2011 Attrait de la voie professionnelle pour des élèves de 3e de collège André Kamga

Attrait de la voie professionnelle pour des élèves de 3e de collège  André Kamga

Attrait de la voie professionnelle pour des élèves de 3e de collège
André Kamga

Abstract

Inciting 15 years old, whether volunteers or school leavers to continue their studies in the vocational field, is a way to fight unemployment and to allow their social integration. This paper presents a project in which I participated as a teacher receiving teenage students. The project, which was carried out in the city of Amiens (France), has associated three vocational high schools and four secondary schools. It has allowed several youths to choose vocational training after having discovered vocational courses offered in the high schools. After presenting or describing the whole project, I shall explicate my experience about the effective reception of the youths in the section where I teach in our high school

Introduction

Le gouvernement français a nommé, pour la première fois en septembre 2006, un délégué interministériel à l’orientation, placé sous l’autorité des ministres de l’Éducation Nationale et du Travail et de l’Insertion Professionnelle des jeunes. Cette nomination s’inscrit dans la logique des mesures prises pour remédier au désarroi des jeunes affectés par le chômage, les difficultés d’intégration et la crainte de l’avenir. Le schéma d’orientation et d’insertion professionnelle des jeunes se trouve au cœur de deux enjeux majeurs que sont l’emploi des jeunes et l’égalité des chances.

La méconnaissance du marché de l’emploi et des filières porteuses et une moins bonne compréhension de l’orientation ou des mécanismes d’orientation font partie des causes du désarroi et de l’échec scolaire de certains jeunes. Dans le souci d’encourager les jeunes collégiens volontaires ou en difficultés scolaires à intégrer une formation professionnelle, en vue d’une insertion sociale moins difficile plus tard, l’académie d’Amiens a mis en place un dispositif dénommé « 3ème à projet professionnel » à Amiens. En tant qu’enseignant, j’ai participé à ce dispositif. Après une présentation générale de ce dispositif, je continuerai cet écrit en partageant mon expérience quant à ma participation effective. Un bilan conclura cette présentation.

Le dispositif et ses participants

Ce dispositif a démarré à l’année scolaire 2003-2004 et consiste à donner une formation professionnelle aux jeunes en passant par un BEP (Brevet d’Études Professionnelles). L’objectif étant de permettre aux jeunes d’avoir leur BEP et de poursuivre les études le plus loin possible selon leurs capacités. Le dispositif a associé 3 lycées professionnels et 4 collèges de la ville d’Amiens. Une réunion préparatoire entre proviseurs, principaux, chefs des travaux et enseignants participant au dispositif a précédé ce démarrage. Au cours de cette réunion les enseignants des lycées professionnels présentent les travaux ou tâches qui seront donnés aux élèves lorsqu’ils les accueilleront le jeudi, journée fixée pour le stage

Sur la base du volontariat des élèves ou des conseils des professeurs des collèges, chaque collège a sélectionné 7 élèves de la classe de 3e pour participer au dispositif. En associant les candidats de deux collèges on a ainsi constitué deux groupes de 14 élèves, soit le Groupe 1 et le Groupe 2. Chaque groupe comporte 14 élèves parce qu’aux ateliers des lycées le nombre maximum d’élèves que peut prendre en charge un professeur est de 15. Ces deux groupes vont participer à des séances de formations professionnelles dans chacun des 3 lycées professionnels et dans plusieurs familles de métiers. Les différentes formations en lycée professionnel ont été réparties en 7 familles de métiers dont une dans un lycée et 3 dans chacun des deux autres. Ces familles de métiers sont :

  • Restauration
  • Bâtiment métal verre
  • Bâtiment gros œuvre
  • Taille de pierre
  • Maintenance
  • Électricité
  • Production et services

Organisation

La durée du dispositif s’étale sur l’année scolaire. Elle va d’octobre à juin et est intégrée dans l’emploi du temps des études au collège pour les élèves des deux groupes. Les professeurs de lycée professionnel sont rémunérés en HSE par les collèges. Le dispositif est divisé en trois périodes :

Période 1 (d’octobre à fin mars)

Pendant cette période les groupes vont passer dans différentes familles de métiers des différents lycées. Chaque famille de métiers est constituée de deux filières de formation dans le lycée. Le groupe doit donc faire une formation dans chacune des deux filières de la famille. L’accueil des groupes au lycée se fait le jeudi de 8h30 min à 11h30 min et ce pendant trois jeudis successifs. Lors de la première séance de 3 heures (pour les élèves), le groupe est accueilli pendant 1h30 min par chacun des deux professeurs de lycée chargé de la formation dans la filière concernée. Les deux dernières séances de 3 heures se font en filière. Dans chaque filière le groupe fera donc 1 séance de 1h30 min et deux séances ou trois heures de formation soit un total de 7h30. Chaque élève est évalué ou noté à l’issue de ces 7h30 de formation dans la filière. Il est à noter que pour la première séance en lycée professionnel, le groupe concerné est accompagné par un professeur de collège. Cette période est entrecoupée de plusieurs séances de bilans regroupant les proviseurs et les enseignants des lycées et des collèges. Ces bilans ont lieu soit dans un collège soit dans un lycée.

