RAIFFET 2008 Stratégie de développement d’une licence appliquée en production mécanique Ahmed Ben Cheikh Larbi, S. Chatti et M. Cornel

Stratégie de développement d’une licence appliquée en production mécaniqueAhmed Ben Cheikh Larbi, S. Chatti et M. Cornel

Stratégie de développement d’une licence appliquée en production mécanique
Ahmed Ben Cheikh Larbi, S. Chatti et M. Cornel

Summary

The analysis of the evolution of the rate of employment of the graduates of Tunisian higher education reveals difficulties of employability. These difficulties are attached to the globalization of the companies and the growth of the number of students. The Tunisian State incites the graduates to the creation of company, grants material advantages to the companies for training courses, and reforms the system of higher education. In this context a new strategy of formation was adopted by the University of sciences and technology of Tunis in partnership with three European universities, in the framework of a Tempus project. It is a question of conceiving a new license applied in mechanical production which supports the sustainable development of the companies. The project of formation was founded on the principal following strategic ideas :

1) the study of the reality of the Tunisian companies in mechanical engineering in general and mechanical production in particular, 2) the definition of the needs for Tunisian industry in mechanical production with short, average and long terms, 3) identification of the final recipients and indirect of this new formation and 4) the development of a plan in twelve modules containing each one 30% of theoretical elements, 30% of applications, 30% of specific competencies, and 10% transversals, with many formation through in-company training and in the form of practical works. The trainers are selected and recycled to the modern methods of education. The participation of industrial experts is highly encouraged.

Introduction

Ces dernières années, l’accélération des effets de la mondialisation a relancé bon nombre de stratégies de développement de l’ensemble des secteurs clés de notre vie quotidienne. Ces effets touchent les échanges politiques, économiques, sociaux…, ce qui affecte de prime abord la stratégie d’éducation et de formation dans ses diverses tranches. Face à ce défi, la Tunisie s’est attachée à transformer le système d’enseignement supérieur en l’adoptant aux normes internationales régies aujourd’hui selon le processus de Bologne. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet MEDPRO qui vise à vitaliser l’industrie tunisienne en Production Mécanique en se basant sur une nouvelle stratégie de formation universitaire.

Le statut de l’enseignement technique

La Tunisie a toujours consenti de grands efforts pour instaurer un système éducatif efficient, capable de fournir des diplômés pour tous les secteurs de la vie économique. Le nouveau système de formation LMD (licence master doctorat) a été introduit depuis 2006, et la recherche de la qualité de la formation est devenue un critère d’habilitation des établissements et des universités. Le défi majeur relevé par toute la communauté, reste rattaché à l’employabilité des diplômés de l’enseignement supérieur qui s’attend, en l’an 2012, à accueillir prés de 500 000 étudiants, alors qu’ils n’étaient que 320 000 en 2007. Une des solutions préconisées est de fournir aux apprenants une formation en harmonie avec  les besoins des marchés de l’emploi tunisien et international. L’école supérieure des sciences et techniques de Tunis (ESSTT) est une composante du réseau des institutions de l’Université de Tunis. Elle offre un cursus universitaire de haut niveau qui place le développement de la recherche scientifique et technique au cœur du processus de rénovation des enseignements. Elle accueille chaque année prés de 3500 étudiants et compte sur 250 enseignants permanents et 50 contractuels et experts professionnels pour assurer la formation. L’ESSTT adhère aux divers projets de la tutelle et a entamé une réforme LMD fondée sur les besoins des entreprises tunisiennes dans les disciplines de ses compétences qui comptent, entre autres, le Génie Mécanique et la Productique. Le nombre de diplômés par an dans ces spécialités est de l’ordre de 200.

Le statut de la Production Mécanique en industrie

La Tunisie est le premier pays d’Afrique du nord et du Moyen orient à avoir ratifié avec l’Union européenne l’accord de libre échange, parallèlement au programme d’adaptation structurel signé en 1986, à son acceptation des accords du GATT, et à son adhésion à l’union douanière maghrébine en 1995. Ces actions montrent une volonté d’intégration de la mondialisation, dont les retombées doivent développer la croissance économique. Pour être viable, cette croissance doit être fondée sur une croissance de la production industrielle qui affronte une concurrence internationale féroce. Dans le système de production, la production mécanique (PM) accapare une importance fortement stratégique, puisqu’elle est la seule spécialité de la technologie qui englobe de multiples champs tels que : les procédés mécaniques, les matériaux, les produits, la fabrication, l’automatisation des procédés… La viabilité de ce secteur industriel très large reste rattachée à la qualité de la formation du personnel engagé qui doit atteindre une dimension internationale.

