RAIFFET 2008 Le renforcement de l’éducation des adultes comme solution à la réduction de la pauvreté Eloi Djiembi

Le renforcement de l’éducation des adultes comme solution à la réduction de la pauvretéEloi Djiembi

Le renforcement de l’éducation des adultes comme solution à la réduction de la pauvreté  
Eloi Djiembi

Abstract

Man is getting more and more concerned with the problem of poverty throughout the whole world, because it appears as a contradiction, or else as an annihilation of his efforts in the construction of a technological society compatible with the exigencies of the today world. Approaching solutions for the decline of poverty, found here and there, are not yet sufficient to satisfy his expectations. That is why the reflection is being carried on according to the United Nations aim: to reduce by half up to year 2015 the rate of poverty in the world. In that view, concrete experiments known in some countries are regularly put on line so to be shared in and applied everywhere they are expected.

Within the conference of Tunis, our contribution will deal with the strengthening of the education of the adults compared to early and recent experiments about the education of adults in Gabon. Indeed we have noticed that a strong stress of education has only been put on children, perhaps because it allows the grown-up to make a profit of the projects of development (2007) ; but the education of the adults has been neglected which has however a great impact on his destiny. Many pupils in Gabon often leave school before the baccalaureate examination, in order to help their parents, to reduce their precariousness, and they are aware too late of the error of their vision. When people educate the adults one of the links of poverty chain is broken.

Keywords: Poverty, society, education, grown-up, child.

Introduction

« Un adulte c’est un enfant qui a réalisé ses rêves » – Michel Bonjenah.

La lutte contre la pauvreté, le terrorisme, les calamités naturelles, le VIH/Sida, etc. s’inscrivent désormais au programme des préoccupations du Millénaire ; parce que ces phénomènes entre autres apparaissent, le moins qu’on puisse dire, comme des entraves aux efforts résolus de l’homme, déterminé à construire une humanité technologique plus adaptée à l’évolution de son temps. Quand on aurait pensé comme le philosophe Denis Diderot au XVIIe siècle, qu’il s’agirait d’une fatalité, ou qu’on viendrait à accepter une thèse théiste d’une réponse divine à la folie de l’homme, une réalité reste : l’homme participe lui- même en partie à plusieurs erreurs dont les conséquences blessent cruellement l’humanité. En effet, qui peut convaincre que ce n’est-ce pas à cause de l’usage pernicieux des apports de la science et de la technologie – par exemple l’utilisation des gaz à effet de serre dans plusieurs domaines entraînant aujourd’hui le réchauffement de la planète – que viennent la plupart des catastrophes naturelles ? Que ce n’est pas à cause des contradictions idéologiques que naît et se propage le terrorisme à travers le monde ? Que ce n’est pas également à cause de la mauvaise gouvernance – l’étranglement de la démocratie et le népotisme dans la plupart des pays – que naissent des cassures sociales et les embrasements guerriers sources de l’accablante pauvreté devant laquelle le monde ne peut plus fermer les yeux ?

L’homme a donc bien conscience de sa part d’erreurs ; et c’est à dessein qu’il œuvre inlassablement pour tenter de réduire, – pourquoi pas éradiquer ? – les douleurs qui en découlent. Une analyse même étriquée de la situation permet de comprendre que ces problèmes ont partie liées avec l’éducation. Comment l’homme, en tant qu’adulte est-il éduqué pour gouverner le monde et se gouverner ? Un renforcement de son éducation morale et civique épargnerait à la société bien des douleurs. Une éducation de la conscience critique, pour prendre l’expression de Jaime Calderon50. Réussir l’éducation de l’adulte serait assurément franchir un pas de plus vers la recherche des solutions aux maux qui accablent le continent, au centre desquels se trouve la pauvreté. En effet, le thème Pauvreté préoccupe en particulier l’humanité, au point qu’il pousse l’ONU à envisager un projet de réduire de moitié son taux de dégâts d’ici l’an 2015. Si notre interprétation est exacte, ce grand pari voudrait dire que d’ici l’an 2015, la moitié de la population mondiale devra combler son déficit, principalement en matière d’emploi, du logement, des soins de santé primaire et de suffisance alimentaire. Mais cet Organisme pouvait-il penser à un tel chantier s’il ne comptait pas sur un vivier d’expériences objectives à faire valoir ?

