvant modifier la situation actuelle. Il faut donc identifier le problème. Un problème de recherche pose toujours un problème de disfonctionnement. Ainsi, un problème de recherche part toujours d’un constat. Pour QUIVY et CAMPENHOUDT (1988), il existe trois étapes fondamentales dans la recherche : l’Hypothèse qui entraîne une rupture, l’Observation qui permet une construction et l’Expérimentation qui emmène une constatation. Et pour BACHELARD19, le fait scientifique est conquis, construit et constaté : conquis contre les préjugés, construit par la raison et constaté dans les faits. « La recherche est une comparaison entre ce qu’on pense théoriquement et ce qui existe au niveau de la pratique, c’est-à- dire au niveau de fait ou de la réalité  (aspect empirique) ». Tel est définit le travail de recherche

17 Cité par Soumaho Mesmin

Choix du sujet et définition du sujet

Le choix du sujet est souvent fait en fonction des préoccupations du chercheur. Elles peuvent être politiques, sociales, scientifiques, culturelles, économiques, artistiques, etc. « Pourquoi ai-je choisi tel sujet et non tel autre ? » ; il faut le dire et alors définir le sujet en justifiant son choix. Le choix du sujet concerne les interrogations du chercheur, des milieux scientifiques, culturels, sociaux dans lesquels il travaille. Celui-ci doit se poser la question suivante : Qu’est-ce que je cherche ou que cherche-t-on ? Des faits, des constatations, des idées, des jugements ? Et quoi en tirer ? Ces questions permettent de poser des évidences pour déterminer la complexité du sujet, comment le délimiter dans le temps pour le traiter ? Comment circonscrire le sujet ?

Objet d’étude :

Tout travail scientifique porte sur un objet d’étude ou comporte un objet d’étude. L’objet d’étude concerne un champ empirique sur lequel porte l’étude, le sujet ou l’enquête. Il constitue l’axe principal autour duquel vont s’articuler toutes les questions et réponses qui lui sont liées. La construction de l’objet répond à un principe épistémologique permettant de rompre avec la réalité immédiate. Lorsqu’une étude est menée et son objet défini, celui-ci consiste soit à analyser le problème, comprendre le problème et décrire le problème. Il est donc indispensable de définir l’objet d’étude de son travail.

Le champ de la recherche

Le champ de la recherche renvoie au cadre théorique général dans lequel s’intègre la problématique de l’étude. Le cadre théorique concerne le champ disciplinaire dans lequel s’inscrit l’étude. Autrement dit, on doit se poser la question de savoir dans quelle discipline théorique, s’inscrit une étude pour traiter des questions ou sujets soulevés. Le champ est donc scientifique, il traite des théories et aborde des éléments d’épistémologies de la discipline. Le deuxième aspect du champ de recherche concerne ses rapports à la pratique. A partir des donnés théoriques soulevées, il s’agit de les rattacher à une expérience pratique. C’est le terrain d’expérience de votre travail sur lequel est construit votre travail théorique, ce que dans certaines recherches on appelle “ la problématique pratique ”.

Intérêt scientifique

Il s’agit ici de montrer en quoi, le sujet ou l’étude à une relation avec la science. Ce peut être la psychologie, la philosophie, la linguistique, la sociologie. Pour être reconnue par la communauté scientifique, la recherche doit apporter des informations nouvelles qui vont dans le sens du développement positif de la science.

La problématique

Quel est le problème posé par l’auteur ? A-t-il un intérêt scientifique ? La problématique est donc la réorganisation d’un ensemble de questions auxquelles l’auteur essaye de répondre par des procédés déterminés qu’il indique. Dans quel courant de pensée traitant du même problème s’inscrit-elle? La problématique est le cadre construit par le chercheur pour énoncer les problèmes majeurs qu’il soulève, soit dans leurs manifestations, soit dans leurs conséquences. Pour maîtriser cet aspect, il faut dresser la liste de tous les problèmes associés à votre sujet en vous posant la question suivante : Qu’est ce qui ne va pas ? Il faut ensuite regrouper les problèmes appartenant à un même ordre (social, politique, pédagogique, technologiques, etc.) pour enfin établir des priorités, des degrés d’importances dans ces différents ordres de problèmes. Il est possible qu’à ce stade-ci, votre problématique soit incomplète et surtout intuitive. Un des buts de votre recherche sera précisément de le consolider.