Le projet MEDPRO

L’analyse du statut de l’enseignement supérieur en relation avec le statut de la production mécanique industrielle montre la nécessité de développer et mettre en application une formation adaptée et avant-gardiste. Le licencié en PM doit comprendre et maîtriser la production, le contrôle de production, la conception, les équipements associés, les installations et leurs schémas, le bureau de méthode, le contrôle qualité, les normes de travail, les systèmes mécanique, le contrôle des processus et l’analyse statistique, le traitement et la gestion de fabrication … en d’autres termes, l’éventail entier des soucis de la production mécanique. L’objectif majeur de ce projet consiste à revitaliser l’industrie tunisienne pour renforcer sa compétitivité sur le marché international Les objectifs spécifiques du projet MEDPRO établie pour le compte de l’ESSTT sont : le développement d’un plan d’études tenant compte de tous les besoins universitaires et du point de vue industriel, le développement de nouveaux cours en PM mis à jours et adaptés à la structure du système modulaire, l’introduction de nouvelles méthodes d’enseignement, la préparation des contenus, du matériel et des laboratoires fondée sur les dernières stratégies didactiques, l’installation de cinq laboratoires, l’élaboration et l’implémentation des principaux cours, travaux dirigés et travaux pratiques, la diffusion des activités : page Web, ateliers, conférences, contacts avec des entreprises et établir un réseau international en PM… L’implémentation du programme éducatif à ESSTT s’adresse à la fois à la formation permanente (niveau licence) et à la formation continue. L’accent est mis sur les récents progrès scientifiques et les technologies modernes utilisés en PM. Les conditions de l’industrie tunisienne liées à ce champ sont étudiées.

Les programmes d’études couvriront non seulement les problèmes technologiques mais aussi les problèmes de gestion. De cette façon, plusieurs stratégies peuvent être mises en application même dans d’autres domaines économiques tels que les services, le transport et l’énergie. Les groupes ciblés et les potentiels bénéficiaires du projet sont les étudiants, les enseignants, les ingénieurs en recyclage et les entreprises en relation directe ou indirecte avec la production mécanique. Le projet est monté selon les relations établies entre les objectifs, les Indicateurs de progrès des activités, la mesure des indicateurs et les prétentions et risques encourues. Cette stratégie est appliquée à toutes les activités qui comprennent :

  • la coordination au jour le jour du plan de fonctionnement,
  • l’élaboration des programmes d’études modulaires,
  • la préparation de l’infrastructure technique,
  • la création et équipement de cinq laboratoires,
  • l’établissement du e-Learning et de la bibliothèque électronique,
  • l’élaboration des matériels éducatifs,
  • l’édition des supports éducatifs,
  • l’installation de cours linguistiques et de culture entrepreneuriale,
  • l’exécution du programme modulaire,
  • la mobilité des étudiants
  • le recyclage du Personnel technique,
  • la formation du corps enseignant de l’ESSTT,
  • la création d’un site Web dédié au projet,
  • la tenue de séminaires d’information, d’ateliers de travail et conférences, de réunions
  • une campagne de publicité et de promotion,
  • la création d’un réseau international de PM,
  • l’installation d’un bureau de contact Université-industrie à l’ESSTT,
  • le contrôle permanent par le coordinateur, le groupe de gestion du projet, le corps enseignant et l’administration de l’université et les experts externes,
  • des visites de suivi et de contrôle permanent par les partenaires de l’Union européenne,
  • des rapports d’évaluation réguliers.