Période 2 (2 séances en Avril)

Pendant deux jeudis ou deux séances de 3 heures, les élèves de chaque groupe choisissent ou font un vœu de formation dans la famille de métiers où ils n’ont pas été depuis le début du dispositif.

Période 3 (3 séances en avril et mai)

Cette période est celle de l’approfondissement. Chaque élève, au vu de son expérience sur les formations précédentes dans les différentes familles de métiers et les différentes filières, choisi la famille ou la filière qui l’a intéressée pour y faire un approfondissement en vue d’un recrutement ou une poursuite d’études en classe de seconde professionnelle. Cet approfondissement se fait pendant trois jeudis successifs soit trois séances de trois heures chacune.

Évaluation

Les élèves seront évalués dans chaque filière du lycée professionnel où ils auront fait le stage. La note pour l’ensemble des périodes est la moyenne des notes attribuées dans chaque filière. Cette note intègre la note de technologie du Diplôme National de Brevet (DNB), option « Technologie » que les élèves passent au mois de juin. Rappelons que le DNB option « Technologie » n’a pas de note à l’épreuve de Langue Vivante 2 (LV2) et de ce fait l’épreuve de technologie a un coefficient de 2. Pour ces élèves, la note de technologie se décompose de la manière suivante :

  • Coefficient 1 pour la technologie au collège
  • Coefficient 1 pour les périodes en lycée

Pour les élèves de collège ne participant pas au dispositif, le DNB a un coefficient de 1 pour la technologie au collège et un coefficient de 1 pour l’épreuve de langue vivante 2. L’évaluation s’achève après la seconde période. Les notes sont transmises aux collèges par les chefs des travaux des lycées professionnels après chaque fin de stage des élèves dans une filière.

Ma contribution

Dans mon lycée, trois familles de métiers ont participé à ce dispositif : la maintenance, l’électricité et la production et services. Chaque famille regroupe deux formations ou filières. Ainsi, les filières de la maintenance sont :

  • Installateur Conseil en Équipement Électroménager (ICEE)
  • Maintenance des Systèmes Mécaniques Automatisées (MSMA)

Les filières de l’électricité sont :

  • Les métiers de l’Électronique
  • Les métiers de l’Électrotechnique.

La famille production et services compte également les deux filières suivantes :

  • Bio-services option Maintenance et Hygiène des locaux
  • Métiers de la Productique Mécanique Informatisée

Six professeurs du lycée, dont moi-même, sont concernés par le dispositif. Enseignant en BEP des métiers de l’Électrotechnique, j’ai accueilli des élèves à la première et à la troisième période.

Accueil de la première période

J’ai accueilli le groupe 1 les 2, 9 et 16 octobre 2003. Le programme a concerné la réalisation puis la mise en service d’un « Simple allumage » et d’une prise de courant sur une plaque de plâtre BA 13. Après un descriptif des activités et une présentation des schémas électriques et du matériel, les élèves sont informés de la façon dont ils seront évalués. Cette évaluation repose sur trois grands ensembles constitués chacun de plusieurs points de notation. Ces grands ensembles sont : l’Organisation, la Réalisation et la Mise en service

Aperçu général

Le Groupe 1 composé de 6 filles et 8 garçons (7 élèves du collège Amiral Le Jeune et 7 élèves du collège Jean Marc Laurent) a participé au stage. Sept binômes de travail ont été constitués par affinité. La seule contrainte imposée pour la constitution des binômes était d’avoir un élève par collège dans chaque binôme. Les filles se sont mises ensemble, de même pour les garçons. Il y avait alors 3 binômes de filles et 4 binômes de garçons. (Voir photos en fin d’article).

Travail demandé

Chaque binôme devait réaliser sur une plaque de plâtre « BA-13 » un « simple allumage » et une « prise de courant » représentant l’installation électrique d’une chambre. Quatre binômes devaient faire un montage « encastré » et les 3 autres un montage « apparent ». À l’issue du stage, quatre binômes ont pu mettre en service leur montage avec succès, 1 groupe a fait fonctionner la prise de courant et pas le circuit de l’éclairage. Les autres groupes n’ont pas fini leur travail de câblage. Il faut noter ici que les quatre binômes qui ont fait fonctionner correctement leur montage sont ceux des garçons. On peut donc estimer que les jeunes se sont bien débrouillés pour une première prise de contact avec le métier mais ceci ne doit pas nous faire oublier de mentionner les différents problèmes rencontrés.