19 Cité par Soumaho18 c.f. Soumaho

L’Hypothèse

Il existe plusieurs types d’hypothèses, qui dépendent du but poursuivi. Si vous voulez informer par l’analyse et décrire une situation, votre hypothèse sera explicative ; elle devra donner une réponse à la question suivante : Pourquoi ça ne va pas ? Si en plus d’informer, vous voulez mettre en avant quelques recommandations afin de modifier tel ou tel aspect, votre hypothèse sera transformative ; elle devra répondre à la question suivante : Qu’est ce qu’il faut faire pour que ça aille mieux ? Quelle que soit la nature de l’hypothèse, elle demeure une proposition discutée et défendue tout au long du travail de recherche. Un travail de recherche peut avoir une ou deux hypothèses. C’est à partir de là que vous choisirez les documents à lire, les personnes à rencontrer, etc. seront choisis.

Méthodologie :

La méthodologie renvoie à la démarche : Quelle est la démarche méthodologique ? Les techniques utilisées (monographies ou enquêtes, questionnaire, entretien, observation, l’analyse des données) sont choisies, selon qu’elles conviennent le mieux au domaine et aux hypothèses d’investigation. Le traitement des donnés peut être qualitatif ou quantitatif, statistique ; l’analyse de contenu, l’analyse textuelle de discours, les diverses formes d’analyse statistique, se traduisent en graphiques, tableaux… La méthodologie choisie doit être cohérente avec la problématique et les hypothèses.

Résultats de la recherche

Les hypothèses de départ sont-elles vérifiées (dans le sens de la confirmation ou de l’infirmation) ? Quelles sont les perspectives nouvelles ouvertes par l’étude, Quels sont les principaux résultats… ? Tous ces points rapidement signalés constituent des grands axes de toute recherche que nous allons maintenant articuler à notre travail, à travers cette esquisse de modélisation.

Esquisse de modélisation :

Dans cette esquisse de modélisation nous allons nous intéresser d’abord au sujet. Nous l’avons traduit en un titre et ce titre est : “ L’orientation scolaire des élèves de l’enseignement technique et professionnel secondaire au Gabon depuis 1993 : contribution à une analyse de production de la force de travail d’exécution par l’État ”. Ce sujet s’inscrit dans un thème et ce thème est l’enseignement. Mais comme l’enseignement est vaste, il faut lui donner une orientation ou le circonscrire. L’orientation que prend notre thème ici est celle de l’enseignement technique et professionnel : “ L’enseignement technique et professionnel20 public au Gabon ”. On a dit que le choix du sujet est souvent fait en fonction des préoccupations du chercheur ; c’est, dans le cas étudié, de connaître les critères d’orientation des élèves de l’enseignement général vers l’enseignement technique et professionnel. Cette préoccupation reste sous-tendue par la question centrale de son étude qui va donc constituer  en fait la question de départ de la recherche : Pourquoi l’orientation scolaire des élèves de l’enseignement technique se fait sur concours à l’issue des classes de 5è et de 3è de l’enseignement général ? Pourquoi cette orientation est-elle fonction des résultats scolaires et de l’âge ? Ici, le chercheur tente de comprendre “ l’orientation des élèves vers l’enseignement technique et professionnel ”, c’est-à-dire à analyser un des aspects qui le préoccupe. Pour une lisibilité de ce travail, l’intérêt de la recherche se décline ainsi : l’intérêt de la recherche porte sur la validité et la fiabilité des critères d’orientation des élèves vers l’ETP. Pour le chercheur ici, il s’agit de rendre plus pertinente cette orientation que les élèves de l’EG subissent chaque année, le chercheur constate que les critères d’orientation qui sont construits, et établis par l’État (le ministère de l’éducation nationale), s’imposent aux élèves par des mécanismes de sélections qui leur échappent, orientant ainsi toute leur pratique tout en divisant et en reproduisant la société en classes. Ceux qui exécutent et ceux qui conçoivent. En cela, le chercheur va étudier le rôle de l’école dans une société capitaliste qui reparti les individus matériellement selon la division sociale du travail dans le cadre de la reproduction de la force du travail. Tel est ce qui préoccupe le chercheur et on perçoit là, la question centrale ou de départ de son étude.

20 Désormais, « ETP »

Objet d’étude : Nous avons dit que l’objet d’étude concerne ce sur quoi porte l’étude, il constitue l’axe principal sur lequel vont s’articuler toutes les questions et réponses qui lui sont liées. Jusqu’à la dernière reforme de 1993, l’ETP recrutait les élèves à l‘issue de la classe du cours moyen 2ème année (cm2) à travers le concours unique d’entrée en 6è. Avec la reforme de 1993, il y a un nouveau système d’orientation des élèves à partir de la classe de 5ème de l’EG pour ceux qui vont en lycée professionnel et 3ème pour ceux qui font le concours d’entrée en 2nde STI. Ici, l’objet d’étude s’inscrit dans le cadre général de la politique de l’orientation définie par l’État (le ministère de l’éducation nationale). C’est donc la politique de l’orientation scolaire, définie par l’État (le gouvernement), par le biais de l’institution qui administre l’enseignement au Gabon (le ministère de l’éducation nationale), qui sert d’objet d’étude au chercheur. Il s’agit pour lui ici, de comprendre et expliquer la place et le rôle que ces différentes orientations jouent dans l’ensemble du système éducatif Gabonais, et principalement, pour les élèves issus de l’enseignement général, et orientés vers l’enseignement technique et professionnel.

