RAIFFET 2008 Le chef d’établissement aujourd’hui : réalités, enjeux et perspectives. Noël Ngoulo

Le chef d’établissement aujourd’hui  réalités, enjeux et perspectives.Noël Ngoulo

Le chef d’établissement aujourd’hui réalités, enjeux et perspectives.
Noël Ngoulo

Summary

In the Central African Republic, there are sixty fifteen (75) public secondary and techniques schools, for more than 83.000 pupils. On the 778 teachers, – including 85 women-, in the high and Middle Schools, the three quarters are former students of the national higher school. In other words, the country counts only one National university which must ensure the initial training of the teachers and to place them at the disposal of the partners’ ministries. In this article, it will be presented realities of the formation, by emphasizing the stakes and the prospects, in comparison with the chief of establishment.

Introduction

La république Centrafricaine compte soixante-quinze (établissements secondaires et techniques publics pour un effectif de plus de quatre vingt trois mille élèves. Sur les 778 enseignants dont 85 femmes dans les lycées et collèges, les trois quarts sont des ressortissants de l’école normale supérieure. En d’autres termes, le pays compte une seule école normale supérieure qui doit assurer la formation initiale des enseignants et les mettre à la disposition des ministères demandeurs. Dans cet article, il s’agira de présenter les réalités de la formation des formateurs en mettant en relief les enjeux et les perspectives, en tant que chef d’établissement.

Réalités de la formation à l’École Normale Supérieure de Bangui

Créée en 1970 par décret n° 70/366 du 07 décembre 1970, l’école normale supérieure est devenue un établissement d’enseignement supérieur de l’université  de Bangui par décret  n° 82/154 du 04 mars 1982 complété par le décret 87/005 du 12 janvier 1987. La mission confiée à l’école normale supérieure (ENS) est de former : (i) des professeurs du premier cycle secondaire général et technique ; (ii) des professeurs du second cycle secondaire général et technique ; (iii) des professeurs d’école normale des instituteurs ; (iv) des conseillers pédagogiques et (v) des inspecteurs de l’enseignement fondamental. À la demande du gouvernement, d’autres filières peuvent être ouvertes. En attendant l’ouverture d’autres filières, quelle est la situation actuelle ?

L’école normale supérieure de Bangui comprend huit filières et plus de vingt sections :

  • filière CAPPC (certificat d’aptitude au professorat du premier cycle). Durée de formation : 3 ans ; sections : lettres modernes, lettres anglaises, histoire-géographie, sciences de la vie et de la terre, maths-physiques ;
  • filière CAPCT (certificat d’aptitude au professorat du collège technique) ; durée de formation : 3 ans ; sections : maçonnerie, mécanique des transports, électricité ;
  • filière CAPES (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire) ; durée de formation : 2 ans ; sections : lettres modernes, lettres anglaises, histoire-géographie, philosophie, sciences de la vie et de la terre, sciences économiques, sciences physiques, mathématiques ;
  • filière CAPET (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique) ; durée de formation : 2 ans ; sections : génie civil, génie industriel, génie électrique ;
  • filière CAPEA (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement agricole). Durée de formation : 3 ans ; sections : agriculture, foresterie, zootechnique, foresterie, génie rural ;
  • filière CAPENI (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement dans les écoles normales d’instituteurs). Durée de formation : 2
  • filières IEF (inspecteurs de l’enseignement au fondamental), durée de formation : 2 ans et CP (conseillers Pédagogiques). Durée de formation : 2

Cursus de formation à l’ENS

Schématiquement, comment se présentent les différents cursus de formation ? La figure 1 ci-dessous présente la structure générale des cursus de formation à l’ENS.

Figure 1  structure générale des cursus de formation

Figure 1 structure générale des cursus de formation

Figure 1 : structure générale des cursus de formation

Organisation des enseignements

Les enseignements dispensés à l’ENS se divisent en trois parties : les enseignements en sciences de l’éducation, les enseignements scientifiques de base et les enseignements liés à la culture générale. Pour évaluer les connaissances, deux systèmes sont en vigueur : d’une part, le contrôle continu et, d’autre part, les partiels à la fin de chaque semestre et les examens finaux à la fin du cycle. L’obtention du diplôme du premier cycle est conditionnée par la validation de trois blocs : (i) le bloc théorique, (ii) le bloc pratique et (iii) le bloc mémoire. Pour le diplôme du second cycle, il faut valider deux blocs : (i) le bloc théorique et

(ii) le bloc pratique.

Les stages professionnels : deux types de stages organisent la partie des stages professionnels. Le premier concerne les stages en établissements scolaires qui relèvent du plan pédagogique – stages pédagogiques dans les lycées techniques et dans les collèges d’enseignement technique et général ; stages d’encadrement dans les écoles primaires ; stages pédagogiques dans les ENI – alors que le second type concerne les stages professionnels, qui s’organisent en stages dans les entreprises en première année et en stages d’enseignement au collège ou au lycée technique en deuxième ou troisième année.