Problèmes rencontrés

Absence

L’un des points d’échec des filles vient de l’absentéisme. À la dernière séance, une élève était absente et sa camarade de groupe n’a pas voulu continuer seule le travail commencé la semaine d’avant. Elle a préféré se joindre à un binôme de filles. Lors de la séance du 16 octobre il y avait donc 4 binômes de garçons, 1 binôme de filles et un groupe avec 3 filles. Il faut admettre que la fille qui s’est jointe à un binôme était inactive au lieu d’apporter sa contribution à ses deux camarades. Le manque de motivation de cette fille viendrait du manque d’affinité avec ses nouvelles coéquipières.

Passage des gaines et fixation des conduits

Pour les groupes réalisant le montage « encastré », il y a eu beaucoup de difficultés pour le passage ou la mise en place des gaines et des conducteurs. Quant aux montages « apparents », des conduits étaient en biais et des cotes non respectées. En somme, l’esthétique n’était pas bonne.

Section des conducteurs

Certains binômes n’ont pas fait de différence entre la section des conducteurs du circuit d’éclairage (1.5 mm2) et celle des conducteurs du circuit de la prise de courant (2.5 mm2). Ils ont utilisé la section 1.5 mm2 pour les deux circuits et ne l’ont modifié qu’après mon intervention. Les conducteurs étaient parfois mal dénudés et à plusieurs points de raccordement on voyait du cuivre c’est-à-dire l’âme du conducteur.

Consignes et autonomie

Le non-respect des consignes peut être généralisé à l’ensemble des binômes. Les élèves ne lisent pas entièrement ou lisent sans concentration, le texte du travail demandé et les consignes. Cette non-lecture ou mauvaise lecture du texte les a pénalisés en autonomie. J’ai été sollicité tout le temps par les différents groupes. Plusieurs fois, je leur ai montré qu’ils détenaient la solution à leur problème entre les lignes du texte du travail demandé L’erreur sur la section des conducteurs utilisés est aussi attribuée à la non lecture du texte du travail demandé. Un binôme de filles a confondu l’appareil de protection du circuit d’éclairage avec celui du circuit de la prise de courant. Il a ainsi permuté le disjoncteur et le coupe-circuit à fusible. Ceci montre la moins bonne concentration ou observation de ces filles.

Temps

La durée de 7h30 de ce stage est courte. J’ai dû supprimer une partie du travail que j’avais prévu pour ce stage. Deux binômes n’ont pas pu finir de câbler leur montage. Un binôme a fait fonctionner la prise de courant mais pas le circuit d’éclairage. Il n’a pas eu le temps de chercher la cause de ce défaut. Un binôme de filles n’arrivant pas à faire fonctionner son montage apparemment bien câblé n’a aussi pas eu assez de temps pour rechercher la ou les causes du défaut de fonctionnement. J’ai dû intervenir pour trouver qu’il avait serré un conducteur de l’alimentation en énergie électrique sur son isolant. Sans cette erreur, ce binôme aurait réussi.

Déconcentration des élèves

La déconcentration ou l’inattention est aussi l’une des causes de la moins bonne réussite des filles. J’ai été désagréablement surpris lorsque j’ai demandé à voir les notes qu’avait prises une élève, d’un binôme qui n’avait pas réussi ou fini son montage, ainsi que ses schémas. Ses schémas n’avaient rien à voir avec ce que j’avais dessiné au tableau. Les couleurs n’avaient pas été respectées.

Matériel

Un problème matériel s’est posé. J’ai eu le strict minimum de matériel pour former les stagiaires. Je tiens à signaler que ce strict minimum était destiné à satisfaire mes stagiaires ainsi que certains élèves (ne faisant pas partie du Groupe 1) tenus par un autre collègue du lycée. Contre la volonté de mes collègues de l’équipe pédagogique en électrotechnique, j’ai dû prendre une partie du matériel sur celui réservé à la formation initiale du BEP « métiers de l’électrotechnique ». C’est à cause de ce minimum de matériel que les stagiaires ont dû travailler par binôme. L’idéal aurait été que chaque stagiaire ait son matériel pour pouvoir travailler seul. Néanmoins, le fait de mettre les stagiaires en binômes aurait favorisé le travail en équipe, ce qui a été observé chez les garçons.