Des expériences objectives, il y en a beaucoup certainement ; mêmes si elles sont dispersées – parfois méconnues parce que dissimulées ici et là – et dépendent de la spécificité des espaces géographiques et de la culture des peuples. Au Gabon par exemple, comme certainement dans bien d’autres pays, on a identifié le retour à la terre, entendez  par là, la pratique de l’agriculture. Mais si l’on passe outre l’élément moteur d’une telle entreprise qui est le renforcement de l’éducation de l’adulte, les objectifs seront difficilement atteints. Nous rapportons ici un exemple d’une ancienne expérience qui eût son impact sur la vie sociale grâce au renforcement de l’éducation des adultes.

L’agriculture : une expérience concrète.

Le travail de la terre n’est pas nouveau, nous dirions même qu’il est le plus ancien des métiers qu’ait appris l’homme en raison de son rapport avec sa vie depuis la création. Petko Karavelov dira que toutes les formes du travail sont sacrées mais le plus sacré, c’est celui du laboureur. C’est seulement donc son type d’organisation et son impact sur la vie sociale en divers lieux qui font la différence. Vers 1956 à l’époque coloniale l’expérience des plantations expérimentales avait été utilisée comme stratégie de développement des zones rurales. Le gouvernement avait initié à cette époque-là la culture du riz, du café, du cacao et de l’arachide à travers le territoire national. Ces nouvelles cultures exigeaient évidemment de nouvelles méthodes de travail que les indigènes ne maîtrisaient pas encore. Pour réussir le projet des plantations expérimentales sous forme de coopératives agricoles furent créées dans chaque village sous la direction des Conducteurs agricoles appelés aussi moniteurs des travaux agricoles. Le résultat fut très retentissant. L’expérience ainsi acquise suscita plus tard un engouement des villageois à ouvrir eux-mêmes des plantations familiales ; les revenus engrangés permirent aux nombreuses personnes d’accéder à un niveau de vie décent. On trouve encore des vestiges de cette expérience dans la province du Woleu-Ntem au nord du Gabon, où des paysans ruraux possèdent des hectares de caféiers et cacaoyers. Cette expérience avait l’avantage d’obliger tous les villageois à apprendre les nouvelles techniques agricoles. Le produit issu était vendu à l’état. Ce fut une activité mobilisatrice des consciences qui favorisa la création des pôles de développement rural par regroupement des villages. Comme signe de prospérité, certains villages se sont transformés en admirables agglomérations, avec des nouvelles constructions en brique de terre pour la plupart, au toit couvert de tôles ondulées ; une nouvelle classe sociale composée de petits commerçants émergea, des voyages vers les villes se multiplièrent favorisant ainsi des échanges d’influence culturelle. C’est dans ce contexte que le gouvernement y avait pu implanter des écoles et des dispensaires, moteurs du développement. Une expérience pareille aurait pu avoir à long terme un impact favorable

50 jaimecalderonart.blogspot.com

sur le train de vie des Gabonais. Mais son abandon après l’indépendance du pays a contribué de beaucoup à l’apparition d’autres facteurs de dégradation de la vie : Négligence du travail de la terre, exode rural, chômage chronique, effondrement de certaines structures sociales.

Il y a deux choses qu’il faut relever ici : apprendre les nouvelles techniques agricoles, qui ne sont pas une démarche nouvelle, et rendre cet apprentissage obligatoire. C’est cette notion d’obligation que nous traduisons par l’expression Renforcement de l’éducation. Pourquoi ce renforcement s’adresse t-il à l’adulte ?

Pourquoi renforcer l’éducation de l’adulte ?