Champ d’étude : la “ sociologie de l’éducation ”. Ici le chercheur désigne d’emblée son champ d’étude : elle étudie le système scolaire, son origine, son fonctionnement, son développement dans le temps et dans l’espace, ses différentes pratiques. Ensuite la “ sociologie de la formation ” ; elle traite des problèmes d’acquisition des compétences professionnelles dans la situation du travail, à travers le processus de construction de savoir et des relations que ces savoirs entretiennent entre la formation et la qualification.

Ces deux champs permettent au chercheur de faire une analyse du rendement scolaire du système d’enseignement technique et professionnel au Gabon, en tenant compte du contexte et de son fonctionnement. Les deux disciplines ont un ancrage plus vaste, mais, pour reprendre Viviane Isambert-Jamati21, elles concernent deux niveaux : celui de l’école dans la société, celui de l’école en tant que société. Dans le premier cas il faut établir les relations de la société avec son école, alors que dans le second on analysera en quelque sorte du dedans les processus sous l angle sociologique. La sociologie de l’éducation sera considérée donc par rapport aux problèmes qu’elle étudie : les questions relatives à l’origine sociale des élèves, à leur carrière scolaire, à leur rendement académique, aux débouchés considérés dans la double perspective de l’organisation de l’enseignement et du marché du travail. Enfin on peut évoquer un problème difficile, abordé par Isambert-Jamati : celui de “ .l’échec scolaire, et donc de l’orientation, intermédiaire de la sélection sociale ”. Tel va être l’apport de la sociologie de l’éducation à cette recherche.

Problématique : la problématique est l’approche que le chercheur décide d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Construire une problématique revient à formuler les principaux repères théoriques de la recherche : la question qui structure finalement le travail, les concepts fondamentaux et l’idée générale qui inspire l’analyse . Il importe alors d’élucider les grandes orientations théoriques qui vont structurer les investigations menées par le chercheur. En fait, il s’agit de faire ici, la revue de la littérature écrite ou consacrée au sujet : “ l’orientation ” par des auteurs et les courants qui y traitent. En s’appuyant sur ces sources théoriques, le chercheur inscrit sa problématique dans le cadre de référence des travaux de C. Baudelot et de R. Establet qui considèrent l’école comme un lieu de reproduction et de reflet des inégalités des classes sociales. Dès lors, le chercheur considère l’orientation scolaire des élèves de l’enseignement technique et professionnel à partir de ce cadre de référence “ comme une pratique de division, d’acceptation et de reproduction des inégalités des classes sociales, avec d’un côté les élèves moins brillants, d’origine sociale modeste, qui constituent la base de l’ETP pour l’exécution des travaux productifs, et de l’autre côté, les élèves moins âgés et ceux jugés brillants qui constituent la base de l ‘EG pour devenir des agents actifs de conception de l’administration et du capital Gabonais ”. Le chercheur cite les travaux de Bourdieu et J Claude Passeron qui ont travaillé sur la reproduction, les travaux de R. Boudon, qui a travaillé sur l’inégalité des chances, les travaux de Baudelot et Establet, qui ont travaillé sur l’école capitaliste en France. Ensuite, le chercheur cite les travaux de recherches menées dans le cadre universitaire Gabonais, notamment de 3è cycle (Soumaho22, 1986), (Mouity23,1998) ,  et  de 2ème  cycle (Moundounga24, 2000), (Nlep25, 1992). Ici, le chercheur termine sa problématique par une série de questions car il constate que les objectifs assignés à l’ETP et la population appelée à suivre cette formation sont en contradiction. Le chercheur s’interroge donc sur le rôle que joue l’origine sociale de l’élève dans l’orientation scolaire; ensuite il regarde la réglementation en vigueur sur l’obligation scolaire dans notre pays qui rend obligatoire la scolarité de 6 à 16 ans, et se demande que les enfants issus de famille pauvre, qui commencent tardivement l’école avec les moyens financiers modestes pour soutenir leur scolarité, peuvent-ils encore poursuivre les études dans l’EG ? Ce d’autant plus qu’on sait qu’ils ont plus de chance d’arriver en classe de 5è ou de 3è au delà de l’âge requis ? Ne sont-ils pas finalement déjà condamnés à être orientés vers l’ETP ? Il prend comme critère : l’âge : ils sont déjà assez âgés lorsqu’ils rentrent dans l’ETP ; ensuite, ils ont déjà échoué dans l’EG. Dès lors, l’ETP reste le lieu de refuge des exclus, élèves de l’EG, qui ont obtenu des résultats faibles. Voilà comment le chercheur a construit sa problématique.