Conclusion partielle ou bilan de cette première période

Les défauts ou erreurs commis lors de ce premier stage nous permettront de nous corriger lors des prochains stages. Lors de ceux-ci :

  • Il faudra bien vérifier ce que note chaque élève sur ses documents ainsi que l’exactitude de ses schémas
  • Il serait souhaitable que l’administration donne plus de volume d’heures pour ce stage (9h voire 12h). L’autonomie des stagiaires sera alors plus grande lors de leur travail. Le professeur disposera de plus de temps pour s’occuper d’eux.
  • Il serait également souhaitable que le lycée satisfasse les besoins matériels impérativement avant le début du stage de façon à permettre à chaque stagiaire d’être seul à son poste de

On ne peut finir sans parler du comportement studieux des stagiaires. À chaque séance ils ont respecté les consignes de propreté du poste de travail et de nettoyage de l’atelier.

Accueil de la troisième période

Pour cette période d’approfondissement de 3 séances de 3 heures, 4 garçons ayant participé au stage de la première période (2, 9 et 16 octobre) ont choisi de revenir en électrotechnique. Cette période a été l’occasion d’apprendre à rechercher du matériel électrique dans un catalogue et établir un bon de commande de matériel électrique en indiquant les prix HT (hors taxes) et TTC (Toutes Taxes Comprises) après avoir calculé la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée). Un second montage d’éclairage de type « Va-et-vient » en apparent et en encastré sur une plaque de plâtre BA 13 a été étudié. Chacun des 4 élèves a réalisé et mis en service son montage. Il y avait donc 2 montages « en apparent » et 2 montages « en encastré ». Cette période s’est bien déroulée et les quatre élèves ont bien réussi leur travail. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec ces  quatre élèves tant  ils étaient autonomes, consciencieux et peu nombreux.

Bilan final de l’ensemble des enseignants du dispositif

Les enseignants des collèges et lycées sont satisfaits du dispositif. Le bilan provisoire a été très positif vu le nombre important de vœux d’orientation des élèves en lycée professionnel. Les élèves semblent plus motivés. Un groupe à 14 élèves ne correspond pas aux exigences pédagogiques concernant un groupe atelier. Un groupe de 10 élèves (5 élèves par collège) est préférable.

Au collège, l’exploitation pédagogique des acquis du stage est difficile à mettre en œuvre ; plusieurs expériences sont menées toutefois : de l’exploitation lors de l’heure de vie de classe à la mise en œuvre d’un journal. Les professeurs de collège, tuteurs des élèves doivent être libérés au moins partiellement, pendant le temps de présence au lycée professionnel, de manière à pouvoir faire le lien. Le dispositif devrait être reconduit.

Conclusion

Le dispositif a été reconduit d’année en année et a permis à beaucoup de jeunes de mieux appréhender les familles de métier ou les filières afin de mieux s’orienter vers des voies professionnelles au lycée. Pour des raisons budgétaires ou financières, le dispositif a été arrêté à la rentrée 2008.

Notons qu’aujourd’hui en 2010, les différentes formations ou familles de métiers du BEP ont presque toutes changé en formations de baccalauréat professionnel de 3 ans. Dans mon lycée par exemple, l’année scolaire 2009-2010 est la dernière année de formation du BEP des métiers de l’électrotechnique. À compter de 2010-2011 nous aurons la formation du baccalauréat professionnel EEEC (électrotechnique, énergie et équipements communicants). Les élèves qui auront leur BEP en 2009-2010 intégreront la seconde année du bac Pro EEEC, formation dont la classe de première année a démarré en 2009-2010. Aujourd’hui d’autres moyens sont mis en œuvre pour aider les jeunes à mieux s’orienter et surtout poursuivre leurs études le plus haut possible selon leurs capacité : les portes ouvertes des lycées professionnelles avec invitation des parents et de leurs enfants, des visites journalières des sections et filières des lycées professionnels par les collégiens.

Résumé

L’incitation des jeunes élèves de 3e, volontaires ou en situation d’échec scolaire, à continuer leurs études dans la voie professionnelle est un des moyens de lutter contre le chômage et permet leur insertion sociale.

Dans cet article, je présente le projet auquel j’ai participé comme formateur accueillant ces jeunes. Ce projet fait à Amiens a associé ou mis en collaboration 3 lycées professionnels et 4 collèges de la ville. Il a permis à plusieurs jeunes de s’orienter dans la formation professionnelle de leur choix après avoir été en contact avec l’ensemble des formations proposées en lycée.

Après une présentation ou une description générale du projet, je partagerai mon expérience quant à l’accueil effectif de ces jeunes dans ma section

Le groupe 1 à l’atelier d’électrotechnique

Le groupe 1 à l’atelier d’électrotechnique

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