Dans toutes les civilisations du monde, un adulte se définit comme un passé nécessaire pour construire le présent et le futur. L’enfant reflète bien souvent l’image de ses parents. Un proverbe français ne dit-il pas : tel père, tel fils ? Et si nous l’amplifions en disant : tel peuple, telle société ? En effet, l’enfant, cet adulte de demain ne devient que ce que ses parents en font. Évidemment, la société ne sera jamais autre chose que ce que les hommes en font et vice-versa ; les hommes ne seront que ce que la société en fait, pour nous retrouver dans la juste expression du célèbre existentialiste Jean Paul Sartre. Malheureusement, ici la liberté, l’indépendance dans le comportement des adultes n’ouvre pas des perspectives optimistes à la construction d’une société plus ambitieuse, prête à affronter les défis du Millénaire, pour sortir l’enfant de l’étau de la précarité. Les adultes sont donc, pour emprunter l’expression des saintes Écritures, la pierre angulaire des bâtisseurs. C’est par eux qu’est conceptualisée la société du monde, parce qu’ils s’y expriment. Ils l’influencent et l’orientent par leurs idées ; ils le façonnent par leur travail. Les enfants n’en sont que des heureux ou malheureux héritiers selon le cas. Mais quelle image les  adultes en Afrique ont-ils eux, de leur société ? Grosso modo, une société statique où ils (les adultes) attendent tout de leurs enfants, et ne font rien pour leur épargner des plaies de la pauvreté dans laquelle ils vivent eux-mêmes – par complicité inconsciente.

Le renforcement de l’éducation de l’adulte.

Le gouvernement gabonais multiplie depuis quelques années des campagnes de sensibilisation en faveur d’un retour à la terre ; une solution qui, à la fois permettrait de sédentariser une population dont la mobilité reste un coup de frein pour toute action de développement durable. Mais cet appel ne peut avoir d’impact que si le projet repose sur les anciennes bases : L’Obligation de faire et non la liberté de faire. Combien de fois des outils de travail agricole – machettes, haches – ont-ils été remis à des populations besogneuses sous forme de dons – surtout lors des campagnes électorales – pour lutter contre la pauvreté sans que cela ait atteint les objectifs visés ? Combien de villages ont-ils reçu des groupes électrogènes et tronçonneuses sans que cela ait amené une révolution dans les habitudes des populations ? On peut multiplier des exemples pour montrer que dans une certaine mesure la pauvreté peut être vécue par une attitude due simplement à une mauvaise appréciation des us.

Mais qu’est-ce que d’abord la pauvreté elle-même, avant d’épiloguer déjà sur ses moyens de lutte ? Les définitions données à cette expression sont nombreuses. Contentons-nous ici des deux suivantes. La pauvreté comme l’impossibilité due à un manque de ressources, de mener une vie conforme aux attentes et aux valeurs de la société (Office fédéral de la statistique) ou alors comme l’impossibilité de satisfaire les besoins qui permettent de mener une vie décente dans une société donnée. La pauvreté d’existence, peut résulter d’une malnutrition, d’une absence d’éducation, d’un logement insalubre (…). Elle est plus difficile à cerner que la pauvreté monétaire (Wikipédia, 2007). Cette dernière nous paraît plus pertinente parce qu’elle met en exergue un détail important situé au centre de notre débat à savoir l’absence d’éducation. De quelle éducation s’agit-il ici ? Craignons que notre vision s’arrête uniquement sur les valeurs intellectuelle et professionnelle, en occultant le comportement de l’individu qui a toute son importance dans la lutte contre la pauvreté. Par définition l’éducation est un ensemble des processus qui permettent d’acquérir les connaissances et les comportements requis dans une société donnée (Philippe Forest, Gérard Conio, 2005). Nous avons lu avec plaisir deux excellents ouvrages traitant de la diversité des expériences sur l’éducation des adultes, l’un de l’association allemande pour l’éducation des adultes (n° 34, 1990), et l’autre de l’institut de coopération internationale de la confédération allemande pour l’éducation des adultes (n° 56, 2001) et de nombreux articles publiés sur Internet. Nous y avons trouvé que pour ce sujet une mention est largement faite à des aspects liés à sa formation intellectuelle et professionnelle, au détriment d’autres aspects comportementaux réservés à l’enfant. Alors que dans la plupart des cas, c’est dans son comportement que se justifie son incapacité à résoudre un certain nombre de problèmes dont l’étreinte de la pauvreté. A côté de sa formation intellectuelle et professionnelle l’adulte a effectivement besoin d’un maximum d’épanouissement de la raison, de sorte que désormais son travail vise objectivement un but, celui d’une obligation de prendre lui-même son destin en main, pour préparer positivement celui des enfants.