Les enjeux de la formation à l’ENS de Bangui

Trois types d’enjeux peuvent être perçus dans la formation à l’École Normale Supérieure : les enjeux politiques, pragmatiques et ontogéniques. À titre de rappel, la mission assignée par le gouvernement à l’ENS est de former les enseignants des collèges et lycées secondaire général et technique. Le tableau suivant met en relief le nombre d’élèves- professeurs et encadreurs formés depuis 2000 à 2006.

 

Année CAPES LM CAPES LA CAPES HG CAPES

Philo

CAPES SVT CAPES SP CAPES

Math

2000-2001 15 15 12 01 07 04 04
2001-2002 08 08 05 05
2002-2003 29 22 06 08 06 03
2003-2004 04 06 17 05 04
2004-2005 24 15 19 06 09 04 04
2005-2006 22 09 11 03 10
Total 76 32 57 36 52 27 30
  CAPES SE BT Sel CAPPC LA CAPPC LM CAPPC HG CAPPC MP CAPPC SVT
2000-2001 03 15 08 07 06 02 10
2001-2002 05 07 07 10 05
2002-2003 03 06 30 10 11 06
2003-2004 04 05 09 04 09 08
2004-2005 05 04 21 07 04 07
2005-2006 16 11 34 07 10
Total 20 15 46 85 77 33 46
  CAPEA

Agri

CAPEA

Foret

CAPEA

Zoo

CAPEA GR CAPET GM CAPET GI CAPET

GCiv

2000-2001 05 03 03 03 04
2001-2002 05 03 03 02 01
2002-2003 06 05 01
2003-2004 05
2004-2005
2005-2006 02 03
Total 23 14 07 02 01 03 04
  CAPCT CM CAPCT MG CAPCT

Maçon

CAPCT MTR CAPCT MEN CAPCT

Elec

CAIEF1
2000-2001 04 02 02 01 04 02
2001-2002
2002-2003
2003-2004
2004-2005 31
2005-2006
Total 04 02 02 01 04 02 31

Tableau 1 : Nombre d’élèves-professeurs ayant terminé leur formation de 2000-2006

Un regard critique sur ce tableau montre qu’il y a peu de vocation dans le domaine scientifique comparativement aux autres domaines. En CAPES sciences physiques par exemple, de 2000 à 2006, 27 personnes ont été formées soit 4 personnes en moyenne par an. Dans le domaine technique, la formation est appuyée par des projets de coopération française. Lorsque le projet arrive à terme, la formation prend fin. Très peu de gens ont été formés pour former dans ce domaine. Même s’il y en avait, l’enseignement ne les intéresse guère. L’enseignement paye peu par rapport à d’autres départements ministériels. L’un des véritables enjeux politiques, c’est que tous les jeunes formés sont intégrés aux comptes gouttes dans la fonction publique centrafricaine. L’État a des problèmes de trésorerie. Conséquences, quelques uns essaient de chercher du travail dans le privé, d’autres font de la vacation dans les collèges et lycées publics, d’autres enfin restent à la maison et l’analphabétisme est vite de retour. D’où la nécessité de ne pas laisser les jeunes formés grossir pendant longtemps le rang de ceux qui sont sortis du système éducatif  sans diplôme. Regardons de près la formation à l’école normale supérieure. L’étude des enjeux pragmatiques nous y aidera.

Les enjeux pragmatiques

Dans le domaine de la formation, l’ENS doit relever un défi : celui de former des  enseignants de qualité. D’une manière générale, cette formation comprend deux volets. Le premier volet comprend des cours théoriques, des travaux dirigés et des travaux pratiques. Le second volet qui se déroule sous forme de stage comprend des séries d’actions et d’activités planifiés sur le terrain avec un encadrement assuré d’une part, par des professeurs titulaires dans les lycées et d’autre part par les enseignants de l’ENS pour la partie suivi et évaluation. Il s’agit d’un stage de pleine responsabilité situé en 2e année de formation pour les élèves professeurs des lycées et en 3e année pour ceux qui sont destinés à enseigner au collège. Les élèves professeurs se rendent trois fois dans la semaine sur le terrain. Les élèves conseillers pédagogiques et les élèves inspecteurs du fondamental 1 bénéficient de trois mois de stage dans les écoles primaires de janvier à mars. Ces stages reposent sur les visites de classe et les animations pédagogiques. Il s’agit d’une formation pratique significative et d’une formation professionnelle intégrée. D’où les enjeux pragmatiques de cette formation. Mais le problème c’est que l’ENS souffre d’un certain ombre de carences dans le domaine des formateurs, des infrastructures, des outils pédagogiques et didactiques et dans le domaine des équipements. Développons un seul aspect, celui des formateurs. L’école normale supérieure de Bangui fonctionne grâce à une centaine d‘enseignants. Mais parmi la centaine, nous avons à peine une douzaine d’enseignants permanents. Le reste, ce sont des enseignants vacataires qui viennent des facultés et qui n’ont pas la culture de formation dans les écoles professionnelles. Pour répondre au besoin de formateurs, il faudra envoyer en formation doctorale une quinzaine de collègues enseignants dans les domaines de mathématiques, sciences physiques, sciences de la vie et de la terre, de pédagogie, de didactique, de psychologie. Nous avons développé l’aspect de l’organisation de la formation à l’ENS en mettant en valeur les difficultés. Mais comment faire pour que ces problèmes soient aplanis ? Essayons d’étudier les enjeux ontogéniques et les perspectives.