21 Cité par Gaston Milatet :les sciences de l’éducation. Que sais-je n°1645, 6e édition corrigée : 1993, décembre, puf, )paris.

L’hypothèse vient s’inscrire dans la logique de la problématique. L’hypothèse adoptée par le chercheur ici est une hypothèse explicative car elle décrit un phénomène : celui de l’orientation des élèves de l’EG vers l’ETP, par l’analyse des textes construits et établis par l’État (la réforme de 1993 par le ministère de l’éducation nationale) : qui situe le palier d’orientation des élèves en classe de 5ème et de 3ème de l’EG vers l’ETP. Les élèves sont orientés à cause de l’âge et des résultats scolaires.

Formulation de l’hypothèse : “ L’orientation scolaire des élèves de l’enseignement général vers l’enseignement technique et professionnel, telle qu’elle se fait aujourd’hui, procéderait d’une logique de reproduction de classes (travail manuel / travail intellectuel) par l’État, et non d’un souci pour motiver vers cet ordre d’enseignement ”. “ L’État se servirait de l’âge et des résultats scolaires comme instrument de justification, de l’orientation scolaire des élèves de l’EG vers l’ETP ”.

Méthodologie. Le chercheur a procédé ici par une approche définitionnelle des concepts autour des concepts d’orientation scolaire, d’enseignement technique et professionnel et d’origine sociale. Après la définition des concepts, le chercheur décline les outils pratiques de son orientation méthodologique. Pour vérifier ses hypothèses, il a opté pour une enquête par questionnaire comme technique de collecte des données. Le questionnaire a été réalisé sur un échantillon de 60 élèves du LTNOB dans  2 catégories de populations : ceux qui s’orientent à l’issue de la classe de 3ème de l’enseignement général et une autre population des CEI, CEC26, à l’issue de la classe de 5ème. Le questionnaire comportait cinq items :

  • La variable identification : sexe, (M.F.), âge.
  • L’élève et son
  • L’élève et sa
  • Le cursus scolaire
  • L’origine sociale des élèves

Dans chaque item, il y a des sous-questions. C’est en fonction des réponses à ces sous –questions que le chercheur va faire une analyse générale pour affirmer ou infirmer ces hypothèses en regardant la proportion des réponses fortes qui ressortent. De la, il va conclure et cela rentre dans le cadre des résultats de sa recherche.

Résultats de la recherche : Le chercheur montre que les élèves orientés vers l’ETP obéissent aux représentations établies par l’État et dont ils n’ont conscience. Ces derniers vivent dans une illusion idéologique de liberté dans le choix de l’orientation. L’État étant le principal organisateur de l’enseignement, ce dernier fixe les conditions d’orientation pour asseoir la reproduction de la société :

23 La formation des professeurs du technique à l’ENSET de Libreville et à l’IUFM Aix-Marseille, Doctorat Nouveau régime, Université de Provence,(à compléter)22 Les manuels de lectures à l’école primaire : université René Descartes, Parsi V, Thèse de doctorat de 3è cycle ‘à compléter dans la bibliographie)

24  Mémoire de maîtrise, université Omar Bongo

25  mémoire de maîtrise, université Omar Bongo

26 Collège d’Enseignement Industriel, Collège d’Enseignement Commercial

il faut que certains enfants soient orientés vers l’ETP avec des critères bien déterminés. Il ‘s’agit d’un détournement de ces élèves de l’EG qui peut leur être rentable, vers un enseignement de second plan. Ainsi en procédant à la dévalorisation de l’ETP, l’État participe à la division et assoit la reproduction des classes dans la société Gabonaise. Il montre donc de fait que l’ETP est un enseignement de refuge, de second plan. C’est un lieu de réintégration et de formation des exclus de l’EG pour accomplir les travaux d’exécution. C’est par conséquent le parent pauvre de l’EG général considéré comme plus valorisant. Ainsi pour le chercheur, l’État Gabonais détourne de façon implicite les fils des prolétaires vers les filières destinées à former des exécutants. Par conséquent, leur âge et les résultats scolaires ne sont que des prétextes pour dissimuler l’exclusion déjà programmée de ces élèves. Cela pose le problème de l’avenir de l’ETP au Gabon de même que celui de ces élèves.

Conclusion Générale

Aussi modeste que puise être ce travail, il gagnerait a être approfondi et davantage enrichi en augmentant notre capacité et notre compétence à l’encadrement. Mieux, avec la constitution d’une équipe de recherche, la structuration de la recherche va connaître un meilleur développement à l’ENSET.


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