Il n’est pas normal qu’un paysan rural qui possède une plantation et en vend les produits toute l’année continue à harceler son enfant parce qu’il travaille en ville pour avoir des outils élémentaires – machette, lime, hache – au début de chaque saison agricole. Il n’est pas normal non plus qu’un paysan rural possédant une plantation et en vend les produits toute l’année ne soit pas capable de s’acheter par mois une feuille de tôle ondulée d’une valeur de 5 600 F pour couvrir sa maison ; harcelant son enfant employé en ville de s’en occuper ; alors qu’il dépense par semaine en boisson alcoolisée plus de la valeur de cet article qui peut changer son existence. Il n’est pas normal qu’un père de famille nanti refuse de préparer l’avenir de ses enfants au motif que la coutume – le matriarcat – ne les lui attribue pas. Mais en même temps il ne fait rien pour ses neveux et nièces dont il attend pourtant  par jeu d’autorité selon la même coutume le fruit du travail. Voici un échantillon d’une enquête réalisée dans un village du Gabon.

Sujet Activité Nation. Réponse
A Menuisier retraité Gabon Oui, je suis pauvre parce que je n’ai rien. Je suis seul, mes enfants m’ont abandonné.
B Commerçant Mali Oui, je suis pauvre parce que je n’ai pas ce que les grands

commerçants ont. Je suis obligé de me lever à 6 h et de fermer tard pour arrondir la journée.

C Agriculteur Gabon Oui, je suis pauvre. Je n’ai pas d’argent. Qui va me donner ça ?
D Agricultrice Gabon Oui, je suis pauvre. Mais je n’ai pas de voiture pour aller chercher ma banane en forêt. Ca pourrit !
E Chauffeur retraité Agriculteur Gabon Oui, je suis pauvre parce que je n’ai rien pour vivre.
F Retraité, Agriculteur Gabon Oui, je suis pauvre parce que je n’ai pas grand-chose pour vivre.
G Retraité. Agriculteur Gabon Oui, un peu. La petite pension qu’on me donne ne suffit pas par rapport à mes besoins.
H Agriculteur Gabon Oui, je suis pauvre parce que je vis au village. Personne ne s’occupe de moi.

Tableau 1 : croyez-vous que vous êtes pauvre ?

Comme on le voit ici, ces anciens travailleurs convertis en agriculteurs n’ont rien fait quand ils étaient en activité. Maintenant qu’ils sont retraités, ils doivent tout attendre de leurs enfants malgré qu’ils perçoivent une pension. Le tableau montre aussi que toutes personnes interrogées sont conscientes de leur condition sociale : elles sont pauvres. Le paradoxe c’est qu’en vivant dans un tel environnement, elles disposent au moins de la terre comme moyen de lutte ; mais elles ne font rien pour changer elles-mêmes cette condition.

 

Sujet Activité Nation. Réponse
A Menuisier retraité Gabon Rien. Je peux faire quoi ? Mes enfants ne viennent même plus me voir. Les gens ne veulent pas me voir ici. Je ne sais pas ce que j’ai fait. Il y a trop de sorciers dans ce village.
B Commerçant Mali Il faut travailler pour avoir beaucoup d’argent.
C Agriculteur Gabon Il faut travailler, mais pour moi c’est trop tard.
D Agricultrice Gabon Je serai toujours pauvre. C’est comme ça.
E Chauffeur retraité Agriculteur Gabon Je ne peux rien. Les gens sont jaloux ici.
F Retraité, Agriculteur Gabon On va faire comment ? Je suis pauvre.
G Retraité. Agriculteur Gabon Si on fait quelque chose ici, les gens vous jettent un mauvais sort. Je ne veux pas mourir.
H Agriculteur Gabon Rien. Je vais travailler avec quel moyen ?