Les enjeux ontogéniques et les perspectives

Dans un domaine comme la formation, l’enjeu ontogénique est le fait des enseignants et administrateurs qui veulent perfectionner leurs connaissances, leurs habiletés, ou qui veulent s’épanouir en développant leur établissement. Pour le cas de l’école normale supérieure, quelques pistes de réflexions peuvent être avancées : la recherche, les conditions de recrutement et le système de formation. D’abord, la recherche. Point n’ait besoin de démontrer l’importance et l’intérêt de la recherche. Le problème le plus épineux concernant la recherche est celui des moyens matériels et financiers. En outre, il faut souligner le manque de détermination et de volonté chez les enseignants. L’enseignant au niveau universitaire est appelé à jouer un double rôle : l’enseignement et la recherche. Les difficultés d’ordre psychologique peuvent être surmontées grâce à une prise de conscience du fait que la recherche apporte beaucoup dans la vie professionnelle de l’enseignant. A titre d’exemple, la recherche aboutissant à des publications dans les revues scientifiques permet au chercheur d’être promu à tel ou tel grade selon le corps dans lequel il se trouve. Des travaux de recherche seront soumis à la lecture d’un comité composé de quelques sommités en la matière au niveau interne aussi bien qu’au niveau externe. Entre-temps, sous forme d’atelier, il serait intéressant de faire le point sur l’avancement des travaux aux collègues. Les mémoires des étudiants peuvent faire l’objet d’une compilation susceptible d’être publiée. Ensuite, le recrutement. Dans les domaines scientifique et technique, les vocations sont rares notamment dans les sections mathématiques, sciences physiques, maths-physique, sciences de la vie et de la terre. Or, le vivier est important quand on regarde vers la faculté des sciences et vers les lycées à vocation scientifique et technique. Malgré ce vivier, l’ENS recrute en moyenne six (6) dans ces sections et quatre (4) ou cinq

(5) terminent (cf. le tableau sur le nombre des étudiants qui terminent leurs études à l’ENS). L’une des principales raisons, c’est que le scientifique est mieux payé ailleurs que dans l’enseignement. Pour susciter les vocations, il faut motiver les élèves-professeurs en leur accordant un peu plus de bourse qu’aux autres. C’est le rôle de l’État. Si cette proposition est applicable, les administrateurs de l’ENS doivent battre campagne auprès des futurs candidats dans les lycées en faisant miroiter l’aspect bourse. Enfin, le système de formation. Nous l’avons signalé plus haut, l’ENS fonctionne grâce aux vacataires. Quand on jette un coup d’œil sur les cahiers de texte, on se rend compte que les enseignements sont plus théoriques ; très peu de TP sauf en sciences de la vie et de la terre. Bien qu’il y ait des difficultés d’outils pédagogiques et didactiques, un enseignant doit être animé d’esprit d’initiative, de créativité et surtout planifier les sorties pédagogiques. Notre système de formation est composé d’un bloc important, celui de stage. Si nous voulons améliorer les conditions de formation et valoriser l’enjeu ontogénique, chacun est appelé à prendre ses responsabilités en main. Pour faciliter le stage chez les élèves –professeurs, il serait souhaitable d’accorder systématiquement la bourse à tous ceux qui sont en fin de cycle de formation. Pour les responsables de l’ENS, mettre à leur disposition les moyens logistiques leur permettant de suivre facilement les stagiaires sur le terrain.

Conclusion

Chef d’établissement aujourd’hui, nous avons essayé de montrer dans cet article, à travers les réalités quotidiennes, que les enjeux de formation sont de taille. Ils couvrent les domaines politique, pragmatique et ontogénique. En perspective, l’on devrait prendre conscience que la population centrafricaine s’accroît et que le nombre d’élèves s’accroît également. Il faudrait donc penser non seulement à améliorer les conditions infrastructurelles et les conditions de formation de formateurs, mais en même temps s’ouvrir aux autres pays de la CEMAC dans le cadre du système LMD (licence, maîtrise, doctorat) pour l’harmonisation de la formation.

Résumé

La République Centrafricaine compte soixante-quinze (75) établissements secondaires et techniques publics, pour un effectif de plus de 83 000 élèves. Sur les 778 enseignants, dont 85 femmes, dans les lycées et collèges, les trois quarts sont des anciens élèves de l’école normale supérieure. En d’autres termes, le pays compte une seule école normale supérieure qui doit assurer la formation initiale des enseignants et les mettre à la disposition des ministères commanditaires. Dans cet article, il s’agira de présenter les réalités de la formation en mettant en valeur les enjeux et les perspectives, au regard du chef d’établissement.

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