Le plan d’études est établi selon les normes internationales en douze modules qui couvrent l’ensemble des compétences nécessaires en PM. Cette architecture a été tracée par les quatre universités associées au projet avec l’apport d’un panel de représentants de l’industrie. Les douze modules sont : le génie des matériaux, les procédés de production mécanique, l’assurance qualité, la conception mécanique, l’automatique, les machines à commande numérique, les procédés de mise en forme, les procédés d’assemblage, la gestion de production, les systèmes de production, la maintenance et les procédés non conventionnels. Chaque module comporte 30% de connaissance de base, 30% de compétences théoriques, 30% de compétences pratiques et 10% de compétences transversales. Les compétences pratiques sont dispensées en travaux pratiques, mini-projet et projet de fin d’étude. Ces modules sont équivalents et ont chacun quinze crédits (ECTS). Le contenu des modules est à la charge d’équipes d’enseignants de l’ESSTT qui doivent planifier et développer les cours, les exercices d’application et les travaux pratiques issues de la réalité industrielle. Ils sont appelés à envisager la formulation des tests et des examens selon la nature de chaque module. Les manuels de cours et d’exercices seront fournis aux apprenants. Un système de tutorat sera instauré afin d’orienter les choix des étudiants et leur fournir une aide pédagogique. Cinq laboratoires dotés de technologies modernes viendront compléter les installations antérieures au projet. Les priorités seront accordées suite à un audit interne. Dans cette phase du projet la formation et le recyclage des formateurs de l’ESSTT est un impératif incontournable. Les formateurs concernés suivront des cours dans les universités européennes associées. Cette activité améliorera leur connaissance des techniques avancées en PM et leur donnera une certaine expérience toujours utile aux formateurs.

Les méthodes éducatives seront fondées sur des techniques traditionnelles et sur le e- Learning. Celui ci est un complément qui doit faciliter une meilleure qualité de formation par la coopération avec tous les partenaires et permet d’aider les étudiants travaillant en groupe (formation permanente et continue). Le e-Learning couvrira la partie de base et théorique de programmes d’études aussi bien que les tests et examens. Le e-Learning inclut en priorité des outils Internet et des vidéo conférences. A cet effet un environnement spécial doit être adapté et une bibliothèque électronique doit être développée. Le e-Learning est donc une partie importante de la stratégie de durabilité dans ce projet. En mettant en application ce programme entre l’ESSTT et les universités européennes, on établit un pont qui doit faciliter la mobilité des étudiants et des professeurs. Celle-ci permet de renforcement les liens entre partenaires de différentes cultures et est considérée comme étant un garant de viabilité du projet. Des experts en matière de PM sont impliqués dans plusieurs phases du projet. Dans les premières phases ils sont chargés de fournir une vraie image au sujet de la structure tunisienne d’éducation, de l’université et des besoins économiques. Ils contribueront également aux activités de diffusion et à donner une appréciation de qualité à l’évaluation  du programme éducatif dans l’ensemble. La gestion de ce projet, qui s’étale sur trois années, est fondée sur une pensée stratégique qui rend possible les actions que le projet prétend réaliser. Le projet est considéré comme une chaîne continue des accomplissements imaginés et mesurés. Chaque partenaire est amené à comprendre et à mesurer, dés le début, l’impact du projet sur la population ciblée et sur ses bénéficiaires. En s’engageant dans une coopération active et permanente, les associés prendront des décisions conceptuelles et assureront les évaluations objectives des exécutions.

Remerciements

Cet article est fondé sur le projet Tempus MEDPRO (JEP_33157_2005). Les auteurs remercient la Commission européenne pour son soutien ainsi que tous les partenaires et les experts du projet.

Résumé

L’analyse de l’évolution du taux d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur tunisien révèle des difficultés d’employabilité. Ces difficultés sont rattachées à la globalisation des entreprises et à la croissance du nombre d’apprenants. L’État tunisien incite alors les diplômés à la création d’entreprise, accorde des avantages matériels aux entreprises d’accueil des diplômés et réforme le système d’enseignement supérieur. Dans ce contexte une nouvelle stratégie de formation a été adoptée par l’école supérieure des sciences et techniques de Tunis en partenariat avec trois universités européennes dans le cadre d’un projet Tempus. Il s’agit de concevoir une nouvelle licence appliquée en production mécanique qui soutienne le développement durable des entreprises. Le projet de formation a été fondé sur les principales idées stratégiques suivantes : 1) l’étude de la réalité des entreprises tunisiennes en génie mécanique en général et en production mécanique en particulier, 2) la définition des besoins de l’industrie tunisienne en production mécanique à court, moyen et long termes, 3) l’identification des bénéficiaires directs et indirects de cette nouvelle formation et 4) le développement d’un plan en douze modules contenant chacun 30% d’éléments théoriques, 30% d’applications, 30% de compétences spécifiques, et 10% transversales, accentuant la place des stages en entreprises et des travaux pratiques. Les formateurs sont sélectionnés et entraînés aux méthodes modernes d’éducation. La participation d’experts industriels est vivement encouragée.


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