Tableau 2 : que faites-vous pour éviter la pauvreté ?

Les adultes – surtout issus parmi les gens de la basse masse – mal informés ou simplement imbus des us, rament à contre courant des réalités du monde contemporain. S’ils  s’occupent des besoins élémentaires de leurs enfants c’est souvent en terme d’investissement pour leurs propres intérêts futurs, et non pas par souci de garantir la prospérité de ceux-ci. Le principe reste que quand un enfant devient grand, il doit travailler d’abord pour ses parents avant de travailler pour lui-même. Des proverbes comme Quand un pangolin vieillit, il se nourrit du lait de ses petits ou Quand un villageois va à la chasse, tous les villageois se partagent sa prise, ont servi longtemps de véhicule à une philosophie surannée basée sur l’exploitation de l’homme par l’homme. Effectivement beaucoup de parents comptent sur leurs enfants pour s’offrir ce qu’ils n’ont pas acquis dans leur passé, qu’ils aient travaillé ou pas. Dans cette logique l’enfant – le nouvel adulte – ne jouit que tardivement du fruit de son émancipation. Mais là où le bât blesse, c’est qu’au nom des principes des traditions, cette attitude semble créer et perpétuer une précarité dont il devient difficile d’interrompre la spirale. Une petite enquête réalisée auprès des élèves de l’ENSET de Libreville montre que dans leur grande majorité ils sont préoccupés d’abord par la condition sociale de leurs parents, plutôt qu’à leur propre confort. Ils se posent comme impératif dès leur entrée en fonction la construction de leurs maisons, la prise en charge de leurs besoins nutritionnels, sanitaires et vestimentaires et l’hébergement de leurs petits frères et/ou neveux pour leur assurer une scolarité convenable, etc. Mais dans ces conditions, comment et quand peuvent-ils commencer leur combat contre la pauvreté ? Sachant que sans tenir compte de l’apparition du Sida, l’espérance de vie au Gabon est de 54 ans (2005). Si donc, dans cette marge de temps la scolarité et la formation occupent déjà 23 à 28 ans (voir tableau 3), et qu’à 55 ans ils son atteints par la limite d’âge pour prendre sa la retraite, on voit bien qu’il ne leur reste qu’une période d’environ 27 ans pendant laquelle ils doivent construire leur existence. Une existence normale ou précaire selon les moyens acquis et les méthodes employées pour les gérer. Compte tenu du contexte socio- économique du pays, si un enfant n’hérite pas des biens de ses parents, ses chances d’accéder à un niveau de vie décent sont réduites.

Maternelle École primaire École secondaire École supérieure Vie active Retraite
5 ans 6 ans 7 ans 5 ans 32 ans Vie inactive
23 ans
Maternelle École primaire École secondaire École supérieure Vie active Retraite
5 ans 8 ans 9 ans 7 ans 23 ans Vie inactive
29 ans + 3 ans de chômage = 32 ans

Tableau 3 : répartition des périodes de vie

Illustrons cela par un exemple de l’acquisition d’une villa moderne dans un quartier intégré. Une villa décente au Gabon coûte 20 à 25 millions de F CFA. Combien de temps faudra t-il donc à un fonctionnaire (enfant devenu adulte) pour s’en approprier s’il perçoit un salaire compris entre 300 et 400 000 FCFA en 30 ans d’activité ? Simulons ses dépenses mensuelles élémentaires.

  • Loyer : 75 000 FCFA51
  • Eau et électricité : 15 000 FCFA
  • Scolarité (des enfants) : 70 000 FCFA
  • Besoins nutritionnels : 100 000 FCFA
  • Transport : 12 000 FCFA
  • Soutien aux parents : 50 000 FCFA
  • Divers (deuils, mariages, etc.) : 50 000 FCFA
  • Épargne : 25 000 FCFA

Premier cas de figure : Il soutient ses parents. Son épargne de : 25 000 F x 12 mois lui donne 300 000 F par an. Il lui faudra donc 83 ans pour avoir une maison de ce type. En conséquence, il est condamné à garder son logement et de vivre toute sa vie dans un quartier sous intégré.

Deuxième  cas  de figure : Il ne  soutient  pas ses  parents. Il  aurait : (25 000  + 50 000)    75 000 F x 12 = 900 000 F. Il lui faudrait 27 ans pour acquérir une maison. En conséquence, le nouvel adulte a d’égales chances d’avoir ou ne pas avoir une habitation moderne en fin de sa carrière.

Troisième cas de figure enfin : L’enfant est héritier d’une villa. Il peut épargner 25 000 F + 50 000 F + 75 000 F = 150 000 F x 12 = 1 800 000 F / an. Il lui faudrait 13 ans pour posséder un tel bien. En conséquence, ses chances de posséder une habitation dans un quartier décent au cours de sa vie sont plus probables.

Conclusion

La formation des hommes et la création des emplois sont les moyens les plus sûrs de lutte contre la pauvreté. Mais s’arrêter là sans renforcer l’éducation civique de l’homme c’est traiter un mal en ménageant le virus. Il y a une conduite sociale qui favorise ou arrête la spirale de la précarité en certaines régions du continent africain. Nous vivons bien des expériences des personnes percevant le même salaire qui réussissent ou échouent dans leur vie, uniquement selon leur comportement. ; des paysans ruraux menant bon train de vie à côté d’autres plus pauvres parce qu’ils dépensent leurs revenus pour résoudre des problèmes de sorcellerie dont ils sont préoccupés.

51 c’est le minimum dans un quartier sous intégré

Au Gabon le travail agricole, à condition qu’il soit entouré des conditions motivantes, peut être à long terme une des réelles solutions de lutte contre la pauvreté. C’est pourquoi le renforcement de l’éducation des adultes doit être en même temps préoccupant.

Bibliographie

Éducation des adultes et développement IIZ DVV N, N°56 (2001)

Éducation des adultes et développement : Questions d’éducation des adultes. Alpha actuelle n°34, 1990

www.mels.gouv.qc.ca. Régime pédagogique de la formation générale des adultes. www.wikipedia

www.unicef.fr La situation des enfants dans le monde (2005) www.lesoleil.sn/article

www.portal.unesco.org. Éducation et formation

www.portal.unesco.org. Pauvreté et droits humains.

Résumé

La problématique de la pauvreté à travers le monde préoccupe de plus en plus l’homme ; parce qu’elle apparaît comme une contradiction, sinon une annihilation de ses efforts dans la construction d’une société technologique compatible avec les exigences du monde moderne. Des approches de solutions de réduction de la pauvreté trouvées ici et là ne suffisent pas encore à satisfaire ses espérances. C’est pourquoi la réflexion se poursuit dans l’objectif des Nations Unies de : Réduire de moitié d’ici l’an 2015 le taux de la pauvreté dans le monde. Dans cette perspective, des expériences concrètes connues dans certains pays sont régulièrement mises en ligne pour être partagées et appliquées là où elles peuvent être attendues.

Dans le cadre du colloque de Tunis, notre contribution va porter sur Le renforcement de l’éducation des adultes, au regard des expériences anciennes et récentes sur la formation des adultes au Gabon. En effet, nous relevons qu’un accent fort de l’éducation est seulement mis sur l’enfant, certainement parce qu’il permet à l’adulte de bénéficier de projets de développement (2007) ; mais qu’on néglige celle de l’adulte qui a pourtant un grand impact sur son destin. Combien d’élèves au Gabon abandonnent-ils régulièrement leurs études avant le bac pour aider leurs parents à réduire leur précarité, avant de s’apercevoir trop tard de l’erreur de leur vision ? Éduquer un adulte c’est briser un des maillons de la chaine-pauvreté.

Mots-clés : pauvreté, société, éducation, adulte, enfant

Vous connecter avec vos identifiants

Vous avez oublié vos informations ?